Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

samedi 21 mars 2015

Les chrétiens, trop implantés pour être déracinés - Samia MEDAWAR - L'Orient-Le Jour

Les chrétiens, trop implantés pour être déracinés - Samia MEDAWAR - L'Orient-Le Jour

Les chrétiens, trop implantés pour être déracinés

La Syrie est l'un des berceaux principaux de la chrétienté, commence par expliquer Joseph Yaacoub : « Ce pays aura même donné des empereurs et des papes à Rome ; je pense notamment à ceux, nombreux, qui étaient originaires de Homs, autrefois appelée Emèse. Il ne faut pas oublier non plus que saint Paul se convertit au christianisme en traversant la Syrie, et que la célèbre mosquée des Omeyyades à Damas se situe à l'emplacement de l'ancienne église Saint-Jean-Baptiste. » Le pays est donc profondément lié à l'historicité du christianisme, ce qui rend d'autant plus inquiétante la situation actuelle des minorités en général, et des chrétiens en particulier.

Réfugiés et déplacés


Très vite, l'aspect confessionnel a été au centre des préoccupations depuis le début du conflit syrien en mars 2011, relève Joseph Yaacoub. On estime ainsi que près de 30 % de la population chrétienne syrienne sont soit des réfugiés (éparpillés à travers le Liban, la Jordanie, la Turquie, et la diaspora en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Amérique latine), soit des déplacés à l'intérieur même du pays. Au niveau de Homs et de sa région, il est dit que la moitié des 150 000 chrétiens de la ville (qui comptait plus d'un million d'habitants), soit 20 % de la population, a fui vers Marmida, près de la frontière libanaise. D'autres ont fui à Damas, Lattaquié et Tartous. Ceux qui se trouvaient dans le nord-est, surtout ceux qui ont fui récemment les villages du Khabour après l'offensive de l'État islamique (EI) le 23 février, c'est-à-dire pratiquement toute la population des 35 villages de la région (plus de 5 000 habitants), ont fui vers Hassaké et Qamishli, trouvant refuge chez les leurs dans la région de la Jazira, qui compte un million d'habitants, dont 150 000 chrétiens.

Quelques chiffres...


Il est impératif de se pencher en premier sur le nombre de chrétiens en Syrie, ainsi que leur répartition géographique pour se faire une idée de leur rôle réel dans ce pays.
« Il n'y a pas de statistiques confessionnelles et ethniques sûres, mais seulement des estimations, qui sont à manier avec beaucoup de circonspection », explique Joseph Yaacoub, lui-même originaire de Hassaké. Tout d'abord, sur une population de 22 millions d'habitants, il y aurait plus d'un million de chrétiens. Selon certains, ils seraient même « plus d'un million et demi, soit 10 % de la population générale », répartis sur l'ensemble du territoire : Deraa, Bosra, Lattaquié, Tartous, Banyas, une dizaine de quartiers damascènes dont Bab Touma et Qassaa, Maaloula, Saadnaya, Homs et des villages environnants (comme Feyrouza), Alep, Idlib, Afrin, le nord-est (Malikiyé, Hassaké, Qahtaniyé, Qamishli, Ras al-Ain, al-Darbasiyé...), ainsi que les deux rives du fleuve Khabour (quelque 35 villages sont chrétiens dans cette région), Hama, Soueida, etc.
Si un inventaire devait être réalisé, il serait vite établi que la Syrie est un véritable microcosme oriental, dans lequel toutes les confessions se côtoient, excepté les coptes. En voici une liste, qui inclut des chiffres approximatifs : grecs-catholiques, grecs-catholiques melkites, syriaques-orthodoxes (90 000), syriaques-catholiques (40 000), arméniens apostoliques orthodoxes (100 000), arméniens-catholiques (35 000), maronites (30 000), protestants (15 000), assyriens (30 000), nestoriens, chaldéens (20 000), latins (10 000). Sur l'ensemble de la communauté chrétienne syrienne, les plus nombreux sont les grecs-orthodoxes, estimés à plus de 500 000, et les grecs-catholiques, qui seraient au nombre de 180 000. Ces deux Églises sont donc les deux confessions les plus importantes, en nombre mais également au niveau de l'influence politique et religieuse. Il est nécessaire de souligner que la capitale Damas est le siège de trois patriarcats : grec-catholique, grec-orthodoxe et syriaque-orthodoxe (dont le siège a toutefois dû être déplacé au Liban depuis le début du conflit en mars 2011).

Tendances et dissensions politiques


De tout temps, des tendances politiques variées ont traversé les communautés chrétiennes ; par exemple, depuis le début du XXe siècle, de nombreux membres de cette communauté ont adhéré à l'idéologie communiste, rappelle Joseph Yaacoub. À l'heure actuelle, plusieurs partis communistes syriens comprennent de nombreux chrétiens et comptent parmi leurs leaders des syriaques, des Kurdes, etc. Il y a également des chrétiens qui appartiennent au parti Baas syrien, issu du mouvement du même nom et fondé par plusieurs penseurs syriens issus de confessions différentes, dont Michel Aflak, un orthodoxe. Les chrétiens ont toujours participé à la vie politique syrienne, certains devenant même des membres influents du gouvernement, comme Farès Khoury qui fut Premier ministre à deux reprises dans les années 1940 et 1950.
Aujourd'hui, bon nombre de chrétiens appartiennent à l'opposition, souligne l'expert, dont le Conseil national syrien (CNS), et restent engagés contre le pouvoir. L'inverse est tout aussi vrai : beaucoup de chrétiens aussi continuent d'apporter leur soutien au régime de Bachar el-Assad. Les différentes Églises syriennes, qui ont toujours eu comme priorité l'intérêt de leurs membres, quelle que soit leur confession, prônent avant tout une politique de dialogue avec le pouvoir. Depuis la montée en puissance de groupes islamistes ultraradicaux, les chrétiens vivent dans la peur et ont tendance à se rapprocher du pouvoir ; cependant, sans se faire d'illusions sur la nature despotique du régime, l'intérêt général du pays demeure prioritaire pour l'Église.

Les milices chrétiennes armées


L'ascension fulgurante des groupes islamistes radicaux a eu pour conséquence principale la création début 2012 de groupes dits d' « autodéfense », qui n'est pas sans rappeler ceux qui virent le jour en 1915 au sein de la communauté syriaque, lors du massacre de centaines de milliers de ses membres par les forces ottomanes et kurdes, relève Joseph Yaacoub. Certains protègent leur identité culturelle et historique chrétienne, mais également leur identité nationale, comme c'est le cas à Homs et Hama. C'est surtout dans la Jazira que des groupes syriaques et assyriens défendent, avec des moyens réduits, la région du fleuve du Khabour et des dizaines de villages chrétiens. Certains ont même créé des groupes au nom syriaque, comme Sootoro et Sutoro (qui veut dire « conviction » en syriaque), deux groupes différents aux idéologies divergentes : le premier est aidé militairement par le régime, l'autre pas.
De même, le Conseil militaire syriaque (CMS, ou Mawtbo Fulhoio Sryoyo en syriaque), basé à Hassaké, comporte plusieurs centaines de combattants, dont des dizaines de femmes, partagés en plusieurs brigades ; ces dernières combattent les jihadistes islamiques, dont l'EI (ou Daech, selon l'acronyme en arabe), comme le régime syrien, et tout ce qui menace l'existence même des syriaques en particulier et des chrétiens en général. Les mobiles de ces milices varient donc d'un groupe à l'autre, et en fonction de leur appartenance. Ils défendent leurs familles, leurs biens, leurs régions, et freinent par la même occasion un exil qui semble inévitable à certains.

Lire aussi dans notre dossier spécial : Quatre ans après le soulèvement en Syrie
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