Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
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jeudi 1 mars 2012

Méditations sur les événements actuels en Syrie

Méditations sur les événements actuels en Syrie

Nous, les Jésuites en Syrie, sommes bouleversés par les événements récents qui ont lieu dans ce pays qui nous est cher. Nous nous sommes rencontrés pour prier ensemble, pour intercéder en sa faveur, et pour méditer sur ce qui s'y passe.
Ce texte est le fruit de notre prière, nous désirons le partager avec vous :
La Syrie, pays agent de civilisation
Notre patrie, la Syrie, est le pays des multiples civilisations qui se sont succédées sur notre terre et ont enrichi notre patrimoine. Une grande partie de cette richesse provient de la communication et de l'harmonie entre des personnes de culture, de religion et de spiritualité différentes.

Ensemble, ces personnes ont constitué une unité dont nous sommes fiers et à laquelle nous tenons, ce qui nous fait porter une grande responsabilité pour préserver cet héritage grandiose.

L'histoire de notre pays s'est distinguée par l'esprit d'hospitalité et d'ouverture à l'autre, quel qu'il soit. Cet esprit d'hospitalité, de recherche de l'unité dans la différence, ainsi que tous les efforts qui conduisent à la construction de l'unité nationale sont, sans aucun doute, aux fondements de la société syrienne et en font une belle et vivante mosaïque.
Les événements récents
Depuis quelques mois, surgissent dans notre pays, comme dans la plupart des pays arabes, des revendications de réformes des structures politiques et sociales. Ces réformes visent à conforter l'état de droit et la conscience citoyenne, dans le respect des libertés individuelles. De telles revendications sont un droit légitime et reconnu pour tous, permettant à chaque citoyen d'être un acteur de la transformation de cette société.

Malheureusement, c'est la confusion qui a pris le dessus, ouvrant la voie à la violence. Le refus de l'autre, comme nous le savons tous, est la cause principale de la violence qui appelle à son tour une autre violence.

Nous observons en ce moment des tentatives visant à fomenter des troubles et une guerre confessionnelle qui mèneraient à l'effritement de notre société.
Face à ces évènements sanglants dont l'intensité, la dureté et la violence augmentent de semaine en semaine, et qui font des victimes innocentes, nous ne pouvons que pousser un cri d'appel à la conscience de nos concitoyens, quelle que soit leur appartenance.
Ces circonstances difficiles ne constituent pas la première crise que vit notre peuple, et malgré cela et dans chaque crise, nous avons trouvé dans l'Évangile le chemin à suivre nous indiquant le juste choix à faire, la patience pour marcher sur ce chemin, ainsi que le courage du silence quand il est nécessaire et de la parole quand elle s'impose.

En effet, l'Évangile nous appelle à témoigner au cœur de notre monde, à renforcer le dialogue avec tous et à promouvoir la justice pour tous. C'est pourquoi, nous nous trouvons maintenant appelés à exprimer notre total soutien à cette patrie et à son peuple, et à témoigner des valeurs que nous tirons de notre foi et que nous pensons pouvoir partager avec nos compatriotes des différentes confessions religieuses et spirituelles, et des différents courants philosophiques. Nous le pouvons parce que nous partageons avec eux tous l'héritage de la noble civilisation arabe et que nous partageons avec eux le même souci de l'unité nationale et le même respect de tous.
Les mutations à l'œuvre dans le monde arabe, et les troubles actuels qui en ont résulté dans la société syrienne, sont porteurs d'une espérance nouvelle qu'il faut prendre en considération. Cette espérance se caractérise en tout premier lieu par la liberté d'expression et la liberté d'opinion, ainsi que par la recherche commune de la vérité. Les réformes sociales et politiques sont devenues une nécessité pressante que nul n'a le droit d'ignorer.

La priorité de l'unité nationale
Ce qui caractérise une communauté humaine, c'est la diversité de ses composantes. Il n'y a pas de vie sociale s'il n'y a pas de différences. La véritable paix nationale ne peut pas se construire par le rejet d'une partie de la population contre une autre ; elle suppose tout au contraire une véritable vie en commun. Cette vie n'est pas possible dans la perception négative de la présence de l'autre, dans une simple "existence côte à côte" ; elle requiert une véritable convivialité où chaque membre a un rôle efficace dans la société.
C'est pourquoi, nous partageons les craintes de notre peuple devant les défis actuels ; ces craintes surgissent face à tout changement des structures. Quel est donc le rôle positif que nous pouvons jouer dans les circonstances actuelles, si complexes soient-elles?

Sans doute est-il vrai de dire que nous, chrétiens, considérons l'unité nationale comme le garant de notre existence même, et la perte de cette unité comme une menace de disparition, de durcissement et d'effritement. C'est pourquoi, nous entendons jouer le rôle qui nous permettra de renforcer l'unité nationale, en réactivant les valeurs qui sont essentielles à nos yeux.
Le dialogue et la liberté d'expression
Il ne nous est pas possible de mentionner toutes les causes de la crise actuelle, mais nous nous demandons comment dépasser cette situation douloureuse pour aboutir à une tentative de dialogue sincère entre toutes les parties. Ce dialogue n'est pas chose facile car il suppose d'abord la confiance dans l'autre et l'écoute de sa parole. Il nous faut aussi prendre sérieusement en considération les idées de l'autre, même si elles sont différentes des nôtres. Il n'y a pas de dialogue véritable sans acceptation préalable que "personne ne possède la vérité complète", ce qui veut dire que le but essentiel du dialogue est la recherche commune de ce qui se rapproche le plus de la vérité; cette recherche commune suppose d'y convier toutes les parties, sans exclusive aucune.
Un tel dialogue nécessite d'être suffisamment conscients afin de ne pas être entraînés par différents canaux d'informations tendancieuses. Le chrétien adulte se libère de ses idées négatives préconçues ; il tente par le dialogue, et par l'humilité du dialogue et de l'écoute, de connaître les données objectives afin de constituer un pont entre les courants antagonistes au sein de la société. Le chrétien adulte est un acteur efficace dans la constitution d'une opinion publique modérée, condition essentielle pour une réforme réussie.

Le rejet de la violence
Nous invitons sincèrement toutes les parties à rejeter la violence. Cette option pour la non-violence ne provient pas d'un sentiment de peur ou de faiblesse ; elle est l'expression d'un principe évangélique essentiel et un élément constitutif de notre vie humaine et de notre foi.
L'Église nous enseigne la nécessaire distinction entre la violence issue de la haine et l'usage légal de la force pour arrêter une agression contre la société, à condition que ceux qui usent légitimement de la force respectent pleinement la dignité de toute personne, quelles que soient ses prises de position à leur égard.
Nous refusons d'entrer dans le cercle vicieux qui engendre la peur de l'autre et étouffe toutes les bonnes intentions qui cherchent à édifier la patrie.
Chaque croyant doit purifier son cœur du mépris et de la haine ainsi que de la peur qui justifierait pour lui l'appel à l'usage de la violence. De plus, chaque croyant doit être, dans tous les domaines de sa vie sociale, tant en famille que dans la rue ou au travail, un élément efficace dans la réalisation de l'unité nationale. Il ne peut pas se réfugier dans june neutralité négative mais doit être un instrument de paix.
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Dans ce contexte, nous espérons que les sentiments nationaux sincères, qui ont animé beaucoup de personnes pendant les jours passés, ne sont pas une excuse pour l'usage d'un discours qui refuse l'autre et le méprise, ce qui annihilerait toute possibilité de communication avec lui.

Nous exprimons notre profonde tristesse à toutes les familles des victimes; et nous nous engageons à œuvrer autant que possible, à les aider toutes, sans aucune distinction, pour alléger leurs souffrances.

En conclusion, au regard de la gravité de la situation, au nom de tous ceux qui ont versé leur sang, nous implorons les Syriens de tous bords, à se mobiliser sans tarder pour construire un dialogue national sincère en vue d'une issue à cette crise.
Nous implorons le Très-Haut afin que notre premier objectif à tous, soit l'intérêt et la dignité de chaque citoyen syrien. Ainsi nous renoncerons à tout exclusivisme étroit en cherchant, envers et contre tout, à sauvegarder le salut de la nation.
Damas, le 3 juin 2011
(traduit de l'original en arabe)

Appel du père jésuite syrien Nebras Chehayed aux Evêques de Syrie

Appel du père jésuite syrien Nebras Chehayed aux Evêques de Syrie
Du sang tache nos autels
le 16 février 2012 - 12:00am

"Au lieu de resituer le soulèvement de la rue dans son cadre historique, celui de décennies répétées de corruption et de privation de libertés, quelques hommes d'église ont opté pour l'allégeance en faveur du régime. Ils jouent de la musique, font la fête et entrainent nos jeunes dans les concerts organisés sur la place des Omeyyades à l'heure où ils devraient porter le deuil de ceux qui viennent de tomber, approfondissant ainsi les blessures."


La crise que traverse la société syrienne prend souvent des intonations confessionnelles. Les médias du régime s'acharnent à nier l'évidence, à savoir que cette crise est née de la répression brutale d'une revendication initialement très pacifique et très profane de « liberté ». Ils persistent à défendre contre toute vraisemblance la thèse d'une réaction légitime que leur aurait imposé le « complot » de « bandes d'extrémistes » « infiltrés» de l'étranger pour attiser une guerre confessionnelle destinée à miner l'unité syrienne au profit de ses ennemis de toujours.

La configuration internationale qui voit, une fois n'est pas coutume, des puissances occidentales très illégitimes surfer une révolte populaire pour se débarrasser de l'un des seuls acteurs régionaux à n'avoir pas encore cédé aux sirènes de la Pax Americana avec l'Etat hébreu nourrit – par crainte d'une nouvelle ingérence armée – de regrettables désaveux réactifs de la dynamique protestataire. Pour diverses raisons, en Syrie, la hiérarchie des Eglises chrétiennes a jusqu'alors choisi de ne pas se départir publiquement de la thèse grossièrement manipulatrice des autorités.

Les Chrétiens de Syrie, tant s'en faut, et pas davantage le clergé ne se soumettent pas tous pour autant à cette interprétation hasardeuse. L'appel lancé dès le début de l'été 2011 par le père jésuite Nebras Chehayed aux évêques de Damas témoigne de la précocité de ce refus courageux de tous ceux qui, toutes appartenances confondues, refusent de se laisser emprisonner dans une lecture sectaire du douloureux « printemps syrien ».

Une tache de sang sur nos autels

L'Eglise a toujours prôné le droit pour chacun à la liberté et à la dignité. Elle a toujours incité les laïques à lutter sans relâche pour ce noble objectif. Elle a demandé aux hommes de religion de faire leur cette obligation, sans toutefois s'impliquer directement en politique pour qu'ils restent capables de jouer leur rôle de référence collective.

Appel du père jésuite syrien Nebras Chehayed aux Evêques de Syrie
Du sang tache nos autels
le 16 février 2012 - 12:00am

En Syrie, où en sommes nous de cet engagement ? Parmi nos prêtres, il y en a qui sont membres du Baath, parmi nos évêques il y en a qui n'hésitent pas à accepter de ne voir que des traîtres dans tout opposant et parmi nos patriarches, il y en a qui ne cessent de chanter les louanges du régime. Et pas un de nos prêtres n'ose laver les blessures de notre passé ; et pas un évêque n'ose se dresser face aux services de sécurité pour redire les paroles de l'Immortel : «Cessez de tuer !». Le 23 juillet, au lieu d'être un jour de prière et de jeûne comme l'avait demandé l'appel des évêques de Damas, le rassemblement des croyants à l'Eglise de La Croix s'est transformé en un festival de discours politiques ; et les larmes n'en sont devenues que plus brûlantes.

On ne consulte pas notre peuple. Quelques évêques parlent en son nom pour affirmer que « seuls ceux qui ne savent qu'approuver (le régime) ont raison ! Quand à « la liberté »…elle n'est rien d'autre que le fait d'un « complot » organisé par des «bandes». Comme si des êtres humains, chaque jour, ne sortaient pas de chez eux pour ne jamais y revenir. Les voix de ceux qui portent les dépouilles mutilées s'élèvent : « Pacifiquement, pacifiquement ». Mais le prédicateur leur répond en écho : « Des infiltrés », ce ne sont que « des infiltrés !».

L'armée a beau entrer dans les villes et les clameurs s'élever au dessus des rues, l'Eglise demeure plongée dans son silence approbateur : « Oui, oui ! ». Et les larmes n'en deviennent que plus brûlantes encore. L'avenir du mouvement en cours ? Rien d'autre que la création « d'Emirats Salafis » !

Comme si jamais aucun Chrétien ou aucun laïque ne sortait des mosquées le vendredi (pour se joindre aux manifestations), comme si les militants civils n'étaient pas enlevés à leur domicile, comme si nous n'étions pas voisins, comme si nous n'avions aucun passé en commun, comme si nous n'avions jamais partagé le pain, le sel ou le café. De la bouche de certains de nos prédicateurs les mots claquent comme autant de balles. Et de leurs gorges montent des expressions de haine qui tentent de faire taire ce que l'on ne peut pas faire taire : la voix d'Ibrahim Qachouche * (le larynx du chanteur révolutionnaire de Hama a été arraché par ses tortionnaires ndt).

Et du corps du Messie sur les autels ce sont Hamza et Hajar qui saignent ; et du flanc de ce Nazaréen ce sont Hama et Deir ez-Zor qui se vident de leur sang !

L'église, au lieu de réaffirmer les valeurs humanistes, au lieu de laisser à ses fidèles la liberté de leurs choix politiques, selon leur conscience, au lieu de conseiller aux responsables de cesser la répression, et aux manifestants de garder leur sang froid pour que le pays ne soit pas entrainé vers le pire. Au lieu de resituer le soulèvement de la rue dans son cadre historique, celui de décennies répétées de corruption et de privation de libertés, quelques hommes d'église ont opté pour l'allégeance en faveur du régime. Ils jouent de la musique, font la fête et entrainent nos jeunes dans les concerts organisés sur la place des Omeyyades à l'heure où ils devraient porter le deuil de ceux qui viennent de tomber, approfondissant ainsi les blessures.

De loin, la voix du Messie répète : « Donnez à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César ». Mais le prédicateur se contente de répéter : « Des infiltrés », des « infiltrés » ! Comme si rien ne s'était passé. Comme si notre peuple n'avait aucun souvenir, comme si tous les manifestants n'étaient que vénalité et crime. Comme si la peur avait crucifié l'espérance.

Pardonnez, messieurs et messeigneurs les évêques, les complaintes d'un petit moine comme moi qui connaît encore peu de chose de la vie, excusez les voix de ceux de vos enfants qui refusent le parti pris d'un grand nombre de vos hommes de religion. Dans le monde arabe, un printemps vient de jaillir et il sera la lumière de l'Eglise (« nuwwar », très lumineux, est également le surnom du mois de Mai).

« Nous sommes les deux yeux à travers lesquels sa miséricorde regarde ceux qui sont dans le besoin. Nous sommes les mains tendues pour la bénédiction et la guérison, nous sommes les pieds qui les portent pour aller faire le bien. Nous sommes les lèvres qui prononcent sa parole » a dit Thérèse d'Avila.

La paix, cela ne veut pas dire vivre loin du vacarme, des problèmes ou des corvées. Cela veut dire être capable d'affronter tout cela et de garder tout de même son âme en paix. (anonyme)

(Traduit de l'arabe par F B)

http://oumma.com/11336/appel-du-pere-jesuite-syrien-nebras-chehayed-aux-eveques-de-syrie


J.T.Khoreich