Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

dimanche 30 décembre 2018

SYRIE - Commentaire positif du Vicaire apostolique d’Alep à la décision américaine de retrait de sa présence armée


Alep (Agence Fides) – « Nous sommes toujours contents lorsque des forces et des groupes armés étrangers se retirent, abandonnent le terrain et laissent aux syriens la responsabilité et la liberté d’affronter et de résoudre leurs propres problèmes ». C’est en ces termes que S.Exc. Mgr Georges Abou Khazen OFM, Vicaire apostolique d’Alep pour les catholiques de rite latin, commente la décision du Président américain, Donald J. Trump de lancer – malgré les résistances du Département de la Défense – le retrait des forces militaires américaines présentes en Syrie.
L’Evêque franciscain fait remarquer que « dans tous les cas il existe des inconnues : qu’en sera-t-il maintenant des kurdes ? Quelles seront les prétentions de la Turquie vis-à-vis d’eux ? Les Etats-Unis – remarque le Vicaire apostolique d’Alep dans un entretien accordé à l’Agence Fides – abandonnent maintenant les kurdes après s’en être servis. Nous ne savons pas ce que ce choix pourra comporter pour eux ».
Entre temps, la Russie, la Turquie et l’Iran visent à fournir un appui et une couverture internationale à la création d’un Comité constitutionnel chargé de donner à la Syrie une nouvelle Constitution et de lancer sous l’égide de l’ONU une réforme institutionnelle qui stabilise la fin du conflit et implique des groupes d’opposition au sein des processus politiques. La première session du Comité en question pourrait avoir lieu au début de l’an prochain, selon les vœux exprimés par les Ministres des Affaires étrangères turc, russe et iranien lors de leur réunion du 18 décembre à Genève – malgré les réserves de l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, démissionnaire – concernant la possibilité de faire partir à court terme un processus constitutionnel véritablement inclusif. « Y compris en ce qui concerne l’hypothèse du Comité pour la nouvelle Constitution – remarque le Vicaire apostolique d’Alep – les positions et les intentions des Etats-Unis n’étaient pas claires. On ne parvenait pas à comprendre si et de quelle manière les Etats-Unis auraient été disposés à appuyer le processus de reconstruction nationale. Le retrait des troupes américaines de Syrie pourrait clarifier la situation y compris à ce niveau ».
Le Président américain, Donald J. Trump, a signé le 11 décembre dernier l’Iraq and Syria Genocide Relief and Accountability Act of 2018, loi qualifiant de génocide la série de crimes perpétrée au cours de ces dernières années par des groupes djihadistes à l’encontre de chrétiens et yézidis en Irak et en Syrie, engageant l’Administration américaine à fournir assistance humanitaire aux groupes de victimes des violences et à poursuivre les responsables et les exécutants de ces crimes. La norme en question permet de faire partir l’assistance financière américaine en direction de projets humanitaires, de stabilisation et de reconstruction destinés aux minorités religieuses en Irak et en Syrie et a été accueillie avec enthousiasme par des représentants des Eglises au Proche-Orient. A ce propos, le Vicaire apostolique d’Alep pour les catholiques de rite latin exprime des considérations différentes : « L’Irak et la Syrie – indique-t-il dans l’entretien précité – constituent des pays qui pourraient être riches. Nous n’avons pas besoin des ressources financières d’autrui. Nous avons besoin de la paix. Aux autres, nous demandons de ne pas fomenter les guerres. Avec la paix, la condition, y compris économique, de l’ensemble de la population, chrétiens compris, pourra s’améliorer. C’est pourquoi nous prions afin que ce Noël apporte la paix à toute la Syrie, comme il l’a porté voici deux ans à la ville d’Alep ». (GV) (Agence Fides 20/12/2018)

jeudi 20 décembre 2018

Promulgation par le Président des Etats-Unis de la loi sur le « génocide des chrétiens » au Proche-Orient

Washington (Agence Fides) – 

Le Président Donald J. Trump a signé hier l’Iraq and Syria Genocide Relief and Accountability Act of 2018, loi qui qualifie de génocide la série de crimes perpétrés au cours de ces dernières années par des groupes djihadistes à l’encontre de chrétiens et de yézidis en Irak et en Syrie, engageant l’administration à fournir une assistance humanitaire à des groupes de victimes des violences et à poursuivre les responsables et les exécuteurs matériels des faits.
 Lors de la cérémonie de la signature, étaient notamment présents l’Archevêque chaldéen d’Erbil, S.Exc. Mgr Bashar Warda, le Chevalier suprême des Chevaliers de Colomb, Carl Anderson, l’Ambassadeur des Etats-Unis près le Saint-Siège, Callista Gingrich, et S.Exc. Mgr Timothy Broglio, Ordinaire militaire pour les Etats-Unis d’Amérique.
La loi lance une assistance financière américaine destinée à des projets humanitaires, de stabilisation et de reconstruction en faveur des minorités religieuses en Irak et en Syrie. L’assistance peut être mise en œuvre au travers d’instruments et d’organisme dépendant directement de l’administration fédérale ou par l’intermédiaire d’autres organisations, y compris de nature ecclésiale et religieuse.
Le document permet en outre au Département d’Etat de conduire des enquêtes pénales et de procéder à l’arrestation d’individus identifiés comme membres présumés de groupes djihadistes afin de punir ou de prévenir des actes de violence à l’encontre des minorités religieuses
Le Président américain en personne, après avoir signé la nouvelle loi, a confirmé l’engagement de l’administration américaine à mettre en œuvre également les procédures engageant les organes ad hoc à poursuivre les responsables des crimes.
La Chambre des Représentants avait, le 27 septembre dernier, approuvé à l’unanimité le projet de loi HR 390
Précédemment le même texte avait reçu le soutien unanime du Sénat.
La signature de la loi de la part du Président Trump est le résultat de l’activité de pressions déjà conduites sous l’administration Obama par des organisations américaines telles que les Cavaliers de Colomb, le cartel In Defense of Christians, le Family Research Council, la Commission pour l’éthique et la liberté religieuse de la Convention des Baptistes du Sud, l’initiative Wilberforce du XXI° siècle, le Centre pour la liberté religieuse de l’Institut Hudson.

A l’occasion de la signature, des moyens de communication américains ont retransmis les paroles référées au représentant Chris Smith par l’Archevêque chaldéen d’Erbil, S.Exc. Mgr Bashar Warda, selon lequel « les chrétiens en Irak sont encore au bord de l’extinction et la HR 390 est vitale pour notre survie. Son application doit être complète et rapide sans quoi l’aide qu’elle prévoit arrivera trop tard pour nous ».
La Commission des Etats-Unis sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), organisme fédéral indépendant et politiquement transversal institué par le Congrès, a fait les éloges du Président Trump qui a finalement promulgué la loi.
 « Dans ce projet de loi, nous lançons également le message selon lequel les responsables de ces crimes, y compris le génocide, n’échapperont pas à la justice » a affirmé le Vice-président de l’USCIRF, Kristina Arriaga.

L’acte législatif permettant aux groupes motivés par la foi religieuse de recevoir des aides financières de la part des Etats-Unis modifie en partie la précédente politique du Département d’Etat et de l’Agence américaine pour le Développement international, qui utilisaient principalement les Nations unies en vue de la distribution de fonds dont les canaux étaient considérés comme neutres du point de vue religieux.
Le 25 octobre 2017, le Vice-président américain, Michael Pence, avait annoncé ce changement dans les procédures utilisées par la politique américaine en matière de financements destinées aux urgences humanitaires (voir Fides 27/11/2017). « ».
 « Nous ne nous remettrons plus seulement aux Nations unies pour aider les chrétiens persécutés et les minorités » avait déclaré Michael Pence, indiquant que les agences fédérales « travailleront aux côtés des groupes de foi et des organisations privées pour aider ceux qui sont persécutés à cause de leur foi ».
Précédemment, le Patriarche de Babylone des Chaldéens, S.B. Louis Raphaël I Sako, non encore créé Cardinal, avait fait remarquer que « au cours de ces dernières années, au Proche-Orient, les chrétiens ont enduré des injustices, des violences et le terrorisme. Cependant, cela a été le cas aussi pour leurs frères irakiens musulmans et pour ceux d’autres fois religieuses. Il ne faut pas séparer les chrétiens des autres parce que de cette manière, la mentalité sectaire est alimentée ». (GV) (Agence Fides 12/12/2018)


Iraq and Syria Genocide Relief and Accountability Act of 2017
This bill directs the Department of State to provide assistance to entities taking specified criminal and judicial actions against individuals who are suspected of committing genocide, crimes against humanity, or war crimes in Iraq since January 2014 or in Syria since March 2011.
The State Department shall encourage foreign governments to identify and prosecute individuals who are suspected of committing such crimes, including members of foreign terrorist organizations operating in Iraq or Syria.
The Department of Justice shall review existing criminal statutes concerning genocide, crimes against humanity, and war crimes to determine:
  • the extent to which U.S. courts have jurisdiction over such crimes where the perpetrators or victims are U.S. nationals, residents, or persons present in a U.S. territory;
  • current statutes that would apply to such conduct and whether additional statutory authorities are necessary; and
  • the extent to which the absence of criminal statutes defining the crimes or granting jurisdiction impede their prosecution in U.S. courts.
The State Department shall identify:
  • threats of persecution, genocide, crimes against humanity, and war crimes against members of Iraqi or Syrian religious or ethnic groups that are minorities in Iraq or in Syria with respect to whom the Islamic State of Iraq and Syria (ISIS) has committed such crimes in Iraq or Syria since January 2014, or who are members of other persecuted religious or ethnic groups;
  • humanitarian, stabilization, and recovery needs of these individuals; and
  • assistance provided by the United States, the U.N., and other entities, including faith-based entities.
Aliens who are, or were, a national and a resident of Iraq or Syria, and who share common characteristics that identify them as targets of persecution on account of membership in a religious or ethnic minority in that country: (1) are deemed to be of special humanitarian concern to the United States; and (2) shall be eligible for priority-2 processing under the refugee resettlement priority system.

The Foreign Operations, Export Financing, and Related Programs Appropriations Act, 1990 is amended to extend: (1) refugee set-asides for nationals of the former Soviet Union, Estonia, Latvia, or Lithuania; and (2) the period of eligibility for status adjustment from a parolee who was denied refugee status to a lawfully admitted permanent resident for certain aliens from the former Soviet Union, Estonia, Latvia, Lithuania, Vietnam, Laos, or Cambodia.

mardi 11 décembre 2018

EMIRATS ARABES UNIS - Déclarations du Vicaire apostolique d’Arabie méridionale sur le prochain voyage du Pape, « un pas historique pour le dialogue entre chrétiens et musulmans et pour la paix »

Abu Dhabi (Agence Fides) – « La première visite du Pape François dans la péninsule arabique constitue un moment clef pour le dialogue entre musulmans et chrétiens ». C’est ce que déclare à l’Agence Fides S.Exc. Mgr Paul Hinder, Vicaire apostolique d’Arabie méridionale, région qui comprend les Emirats arabes unis, Oman et le Yémen. « Nous accueillons le Pape avec un cœur ouvert et nous prions avec les mots de Saint François d’Assise : Seigneur, fais de nous un instrument de Ta paix. Nous espérons que la visite apostolique constituera un pas important sur le chemin du dialogue entre musulmans et chrétiens et qu’elle contribuera à la compréhension réciproque et à la paix au Proche-Orient » indique Mgr Hinder.
Le 6 décembre, le Saint-Siège a annoncé que le Pape effectuera une visite de trois jours aux Emirats arabes unis du 3 au 5 février 2019. La visite fait suite à l’invitation lancée par le cheick Mohammed bin Zayed Al Nahyan, Prince héritier d’Abu Dhabi et vice commandant des forces armées des Emirats arabes unis, afin que le Pape participe à la rencontre interreligieuse sur la « fraternité humaine ». En annonçant la visite du Pape, le Prince héritier a déclaré dans un tweet que « le Pape est un symbole de paix, de tolérance et de promotion de la fraternité. Nous attendons avec trépidation cette visite historique au travers de laquelle nous chercherons le dialogue et la coexistence pacifique entre les peuples ».
La visite, indique le Vicaire apostolique, constitue également une réponse à l’invitation adressée au Pape François par la petite communauté catholique vivant aux Emirats arabes unis. Mgr Hinder a exprimé sa gratitude au gouvernement des Emirats arabes unis et a indiqué qu’une commission spéciale a été créée, commission qui est en contact étroit avec le gouvernement et s’occupera de la gestion de tous les aspects du pèlerinage du Pape.
La célébration de la Messe aura lieu le 5 février dans une zone publique d’Abu Dhabi. « Il s’agit d’un geste de courtoisie que nous apprécions et reconnaissons » a déclaré le Vicaire apostolique, se référant au gouvernement.
La visite du Pape François sera la première d’un Souverain Pontife dans la péninsule arabique. Le thème choisi par le Vicariat apostolique d’Arabie méridionale pour la visite est tiré de la Prière attribuée à Saint François d’Assise : « Seigneur, fais de moi un instrument de Ta paix ». La visite intervient également au cours de l’année marquant le VIII° centenaire de la rencontre entre Saint François d’Assise et le sultan Malik Al-Kamil en Egypte en 1219. (SD) (Agence Fides 11/12/2018)

mercredi 5 décembre 2018

Quand les patriarches catholiques d’Orient plaident pour l’égalité des chrétiens avec les musulmans

droits des chretiens d-Orient

COMMUNAUTÉS
Le congrès des prélats s’est tenu cette année à Bagdad.
Fady NOUN | OLJ le 4-12-2018
04/12/2018
La réunion « pour la première fois en Irak » (à Bagdad) du Conseil des patriarches catholiques d’Orient (CPCO) est « le signe parlant de la solidarité des patriarches catholiques orientaux avec ce pays, de leur liens avec ses chrétiens, un encouragement au retour des déplacés dans leurs villages et villes d’origine, et un message de refus de tout fanatisme, de tout extrémisme et de volonté de consolidation des valeurs de la vie commune ». Tel est le message central publié vendredi soir à l’issue de la rencontre à Bagdad du CPCO.
Le Conseil des patriarches catholiques d’Orient a tenu son congrès du 26 au 30 novembre au siège du patriarcat chaldéen à Bagdad, en présence des patriarches chaldéen, Louis Raphael Sako ; maronite, Béchara Raï ; copte-catholique, Ibrahim Ishak Sedrak ; grec-catholique, Youssef Absi ; syriaque-catholique, Ignace Joseph III Younan ; arménien-catholique, Krikor Bedros XX ; et de Mgr William Hanna Shomaly, évêque auxiliaire, représentant le patriarche des latins de Jérusalem, ainsi que de Mgr Alberto Ortega Martin, nonce apostolique en Jordanie et en Irak.
Le conseil s’est également félicité, dans son communiqué, de l’audience que le président irakien Barham Saleh a accordé à ses membres, ainsi que de la visite qu’il a rendu au Premier ministre nouvellement désigné, Adel Abdel Hadi.
Avec ces deux personnalités officielles, « des sujets intéressant l’Irak et le Moyen-Orient ont été soulevés » qui répondent aux aspirations du CPCO : égalité civique de tous les habitants d’un pays en droits et en devoirs (égalité civique) sur la base de la citoyenneté, et le retour des populations déplacées en Irak. Les patriarches citent également, parmi ces aspirations, l’instauration d’un État civil, soit l’État du droit et des institutions, et le respect de toutes les croyances, sans discrimination. Les patriarches se sont dit « satisfaits de ce qu’ils ont reçu comme assurance que les chrétiens ne sont pas une minorité mais une composante essentielle de la population de l’Irak ». Ils ont décidé de tenir leur prochain congrès au Caire, du 25 au 29 novembre 2019, à l’invitation du patriarche des coptes-catholiques.


Pensée ténébreuse
Dans leur communiqué final, les patriarches se sont engagés à « agir en commun dans le but d’assurer (aux jeunes Irakiens) les conditions nécessaires à leur maintien sur leur terre ».Ils l’ont fait en réponse « aux défis et difficultés qu’ils endurent dans la situation actuelle du Moyen-Orient, à l’origine d’une hémorragie humaine qui menace leur avenir et toute la présence chrétienne au Moyen-Orient ».
La réunion de Bagdad s’était inscrite, d’emblée, dans le sillage de l’assemblée spéciale du synode des évêques « Les jeunes et le discernement vocationnel » qui s’était tenue à Rome, en novembre dernier

 Restez attachés à vos patries. Participez à leur édification. Nous sommes un petit nombre, mais nous sommes sel, lumière et levain. Nous sommes l’Église des martyrs », a encore lancé le CPCO aux jeunes chrétiens d’Irak et, par eux, à tous les jeunes chrétiens des pays du Moyen-Orient. « Édifiez vos patries aux côtés de tous vos concitoyens, participez aux souffrances et aux sacrifices de tous, pour leur progrès et leur prospérité. Faites l’histoire de vos patries aux côtés de vos concitoyens, quelles que soient les difficultés humaines ou circonstancielles que vous affrontez », a encore affirmé le CPCO, se félicitant de « l’atmosphère positive qui a commencé à prévaloir en Irak et qui s’est manifestée par l’élection d’un nouveau président et d’un nouveau Premier ministre, soulignant en particulier la nécessité d’extirper la pensée ténébreuse prônée par le groupe État islamique des esprits et des discours ».
« L’Irak est notre pays, c’est là que nous avons notre histoire, notre civilisation et notre culture », a encore lancé le communiqué, qui a ensuite adressé de paroles d’encouragement et des appels à l’endurance aux chrétiens de Syrie, du Liban (en souhaitant la formation d’un gouvernement au plus vite et au retour dans leur patrie des déplacés syriens), de Palestine, de Jordanie et d’Égypte.
En conclusion, les patriarches orientaux ont insisté sur le respect des libertés religieuses, citant à ce propos le pape émérite Benoît XVI affirmant : « La paix et la justice dans ce monde ne se réaliseront pas si nous ne respectons les libertés religieuses de tous. »

Lire aussi
l Orient -Le jour du 4-12-2018
https://www.lorientlejour.com/article/1146619/quand-les-patriarches-catholiques-dorient-plaident-pour-legalite-des-chretiens-avec-les-musulmans.html

mardi 30 octobre 2018

Genève: Mgr Garmou témoigne de la vie difficile des chrétiens d'Iran

Genève: Mgr Garmou témoigne de la vie difficile des chrétiens d'Iran

29.10.2018 par Jacques Berset, cath.ch

Quand Mgr Ramzi Garmou vient en Europe, les gens souvent s’étonnent: “Un évêque en Iran… Y aurait-il encore des chrétiens dans cette République islamique ?” L’archevêque assyro-chaldéen de Téhéran confirme: malgré de réelles difficultés, une petite minorité chrétienne de 60’000 âmes, appartenant aux Eglises reconnues par la Constitution de 1979, subsiste au milieu d’une population de 82 millions d’Iraniens, en grande majorité musulmans chiites.

Grand témoin de la Journée nationale pour les chrétiens persécutés et discriminés organisée par l’œuvre d’entraide catholique “Aide à l’Eglise en Détresse” (AED-ACN), Mgr Ramzi Garmou présidait la messe dimanche 28 octobre 2018 à la paroisse Notre-Dame des Grâces, au Grand-Lancy, dans le canton de Genève.
Mgr Garmou préside la messe en compagnie de Mgr Pierre Farine, Pascal Desthieux, vicaire épiscopal, et l’abbé Philippe Matthey |© Jacques Berset

Une Eglise fondée par l’apôtre Thomas

Invité par Roberto Simona, responsable de l’antenne romande et tessinoise d’AED, l’archevêque de la capitale iranienne a apporté dans une église comble son témoignage sur la situation d’une des plus anciennes communautés chrétiennes du Moyen-Orient, puisque l’Eglise de Perse a, selon la tradition, été fondée par l’apôtre Thomas.
“Quand on parle de l’Iran, effectivement, on pense immédiatement à la République islamique et à son régime, et on oublie une présence chrétienne de 2’000 ans, sans interruption! Les chrétiens sont ici chez eux depuis les temps apostoliques. Thomas, l’un des douze apôtres, a évangélisé la Mésopotamie puis la Perse, l’Iran d’aujourd’hui, avant d’aller fonder l’Eglise en Inde”.

Persécution et martyre

Expliquant l’histoire de l’Eglise en Perse, Mgr Garmou rappelle que dans les premiers siècles,  le christianisme dans cette région était caractérisé par une vie centrée sur la prière et la contemplation. “A cette époque, des monastères pouvaient abriter jusqu’à 1’000 moines…”
Cathédrale arménienne Vank, dédiée à saint Joseph d’Arimathie, à Ispahan |© Jacques Berset
Les chrétiens ont ensuite connu l’expérience du martyre, sous le règne de certains empereurs sassanides, adeptes de la religion zoroastrienne. Ayant pris une épouse chrétienne, certains étaient favorables au christianisme, mais d’autres, comme Shapour II, au IVe siècle, ordonna la persécution des chrétiens, car ils refusaient d’adorer le feu, sacré pour les zoroastriens. “Cette persécution a duré quarante ans, peut-être la plus longue dans l’histoire chrétienne. Mais la souffrance est source de fécondité pour l’Eglise. Une Eglise qui n’a pas de martyrs est comme un arbre sec, un arbre sans fruits…”

Une Eglise missionnaire

Cette Eglise d’Orient a également été une Eglise missionnaire: elle est allée prêcher l’Evangile jusqu’en Chine, en passant par l’Inde, la Mongolie, la Corée, rappelle l’évêque d’origine irakienne, qui vit en Iran depuis 1976. “Il y a eu à une époque, sous l’égide des patriarches d’Orient, jusqu’à 80 millions de fidèles dans ces régions, avec 250 évêques et archevêques…”
Les chrétiens ont émigré en nombre après l’arrivée au pouvoir de la République islamique en 1979: près de 2/3 des chrétiens ont quitté le pays, pour s’installer aux Etats-Unis mais aussi en Europe occidentale (quelque 70’000 fidèles, notamment en Suède  – 20’000 environ -, en France – le même nombre -, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark ou en Belgique. 180 à 200 familles chaldéennes catholiques vivent en Suisse, soit environ un millier de personnes, mais la plupart sont irakiennes, et pas iraniennes.
Cathédrale arménienne Vank, dédiée à saint Joseph d’Arimathie, à Ispahan |© Jacques Berset
Dans un français parfait – il a étudié au séminaire dominicain de Mossoul, en Irak, puis à l’Institut du Prado, près de Lyon -, Mgr Garmou estime que tant qu’il n’y aura pas de liberté de religion dans le pays, la situation restera difficile pour les chrétiens en Iran. Ces derniers ont certes une liberté de culte, mais elle ne peut s’exercer que dans les églises reconnues par le gouvernement. S’il parle le farsi, tout comme aussi l’arabe, l’évêque utilise avec ses fidèles le syriaque de l’Est, un dialecte araméen, la langue qu’utilisait le Christ.

Prosélytisme interdit sous peine de mort

Les minorités religieuses implantées dès les origines en Iran, comme l’Eglise arménienne d’Iran et les Eglises assyrienne et assyro-chaldéenne, sont reconnues par la Constitution de 1979. Président de la Conférence épiscopale catholique iranienne, archevêque de Téhéran depuis 1999, Mgr Garmou est né il y a 71 ans à Zakho, ville du Kurdistan irakien, près de la frontière turque. Ses permis de séjour et de travail doivent être renouvelés chaque année et il ne doit s’adresser qu’aux chrétiens pour ne pas encourir le reproche de faire du prosélytisme auprès des musulmans, “ce qui est strictement interdit !”
Mgr Ramzi Garmou, archevêque assyro-chaldéen de Téhéran |© Jacques Berset
Les églises sont ouvertes pour le culte, pour la catéchèse, l’enseignement, les conférences. “Mais tout doit se passer à l’intérieur des édifices reconnus par le régime. Pas question d’avoir des activités religieuses à l’extérieur, car il est interdit de proclamer l’Evangile dans l’espace public. Le portier de l’église connaît nos fidèles, et ne laisse pas entrer les musulmans… Beaucoup de musulmans chiites aspirent  devenir chrétiens, mais nous devons compter avec l’absence de liberté religieuse dans les pays islamiques. Ceux qui se convertissent au christianisme en Iran encourent la peine de mort. Mais ils sont nombreux à vouloir devenir chrétiens. Des musulmans convertis ont été tués, et ces martyrs sont une source de grâce nouvelle pour l’Eglise”.

Sous surveillance constante

Mgr Garmou, sous surveillance constante des organes de sécurité, a dû signer un document lui interdisant tout prosélytisme envers les musulmans. Il a été convoqué par la police secrète, qui lui a rappelé qu’il n’avait pas le droit de travailler avec des Persans, sous peine d’expulsion du pays.
L’archevêque ne peut accueillir des musulmans dans sa résidence que s’ils ont reçu la permission écrite du Ministère de la Culture et de la Guidance islamique. Ce sont des personnes qui étudient la religion chrétienne. La loi islamique iranienne  réprime sévèrement le prosélytisme et l’apostasie. La République islamique est sensible au fait que les conversions au christianisme sont de plus en plus nombreuses, influencées notamment par des émissions religieuses télévisées réalisées aux Etats-Unis par des convertis iraniens.

Les sanctions de Trump touchent avant tout les pauvres

En raison des nouvelles sanctions imposées à l’Iran par Donald Trump, qui vont être renforcées le 1er novembre 2018, “tout le monde va souffrir et souffre déjà, chrétiens comme musulmans, avec l’effondrement de la monnaie, la cherté des produits de première nécessité. Le chômage augmente, et beaucoup de gens ne peuvent faire face, la pauvreté augmente, et cela peut faire croître la criminalité, simplement pour survivre… Les gens réagissent, manifestent contre la vie chère, mais cela ne donne rien, le régime tient bon. Il garde le contrôle de la situation et réduit au silence les contestataires”.
Mgr Garmou à l’église de Notre-Dame des Grâces, au Grand-Lancy |© Jacques Berset

Aucun régime n’est éternel

Les Assyro-Chaldéens et les Arméniens, en majorité, désirent quitter le pays, mais les nouveaux convertis de l’islam vont peut-être former la nouvelle Eglise d’Iran. De l’avis de Mgr Garmou, l’islam sera amené un jour à reconnaître la liberté religieuse, “un droit humain personnel que personne ne peut nier… Aucun régime n’est éternel: regardez l’URSS, elle n’a duré que sept décennies!” JB

60’000 chrétiens restés en Iran

Actuellement, sur les 60’000 chrétiens qui restent en Iran, la majorité, soit quelque 50’000, appartiennent à l’Eglise apostolique arménienne (grégorienne), dont le berceau historique est la ville d’Ispahan, où ils avaient été déportés sur ordre de Shah Abbas Ier  au XVIe  siècle. Outre l’Eglise apostolique assyrienne (dite aussi ‘nestorienne’), il existe encore trois Eglises catholiques. L’Eglise assyro-chaldéenne compte les diocèses de Téhéran (350 familles) et d’Ourmia (350 familles), ainsi que l’administration patriarcale d’Ahwaz (une quinzaine de familles). L’Eglise arménienne catholique compte un diocèse à Ispahan et l’Eglise latine un diocèse dans la même ville. Au sein des minorités, il existe encore des Eglises protestantes reconnues. Quant aux Eglises évangéliques, accusées de faire du prosélytisme envers les citoyens parlant persan, le farsi – ces derniers sont censés être tous musulmans -, elles sont durement réprimées. Les chrétiens, issus des minorités, doivent prêcher à l’église en arménien ou en syriaque de l’Est, un dialecte araméen, et ne pas utiliser le farsi. JB

Le Père Humblot poursuit sa mission à Paris

Prêtre du Prado, comme Mgr Garmou, le Père Pierre Humblot, qui a vécu a vécu en Iran de 1969 à 2010, dirigeait le Centre St-Jean à Téhéran, au service des chrétiens d’Iran d’origine persane. “C’était un travail illégal du point de vue du régime”. Il a dû quitter le pays et anime depuis à Paris le Centre St-Jean qui, discrètement, regroupe des Iraniens, amis des chrétiens. Il poursuit sa mission, tant par internet que directement, auprès de ceux qui ont dû quitter l’Iran ou l’Afghanistan, à cause de leur foi.

Des déçus du régime se convertissent

Des Iraniens font le choix de devenir chrétiens parce qu’ils ont déçus du régime, de ses promesses non tenues. Certains regrettent même le temps du shah. Ils disent en avoir marre de la République des mollahs ou estiment que l’islam dans le pays été travesti.
Le prêtre français affirme qu’il y a eu en Iran une vague importante de convertis, principalement des jeunes, “qui en ont assez d’un certain type d’islam qui leur est imposé”. L’arrivée au pouvoir de Hassan Rohani à la présidence en 2013 avait pourtant fait souffler un vent d’espoir pour les chrétiens d’Iran qui ont très majoritairement voté pour le candidat modéré. Dès novembre 2013, le président fraîchement élu avait multiplié les signes d’ouverture, comme en témoignent ses échanges de tweets avec le pape François portant sur le dialogue interreligieux. Cela n’a pourtant pas entraîné de réels changements dans la vie quotidienne des chrétiens.   (cath.ch/be)

https://www.cath.ch/newsf/geneve-mgr-garmou-temoigne-de-la-vie-difficile-des-chretiens-diran/

vendredi 10 août 2018

SYRIE - Réouverture du Monastère Sainte Thècle à Maalula

 
Maalula (Agence Fides) – Le Monastère orthodoxe Sainte Thècle, sis dans la petite ville syrienne de Maalula, sera bientôt rouvert également aux visites des pèlerins et des touristes. En effet, les travaux de reconstruction et de restauration sont désormais presque achevés, tentant de réparer les graves dégâts infligés au lieu de culte au cours de la période allant de septembre 2013 à mars 2014 pendant laquelle le village rupestre de Maalula a été sous le joug des milices islamiques antigouvernementales, dans le cadre de l’une des phases les plus intenses du conflit syrien.
Ainsi que cela avait été indiqué en son temps par l’Agence Fides (voir Fides 09/06/2018), une contribution importante à la reconstruction du Monastère Sainte Thècle est parvenue de l’Association des anciens combattants russe Boevoe Bratstvo (Fraternité militaire). Des moyens de communication russes indiquent que les religieuses sont déjà retournées au monastère, désormais habitable à 90% et que les travaux de reconstruction et de restauration seront achevés au cours de ces prochaines semaines.
Maalula, sise à 55 Km au nord-est de Damas, est connue dans le monde entier comme l’un des endroits où est encore parlé l’araméen, la langue de Jésus. Elle comprend tant le Monastère Sainte Thècle que le sanctuaire dédié aux Saints Serge et Bacchus, qui dépend de l’Eglise gréco-catholique de rite melkite. Le 3 décembre 2013, 13 religieuses gréco-orthodoxes de Sainte Thècle avaient été enlevées de leur monastère en compagnie de trois de leurs collaboratrices. L’enlèvement se conclut heureusement le Dimanche 9 mars 2014 lorsque les religieuses et leurs trois salariées furent libérées en territoire libanais. La libération intervint notamment grâce à la médiation des services de renseignement libanais et du Qatar et eut comme contrepartie la remise en liberté de 153 femmes détenues dans des prisons syriennes.
 (GV) (Agence Fides 10/08/2018)

vendredi 13 juillet 2018

TERRE SAINTE - Vers la disparition des baptisés de la ville natale de Jésus selon le Curé Rami Asakrieh OFM

 
 
 

 
Bethléem (Agence Fides) – Dans la ville natale de Jésus, le nombre des baptisés diminue de manière impressionnante et ce alors que se multiplient dans le monde entier les groupes qui collectent des offrandes en utilisant le nom de Bethléem sans ensuite faire parvenir aucune aide aux chrétiens de Terre Sainte. Tel est le cri d’alarme lancé par le Père Rami Asakrieh OFM, de la Custodie de Terre Sainte, Curé à Bethléem de la Paroisse Sainte Catherine, près le Sanctuaire de la Nativité. « Ma propre Paroisse – indique le prêtre à l’Agence Fides – fait face à de graves problèmes. Le nombre des familles catholiques à Bethléem se réduit. Maintenant, notre Paroisse compte seulement 1.479 familles palestiniennes. Les chrétiens constituent 17% de la population de la ville alors que par le passé, ils étaient 90% de cette même population ». La diminution vertigineuse de la présence chrétienne à Bethléem – ajoute le Curé – est liée surtout à l’exode des jeunes chrétiens qui émigrent en direction d’autres pays. Nous tentons – indique le religieux – pour notre part de freiner l’émigration en cherchant à fournir une aide à de nombreuses situations de besoin ». Cependant l’actuelle situation politique et économique de la ville, entourée par les colonies israéliennes, voit se multiplier le cas de fidèles « au chômage, déprimés et noyés sous les dettes ». A tout cela – indique encore le franciscain – s’ajoute le fait que « nombreuses sont les organisations qui demandent des ressources financières au nom de Bethléem mais aucun de nos paroissiens ne reçoit un centime provenant de ces organisations ». (GV) (Agence Fides 06/07/2018)

mardi 10 juillet 2018

Depuis Bari, le cri de paix des chrétiens pour le Proche-Orient

Tel un vol de colombes, un appel à la paix pour le Proche-Orient est monté au ciel depuis 

Bari (sud de l’Italie). La cité de saint Nicolas, si vénéré par l’Orient chrétien, accueillait en
 effet, samedi 7 juillet, la rencontre œcuménique de réflexion et de prière à laquelle le
 pape François avait convié les responsables d’Églises du Proche-Orient.
La plupart d’entre eux avaient répondu à l’appel pour ce sommet, inédit jusqu’ici à ce niveau.Pour la paix au Moyen-Orient, les patriarches des Églises orientales réunis par le pape à Bari
« Cela suffit, les oppositions obstinées ! »
« Il faut que cette guerre s’arrête »
« Que les réfugiés reviennent »
« Nous devons d’abord parler contre la violence »
Au bord de la mer Adriatique, vers cet Orient déchiré par la guerre, les patriarches ont prié dans toutes leurs langues, de l’arabe au syriaque en passant par l’arménien et l’assyrien, pour que Dieu « inspire des choses bonnes dans les cœurs de ceux qui veulent la guerre et pacifie leurs esprits tourmentés », ainsi que l’a imploré l’orthodoxe Bartholomeos Ier de Constantinople.
Une « région splendide », où se trouvent « les racines mêmes de nos âmes », avait rappelé en introduction le pape François, mais où « s’est condensée (…) une couche épaisse de ténèbres ».
Mettant en cause « le silence de tant et la complicité de beaucoup », le pape a dénoncé « l’indifférence qui tue », posant les chefs d’Églises qui l’entouraient en une « voix qui lutte contre l’homicide de l’indifférence », soulignant notamment « le risque que la présence de nos frères et sœurs dans la foi soit effacée ».
Au Proche-Orient, les chrétiens qui représentaient encore 20 % de la population à la veille de la Première Guerre mondiale n’y sont plus que 4 %, rappelle d’ailleurs le Vatican.

Cette question devait être au cœur de la rencontre à huis clos à laquelle tous les chefs d’Église ont ensuite participé dans la nef de la sobre basilique Saint-Nicolas. À la sortie, entouré de tous les patriarches, il a, dans un discours fort, dénoncer sans ambages toutes les responsabilités dans les conflits du Moyen-Orient, n’épargnant personne.
« Cela suffit, les avantages de quelques-uns sur le dos d’un grand nombre ! 
Cela suffit, l’occupation de terres qui lacèrent les peuples !
 Cela suffit, la domination des vérités de parti, sur les espérances des gens ! 
Cela suffit, l’utilisation du Moyen-Orient à des profits étrangers au Moyen-Orient !, a-t-il lancé.
 Cela suffit, les oppositions obstinées ! 
Cela suffit, la soif de profit qui ne prend personne en compte, cherchant uniquement à accaparer les gisements de gaz et de combustible, sans égard pour la maison commune et sans scrupule sur le fait que le marché de l’énergie dicte la loi de la cohabitation entre les peuples ! ».

Rappelant aux potentats de la région qu’« il faut que celui qui détient le pouvoir se mette enfin et résolument au vrai service de la paix, et non pas de ses propres intérêts », il a aussi rappelé que, à Jérusalem, « le statu quo exige d’être respecté selon ce qui a été décidé par la Communauté internationale » et la nécessité d’une « solution négociée entre Israéliens et Palestiniens ».
Au cours de la rencontre à huis clos, il devait aussi être question des réfugiés du conflit syrien. « Bien sûr, il faut que cette guerre s’arrête pour que nos malheurs s’arrêtent, explique Mgr Jean-Clément Jeanbart, métropolite melkite d’Alep (Syrie). Mais si je pleure sur ce qui a été détruit, je suis plus préoccupé encore par l’émigration. »
Jeudi, plusieurs patriarches catholiques et orientaux de Syrie et du Liban, se sont d’ailleurs concertés pour appuyer sur ce thème, crucial à leurs yeux, dans les discussions.

« Il faut absolument séparer la question du retour des réfugiés de celle du règlement politique en Syrie », plaide le cardinal Béchara Raï qui a accueilli cette réunion dans son Patriarcat maronite de Bkerké et dont le pays, le Liban, voit les réfugiés (palestiniens et syriens) constituer aujourd’hui plus de la moitié de la population.
« Ces camps de réfugiés sont un terreau pour le fondamentalisme et la violence », met-il en garde.
« Il est important que les réfugiés reviennent que les gens rentrent chez eux », martèle le patriarche syrien-orthodoxe Ignace-Ephrem II, qui plaide pour une aide financière au retour de la part des Occidentaux.

« Ceux qui ont passé la mer ne reviendront jamais, reconnaît-il. Mais il y a les autres, dans les pays autour de la Syrie. Nous avons besoin d’eux. » « Je leur assure que le retour est sûr », continue le patriarche, qui siège à Damas et qui, tout en reconnaissant que le régime syrien a ses défauts, souligne qu’il est largement préférable à une domination islamiste.
« Mais nous devons d’abord parler contre la violence : si nous semblons appuyer un côté ou un autre dans le conflit, ça ne marchera pas, explique-t-il. Aussi, même si notre message n’est pas politique, il s’agit aussi d’envoyer un message aux responsables politiques. Une parole commune des chrétiens d’Orient et d’Occident a beaucoup de poids. »
Nicolas Senèze, à Bari (sud de l’Italie}

LIBAN - Nouvelle statue de grandes dimensions de Saint Charbel prochainement inaugurée sur les hauteurs d’Hammana Beyrouth (Agence Fides) – La nouvelle statue du saint libanais Charbel qui sera installée dans les prochains jours sur les hauteurs du village d’Hammana est haute de 16 mètres. Elle dominera à terme les villages environnants et sera visible également depuis la zone de Beyrouth. Le transfert de la statue, de Mar Moussa au lieu de sa prochaine installation, a suscité curiosité et surprise parmi la population locale à cause des grandes dimensions de la sculpture dont la création a demandé cinq mois de travail de la part de main-d’œuvre spécialisée. La sculpture a été financée par Charles Barmaki, alors que la municipalité d’Hammana a mis à disposition le terrain où elle sera placée. A la cérémonie d’installation et d’inauguration de la statue, prévue pour le Dimanche 22 juillet, devrait être présent le Patriarche d’Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Béchara Boutros Raï. La petite ville d’Hammana occupe une position stratégique. La statue de Saint Charbel aura un grand impact visuel pour les usagers de l’autoroute nationale reliant l’est à l’ouest du pays, reliant également le Liban au réseau autoroutier du Proche-Orient qui arrive jusqu’en Arabie Saoudite. Charbel Makhluf (1828-1898), prêtre et moine de l’Ordre libanais maronite, figure chère aux chrétiens libanais pour sa spiritualité austère, connu pour les miracles de guérison lui ayant été attribués notamment après sa mort, fut canonisé par le Bienheureux Pape Paul VI en 1977. A l’été dernier, une autre statue de Saint Charbel, plus grande encore, puisque haute de 27 mètres, a été installée sur les hauteurs de Kesrouan, alors qu’en mars dernier (voir Fides 17/03/2018) la première statue dédiée au Pape François au Liban et dans l’ensemble du Proche Orient a été inaugurée à Hadath, municipalité du district de Baabda, considérée comme faisant partie des faubourgs sud de la capitale, Beyrouth. Des sources locales expliquent à l’Agence Fides que la multiplication des statues et images de saints et de symboles chrétiens dans des lieux publics et visibles à tous, veut être un signe visant à encourager les chrétiens locaux à ne pas renoncer à manifester visiblement leur identité, en continuant à offrir leur contribution originale à la coexistence avec les diverses communautés religieuses dans le cadre d’une citoyenneté commune. (GV) (Agence Fides 09/07/2018)


Au Liban-Sud, « sur un foyer de guerre, construire un foyer de paix »


https://www.lorientlejour.com/article/1121074/-sur-un-foyer-de-guerre-construire-un-foyer-de-paix-.html


À Qaouzah, une laïque consacrée française édifie, sur un terrain de l’archevêché maronite, une maison d’accueil couleur arc-en-ciel.
15/06/2018
Près du village de Qaouzah (Liban-Sud), la forêt Saint-Joseph est un havre de silence. Entre les arbres, on aperçoit une vallée verdoyante semée d’arbustes en fleurs et d’arbres qui dispensent une ombre bienfaisante. Voilà la frontière entre Israël et le Liban. En juillet 2006, ce paradis était devenu un enfer, lieu de conflit et de discorde. Béatrice, une consacrée (une personne qui dédie sa vie à Dieu hors d’un ordre religieux) française dynamique a une ambition : faire de ce foyer de guerre un foyer de paix. Le nom du village porte en lui tout le projet : Qaouzah signifie arc-en-ciel. Le but est de construire un arc-en-ciel entre les différentes communautés du Proche-Orient, de bâtir un pont entre chrétiens et musulmans.
En 2009, la Délégation catholique pour la coopération (DCC) envoie Béatrice au Liban comme volontaire. Pendant deux ans, elle enseigne le théâtre et la musique aux enfants du collège Saint-Joseph des sœurs des Saints-Cœurs, dans le village de Aïn Ebel. Les classes dont elle s’occupe sont mixtes, composées d’élèves chrétiens et musulmans. À travers l’enseignement, elle découvre que le dialogue entre membres de religions différentes est possible et se rend compte de combien il peut être riche et fécond.
En 2011, le synode des Églises orientales exprime son inquiétude quant au déclin de la vie contemplative en Orient. Ce constat ravive chez Béatrice l’appel à la vie monastique reçu dans son enfance. Elle a une conviction : tout homme doit apporter à sa vie une dimension contemplative afin de retrouver une paix intérieure. Elle aspire également à « vivre et rayonner la paix au Proche-Orient ». Elle élabore alors le projet d’un lieu où chacun, chrétien comme musulman, pourra venir chercher l’apaisement et prier pour la paix.
En exposant son idée à l’archevêque maronite de Tyr, Chucrallah Nabil el-Hage, elle ne savait pas encore qu’elle répondait à une aspiration profonde du prélat. Ce désir de construire la paix au Proche-Orient est ancré en lui depuis longtemps. Le jour même de son ordination, Mgr Hage avait fait écrire sur le carton d’invitation : « Nabil el-Hage, prêtre pour la paix au Proche-Orient ». Fruit de la collaboration entre ces deux apôtres de la conciliation, l’Arche de la paix commence à s’édifier sur la colline Saint-Joseph qui appartient à l’archevêché de Tyr. 

Une arche refuge
En juin 2015, de petits ermitages furent achevés. Régulièrement, des retraitants viennent y passer un week-end ou quelques jours afin de retrouver la paix. « À l’écart de ce monde qui nous fait courir à perdre haleine, ils trouvent un lieu calme où se ressourcer », explique « sœur » Béatrice. Tous furent bâtis dans le style traditionnel avec un intérieur très simple : une table basse, des poufs et des tapis en constituent tout l’ameublement. Béatrice souhaite, en effet, que ce projet soit avant tout celui des Libanais. Elle s’efforce donc d’y associer les villageois de Qaouzah et des environs. « Je le leur répète sans cesse : ces ermitages sont pour vous, ce sont les vôtres ! Je veux réveiller ici l’amour du Proche-Orient et la volonté d’y amener la paix. »

Quant à l’arche elle-même, sa construction a débuté il y a maintenant deux ans. Elle comprendra une chapelle pour l’exercice du culte ainsi que plusieurs salles où se tiendront des séminaires et des conférences. Ce sera un lieu d’accueil, d’hospitalité et de dialogue. Sœur Béatrice souhaite faire venir des intervenants spécialistes de la religion chrétienne et de l’islam. Ils exposeront la notion de paix dans la Bible et dans le Coran. L’objectif est que tous les croyants puissent discuter ensemble, dans une volonté commune de réconciliation et de construction de la paix. Elle projette aussi de mettre en place d’autres ateliers (une initiation à la danse sacrée par exemple), dont certains seront animés à plusieurs voix par des psychothérapeutes et des théologiens. Elle rappelle en effet que « la première paix que chacun doit chercher est la paix intérieure. Il pourra ensuite la transmettre ». 

Le jardin de la paix
Autour de l’arche en construction s’étend un vaste parc en cours d’aménagement. Dans ce labyrinthe de rochers, de plantes et de bassins, beaucoup d’animaux ont trouvé leur place. Si leur rôle est d’abord utilitaire (le chien garde la propriété, les poules pondent des œufs, les brebis contribuent à débroussailler la forêt), leur présence a aussi une valeur symbolique : des colombes sont là pour symboliser la paix ; un dromadaire blanc insuffle au lieu l’énergie du désert. Cette joyeuse ménagerie marque enfin une volonté de réconciliation entre l’homme et la nature, entre Adam et le jardin d’Éden.

Pour achever ce beau projet, Béatrice a besoin de toutes les bonnes volontés. Certains paroissiens de Qaouzah et des villages voisins viennent parfois lui donner un coup de main. L’association chiite Verts sans frontières a également proposé son aide pour débroussailler la forêt. Le jardin de la paix est donc déjà l’œuvre de chrétiens et de musulmans. Sœur Béatrice y a planté une espérance : « De ce terreau multiconfessionnel émergera l’olivier de la paix. »