Le couvent historique de Mar Aboun sera restauré et rendu à la vie monastique
PATRIMOINE OLJ 21-9-2017
Le couvent historique de Mar Aboun (saint Jean-Baptiste, en syriaque), le plus grand des couvents de la vallée de la Kadicha, déserté depuis le XVIIe siècle, sera restauré et rendu à la vie monastique. Le coup d'envoi des travaux de réhabilitation a été donné hier par le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, conformément à une décision prise en 2011, et selon un plan directeur conçu pour toute la vallée sainte par l'Association Kannoubine pour la mission et l'héritage.
Le chantier de reconstruction a été lancé en présence de l'ambassadeur de France, Bruno Fouché, et du PDG de la compagnie de téléphonie mobile Alfa, Marwan Hayek, qui va prendre en charge le financement du projet, dont la durée estimée est de deux ans et demi.
C'est au terme de plus de deux heures de marche sur le chemin historique conduisant au couvent que le patriarche et le groupe qui l'accompagnait ont atteint le site. Le chemin prend naissance au village de Wadi Kannoubine et gagne, par un difficile chemin, la région de Morbo (premier mot d'un psaume qui commence par « Loue le Seigneur (morbo) Ô mon âme ! »). Il s'agissait de la première visite d'un patriarche maronite à Mar Aboun depuis 1822, date à laquelle le patriarche Youhanna Hélou s'était rendu sur place pour la délimitation des frontières entre ce couvent patriarcal et celui de Kozhaya, relevant de l'ordre libanais maronite. Le groupe comprenait en outre les deux évêques Boulos Sayah et Joseph Naffah, le directeur général du palais présidentiel, Joseph Choucair, Monsignor Victor Keyrouz, les pères Khalil Arab, Tony Agha et Boulos Matar, l'ingénieur Tony Batti, qui dirigera les travaux de restauration, le P. Joseph Tannous, vice-président de l'Association Kannoubine qui anime le projet, Georges Arab, son secrétaire exécutif, et le moukhtar du village de Wadi Kannoubine, Tony Khattar.
Le projet jouit du feu vert de la direction des Antiquités et prévoit, parallèlement à la renaissance de la vie du couvent, celle de la culture des champs qui l'entourent. En perspective, aussi, l'approbation par le Conseil des ministres du plan d'aménagement de la route en terre battue qui traverse la vallée sainte. Le chantier prévoit, dans un premier temps, le nettoyage du site des débris et herbes folles qui s'y trouvent, puis le numérotage des pierres éparpillées, sous la supervision d'un archéologue. Le couvent sera reconstruit avec le matériau ancestral utilisé aux siècles passés.
Émotion et remerciements
Après avoir béni le chantier, le patriarche Raï a remercié en particulier la cheville ouvrière de l'Association Kannoubine, le journaliste Georges Arab, « qui s'emploie depuis des années à dévoiler les trésors oubliés ou cachés de la vallée sainte ». Il a également salué la généreuse intention du PDG d'Alfa. Enfin, le patriarche a réservé à l'ambassadeur de France l'essentiel de son discours.
« Nous renouons aujourd'hui, a-t-il dit, avec une tradition vieille de 1 600 ans, quand les consuls de France visitaient le siège patriarcal maronite, au fond de la vallée de Kannoubine, pour participer aux festivités marquant la fête de l'Assomption (15 août). La présence aujourd'hui de l'ambassadeur dépasse, en signification, celle d'une simple visite touristique ; elle touche aux racines des liens historiques qui se sont noués depuis toujours entre la France et les maronites. À travers cette visite, nous renforçons ces liens, pour notre bien commun. Et, quand nous parlons des liens entre la France et les maronites, nous voulons dire les liens de la France avec le Liban, sans lequel il n'y aurait pas de maronites. Nous voulons approfondir les relations entre la France et les maronites, au service du Liban. »
« C'est avec une grande émotion, a-t-il enchaîné, que nous avons pénétré dans ce lieu saint, et c'est avec un étonnement mêlé d'admiration que nous imaginions, en faisant la route, l'endurance exceptionnelle dont nos aïeux ont fait preuve, pour vivre dans ce lieu sauvage. C'est dans les conditions les plus difficiles qu'ils ont vécu et résisté, au temps des Mamelouks, qui ont durement persécuté les maronites, et des Ottomans, qui ne venaient dans cette vallée que pour incendier, détruire, tuer et imposer des taxes exorbitantes, sans jamais réussir à décourager nos patriarches et nos moines. Il s'agit d'une leçon pour nos contemporains. Nous ne serions pas ici sans l'endurance des ancêtres, sans cette véritable résistance de foi, de prière et d'attachement à la terre. »
À l'issue de la visite, le patriarche, le diplomate et le groupe ont poursuivi leur marche dans la vallée sainte. Accueillis avec des poignées de riz et de pétales de fleurs et de you-yous par les habitants de Faradiss, ils ont visité les environs du couvent de Kozhaya, avec ses sites naturels, ses grottes et ses ermitages.
« Regrettables » banderoles
L'après-midi, le patriarche devait recevoir une délégation du village de Mayfouk conduite par le président de la municipalité du village. Ce dernier a remercié le patriarche d'avoir présidé la messe des martyrs des Forces libanaises, à Ilige, la semaine dernière, et regretté les banderoles condamnant les « marchands du temple » hissées au passage de son convoi à Mayfouk. La manifestation était le fait d'habitants du village qui protestaient contre la hausse des scolarités dans les écoles catholiques, et le transfert du prêtre qui dirigeait l'école du village, qui s'était prononcé contre cette hausse.
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