M. Hariri et le pape François ont discuté des derniers développements au Liban et dans la région, de l'impact de la crise syrienne sur le pays, ainsi que des relations entre le Liban et le Saint-Siège. À l'issue de la réunion, M. Hariri a indiqué lors d'un point de presse avoir « demandé au pape de visiter le Liban, et ce dans l'intérêt du Liban, des chrétiens et de la région ». En mai 2016, une invitation officielle à visiter le Liban avait été transmise au pape François par le patriarche maronite Béchara Raï, qu'il recevait dans son bureau. L'invitation portait la signature de tous les patriarches catholiques d'Orient. Elle fait suite, au plan protocolaire, à une première invitation que lui avait transmise le président Michel Aoun, lors de sa visite au Vatican.
« Le pape a compris la situation de notre pays, et nous lui avons demandé de continuer à percevoir le Liban comme un pays message », a ajouté le Premier ministre en allusion à la déclaration du pape Jean-Paul II qui avait souligné que « le Liban est plus qu'un pays, c'est un message dans le monde ». Selon un communiqué du Saint-Siège, « l'importance du dialogue interculturel et interreligieux a été mise en exergue, tout comme l'importance de la collaboration entre chrétiens et musulmans pour promouvoir la paix et la justice ainsi qu'une solution d'ensemble aux conflits affectant la région ».
Le Premier ministre a par ailleurs abordé la question des réfugiés avec le pape. Ce dernier s'est à nouveau félicité de « l'accueil offert par le Liban à de nombreux réfugiés », selon le Saint-Siège.
Évoquant la question de la nomination de l'ambassadeur du Liban au Saint-Siège, M. Hariri a déclaré : « Il faut régler le problème de l'ambassadeur libanais au Vatican de manière adéquate. Il ne faut pas donner à cette question une importance démesurée. Nous aurions dû voir certaines choses en amont. Mais le problème sera rapidement résolu. » Selon certaines sources diplomatiques libanaises, le Vatican aurait exprimé des réserves au sujet de la nomination du nouvel ambassadeur Johnny Ibrahim en raison de ses liens avec la franc-maçonnerie.
M. Hariri était accompagné d'une délégation d'une douzaine de personnes, dont le directeur de son cabinet, Nader Hariri, son conseiller Daoud Sayegh, le chargé d'affaires du Liban à Rome Albert Samaha ainsi que ses trois enfants et son épouse, toute de noir vêtue et portant une mantille, conformément à la tradition catholique. Cette dernière a lancé en italien que « l'Italie est le plus beau pays du monde », son mari précisant qu'elle était « en train d'apprendre l'italien ». Le pape a alors fait tirer les rideaux d'une grande fenêtre du palais du Vatican pour montrer la vue à Mme Hariri, ont constaté des journalistes présents.
En soirée, le Premier ministre libanais a été reçu par le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, à l'Institut apostolique maronite, à Rome. Dans un entretien avec les journalistes à l'issue de cette réunion au cours de laquelle les développements au Liban et dans la région ont été discutés, M. Hariri a assuré que « le gouvernement restera en place. Nous devons œuvrer dans l'intérêt du Liban et je ferai en sorte de préserver le pays de tous les dangers ». Se penchant encore une fois sur la crise des réfugiés, il a noté que « ce dossier devrait être traité en prenant en considération, en premier lieu, l'intérêt supérieur du Liban, notamment en matière de stabilité, d'économie et d'emplois assurés aux Libanais. Il faut agir dans ce cadre sans porter pour autant atteinte aux relations que le Liban entretient avec la communauté internationale ». « Les réfugiés sont nos frères et il faut préserver leur sécurité. Ils sont venus au Liban car ils étaient en danger dans leur pays », a-t-il poursuivi.
Commentant le refus du président américain, Donald Trump, de « certifier » l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 par l'Iran et le Groupe des Six (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie), M. Hariri a appelé à préserver la stabilité du Liban. « Nous ne sommes pas concernés par la prise de position américaine claire vis-à-vis de l'Iran, cela ne change rien pour le Liban », a-t-il affirmé.