Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
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lundi 7 novembre 2016

« Lettre de l’Evêque d’Alep à ses fidèles » (traduite de l’arabe), Syrie

Mgr Jean-Clément Jeanbart « Lettre de l’Evêque d’Alep à ses fidèles » (traduite de l’arabe), Syrie

02/11/2016
À Alep en Syrie, les tirs continuent de pleuvoir sur les quartiers Est et Ouest de la ville. Dans un communiqué, Mgr Jean-Clément Jeanbart archevêque grec melkite d'Alep confie sa tristesse et son inquiétude pour les populations civiles. Il appelle aussi à la solidarité entre chacun et à la confiance dans le Seigneur.

NOS DEUX PRINTEMPS

Nous nous étions imaginés au début de l’an 2011, que le mouvement populaire, que nous avions vu sur les places publiques de notre ville, allait nous conduire vers l’éclosion d’une  ère nouvelle dans le pays, couronnée par un printemps de liberté, marqué par le bourgeonnement de pousses de liberté, de démocratie, de pluralisme, et par l’éclosion d’un esprit d’amitié allant en grandissant dans  le cœur des citoyens.  Nous nous sommes attendus au meilleur à la vue de ce qui s’était passé les premiers mois du soulèvement mais l’image n’a pas tardé à se clarifier, et très vite,  il nous est apparu, qu’en réalité, nous étions en proie à  un mouvement biaisé et un prétendu ‘’ printemps arabe’’ qui n’avait point de roses pour décorer notre quotidien, ni de fleurs pour embellir nos sentiers.  Tout ce que ce printemps de malheur nous a apporté, c’est la douleur, la misère et la destruction.  Destruction qui a démoli nos maisons, nos institutions, et nos sources de revenu. Il a privé notre peuple  de ses moyens et de son gagne-pain.  Il a endeuillé et fait saigner de tristesse et de douleur le cœur d’un nombre considérable de mamans, de veuves et d’orphelins.  Douleur, que chacun d’entre nous a ressenti à la vue des  événements effroyables qui nous entourent et qui ont poussé au déplacement et à l’émigration un grand  nombre des nôtres en recherche d’un peu de sécurité et de tranquillité.
Malheureusement, jour après jour, nous avons constaté que c’était bel et bien une conspiration vile et méprisable, une guerre contre notre pays pour le détruire, et tous les moyens étaient bons pour le faire saigner et le priver de ses ressources humaines et matérielles pour l’appauvrir en lui enlevant tous les éléments indispensables à une vie digne et respectable, et finir par l’aliéner sans espoir de retour.
Ce qui s’est passé nous a terrorisés et nous a conduits au bord du gouffre, ce qui a poussé beaucoup d’entre nous au désespoir et les a incités à s’en aller malgré eux, la mort dans l’âme, avec comme seul bagage le regret et la tristesse d’être loin de leur chère patrie, terre de leurs aïeux, et lieu de naissance de leurs enfants.  Ceci est une perte considérable pour eux et pour tous les citoyens de cette terre si bonne, perte indicible pour la nation qui les a vus grandir et qui a grand besoin d’eux pour se relever et rebâtir avec eux, de nouveau, ce pays, et lui rendre son lustre et toute sa splendeur.
S’il est vrai que le ressources matérielles de la patrie peuvent être reconstituées, il faut admettre qu’il est aussi vrai de dire que les ressources humaines perdues sont d’une valeur inestimable  et bien difficiles à remplacer.
Il est vrai que l’armée avance sensiblement sur tous les fronts, et que le terrorisme est en train d’être repoussé, il est de même vrai que le danger d’un effondrement de la nation, Dieu merci, n’existe plus, et que nous entrevoyons actuellement les indices d’une paix prochaine et percevons ses premiers signes pointer à l’horizon. Nous entendons parler ces derniers temps  de grands projets de construction et d’investissements considérables, qui peut-être, nous donnent des raisons de croire à une reconstruction possible dans de brefs délais. Mais ce qui nous inquiète, et nous préoccupe, c’est de voir les ennemis de notre pays manigancer pour lui enlever ses ressources humaines qui risquent d’être irrécupérables.
La pression continuelle sur les habitants d’Alep, et la terreur qu’on leur fait subir sans arrêt, accompagnées en même temps des facilités qu’on leur offre pour trouver une accommodation confortable dans certains des pays occidentaux, semblent être un plan bien monté ayant pour but de vider la Syrie de ce qu’elle a de plus précieux, i.e. ses braves citoyens, dont l’habilité artisanale et professionnelle bien connue, reste indispensable à leur pays éprouvé qui a grand besoin de leur apport pour se refaire.  Leurs valeurs humaines, leur savoir-faire, leur application au travail et leur persévérance peuvent faire une grande différence dans la reconstruction d’une communauté nationale, saine et prospère, à laquelle nous aspirons tous avec anxiété.
La guerre que nous livrent nos ennemis est inouïe, elle semble avoir pour but la destruction de la pierre et l’annihilation de l’élément  humain ; notre bataille fait face actuellement à l’oppresseur sur deux fronts : le premier a lieu sur le champ de bataille pour arrêter sa violente agression contre les citoyens innocents et leurs biens ainsi que sur les institutions. Le second, se situe en plein milieu de la population. Ce dernier a pour but de résister aux campagnes qui tendent à pousser notre jeunesse à s’éloigner du pays pour le priver de ses forces vives et de ses ressources humaines actives.  Nous avons besoin de combattants pour lutter sur deux fronts : des  soldats sur les champs de bataille, et nous autres pasteurs avec tous les citoyens de bonne volonté qui aiment leur pays, sur le front de l’action sociale et humanitaire
Le front social sur lequel nous sommes appelés à agir est vaste et semé d’embûches, il a besoin dans ses batailles de notre participation à tous: individus et institutions, il exige de chacun d’entre  nous : foi, détermination et engagement.  Notre ennemi serait chaque individu qui agit pour prolonger la durée de la guerre avec  ses conséquences tragiques, matériellement et humainement, notre ennemi serait aussi bien celui qui fait la promotion programmée des projets douteux, établis à différentes enseignes humanitaires et soi-disant caritatives, visant en fin de compte à déstabiliser notre société et à la vider de ses forces vives. Dans cette campagne, nous devons compter sur  :
1.- L’aide du Seigneur et son pouvoir illimité.
2.- La vigilance de nos jeunes et leur compréhension de ce qui se trame autour d’eux, leur sentiment d’appartenance à cette terre et leur amour de la patrie.
3.- La disposition des autorités civiles à faire des efforts pour redonner une vie normale à la ville d’Alep, et leur détermination à faciliter les entreprises et les besognes des citoyens et à soutenir leur résistance en les encourageant par tous les moyens possibles.
4.- La solidarité et l’entre-aide entre tous ceux qui croient en la nécessité de rester dans ce pays si  cher, et à l’importance d’y persévérer, et ils sont, Dieu soit loué, assez nombreux.
5.- Un travail collectif de groupe pour propager une pensée positive dans les esprits et chercher à déceler les signes prometteurs d’un avenir meilleur, encourageant,  pour aller de l’avant dans le travail et la construction.
6.- L’engagement de l’Eglise et de ses institutions chargées de travailler avec ceux qui ont choisi de rester dans ce cher pays, concrétisé par une disponibilité assidue, à s’élancer avec eux, main dans la main, dans des projets d’habitat et de développement qui puissent leur offrir les conditions nécessaires pour pouvoir vivre dignement dans leur pays.
Enfin, nous voulons dire à nos fidèles et à tous les amis qui veulent nous entendre que nous nous sommes décidés fermement à nous engager et à participer à cette campagne décisive, nous dédiant sans réserve et mettant en œuvre toutes nos capacités pour soutenir nos jeunes dans leur marche et leurs efforts en vue de s’enraciner toujours davantage dans notre terre bien-aimée.  Ensemble, nous voulons bâtir notre avenir, ensemble,  nous voulons continuer à vivre d’une façon digne et honorable tant que le Seigneur le voudra, dans notre ville chérie, Alep.
Alep, le 23.10.2016
Métropolite J.C. JEANBART
http://www.oeuvre-orient.fr/2016/11/02/mgr-jean-clement-jeanbart-lettre-de-leveque-dalep-a-ses-fideles-traduite-de-larabe-syrie/