Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
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mardi 10 juillet 2018

Au Liban-Sud, « sur un foyer de guerre, construire un foyer de paix »


https://www.lorientlejour.com/article/1121074/-sur-un-foyer-de-guerre-construire-un-foyer-de-paix-.html


À Qaouzah, une laïque consacrée française édifie, sur un terrain de l’archevêché maronite, une maison d’accueil couleur arc-en-ciel.
15/06/2018
Près du village de Qaouzah (Liban-Sud), la forêt Saint-Joseph est un havre de silence. Entre les arbres, on aperçoit une vallée verdoyante semée d’arbustes en fleurs et d’arbres qui dispensent une ombre bienfaisante. Voilà la frontière entre Israël et le Liban. En juillet 2006, ce paradis était devenu un enfer, lieu de conflit et de discorde. Béatrice, une consacrée (une personne qui dédie sa vie à Dieu hors d’un ordre religieux) française dynamique a une ambition : faire de ce foyer de guerre un foyer de paix. Le nom du village porte en lui tout le projet : Qaouzah signifie arc-en-ciel. Le but est de construire un arc-en-ciel entre les différentes communautés du Proche-Orient, de bâtir un pont entre chrétiens et musulmans.
En 2009, la Délégation catholique pour la coopération (DCC) envoie Béatrice au Liban comme volontaire. Pendant deux ans, elle enseigne le théâtre et la musique aux enfants du collège Saint-Joseph des sœurs des Saints-Cœurs, dans le village de Aïn Ebel. Les classes dont elle s’occupe sont mixtes, composées d’élèves chrétiens et musulmans. À travers l’enseignement, elle découvre que le dialogue entre membres de religions différentes est possible et se rend compte de combien il peut être riche et fécond.
En 2011, le synode des Églises orientales exprime son inquiétude quant au déclin de la vie contemplative en Orient. Ce constat ravive chez Béatrice l’appel à la vie monastique reçu dans son enfance. Elle a une conviction : tout homme doit apporter à sa vie une dimension contemplative afin de retrouver une paix intérieure. Elle aspire également à « vivre et rayonner la paix au Proche-Orient ». Elle élabore alors le projet d’un lieu où chacun, chrétien comme musulman, pourra venir chercher l’apaisement et prier pour la paix.
En exposant son idée à l’archevêque maronite de Tyr, Chucrallah Nabil el-Hage, elle ne savait pas encore qu’elle répondait à une aspiration profonde du prélat. Ce désir de construire la paix au Proche-Orient est ancré en lui depuis longtemps. Le jour même de son ordination, Mgr Hage avait fait écrire sur le carton d’invitation : « Nabil el-Hage, prêtre pour la paix au Proche-Orient ». Fruit de la collaboration entre ces deux apôtres de la conciliation, l’Arche de la paix commence à s’édifier sur la colline Saint-Joseph qui appartient à l’archevêché de Tyr. 

Une arche refuge
En juin 2015, de petits ermitages furent achevés. Régulièrement, des retraitants viennent y passer un week-end ou quelques jours afin de retrouver la paix. « À l’écart de ce monde qui nous fait courir à perdre haleine, ils trouvent un lieu calme où se ressourcer », explique « sœur » Béatrice. Tous furent bâtis dans le style traditionnel avec un intérieur très simple : une table basse, des poufs et des tapis en constituent tout l’ameublement. Béatrice souhaite, en effet, que ce projet soit avant tout celui des Libanais. Elle s’efforce donc d’y associer les villageois de Qaouzah et des environs. « Je le leur répète sans cesse : ces ermitages sont pour vous, ce sont les vôtres ! Je veux réveiller ici l’amour du Proche-Orient et la volonté d’y amener la paix. »

Quant à l’arche elle-même, sa construction a débuté il y a maintenant deux ans. Elle comprendra une chapelle pour l’exercice du culte ainsi que plusieurs salles où se tiendront des séminaires et des conférences. Ce sera un lieu d’accueil, d’hospitalité et de dialogue. Sœur Béatrice souhaite faire venir des intervenants spécialistes de la religion chrétienne et de l’islam. Ils exposeront la notion de paix dans la Bible et dans le Coran. L’objectif est que tous les croyants puissent discuter ensemble, dans une volonté commune de réconciliation et de construction de la paix. Elle projette aussi de mettre en place d’autres ateliers (une initiation à la danse sacrée par exemple), dont certains seront animés à plusieurs voix par des psychothérapeutes et des théologiens. Elle rappelle en effet que « la première paix que chacun doit chercher est la paix intérieure. Il pourra ensuite la transmettre ». 

Le jardin de la paix
Autour de l’arche en construction s’étend un vaste parc en cours d’aménagement. Dans ce labyrinthe de rochers, de plantes et de bassins, beaucoup d’animaux ont trouvé leur place. Si leur rôle est d’abord utilitaire (le chien garde la propriété, les poules pondent des œufs, les brebis contribuent à débroussailler la forêt), leur présence a aussi une valeur symbolique : des colombes sont là pour symboliser la paix ; un dromadaire blanc insuffle au lieu l’énergie du désert. Cette joyeuse ménagerie marque enfin une volonté de réconciliation entre l’homme et la nature, entre Adam et le jardin d’Éden.

Pour achever ce beau projet, Béatrice a besoin de toutes les bonnes volontés. Certains paroissiens de Qaouzah et des villages voisins viennent parfois lui donner un coup de main. L’association chiite Verts sans frontières a également proposé son aide pour débroussailler la forêt. Le jardin de la paix est donc déjà l’œuvre de chrétiens et de musulmans. Sœur Béatrice y a planté une espérance : « De ce terreau multiconfessionnel émergera l’olivier de la paix. »

mercredi 15 mars 2017

OLJ 13-3-2017
Lorsque le parti est entré en Syrie, il ne l'a pas fait sur ordre de l’État libanais", a expliqué le chef de l’Église maronite, lors d'un entretien à la chaîne Sky News en arabe.
Le patriarche maronite Béchara Raï a estimé vendredi dans un entretien à la chaîne Sky News en arabe que l'intervention militaire du Hezbollah en Syrie a "divisé les Libanais".
"Le Hezbollah a pris part à la guerre en Syrie sans aucune considération pour la position officielle libanaise de distanciation", a estimé le chef de l’Église maronite, dans cet entretien télévisé diffusé sur YouTube, vendredi. "Cela a embarrassé les Libanais et les a divisés entre ceux qui étaient favorables à cette intervention et ceux qui étaient contre", a ajouté le dignitaire libanais. Et de poursuivre : "Lorsque le Hezbollah est entré en Syrie, il ne l'a pas fait sur ordre de l’État (...). La décision du parti divise à ce jour les Libanais".
Le Hezbollah se bat officiellement depuis 2013 en Syrie aux côtés de l'armée du régime du président Assad et des milices qui lui sont fidèles. Présent dans différentes régions du pays, il a perdu depuis un grand nombre de combattants.
Le Liban officiel affirme vouloir se distancier des conflits régionaux, notamment la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011. Dans son discours d'investiture en octobre dernier, le président de la République Michel Aoun avait clairement proclamé la distanciation du Liban des crises régionales et insisté sur le rôle d'avant-garde de l'armée libanaise pour défendre le territoire.
"Je suis citoyen et mon partenaire est citoyen. Mais lui est armé et moi non. Cela est anormal", a dit le patriarche Raï, en référence à l'arsenal du Hezbollah. Le chef de l’Église maronite a toutefois tempéré ses propos : "Si le Hezbollah était une milice en dehors de l’État, la situation serait différente. La réalité est tout autre, aujourd'hui le parti prend part au pouvoir". En effet, le parti chiite est présent au Parlement ainsi qu'au sein du gouvernement dirigé par le Premier ministre Saad Hariri. 
L'ex-ministre libanais de la Justice, Achraf Rifi, farouche opposant au Hezbollah et au régime Assad, s'est félicité samedi des propos tenus par Mgr Raï.
"Les propos du patriarche Raï sont ceux de tous les Libanais qui sont attachés à la souveraineté du Liban et qui refusent les armes illégales qui sèment le chaos sur la scène interne et qui représentent une carte entre les mains de l'Iran au service de ses projets expansionnistes (...)", a dit M. Rifi dans un communiqué.

Retrouvez l'intégralité de l'entretien réalisé par Sky News ici

https://www.lorientlejour.com/article/1039998/lintervention-militaire-du-hezbollah-en-syrie-a-divise-les-libanais-estime-le-patriarche-rai.html

vendredi 14 mars 2014

ÉDITO : Le Liban n’est pas aujourd’hui une priorité pour l’Arabie saoudite... - OLJ » Chrétiens de la Méditerranée


ÉDITO : LE LIBAN N'EST PAS AUJOURD'HUI UNE PRIORITÉ POUR L'ARABIE SAOUDITE… – OLJ

À la veille de la visite du président américain Barack Obama à Riyad prévue le 22 mars, les diplomates arabes et occidentaux en poste à Beyrouth ont les yeux fixés sur le royaume wahhabite pour tenter de comprendre ce qui s'y passe. Certains d'entre eux ont le sentiment que derrière le calme de façade, les orages grondent et l'inquiétude devient palpable, tant le royaume est sur la sellette. Mais en raison de l'absence de transparence, il est difficile d'obtenir des informations crédibles et précises sur les coulisses du pouvoir saoudien. La mise à l'écart du chef des services de renseignements du royaume et ancien homme fort, l'émir Bandar ben Sultan, ainsi que la guerre désormais ouverte entre l'Arabie et le Qatar ne sont que les signes visibles d'un malaise de plus en plus profond.
Selon un spécialiste du royaume, ce dernier traverse actuellement une des plus graves crises depuis sa création, due à une inquiétude quasiment existentielle. Cette inquiétude est motivée par plusieurs facteurs : d'une part, le fait que le pouvoir se fait vieux et le grand nombre d'émirs au sein de la famille royale favorise les guerres de clans pour la succession. D'autre part, la montée en flèche des Frères musulmans, une confrérie islamique qui partage les thèses wahhabites en matière de religion musulmane, mais est en plus structurée, tout en ayant désormais l'expérience du pouvoir dans certains pays de la région et en restant rodée à la clandestinité. Cette confrérie est la seule formation musulmane sunnite en mesure de concurrencer les wahhabites sur le plan de la légitimité islamique et, par conséquent, son développement en Arabie est une menace réelle pour le pouvoir. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les dirigeants du royaume ont quasiment déclaré « une guerre douce » aux Frères musulmans et à l'émirat du Qatar accusé de continuer à les protéger et à les financer. Le troisième facteur qui provoque l'inquiétude des dirigeants wahhabites est la guerre en Syrie et l'échec du pari sur une chute du régime syrien, qui aurait permis l'installation d'un nouveau régime sous la coupe de l'Arabie. Le spécialiste du royaume précise, à ce sujet, que les dirigeants wahhabites craignent que la chute devenue imminente de Yabroud ne soit pour le pouvoir saoudien ce que la chute de Qousseir a été pour l'émirat du Qatar. On se souvient en effet que la chute de cette zone stratégique autour de Homs et d'une partie de la frontière du Liban a coûté au Qatar son émir et son Premier ministre, rapidement remplacés par le fils de l'ancien émir et une nouvelle équipe. C'est donc en partie dans ce but que le pouvoir en Arabie a procédé à la mise à l'écart de l'émir Bandar, dont le plan de renverser le régime syrien en préparant un assaut contre la capitale par la Ghouta orientale et par Deraa a échoué, au moment où les États-Unis ont renoncé à lancer des frappes contre la Syrie.
Le pouvoir saoudien a ainsi désigné l'émir Mohammad ben Nayef pour remplacer Bandar, et cette décision est essentiellement destinée à satisfaire les Américains qui considèrent cet émir comme un interlocuteur acceptable, notamment en raison de ses positions hostiles à el-Qaëda, à la suite d'un attentat qui l'avait visé il y a quelques années.
Le quatrième facteur d'inquiétude pour le royaume d'Arabie est le rapprochement entre l'Iran et les États-Unis, qui l'a totalement pris de court et qui lui a soudain montré qu'en réalité, il n'est pas un partenaire dont les Américains tiennent compte quand ils décident de la politique à suivre.
Bien entendu, l'administration américaine a multiplié par la suite les signes de considération envers les dirigeants de l'Arabie dans une tentative de calmer leur colère et leur déception, mais l'inquiétude des Saoudiens persiste. D'ailleurs, dans certains milieux diplomatiques arabes, on est convaincu que la prochaine visite d'Obama à Riyad est en façade destinée à montrer la considération que les États-Unis portent au roi Abdallah, mais dans le fond, elle serait destinée à préparer la succession du roi et à éviter au royaume une guerre de succession fatale, surtout dans le contexte de l'éveil des forces islamiques dans l'ensemble du monde arabe et le retour éventuel des jihadistes envoyés en Syrie dans leur pays, l'Arabie. C'est d'ailleurs là le dernier facteur qui provoque l'inquiétude des Saoudiens. Car, en dépit du décret royal qui punit de prison les jihadistes qui reviennent au royaume, ce dossier risque de provoquer des remous internes qu'il sera difficile de gérer.
Au sujet de la succession, il faut rappeler que le roi actuel Abdallah souhaite favoriser l'accession au trône de son fils Meteeb, désigné récemment chef de la garde royale, alors que les Américains lui préfèrent l'émir Mohammad ben Nayef qui a d'ailleurs été reçu récemment (en février) à Washington par Obama lui-même et par les principaux responsables au sein de l'administration américaine…
Les dirigeants du royaume ont donc actuellement plusieurs dossiers à gérer en même temps : la Syrie d'abord, où les possibilités d'une victoire militaire sur les forces du régime s'amenuisent, en dépit des fonds et des combattants envoyés sur place, l'Iran et son influence grandissante dans la région et, enfin, les Frères musulmans et la mise au ban du Qatar, qui ne fait pas l'unanimité au sein du Conseil de coopération du Golfe, puisque le sultanat d'Oman a refusé de prendre des mesures contre Doha, alors que le Koweït a préféré se tenir à l'écart.
La suprématie de l'Arabie saoudite sur les pays du Golfe et dans le monde arabo-musulman est donc mise en cause et rejaillit sur l'ensemble de la région. Dans ce contexte, il est clair que, pour le royaume, la situation interne libanaise n'est plus une priorité…
Scarlett Haddad
Orient Le Jour


Envoyé de mon Ipad 

samedi 3 décembre 2011

Chrétiens d'Orient : comment les aider sans les singulariser


   
 
OLJ/Agences | 03/12/2011

Une église copte en Egypte.
Une église copte en Egypte.
Papier d'angle Des religieux prédisent "un avenir noir" et même affirment craindre un "génocide" des chrétiens.

La poussée islamiste dans le monde arabe est un facteur d'inquiétude pour les chrétiens d'Orient et leurs soutiens occidentaux sont partagés entre le désir de les défendre ouvertement et celui d'éviter de les singulariser.
La difficulté de prévoir l'issue de la phase transitoire actuelle a été soulignée au long d'un colloque, organisé jeudi et vendredi par le Centre culturel français de Rome.
En Egypte, en Tunisie, en Libye, au Maroc, en Syrie, au Yémen et en Irak, l'islamisme est en progression, et les menaces salafistes incitent des chrétiens à émigrer.
Dans l'assistance, des religieux, notamment libanais, ont pris la parole pour prédire "un avenir noir" et, même craindre, pour l'un d'entre eux, un "génocide" des chrétiens.
Alors que 30 000 à 40 000 coptes ont déjà quitté l’Égypte depuis mars, tous les intervenants ont souligné que le départ des chrétiens sert la cause des islamistes, et appauvrit "la diversité" de la région.
Un départ massif "serait une catastrophe", selon Mgr Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux qui a appelé les communautés présentes avant l'apparition de l'islam, à "rester sur place".
"Pour cela, a-t-il conseillé, il faut leur rendre visite, ne pas leur donner l'impression qu'ils sont isolés".
Mgr Tauran a souligné aussi l'importance du dialogue inter-religieux : "dans les conditions très difficiles actuelles, il n'y a que le dialogue qui peut nous sauver".
Cet ancien "ministre des Affaires étrangères" du Vatican a conseillé aux chrétiens d'Orient "de ne pas trop répéter qu'ils sont une minorité". Ils sont "une minorité qui compte", a-t-il dit.
Si le chrétien reste souvent un "citoyen de seconde catégorie", les élites arabes sont très sensibles au rôle des écoles et universités catholiques, où leurs enfants vont souvent étudier, a-t-il observé. Les chrétiens jouent également, selon lui, un rôle reconnu de "facilitateur" dans les crises et de "pont" avec l'Occident.
Une préoccupation majeure naît de l'absence fréquente de statut juridique des chrétiens, selon Mgr Tauran. Même en Jordanie, a-t-il observé, tout se passe bien en raison de la protection du roi, "mais nous n'avons aucune carte, aucun accord en main" si la situation devait basculer.
Pour Joseph Maïla, directeur du pôle religions au Quai d'Orsay, alors que "les révolutions arabes sont nées au nom des valeurs universelles", les déclarations de certains nouveaux dirigeants "ne sont pas rassurantes".
Que peut faire la France, ancienne puissance au Proche-Orient ? Le langage sur la "protection" des chrétiens d'Orient est dépassé, et le ciblage d'une communauté peut être contre-productif: "Nous ne les protégeons pas, nous nous préoccupons d'individus qui sont persécutés pour leurs convictions religieuses", a-t-il dit.
Preuve de la préoccupation de Paris, a-t-il rappelé, la France avait adopté après les attentats antichrétiens de Bagdad (2010) et d'Alexandrie (1er janvier 2011) des positions sans précédent en saisissant le Conseil de sécurité de l'ONU et le Conseil européen. Elle avait considéré qu'une atteinte à la "pluralité" dans une société comme l'Irak pouvait entraîner indirectement une menace pour la sécurité internationale.
A la tête de l'Oeuvre d'Orient, association d'aide aux communautés catholiques du Moyen-Orient, le père Pascal Gollnisch, a invité les Européens, divisés sur l'attitude à adopter face au drame des chrétiens d'Orient, à cesser d'"avoir peur de leur ombre" et d'observer "un silence dommageable".
"Nous ne demandons pas de favoriser les chrétiens, mais de faire respecter certaines règles", a-t-il plaidé, en relevant que "les chrétiens d'Orient portent parfois un regard extrêmement critique" sur les pays occidentaux et leur neutralité au nom de la laïcité.
La chercheuse italienne Anna Bozzo relativise l'isolement des chrétiens: grâce à l'Internet, dit-elle, "ils sont dans le village global. En contact avec les autres chrétiens".
   
  

Réactions des internautes à cet article

- Les chrétiens du Moyen Orient sont confrontés à un avenir noir exactement. Ils n'ont que deux alternatives, ou bien d'abandonner les terres de leurs aïeux ou d'accepter de vivre en moins que seconde classe, avec la crainte de se voir égorger à la première hystérie des extrémistes. Au Liban, il n'en est pas de même, pour le moment du moins. Si il 'ny aurait pas de Dialogue, d'Entente et d'Unité entre toutes les communautés du pays, ou, dans le cas contraire, des cantons, avec gouvernement central, garantis par les pays Arabes et les Nations Unies, l'avenir des chrétiens, ici même aussi, serait, sinon noir, gris et inconnu. Anastase Tsiris

Chrétiens d'Orient : comment les aider sans les singulariser

  
OLJ/ Agences | 03/12/2011

Une église copte en Egypte.
Une église copte en Egypte.
Papier d'angle Des religieux prédisent "un avenir noir" et même affirment craindre un "génocide" des chrétiens.

La poussée islamiste dans le monde arabe est un facteur d'inquiétude pour les chrétiens d'Orient et leurs soutiens occidentaux sont partagés entre le désir de les défendre ouvertement et celui d'éviter de les singulariser.
La difficulté de prévoir l'issue de la phase transitoire actuelle a été soulignée au long d'un colloque, organisé jeudi et vendredi par le Centre culturel français de Rome.
En Egypte, en Tunisie, en Libye, au Maroc, en Syrie, au Yémen et en Irak, l'islamisme est en progression, et les menaces salafistes incitent des chrétiens à émigrer.
Dans l'assistance, des religieux, notamment libanais, ont pris la parole pour prédire "un avenir noir" et, même craindre, pour l'un d'entre eux, un "génocide" des chrétiens.
Alors que 30 000 à 40 000 coptes ont déjà quitté l’Égypte depuis mars, tous les intervenants ont souligné que le départ des chrétiens sert la cause des islamistes, et appauvrit "la diversité" de la région.
Un départ massif "serait une catastrophe", selon Mgr Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux qui a appelé les communautés présentes avant l'apparition de l'islam, à "rester sur place".
"Pour cela, a-t-il conseillé, il faut leur rendre visite, ne pas leur donner l'impression qu'ils sont isolés".
Mgr Tauran a souligné aussi l'importance du dialogue inter-religieux : "dans les conditions très difficiles actuelles, il n'y a que le dialogue qui peut nous sauver".
Cet ancien "ministre des Affaires étrangères" du Vatican a conseillé aux chrétiens d'Orient "de ne pas trop répéter qu'ils sont une minorité". Ils sont "une minorité qui compte", a-t-il dit.
Si le chrétien reste souvent un "citoyen de seconde catégorie", les élites arabes sont très sensibles au rôle des écoles et universités catholiques, où leurs enfants vont souvent étudier, a-t-il observé. Les chrétiens jouent également, selon lui, un rôle reconnu de "facilitateur" dans les crises et de "pont" avec l'Occident.
Une préoccupation majeure naît de l'absence fréquente de statut juridique des chrétiens, selon Mgr Tauran. Même en Jordanie, a-t-il observé, tout se passe bien en raison de la protection du roi, "mais nous n'avons aucune carte, aucun accord en main" si la situation devait basculer.
Pour Joseph Maïla, directeur du pôle religions au Quai d'Orsay, alors que "les révolutions arabes sont nées au nom des valeurs universelles", les déclarations de certains nouveaux dirigeants "ne sont pas rassurantes".
Que peut faire la France, ancienne puissance au Proche-Orient ? Le langage sur la "protection" des chrétiens d'Orient est dépassé, et le ciblage d'une communauté peut être contre-productif: "Nous ne les protégeons pas, nous nous préoccupons d'individus qui sont persécutés pour leurs convictions religieuses", a-t-il dit.
Preuve de la préoccupation de Paris, a-t-il rappelé, la France avait adopté après les attentats antichrétiens de Bagdad (2010) et d'Alexandrie (1er janvier 2011) des positions sans précédent en saisissant le Conseil de sécurité de l'ONU et le Conseil européen. Elle avait considéré qu'une atteinte à la "pluralité" dans une société comme l'Irak pouvait entraîner indirectement une menace pour la sécurité internationale.
A la tête de l'Oeuvre d'Orient, association d'aide aux communautés catholiques du Moyen-Orient, le père Pascal Gollnisch, a invité les Européens, divisés sur l'attitude à adopter face au drame des chrétiens d'Orient, à cesser d'"avoir peur de leur ombre" et d'observer "un silence dommageable".
"Nous ne demandons pas de favoriser les chrétiens, mais de faire respecter certaines règles", a-t-il plaidé, en relevant que "les chrétiens d'Orient portent parfois un regard extrêmement critique" sur les pays occidentaux et leur neutralité au nom de la laïcité.
La chercheuse italienne Anna Bozzo relativise l'isolement des chrétiens: grâce à l'Internet, dit-elle, "ils sont dans le village global. En contact avec les autres chrétiens"

Réactions des internautes à cet article

- Les chrétiens du Moyen Orient sont confrontés à un avenir noir exactement. Ils n'ont que deux alternatives, ou bien d'abandonner les terres de leurs aïeux ou d'accepter de vivre en moins que seconde classe, avec la crainte de se voir égorger à la première hystérie des extrémistes. Au Liban, il n'en est pas de même, pour le moment du moins. Si il 'ny aurait pas de Dialogue, d'Entente et d'Unité entre toutes les communautés du pays, ou, dans le cas contraire, des cantons, avec gouvernement central, garantis par les pays Arabes et les Nations Unies, l'avenir des chrétiens, ici même aussi, serait, sinon noir, gris et inconnu. Anastase Tsiris

dimanche 20 novembre 2011

Raï : Nous redoutons une partition de la région sur une base confessionnelle

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OLJ 19/11/2011

Le patriarche Raï s’adressant à l’assemblée : « Nous voulons vous assurer que votre démarche ne sera pas mal comprise, comme étant un appui à une partie de la population de la région sans ou contre les autres. »
Le patriarche Raï s’adressant à l’assemblée : « Nous voulons vous assurer que votre démarche ne sera pas mal comprise, comme étant un appui à une partie de la population de la région sans ou contre les autres. »
« Les chrétiens, avec tous leurs amis d’ici ou d’ailleurs, doivent faire face à toutes les tentatives de définir nos sociétés ou nos pays en termes d’identité religieuse », a affirmé hier le patriarche Raï, lors d’un colloque à Kaslik.

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a appelé encore une fois à un accueil prudent des événements dans le monde arabe. Il l’a fait à l’occasion d’un colloque organisé à l’Université de Kaslik sur le thème « Les enjeux de la présence chrétienne au Moyen-Orient ».
Le colloque s’est tenu en présence de membres du Parlement européen, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, des Parlements du Liban et du Moyen-Orient, ainsi que de la Commission des   conférences des évêques de l’Union européenne.

« Le synode des évêques, convoqué par le pape Benoît XVI en Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du 10 au 24 octobre 2010, a confirmé (...) que la présence chrétienne en Orient se comprend en termes de communion et témoignage, a affirmé le patriarche en introduction de son message, rédigé et lu en français. Ceci signifie que nous ne pouvons penser notre avenir en dehors, en marge, ou contre les sociétés où nous vivons. »
« En politique, a-t-il précisé, cette communion se traduit en termes d’identité nationale commune, de citoyenneté et de participation. Nous confrontons l’enjeu des changements en cours dans certains pays arabes. Tout en étant l’expression d’un éveil et d’un engagement pour une identité nationale commune, nous craignons que ces changements ne conduisent vers des conflits interconfessionnels, une transition vers des régimes plus durs encore et une partition de la région sur une base confessionnelle (...) Les chrétiens, avec tous leurs amis d’ici ou d’ailleurs, doivent faire face à toutes les tentatives de définir nos sociétés ou nos pays en termes d’identité religieuse. 
Nous devons nous opposer clairement à l’islamité exclusive de l’identité de nos pays ainsi qu’à la judaïté d’Israël. 
Nous saluons ici l’heureuse déclaration d’al-Azhar du mois de juin dernier, qui confirme que l’islam ne stipule aucune identité religieuse pour l’État, lequel ne doit être ni religieux ni théocratique, mais civil respectant les valeurs religieuses fondamentales. Nous invitons à un dialogue sincère entre les divers partenaires, politiques et religieux, libéraux, modérés ou conservateurs, islamistes et laïcs, locaux et internationaux, autour du concept de l’État civil afin de clarifier dans son contexte les exigences d’une citoyenneté partagée par tous sur un pied d’égalité. »

Sécurité
En ce qui concerne le témoignage, le patriarche Raï a parlé des trois défis qu’il affronte :
  • la sécurité,
  • les libertés fondamentales 
  • et la reconnaissance de la diversité.
« Dans ce contexte, a précisé le patriarche, nous voulons affirmer que la sécurité est un droit à tout citoyen et que l’État se doit d’assurer. Il ne s’agit donc en aucune manière d’une protection d’une minorité par une majorité, mais d’un droit fondamental et commun à tous, sans distinction et sans discrimination aucune. »

« Quant aux libertés fondamentales, a enchaîné Mgr Raï, nous souffrons dans quelques pays de la région de certaines formes de régime sécuritaire étatique ou social qui oppriment les libertés fondamentales de conscience, de culte et d’expression (...) Si la liberté de conscience, c’est-à-dire la liberté de croire ou de ne pas croire, de pratiquer une religion seul ou en public, sans aucune entrave, et donc de la liberté de changer de religion est encore – à l’exception du Liban – loin d’être garantie dans nos sociétés et parfois prohibée par la législation, la simple liberté de culte elle aussi est parfois indirectement entravée par les procédures difficiles et injustes pour l’obtention de permis pour la construction de lieux de culte ou leur restauration. »
Diversité
« Le troisième enjeu est celui de la reconnaissance de la diversité (...) Or l’histoire plus que millénaire du vivre-commun entre chrétiens et musulmans dans la région nous apprend par le biais du dialogue de la vie que ces différences irréductibles peuvent être surmontées, voire transformées en source d’enrichissement mutuel. »
« Nous ne craignons pas pour la présence chrétienne en Orient, a conclu Mgr Raï. Car nous croyons que cela dépend davantage de la volonté de Dieu que de notre choix. Nous savons aussi que le scénario d’un monde arabe sans les chrétiens serait un scénario catastrophique pour l’Orient et pour l’Occident. Car ceci sera la fin de l’arabité en tant que culture plurielle et elle sera engloutie par la culture religieuse de l’islam. Ni l’islam ni l’Europe ne pourront supporter une telle situation. Quant à nous, nous affirmons que l’identité nationale, la citoyenneté, la participation, la sécurité, la liberté et l’accueil de la diversité sont tous des jalons sur cet autre chemin quotidien que nous parcourons inséparablement avec nos concitoyens et frères musulmans de tous les pays du Moyen-Orient. »

Confirmation
Le nonce apostolique devait confirmer cette proposition, en affirmant dans son allocution : « Le Liban est un petit pays, mais on peut le comparer à un laboratoire. Le monde devient de plus en plus multiculturel, multiethnique et multiconfessionnel. L’expérience du pays du Cèdre nous console et nous renforce, parce qu’elle montre qu’un monde de respect pour la dignité humaine, pour les différentes traditions culturelles, et qui se base sur la liberté religieuse et la liberté de conscience, n’est pas seulement un rêve souhaitable, mais une réalité possible et en partie déjà achevée. »
« C’est dans ce sens, a-t-il précisé, qu’on peut comprendre la restauration de la synagogue au centre de Beyrouth, comme un signe éloquent d’une espérance pour un avenir enfin pacifié. »
Le colloque était coordonné et présenté par M. Maroun Karam. Il s’est tenu notamment en présence du P. Hadi Mahfouz, recteur de l’USEK, de Catherine Vierling, coordinatrice pour l’Europe, Gerhard Sabatthil, coordinateur des relations extérieures du Parlement européen, Gianni Pittella, vice-président du Parlement européen, Tomasz Niedgodzisz, ambassadeur de Pologne, représentant la présidence du Conseil de l’Union européenne, et enfin du nonce apostolique Gabriele Caccia. Cheikh Wissam Tarhini a représenté le mufti jaafarite et cheikh Ali Alayli a représenté le mufti de la République.

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Réactions des internautes à cet article

- Mon Patriarche, s'il n'y a pas DIALOGUE ! ENTENTE ! UNITE ! il n'y aurait qu'une solution pour garder CE PAYS "UNI". Ce sont les CANTONS ( mohafazats, la décentralisation ) avec un gouvernement CENTRAL, garantis par les PAYS ARABES et les NATIONS UNIES. Conditions et modalités à débattre entre les concernés. A moins que certains aspirent à la division pour des raisons et des buts bien connus. Anastase Tsiris
Anastase Tsiris

- Christian, en lisant tes commentaires d'hier, je te dis, mon ami : TU ES UN VRAI LIBANAIS ! Anastase Tsiris
Anastase Tsiris

- Les craintes du patriarche Raï sont justes. Le Liban est un petit pays, ou un laboratoire espérons qu' il réussira encore une fois dans sa solution magique de pluralisme dans ce nouveau monde arabe devenu trop tribal et qui fait vraiment peur . Nazira.A.Sabbagha
Sabbagha A. Nazira

- En vue, des jours bien sombres pour tous les Chrétiens du Moyen Orient. Anastase Tsiris
Anastase Tsiris

- J'aime beaucoup Mgr Raï...mais le côté étheré de son discours me laisse rêveur!Sa réference à El Azhar m'a fait sourire.Depuis le temps que cette institution dit une chose et fait le contraire...Le droit à la liberté de culte et à ses annexes?C'est aujourd'hui un crèvecoeur,nous le savons tous,et dans tous les pays arabes à deux exceptions près,est-il nécessaire de les citer?La diversité source de fraternité et d'enrichissement mutuel... c'est du blabla contredit tous les jours par les faits!Quant à la déclaration du Nonce sur le Liban en tant que laboratoire,elle me fait froid dans le dos!Et les Libanais chrétiens,M.Le Nonce,ils sont quoi???Les souris d'expériences de ce "laboratoire"?Généralement,çà finit assez mal pour les souris!Mais Mgr Raï pouvait-il dire autre chose?
GEDEON Christian


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dimanche 26 juin 2011

Le printemps couvert de Beyrouth

Le printemps couvert de Beyrouth

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26/06/2011 OLJ

Après les derniers accrochages qui ont eu lieu à Tripoli entre des partisans du régime syrien et ceux qui en dénoncent les abus, la capitale du Nord reste sous haute surveillance... et les Libanais retiennent leur souffle./
Après les derniers accrochages qui ont eu lieu à Tripoli entre des partisans du régime syrien et ceux qui en dénoncent les abus, la capitale du Nord reste sous haute surveillance... et les Libanais retiennent leur souffle./ AFP
Éclairage Alors que la colère gronde en Syrie, tout le monde retient son souffle à Beyrouth, écrit Caroline Fourest• dans Le Monde.fr. Par peur que les passions, qui couvent sous les cendres, ne se rallument. Entre prosyriens et anti-syriens. Pro-Hezbollah et anti-Hezbollah. Entre le Sud et le Nord. Entre chrétiens, druzes et musulmans.

Le scénario redouté est funeste mais crédible vu du pays du Cèdre. On y redoute un régime syrien prêt à tout pour sortir de l'ornière. Peut-il embraser le Liban, par exemple avec l'aide de ses alliés iraniens, pour détourner l'attention du face-à-face sanglant qui l'oppose à son peuple et déguiser sa répression en conflit international ? Dans le doute, mieux vaut ne pas tenter le diable.
C'est dans ce contexte qu'intervient la censure du film Green Days de Hana Makhmalbaf sur le "printemps vert" en Iran. Il ne sera pas montré au festival international qui se tient à Beyrouth jusqu'au 26 juin. Au nom de la sûreté nationale. Comme des milliers d'autres avant lui, censurés quel que soit le contexte. Tant la culture partagée - et non individuelle - est vécue comme un risque de guerre civile au Liban.
Depuis sa naissance, le pays tremble à l'idée d'éveiller les passions confessionnelles et identitaires, qu'il n'a jamais réussi à fondre en nation. Sa vie ne tient qu'à un fil, mal cousu. Le couturier ayant eu la mauvaise idée de prendre modèle sur l'Empire ottoman. La guerre civile a montré que ce modèle, communautarisé à l'extrême mais présenté comme un facteur de paix, était une illusion. A la moindre bourrasque, il prend feu. Pour en sortir, il faudrait que le Liban cesse d'être l'otage des intérêts israéliens, syriens ou iraniens, et surtout qu'il se parle : de laïcité et d'intérêt commun. Mais comment se parler quand tout sujet qui fâche est interdit ?
On ne débat pas sereinement dans un pays qui sort de dix-sept ans de guerre civile. On se tait ou on tempête. Alors on se tait. Guerre, sexe et religion figurent en tête de liste des tabous. C'est l'enfer, pavé de bonnes intentions, avec lequel se débat la vie culturelle au Liban. Les Libanais, souvent hypercultivés, parlent de tout chez eux, mais ils ne peuvent parler de rien tous ensemble et en public. Tous les espaces artistiques et culturels - qui franchissent par nature les frontières des communautés - sont soumis à la censure, qui traite les Libanais comme des enfants et les séparent préventivement. Par peur de la bagarre.
Green Days en a fait les frais. Il avait pourtant beaucoup de choses à dire aux Libanais. Alexandre Najjar, avocat et écrivain, le rappelait dans ces pages (Le Monde du 23 juin) : le vent du "printemps arabe" a soufflé au Liban bien avant la Tunisie et l'Égypte. En 2005, lorsque la "révolution du Cèdre" a permis de faire dégager l'occupant syrien. Quelques mois plus tard, des Iraniens descendaient dans la rue pour que Mahmoud Ahmadinejad, l'usurpateur, dégage lui aussi. Green Days montre leur courage. Il a une première fois été interdit à Beyrouth, lors de la venue d'Ahmadinejad. Il l'est à nouveau, sur pression de l'ambassadeur iranien, qui estime que sa projection porte atteinte à la souveraineté de l'Iran. Drôle de conception de la souveraineté que celle qui porte atteinte à celle du Liban... Mais le gouvernement libanais a cédé. Comme toujours. Par peur d'éveiller le Hezbollah. Tout en sachant que les Libanais se précipiteront pour télécharger le film et le voir à l'abri de leurs maisons. Chacun chez soi. Jusqu'à la prochaine étincelle. La censure n'ayant jamais permis d'éteindre les passions que l'on refuse de regarder en face. Pas plus qu'elle n'empêchera l'ambassadeur iranien de voir la suite du Mouvement vert sur grand écran. Celui de l'histoire en marche.

Caroline Fourest (Sans détour)
Essayiste et journaliste, rédactrice en chef de la revue "ProChoix", elle est l'auteure notamment de "La Dernière Utopie" (Grasset, 2009) et de "Marine Le Pen" (avec Fiammetta Venner) (Grasset, 400 pages). 

http://lorientlejour.com/category/Liban/article/709798/Le_printemps_couvert_de_Beyrouth.html
Lire aussi:
Ce qu'on appelle le "printemps arabe" n'a pas vu le jour en Tunisie, il n'est pas né place Tahrir en Egypte. Il est le fruit du "printemps de Beyrouth" qui, en 2005, au lendemain de l'assassinat du premier ministre Rafic Hariri, a attiré des centaines de milliers de Libanais - chrétiens, musulmans, druzes... pour une fois unis - qui ont manifesté place des Canons pour réclamer - et obtenir ! - le départ de l'armée syrienne qui occupait le pays depuis trente ans.http://www.lemonde.fr/sujet/c892/rafic-hariri.html
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/06/22/le-printemps-arabe-est-ne-a-beyrouth_1539291_3232.html