OLJ 13-3-2017
Lorsque le parti est entré en Syrie, il ne l'a pas fait sur ordre de l’État libanais", a expliqué le chef de l’Église maronite, lors d'un entretien à la chaîne Sky News en arabe.
Le patriarche maronite Béchara Raï a estimé vendredi dans un entretien à la chaîne Sky News en arabe que l'intervention militaire du Hezbollah en Syrie a "divisé les Libanais".
"Le Hezbollah a pris part à la guerre en Syrie sans aucune considération pour la position officielle libanaise de distanciation", a estimé le chef de l’Église maronite, dans cet entretien télévisé diffusé sur YouTube, vendredi. "Cela a embarrassé les Libanais et les a divisés entre ceux qui étaient favorables à cette intervention et ceux qui étaient contre", a ajouté le dignitaire libanais. Et de poursuivre : "Lorsque le Hezbollah est entré en Syrie, il ne l'a pas fait sur ordre de l’État (...). La décision du parti divise à ce jour les Libanais".
Le Hezbollah se bat officiellement depuis 2013 en Syrie aux côtés de l'armée du régime du président Assad et des milices qui lui sont fidèles. Présent dans différentes régions du pays, il a perdu depuis un grand nombre de combattants.
Le Liban officiel affirme vouloir se distancier des conflits régionaux, notamment la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011. Dans son discours d'investiture en octobre dernier, le président de la République Michel Aoun avait clairement proclamé la distanciation du Liban des crises régionales et insisté sur le rôle d'avant-garde de l'armée libanaise pour défendre le territoire.
"Je suis citoyen et mon partenaire est citoyen. Mais lui est armé et moi non. Cela est anormal", a dit le patriarche Raï, en référence à l'arsenal du Hezbollah. Le chef de l’Église maronite a toutefois tempéré ses propos : "Si le Hezbollah était une milice en dehors de l’État, la situation serait différente. La réalité est tout autre, aujourd'hui le parti prend part au pouvoir". En effet, le parti chiite est présent au Parlement ainsi qu'au sein du gouvernement dirigé par le Premier ministre Saad Hariri.
L'ex-ministre libanais de la Justice, Achraf Rifi, farouche opposant au Hezbollah et au régime Assad, s'est félicité samedi des propos tenus par Mgr Raï.
"Les propos du patriarche Raï sont ceux de tous les Libanais qui sont attachés à la souveraineté du Liban et qui refusent les armes illégales qui sèment le chaos sur la scène interne et qui représentent une carte entre les mains de l'Iran au service de ses projets expansionnistes (...)", a dit M. Rifi dans un communiqué.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien réalisé par Sky News ici