Qaa (Agence Fides) – La série de quatre attentats suicides perpétrée à l’aube du 27 juin dans le village libanais de Qaa, habité en majorité par des grecs melkites (catholiques), a fait cinq morts et au moins 15 blessés. Les représentants des institutions et des forces politiques libanaises ont fait part de leur indignation et de leur condamnation alors que des condoléances sont parvenues des Ordinaires des Eglises locales. S.Exc. Mgr Elias Rahal, Archevêque gréco melkite de Baalbek et originaire de Qaa, a demandé à l’Etat libanais de « prendre ses responsabilités », faisant remarquer qu’autour du village vivent quelques 30.000 réfugiés syriens, desquels aucune institution publique ne s’occupe. De son côté, S.B. Grégoire III Laham, Patriarche d’Antioche des grecs melkites, s’est déclaré « horrifié » par l’attaque de Qaa et a rendu hommage aux victimes qui appartiennent aux Paroisses de l’Archidiocèse de Baalbek des grecs melkites. Le Patriarche d’Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Boutros Bechara Rai, actuellement en visite pastorale aux Etats-Unis, a souhaité pour sa part que ce « crime sans nom » pousse, lui aussi, les libanais à retrouver l’unité nationale et à la défendre contre les plans des terroristes. (GV) (Agence Fides 28/06/2016) |
Groupes d'auto-défense dans des villages chrétiens au Liban
La frontière syrienne à proximité de Kaa au Liban © Reuters - Mohamed Azakir
ÉDITION SPÉCIALE SYRIE | Au Liban, l'intervention du Hezbollah aux côtés de l'armée de Bachar el-Assad a eu pour conséquence d'augmenter les attentats à la voiture piégée. Ils sont l'œuvre d'organisations qui se revendiquent d'Al Qaïda et qui visent les fiefs du parti chiite comme la banlieue sud de Beyrouth mais aussi la région du Hermel, frontalière de la Syrie. C'est dans cette région que des villages chrétiens ont décidé de se protéger de l'incursion de rebelles djihadistes.
Kaa est le dernier village avant la plaine qui mène jusqu'à la ville syrienne de Qousseir reprise l'an dernier par l'armée de Bachar el-Assad. A l'Est, une chaine de montagnes donne sur la région de Qalamoun, où les troupes syriennes ont lancé une offensive d'envergure depuis quelques semaines. A l'Ouest c'est le Hermel, contrôlé par le Hezbollah, qui se bat avec les soldats de Bachar el-Assad. Kaa est au carrefour de cette région stratégique. Dans ce village chrétien, où l'on affiche sa neutralité, ce sont moins les bombardements de l'armée syrienne qui raisonnent parfois au loin que les attentats à la voiture piégée qui font peur aux habitants. Pour s'en prémunir, la municipalité a mis en place des patrouilles de surveillance.
Ces patrouilles regroupent une trentaine d'hommes tous volontaires. Ils communiquent entre eux grâce à des talkies-walkies. Certains sont d'anciens militaires qui ont repris du service comme Antoine Risk, caporal retraité de l'armée libanaise.
"On commence à patrouiller à la tombée de la nuit et jusqu'à 6h du matin. Il y a des petites routes qui sillonnent la montagne et on a peur que des voitures n'empruntent ces chemins. On surveille surtout ces passages. Il arrive qu'on ait des informations comme quoi des voitures piégées pourraient passer par le village. A ce moment-là, nous augmentons les effectifs sur le terrain parce qu'on craint cette éventualité."
Les camps de réfugiés repères de terroristes ?
De par sa situation géographique, la région de Kaa a vu au fil des mois arriver des milliers de réfugiés syriens qui ont développé une haine viscérale contre le régime et ses alliés du Hezbollah. Dispersés dans des camps de fortune, ces réfugiés peuvent être recrutés pour mener des attentats confient à demi-mots les habitants de Kaa."On nous dit que l'armée syrienne est en train de bombarder les djihadistes qui se cacheraient dans les montagnes à côté de nous. Nous, on ne les a pas vus directement. Mais il y a beaucoup, beaucoup de syriens au Liban et on ne peut pas savoir si ce sont ou non des terroristes."
Ces patrouilles ressemblent à des milices d'auto-défense même si leurs membres affirment ne pas être armés... Elles viennent épauler les forces libanaises qui tentent d'empêcher l'infiltration de rebelles syriens au Liban. Le pays du Cèdre partage une frontière de plus de 300 kilomètres avec la Syrie. L'armée libanaise a mis en place des barrages militaires dans les régions les plus à risque, mais elle ne peut pas surveiller la totalité de la frontière extrêmement poreuse avec la Syrie comme l'explique cet ancien membre de la municipalité de Kaa.
"Chaque localité où l'Etat n'est pas présent et qui n'est pas sous le contrôle de l'armée libanaise peut être un repère pour les djihadistes et les terroristes."
Une heure après notre reportage une voiture piégée a explosé à quelques kilomètres de Qaa, à l'entrée de la ville de Hermel, bastion du Hezbollah. L'attentat s'est produit à la hauteur d'un barrage de l'armée libanaise. Deux soldats et un civil ont été tués. Il a été revendiqué par le Front al-Nosra au Liban.