Kabalan prend contact avec Raï en vue d’un règlement du conflit
LASSA
Un arrangement à l'amiable pour compenser la non-application de la loi ?
Claude ASSAF | OLJ
09/08/2016
Le différend qui oppose l'évêché maronite de Jounieh et les habitants chiites de Lassa sur la délimitation des terrains dans ce village du jurd de Jbeil a semblé hier faire l'objet d'une volonté de règlement au niveau des chefs des deux communautés concernées, un contact ayant été effectué sur ce plan entre le vice-président du Conseil supérieur chiite, Abdel Amir Kabalan, et le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï.
Le conflit, qui trouve son origine dans l'opposition des chiites de Lassa au recensement des terres effectué en 1939 par l'État, a atteint un pic la semaine dernière lorsqu'un topographe chargé par le diocèse maronite de Jounieh d'effectuer les travaux de dénivellation d'un terrain lui appartenant en a été empêché par un cheikh proche du Hezbollah et par une cinquantaine d'habitants chiites du village.
Face à cette agitation, le cheikh Abdel Amir Kabalan a pris l'initiative hier de joindre au téléphone Mgr Béchara Raï, l'exhortant à « coopérer en vue de régler le dossier de Lassa et de donner à chacun son droit ». Le chef du Conseil supérieur chiite a indiqué que Mgr Raï lui a fait la promesse de suivre ce dossier dès son retour de l'étranger.
(Pour mémoire : Les querelles de Lassa vers un règlement à l'amiable ?)
Cheikh Kabalan avait reçu dans la matinée une délégation des habitants de Lassa qui lui a demandé d'intervenir auprès « des parties concernées » afin que celles-ci acceptent de réviser les opérations de démarcation et d'empêcher tout empiétement tant sur les waqfs que sur les propriétés privées.
Comme pour calmer les remous, le cheikh Kabalan a mis l'accent, à cette occasion, sur « la nécessité du vivre-ensemble », affirmant que « les chrétiens sont des frères ». Tout en faisant valoir qu'il n'acceptera jamais que les droits de ces derniers soient « spoliés », il a souligné qu'il ne tolérera pas non plus qu'« un seul grain de sable » des terrains chiites soit « volé ».
Prenant la parole au nom de la délégation, le cheikh Mohammad Itaoui (qui avait empêché le topographe envoyé à Lassa d'effectuer son travail) a affirmé s'être plaint auprès du cheikh Kabalan des « mensonges entretenus dans le village au niveau des wakfs et des propriétés privées, ainsi que ceux qui sont colportés par les médias qui attisent les tensions confessionnelles ». Il a appelé dans ce cadre tous les responsables politiques et religieux à « tenir les médias à l'écart du dossier de Lassa », soulignant que « celui qui veut recouvrer son droit doit le faire à travers la loi seule ».
(Pour mémoire : Lassa : nouvelle tentative de mettre fin aux violations sur les terrains de l’évêché maronite)
Abiramia chez Basbous
De son côté, Simon Abiramia, député de Jbeil (bloc du Changement et de la Réforme), s'est réuni avec le directeur général des Forces de sécurité intérieure, Ibrahim Basbous, pour discuter des « opérations de délimitations foncières dans la localité de Lassa et du rôle des Forces de sécurité intérieure à ce niveau ».
De son côté, Simon Abiramia, député de Jbeil (bloc du Changement et de la Réforme), s'est réuni avec le directeur général des Forces de sécurité intérieure, Ibrahim Basbous, pour discuter des « opérations de délimitations foncières dans la localité de Lassa et du rôle des Forces de sécurité intérieure à ce niveau ».
Joint par L'Orient-Le Jour, M. Abiramia a indiqué qu'il a évoqué avec le général Basbous la nécessité pour chacune des parties qui désire effectuer des travaux d'en notifier les autorités, afin que les forces sécuritaires accompagnent les personnes chargées d'accomplir ces opérations. « Cette règle, établie depuis deux ou trois ans par une commission mixte formée des différents représentants des FSI, de l'évêché maronite, du Hezbollah, des habitants de Lassa, ainsi que du président de la municipalité et des moukhtars de Lassa, et de moi-même, doit être scrupuleusement respectée pour empêcher que de nouveaux incidents surviennent à l'avenir », a martelé M. Abiramia.
Le député de Jbeil a en outre indiqué avoir rendu hommage devant M. Basbous au rôle qu'ont joué les FSI dans le règlement du litige qui a opposé vendredi les habitants de Lassa au topographe dépêché sur les lieux par le diocèse maronite. Selon M. Abiramia, ce différend était né de « l'appréhension du cheikh Mohammad Itaoui de voir les autorités religieuses maronites construire un bâtiment sur ce qu'il considère être un terrain appartenant aux familles Mokdad et Itaoui, dans lequel se trouve un cimetière des deux familles ».
Farès Souhaid
Commentant les derniers développements du dossier, le coordinateur des Forces du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid, a pour sa part estimé que les litiges sur des terrains doivent se régler non pas par le biais de compromis entre responsables de communautés, mais à travers un recours à la loi et la justice. « Tout litige relatif à la propriété doit normalement être soumis au tribunal foncier, qui pourra alors trancher à la lumière des documents et preuves qui lui sont présentés », a insisté M. Souhaid. « Pourquoi donc créer toute sorte de commissions ou faire intervenir des responsables religieux ou politiques alors que le problème peut être réglé par la loi ? » s'est-il encore interrogé, évoquant le cas de l'église Notre-Dame de Lassa. « En 2008, le cheikh Mohammad Itaoui a opéré une mainmise sur cet édifice, prétendant qu'il appartient en fait à la famille Hamadé (de confession chiite), et, à la suite d'un arrangement, en avait remis les clés au chef du courant patriotique libre, Michel Aoun », a-t-il déploré, indiquant que, « depuis, l'église est fermée... ».
Commentant les derniers développements du dossier, le coordinateur des Forces du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid, a pour sa part estimé que les litiges sur des terrains doivent se régler non pas par le biais de compromis entre responsables de communautés, mais à travers un recours à la loi et la justice. « Tout litige relatif à la propriété doit normalement être soumis au tribunal foncier, qui pourra alors trancher à la lumière des documents et preuves qui lui sont présentés », a insisté M. Souhaid. « Pourquoi donc créer toute sorte de commissions ou faire intervenir des responsables religieux ou politiques alors que le problème peut être réglé par la loi ? » s'est-il encore interrogé, évoquant le cas de l'église Notre-Dame de Lassa. « En 2008, le cheikh Mohammad Itaoui a opéré une mainmise sur cet édifice, prétendant qu'il appartient en fait à la famille Hamadé (de confession chiite), et, à la suite d'un arrangement, en avait remis les clés au chef du courant patriotique libre, Michel Aoun », a-t-il déploré, indiquant que, « depuis, l'église est fermée... ».
M. Souhaid a en outre critiqué les demandes des habitants chiites de Lassa de procéder à la révision du cadastre établi en 1939, au motif, selon eux, que la communauté maronite jouissait alors d'un pouvoir dont elle a profité pour se faire attribuer des biens fonciers. « S'ils veulent ainsi saper les fondements des travaux de cadastre de Lassa établis à l'époque du mandat français, alors une brèche sera ouverte pour saper également les plans définissant le partage d'au moins 70 % du territoire libanais ! » s'est indigné M. Souhaid.
Enfin, concernant les déclarations des cheikhs Kabalan, Chrifé et Itaoui sur leur attachement au vivre-ensemble, M. Souhaid a relevé que ceux-ci « tiennent peut-être à la coexistence entre les communautés, mais certainement selon les conditions qu'ils veulent imposer ».
http://www.lorientlejour.com/article/1000826/kabalan-prend-contact-avec-rai-en-vue-dun-reglement-du-conflit.htmlEnfin, concernant les déclarations des cheikhs Kabalan, Chrifé et Itaoui sur leur attachement au vivre-ensemble, M. Souhaid a relevé que ceux-ci « tiennent peut-être à la coexistence entre les communautés, mais certainement selon les conditions qu'ils veulent imposer ».