Ali Hassan Khalil chez Raï : Nous ferons savoir qui est notre candidat en temps voulu
Dépêché par le président de la Chambre, Nabih Berry, le ministre des Finances a été reçu hier à Bkerké afin de détendre les rapports entre Aïn el-Tiné et le patriarcat.
Les relations entre Bkerké et Aïn el-Tiné sont redevenues normales après le bref échange aigre-doux du début de la semaine entre les deux parties au sujet de la présidentielle et du « package-deal ». Hier, le président de la Chambre, Nabih Berry, a dépêché auprès du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, son conseiller politique, le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, qui s'est employé à mettre en relief la convergence de vues entre les deux autorités maronite et chiite.
« Le patriarche et nous, nous jugeons extrêmement important qu'un président soit élu, a déclaré Hassan Khalil à sa sortie de Bkerké. Nous avons discuté des détails en rapport avec cette échéance. Nous sommes d'accord sur la plupart des points liés à ce dossier et à d'autres. Je n'ai pas eu le sentiment de divergences entre nous », a affirmé Hassan Khalil, avant de souligner l'attachement de M. Berry à une entente avec le patriarcat et de réaffirmer que le communiqué des évêques maronites, mercredi, « correspond à ses orientations ».
Mercredi, les évêques maronites avaient affirmé leur soutien à l'élection d'un président « sans que des conditions préalables ne lui soient imposées », en allusion au package-deal proposé par Nabih Berry et qui avait été vivement critiqué, dimanche, par le patriarche dans son homélie. Le président de la Chambre avait réagi vertement aux propos de Mgr Raï, lundi, avant d'exprimer, trois jours plus tard, son appui au communiqué des évêques qui ne faisait pourtant que confirmer le discours du chef de l'Église maronite.
Interrogé au sujet de l'opposition de Nabih Berry à l'élection du chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, à la tête de l'État, M. Hassan Khalil a répondu : « Le président de la Chambre ne s'est pas encore prononcé définitivement. Nous n'avons aucun problème personnel avec qui que ce soit. » Il a ensuite insisté sur le fait que le package-deal proposé « ne limite pas la marge de manœuvre du président et ne porte pas atteinte à ses prérogatives ». « Nous sommes contre tout ce qui peut limiter les prérogatives du président et nous partageons le point de vue de Bkerké à ce sujet. Ce qui a été proposé (par Nabih Berry) est censé faciliter l'action du futur président », a expliqué Ali Hassan Khalil.
Rappelant que le groupe parlementaire auquel il appartient ne bloque pas la présidentielle, il a assuré que ses membres seront de nouveau présent à la séance du 31 octobre. « Et c'est en temps voulu que nous ferons savoir qui est notre candidat », a-t-il ajouté.
Le Hezbollah et le pacte nationalRebondissant sur la question du package-deal, l'ancien président Michel Sleiman, qui s'est rendu à Bkerké pour exprimer son soutien à la teneur du communiqué des évêques maronites, a fait part de ses réserves au sujet du principe du package-deal, insistant sur l'importance de l'autonomie du chef de l'État qui doit, selon lui, assumer le rôle d'arbitre. S'il a applaudi à la conférence nationale de dialogue, le président Sleiman a insisté sur le fait qu'un président ne peut pas assumer le rôle d'arbitre « s'il se conforme à des conditions posées au préalable et qu'il s'est engagé à respecter ». « Personnellement, je peux dire qu'un président peut s'engager non pas à appliquer un package-deal, mais la déclaration de Baabda, sinon toute la conférence de dialogue n'aura pas de sens », a affirmé M. Sleiman, en insistant sur la nécessité de mettre en application la stratégie de défense qu'il avait soumise à la conférence de dialogue, au moment où elle se tenait à Baabda.
L'ancien président a de nouveau accusé le Hezbollah de bloquer la présidentielle et de porter atteinte au pacte national « qui prévoit, dans son essence, que le chrétien préserve les postes musulmans au sein de l'État et vice versa ». « Toute partie musulmane qui bloque la présidentielle prive les chrétiens du Liban de leur présence au sein de l'État », a expliqué Michel Sleiman.