La coexistence islamo-chrétienne dans le monde arabe, préoccupation majeure de Bkerké
Par Fady NOUN | 22/02/2012 OLJ
-Geste d'amitié du patriarche Raï envers le sénateur Sam Zakhem et son frère.
- Le Comité national pour le dialogue s'est réuni hier pour examiner les bases et les moyens de conforter la coexistence islamo-chrétienne à la lumière des changements qui se produisent dans la région.
Le Comité national pour le dialogue islamo-chrétien a examiné hier les moyens de lancer une nouvelle dynamique de dialogue politique et religieux au Liban et dans le monde arabe.
Dans un communiqué succinct, le comité a affirmé avoir examiné la situation locale et régionale et ses « répercussions sur la formule de coexistence nationale ».
« Des contacts seront pris avec les instances religieuses d'un certain nombre de pays arabes pour examiner les bases et les moyens de conforter la coexistence islamo-chrétienne à la lumière des changements qui se produisent dans la région », a ajouté le communiqué.
Commentant cette réunion, une source proche du Comité national islamo-chrétien a affirmé : « La situation actuelle du monde arabe n'est plus celle qui prévalait il y a quelques années. Elle n'est plus même celle qui prévalait il y a un an. Tant au Liban que dans le monde arabe, des changements se sont produits. La Palestine n'est plus la même, la Syrie n'est plus la même ; même les relations intercommunautaires au Liban ne sont plus les mêmes. Nous aspirions depuis longtemps à créer une nouvelle dynamique de rapports entre nos communautés, à défricher de nouvelles pistes pour lancer, comme le souhaite le patriarche Raï, un nouveau partenariat national entre les communautés religieuses. »
On sait par ailleurs que le chef des Kataëb, M. Amine Gemayel, sous l'impulsion du patriarche Raï, a discuté avec les différentes autorités religieuses en Égypte, y compris al-Azhar, d'une nouvelle « charte des droits de l'homme et des minorités » que les révolutions arabes devront respecter.
C'est dans cet esprit de concorde et de convivialité que le chef de l'Église maronite a reçu hier le représentant au Canada (Montréal) du Conseil supérieur chiite, Nabil Abbas. Le patriarche a annoncé à ce dernier qu'une nouvelle tournée pastorale dans les deux Amériques était en projet et qu'elle comprendrait, notamment, le Canada (Montréal, Québec et Ottawa). Cette tournée serait entamée en mai prochain et comprendrait en outre des pays d'Amérique du Sud, notamment l'Argentine et le Brésil, pays de forte émigration libanaise, maronite en particulier.
« Nous nous en réjouissons à l'avance, a affirmé Nabil Abbas, et nous serons aux côtés de notre frère, Mgr Joseph Khoury, pour organiser cette visite qui, sans aucun doute, portera ses fruits. »
M. Abbas, qui réside au Canada depuis 22 ans, a souligné que les communautés libanaises, d'appartenances religieuses diverses, sont en parfaite entente et considéré même qu'elles sont un modèle à suivre par les autres communautés de la diaspora libanaise. Il a mis en garde contre l'agitation qui marque la scène moyen-orientale et mondiale, affirmant que les divisions surviennent quand une partie des Libanais confisque les droits des autres, en affirmant qu'elle est mieux à même de les préserver. « La concorde disparaît aussi quand chaque communauté décide de prendre en main sa propre défense », a-t-il ajouté.
Le sénateur Sam Zakhem
Confirmant cet appel à l'union, le patriarche a reçu en outre, hier, au siège patriarcal de Bkerké le sénateur américain d'origine libanaise Sam Zakhem, accompagné de son frère.
« L'élection du patriarche Raï au siège de Bkerké a été une chance non pas pour les seuls maronites, mais pour tous les Libanais », a affirmé le responsable américain, qui a mis en relief le rôle de rassembleur joué par le chef de l'Église maronite lors de sa première tournée en Amérique du Nord, en octobre dernier.
Et de souligner l'importance des tournées pastorales du patriarche, qui visent à renforcer les liens entre les Libanais résidents et émigrés. « Le patriarche Raï a été accueilli comme un roi, et je le dis franchement. Avec de tels pasteurs, il n'y a rien à craindre pour le Liban », a-t-il ajouté.
« J'ai une très riche expérience dans la vie politique américaine, a conclu M. Zakhem. J'ai travaillé avec beaucoup de présidents américains, et je dis aujourd'hui au patriarche Raï : comptez-moi des vôtres ! »
Par ailleurs, le patriarche Raï a reçu hier une délégation de la famille du grand Libanais disparu Nassib Lahoud, ainsi qu'une délégation de Solidere conduite par son directeur général Mounir Doueydi, accompagné de Micheline Abou Samra, membre du conseil d'administration.
« Je suis venu dire au patriarche que Solidere est à tous, et qu'elle accueille diverses activités culturelles, artistiques, religieuses et sociales, qui s'ajoutent à son activité principale, le développement immobilier. Le but de Solidere, c'est que le centre de Beyrouth soit à tous », a affirmé M. Doueydi, qui s'est dit particulièrement fier du succès du festival de concerts religieux donné dans les différentes églises du centre-ville, durant la saison de Noël.