Jenna Le Bras, le 24/02/2017 à 15h33
Mis à jour le 24/02/2017 à 16h50
http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Le-Vatican-Azhar-veulent-proteger-jeunes-lextremisme-2017-02-24-1200827324?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_content=20170224&utm_campaign=newsletter__crx_urbi&utm_term=593705&PMID=bb494601670887f92d5d4c8bfcd0ef06
Mis à jour le 24/02/2017 à 16h50
Pendant deux jours, le Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux du Vatican et la commission du dialogue d’al-Azhar se sont réunis au Caire pour un séminaire sur « la lutte contre le fanatisme, l’extrémisme et la violence au nom de la religion ».
L’occasion de renouer des liens distendus et d’exposer une volonté de collaboration face au terrorisme.
Pendant deux jours, le Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux du Vatican et la commission du dialogue d’al-Azhar se sont réunis au Caire pour un séminaire sur « la lutte contre le fanatisme, l’extrémisme et la violence au nom de la religion ».
L’occasion de renouer des liens distendus et d’exposer une volonté de collaboration face au terrorisme.
Comment s’est déroulé le séminaire de travail ?
Dans une ambiance constructive, se félicitent les participants. Mercredi 22 et jeudi, dans une salle de conférence de la « macheikha », le siège du grand imam d’Al Azhar, deux délégations de quinze membres - l’une catholique, l’autre musulmane - ont planché sur « la lutte contre le fanatisme, l’extrémisme et la violence au nom de la religion ». Conférences et discussions se sont succédé, jusqu’à la présentation, jeudi après-midi, d’une déclaration commune.
« Ce type de rencontres n’a pas vocation à débattre de nos dogmes, qui sont différents. Nous étions là pour partager nos points communs - nous en avons beaucoup - et trouver la manière de les associer », a fait valoir Abdel Rahman Moussa, le conseiller du grand imam pour les affaires étrangères, conscient de l’« urgence à dialoguer dans le contexte actuel ». « Si nous arrivons à établir la paix entre responsables religieux, il nous sera plus facile de la transmettre aux fidèles de nos religions. »
« Un rendez-vous comme celui-ci est un cadeau pour l’humanité. Car quand nous nous divisons, c’est une faveur que nous faisons à l’extrémisme », a rappelé de son côté le cardinal Jean-Louis Tauran, préfet du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, en soulignant le climat de « liberté » et de « respect » dans lequel se sont déroulés les échanges. Des échanges « en adéquation avec les préoccupations du pape François, « qui a fait du dialogue entre les religions une priorité de son pontificat », a-t-il fait valoir.
Quel contexte ?
Cette rencontre intervenait après un long silence entre al-Azhar et le Vatican. A la suite de l’attentat qui avait coûté la vie à 21 coptes dans une église d’Alexandrie fin 2010, l’appel de Benoît XVI à « l’engagement concret et constant des responsables des nations »pour faire cesser ces violences avait irrité l’institution sunnite.
Ce n’est qu’à partir de l’élection du pape François en mars 2013, et une première rencontre l’année dernière, que les relations se sont détendues, permettant une reprise officielle des échanges. Melkite, curé d’une paroisse du Caire et membre de la délégation catholique, le P. Rafic Greiche ne cache pas sa satisfaction. « C’est bien que nous nous parlions sur des sujets importants, comme le terrorisme. »
Aujourd’hui, les attentes des deux parties divergent toutefois sur le fond : quand le Vatican souhaiterait effectuer un travail théologique approfondi avec des consultations régulières, al-Azhar - au cœur de polémiques avec le président al-Sissi face à son refus de moderniser le discours religieux islamique - fait un calcul plus politique. « La priorité d’al-Azhar est d’abord de corriger l’image de l’islam. Si on discute avec eux, c’est justement pour que ce ne soit pas uniquement une façade, qu’al-Azhar prenne connaissance de la position de l’Eglise et qu’on puisse trouver un terrain commun pour dialoguer », commente un membre de la commission.
Quelles conclusions ?
La responsabilité des deux institutions dans la lutte contre l’extrémisme a été clairement mentionnée. « Les responsables religieux doivent avoir le courage d’exprimer leur rejet de la violence commise au nom de la religion », a affirmé le cardinal Tauran, en rappelant - dans un message à peine voilé - que « les fanatiques et les extrémistes sont la principale cause de la mauvaise opinion que l’on se fait des religions ».
Plusieurs recommandations figurent dans la déclaration finale, pour « traiter les causes de l’extrémisme avant leurs conséquences - le terrorisme » -, en resserrant les liens entre les religions et en dialoguant de manière plus régulière et soutenue. L’éducation est une autre priorité, notamment pour « apprendre à mieux enseigner les notions d’ouverture d’esprit, d’amour et de dialogue à notre jeunesse », selon les mots du cardinal Jean-Louis Tauran. Enfin, d’autres mesures sont envisagées pour « protéger nos fidèles et notamment la jeunesse des idées négatives », comme la fermeture des chaines de télévision et sites internet propageant des idées extrémistes.
De belles ambitions désormais à traduire dans la réalité. « Ce n’est que le début d’une longue série de réunions de ce type », concède Abdel Rahman Moussa. Les deux institutions ont convenu de se retrouver dans un an pour poursuivre le dialogue, au Vatican cette fois. Il s’est murmuré dans les couloirs de la « macheikha » que le pape - invité à la fois par l’Eglise copte catholique et par le grand imam Ahmed al-Tayeb - pourrait venir prochainement en Egypte.
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