30/8/2015-
Liban : béatification d'un prélat syro-catholique tué par les Ottomans en 1915
Un évêque syro-catholique, Mgr Flavien Michel Melki, a été béatifié samedi au Liban, un siècle après avoir été décapité en raison de sa foi par les Ottomans dans la foulée des massacres de 1915.Le 8 août, le pape François avait officiellement reconnu comme "martyr" de l'Eglise ce prélat né au 19e siècle dans ce qui est devenu la Turquie actuelle et qui a tué pour avoir refusé de renoncé à sa foi.
Cette béatification intervient plus de quatre mois après l'évocation pour la première fois par le pape du terme "génocide" pour qualifier le massacre des Arméniens il y a 100 ans, provoquant la fureur de la Turquie qui a toujours récusé ce qualificatif.
La cérémonie de béatification s'est tenue dans le monastère Notre Dame de Charfé situé à Harissa, un site de pèlerinage chrétien au nord de Beyrouth.
Selon le site d'informations religieuses ACI, après avoir été nommé prêtre de l'Eglise syriaque catholique, Mgr Melki a vu son église saccagée et brûlée durant les massacres de 1895, et sa mère assassinée. Il est alors nommé évêque de Mardin et Gazarta, l'actuelle Cizre dans le sud-est de la Turquie.
Lorsque les massacres contre les minorités arméniennes, assyriennes et grecques commencent à l'initiative des autorités ottomanes, l'évêque refuse de fuir alors que ses amis musulmans le pressent de le faire, explique le site. Il est arrêté le 28 août aux côtés de l'évêque chaldéen Jacques Abraham, et les deux religieux sont exhortés à se convertir à l'islam. Ils refusent: Mgr Abraham est tué d'un coup de fusil tandis que Mgr Melki est frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance, avant d'être décapité.
Selon ACI, il s'agit du deuxième évêque reconnu martyr "in odium fidei" ("en haine de la foi", c'est-à-dire par un non-chrétien, ndlr). La béatification permet d'autoriser le culte d'une personne localement. Elle peut précéder l'étape de la canonisation quand le bienheureux est recommandé au culte de toute l'Eglise.
La Turquie nie catégoriquement que l'Empire ottoman ait organisé le massacre systématique de sa population arménienne et récuse le terme de "génocide" repris par l'Arménie, de nombreux historiens et une vingtaine de pays.