http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/07/22/l-onu-s-inquiete-d-un-possible-crime-contre-l-humanite-en-irak_4460898_3218.html#xtor=RSS-3208
Le Monde -22/7/2014
Irak : l'ONU s'inquiète d'un possible « crime contre l'humanité »
Dans une déclaration unanime adoptée, lundi 21 juillet, les quinze pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont condamné les persécutions menées par les djihadistes de l'Etat islamique (EI) contre les minorités en Irak.
« Les attaques systématiques et à grande échelle contre des populations civiles en raison de leur origine ethnique ou religieuse ou de leur foi peuvent constituer un crime contre l'humanité pour lequel les responsables devront rendre des comptes. »
Parmi les cibles principales de ces attaques, les chrétiens de Mossoul, la deuxième ville du pays, où l'EI a installé son quartier général. Les djihadistes leur avaient donné vingt-quatre heures pour quitter le « territoire » du califat, les autres options étant de se convertir à l'islam, de payer un impôt spécial pour les non-musulmans, ou de périr « par le glaive ».
Avant l'expiration de l'ultimatum, selon des témoignages recueillis par téléphone par les agences de presse internationales et des médias irakiens, les maisons des chrétiens de Mossoul ont été marquées de la lettre N, pour « nassarah », nom utilisé pour désigner des chrétiens dans le Coran, et les croix des églises ont été détruites et remplacées par le drapeau de l'EI. Sur la route, aux points de contrôle à la sortie de Mossoul, les djihadistes ont volé l'argent et les bijoux des réfugiés, ainsi que certaines voitures.
Lire le reportage (édition abonnés) : Menacés de mort par l'Etat islamique, les chrétiens d'Irak fuient au Kurdistan
SOLIDARITÉ DE LA POPULATION IRAKIENNE
Ces menaces ont eu comme effet de rapprocher les différentes confessions religieuses du pays. Des habitants sunnites de Mossoul, bravant leur peur de s'exprimer, ont ainsi signifié dimanche leur solidarité avec les chrétiens et affiché leurs distances vis-à-vis de l'EI.
Des responsables des villes saintes chiites de Kerbala et Najaf, accueillant déjà de très nombreux réfugiés chiites, ont déclaré que les portes de leurs cités étaient ouvertes aux chrétiens.
L'Organisation de la coopération islamique (OCI), qui représente 57 pays musulmans, a, elle, offert son assistance aux déplacés :
« Le déplacement forcé [des chrétiens de Mossoul] est un crime intolérable. Les pratiques [de l'EI] n'ont rien à voir avec l'islam et ses principes de tolérance et coexistence. Ces atrocités sont contraires aux principes de l'OCI, dont l'Irak est membre. »
A Bagdad, le premier ministre, Nouri Al-Maliki, mal en place depuis l'offensive djihadiste dans le nord du pays, en a profité pour réclamer une aide internationale contre l'EI, « groupe criminel et terroriste ».
Du Vatican aux Etats-Unis, les condamnations sont unanimes. La question qui se pose pour la communauté internationale est l'éventuel accueil des 400 000 derniers chrétiens d'Irak, dont la vaste majorité, de l'aveu même du clergé local, est candidate au départ.
Envoyé de mon Ipad