Le pape François a reçu en audience le roi Abdallah II de Jordanie, dans la matinée de ce mardi 19 décembre 2017, indique le Saint-Siège. Le roi jordanien a ensuite rencontré le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin et Mgr Paul Gallagher secrétaire pour les relations avec les Etats.
Un communiqué du Saint-Siège publié à l’issue de ces rencontres fait Etat « d’entretiens cordiaux », soulignant qu’ils ont été principalement consacrés à « la promotion de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient, avec une référence particulière à la question de Jérusalem et au rôle de Gardien des lieux saints du souverain hachémite ». Un rôle de garant des lieux saints musulmans reconnu par le traité de paix de 1994 avec l’Etat d’Israël (Accord de Wadi Araba).
Il a aussi été question, indique la même source, de la négociation entre Israéliens et Palestiniens, et du dialogue interreligieux: « On a renouvelé l’engagement à favoriser les négociations entre les parties intéressées, ainsi qu’à promouvoir le dialogue interreligieux. »
Enfin, il a été question des chrétiens dans la région: « On a relevé l’importance de favoriser la permanence des chrétiens au Moyen-Orient, et la contribution importante qu’ils apportent aux sociétés de la région, dont il font partie intégrante. »
Le roi Abdallah était accompagné du prince Ghazi Bin Muhammad Bin Talal, responsable du dialogue interreligieux et initiateur, naguère d’une lettre de sages musulmans apportant leur soutien à Benoît XVI. Il a participé à l’entretien avec le pape François, d’environ 20 minutes. Dans la suite royale également le ministre jordanien des Affaires étrangères.
Le roi a offert au pape une estampe représentant la coupole du Saint-Sépulcre, surmontée de la croix, et la coupole dorée de la mosquée du « Dôme du rocher ».
Il ne s’agit pas de la première visite du roi jordanien au Vatican : il avait été reçu par le pape le 7 avril 2014, afin de préparer son voyage en Jordanie le mois suivant, ainsi que le 29 août 2013. Les échanges avaient alors mis l’accent sur la situation en Syrie et l’urgence d’un cessez-le-feu. Cette nouvelle rencontre avait pour arrière-fond la déclaration du président des Etats-Unis, M. Donald Trump, le 6 décembre, de faire de Jérusalem le siège de son ambassade.
Le pape a confié les préoccupations que cette décision suscitait, notamment pour les chrétiens. Il a appelé avec insistance à respecter le « statu quo » de Jérusalem, lors de l’audience générale du 6 décembre 2017. Il a souhaité « sagesse et prudence » pour ne pas ajouter « de nouveaux éléments de tension », après la décision du président des Etats-Unis.
« Ma pensée se tourne à présent vers Jérusalem, a-t-il déclaré avec gravité au terme de cette rencontre Salle Paul VI au Vatican. A ce sujet, je ne peux pas taire ma profonde préoccupation pour la situation qui s’est créée ces derniers jours et, en même temps, adresser un appel vibrant afin que l’engagement de tous soit de respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les Résolutions pertinentes des Nations unies. »
« Jérusalem est une cité unique, sacrée pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, qui vénèrent en elle les Lieux Saints de leurs religions respectives, et elle a une vocation spéciale à la paix », a poursuivi le pape qui s’exprimait en italien.
« Je prie le Seigneur, a-t-il assuré, pour que cette identité soit préservée et renforcée au bénéfice de la Terre Sainte, du Moyen-Orient et du monde entier et que prévalent sagesse et prudence, pour éviter d’ajouter de nouveaux éléments de tension dans un panorama mondial déjà agité et marqué par des conflits nombreux et cruels ».
« Seule une solution négociée entre Israéliens et Palestiniens peut conduire à une paix stable et durable et garantir la coexistence pacifique de deux Etats », a déclaré le Saint-Siège dans une nouvelle déclaration du dimanche 10 décembre 2017.
Lors de son voyage en Jordanie, le pape argentin avait rendu un hommage appuyé à Abdallah II en improvisant un passage de son discours au palais royal d’Amman, le 24 mai 2014 : « Je profite de cette occasion pour renouveler mon profond respect et mon estime pour la communauté musulmane, et manifester mon appréciation pour le rôle de guide joué par Sa Majesté le Roi dans la promotion d’une plus juste compréhension des vertus proclamées par l’Islam, et la sereine cohabitation entre fidèles des différentes religions. Vous être reconnu comme un homme de paix et un artisan de paix: merci ! »
Le roi Abdallah III doit ensuite se rendre en France