Le pape François a quitté samedi 24 mai au matin l'aéroport de Fiumicino à Rome en direction de la Jordanie, première étape de son voyage vers la Terre Sainte.
Avant la Terre Sainte, la Jordanie. Le pape François a décollé samedi 24 mai vers 8 h 30 pour Amman, première étape d'un voyage très dense de 55 heures -soit 20 étapes et 14 discours – qui doit le conduire à Bethléem et à Jérusalem. Accompagné de soixante-dix journalistes, il est le quatrième pape à s'y rendre après Paul VI en 1964, Jean-Paul II en 2000 et Benoît XVI en 2009.
À son arrivée à Amman, prévue vers 13 heures, où de multiples draopeaux de la Jordanie et du Vatican ornent la route menant à l'aéroport, il doit être reçu par le roi Abdallah II de Jordanie dans le Palais royal al-Husseini, avant de rencontrer les autorités du petit royaume hachémite, devant lesquelles il devrait appeler de manière vigoureuse au respect de la liberté religieuse au Proche-Orient ainsi qu'à une solution politique négociée en Syrie, alors que la guerre, l'exode des chrétiens et la montée de l'islamisme radical sont l'objet de profondes préoccupations pour l'Église.
Jeep découverte
À 16 heures, direction le stade d'Amman le pape François célébrera une messe après s'être offert son premier bain de foule à bord de sa jeep découverte, non blindée. 500 soldats de la Garde royale jordanienne ont été appelés en renfort pour assurer la sécurité du pape, l'un des points névralgiques de ce voyage.
Dans le stade d'Amman, qui peut contenir 30 000 personnes, des milliers de chaises bleues et rouges ont été disposées sur la pelouse face à un immense autel, derrière lequel ont été accrochés des portraits de Jean-Paul II et Jean XXIII, que François a canonisés en avril.
Des réfugiés chrétiens syriens, palestiniens et irakiens sont attendus à la messe, durant laquelle 1 400 enfants feront leur première communion.
À 19 heures, le pape se rendra à Béthanie sur les bords du Jourdain, lieu où selon la tradition Jésus reçut le baptême. Il conclura sa première journée par une rencontre avec quelques-uns des 700 réfugiés chrétiens de Syrie accueillis en Jordanie.
Un pèlerinage avant tout
C'est le lendemain, dimanche 25 mai, que le pape entamera la partie la plus délicate de cette visite dont le Vatican a rappelé le caractère « strictement religieux », selon les propres termes du pape François. Plus qu'un voyage, c'est un pèlerinage qu'entend effectuer le pape.
Ce « sera un pèlerinage de prière », avait-il déjà affirmé en annonçant officiellement, le 5 janvier, le second déplacement à l'étranger de son pontificat, dont « l'objectif principal est de commémorer la rencontre historique entre le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras, qui a eu lieu (...) il y a cinquante ans ».
>Voir notre dossier: Paul VI en terre sainte
La rencontre avec Bartholomeos 1er , temps fort du voyage
La rencontre œcuménique du pape avec le patriarche de Constantinople, Bartholomeos Ier , au Saint-Sépulcre, dimanche 25 mai à 19 h 15 soir, est ainsi présentée comme le temps fort de cette visite. Avec une « accolade de paix » entre représentants des Églises chrétiennes, voulue par le Vatican comme l'image à retenir.
Le premier défi du pape François sera de s'en tenir à ce cadre religieux dans une région qui le guette sur un terrain politique glissant. La commémoration, le logo du voyage – saints Pierre et André dans une même barque – et sa devise, tirée de l'Évangile – « Qu'ils soient un » –, tout concourt à garder ce fil conducteur, tout au long des trois jours d'un voyage au pas de course.
Nouvel élan œcuménique
Au-delà de la puissance du symbole, l'objectif est de donner un nouvel élan œcuménique. Notamment, à l'approche d'une haute rencontre théologique orthodoxe-catholique le 15 septembre prochain en Serbie sur l'articulation délicate entre primauté de Rome et conciliarité.
Le passage du pape en Terre sainte est destiné aussi à stimuler le dialogue interreligieux. En incluant dans sa délégation un rabbin – Abraham Skorka – et un professeur musulman – Omar Abboud –, amis argentins de Jorge Bergoglio, ce dernier met en scène cet équilibre, de manière personnelle et inédite dans un voyage pontifical. « Il ne vient pas avec un juif et un musulman de Terre sainte mais de l'autre bout du monde, observe Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant'Egidio. Il montre ainsi que les religions sont universelles et non liées à des territoires. » « Par l'affirmation religieuse du voyage, il se protège aussi des polémiques politiques », ajoute-t-il.
Garder l'équilibre
> Voir notre vidéo: les attentes des chrétiens
Même pour un voyage uniquement « religieux », l'équilibre reste toutefois un défi politique. Le programme réparti sur trois pays et territoires – Jordanie, Terriroires palestiniens, Israël – tente de ménager diplomatiquement les susceptibilités de chacun. Il prévoit autant un échange avec des réfugiés palestiniens qu'un arrêt sans précédent sur la tombe de Theodor Herzl, fondateur du sionisme. « Le programme mécontente au final tout le monde », commente une source diplomatique à Jérusalem, citant la déception des chrétiens de Galilée, que le pape ne rencontrera pas.
À Bethléem, dans les Territoires Palestiniens, et à Jérusalem, dimanche et lundi, François a un programme qui cherche à maintenir l'équilibre pour ne pas froisser Palestiniens et Israéliens. Il va visiter des lieux symboliques importants pour le christianisme (basilique de la Nativité, Saint-Sépulcre), mais aussi pour l'islam (Esplanade des Mosquées) et pour le judaïsme (Mur des lamentations, Yad Vashem, la tombe de Theodor Herzl, fondateur du sionisme).
Bruno Bouvet (avec Sébastien Maillard et AFP)Envoyé de mon Ipad