Crise politique au Liban: entretien avec le cardinal Béchara Raï
(RV) Entretien- Le Liban attend son Premier ministre démissionnaire. Saad Hariri devrait gagner Beyrouth ce mardi 21 novembre, après un passage au Caire, et assister au défilé militaire prévu mercredi, jour de la fête nationale libanaise.
La démission surprise de Saad Hariri, annoncée depuis l’Arabie saoudite il y a deux semaines, avait plongé le pays du Cèdre dans la stupeur et l’incertitude, et ouvert une crise politique majeure ; son séjour prolongé à Riyad avait également suscité de sérieuses interrogations et alimenté les rumeurs d’une possible détention par les autorités saoudiennes.
Saad Hariri rentre finalement au pays, mais force est de constater que les zones d’ombre qui entourent sa démission sont nombreuses, et les Libanais attendent de leur Premier ministre qu’il les éclaircisse au plus vite. Il va sans dire donc que la rencontre prévue avec le président Michel Aoun, au cours que laquelle cette démission devrait être officialisée en bonne et due forme, sera scrutée de près.
La semaine dernière, une autre entrevue avait suscité l’intérêt : celle de Saad Hariri avec le cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche d’Antioche des maronites, en visite officielle de 24 heures en Arabie saoudite ; cette visite officielle, la première d’un chef catholique dans le royaume wahhabite, visait à promouvoir un dialogue islamo-chrétien apaisé. Eu égard au contexte particulier, le patriarche a également pu évoquer la situation politique au pays du Cèdre avec ses hôtes saoudiens.
C’est justement cette visite, et la crise politique actuelle que le cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche d’Antioche des maronites, a accepté d’évoquer avec nous. Interrogé par Manuella Affejee, il revient en outre sur l’appel pour le Liban lancé par le Pape François, lors de l’Angélus dimanche 19 novembre :
Riyad: Après la visite du cardinal Raï, un Centre pour le dialogue interreligieux ?
16.11.2017 par Jacques Berset, cath.ch
L’Arabie saoudite, où la liberté religieuse est totalement inexistante pour les non musulmans ou ceux qui n’adoptent pas un islam sunnite rigoriste, pourrait autoriser l’ouverture d’un “Centre international permanent pour le dialogue interreligieux”. Il serait installé sur le site d’une église antique, rapporte l’agence d’information vaticane Fides.
Une église historique restaurée
Le tapis rouge déroulé pour le patriarche maronite
Consolidation de la tolérance
Cette première historique, dans un pays qui suit l’interprétation wahhabite strictede l’islam sunnite et de la loi islamique, serait le fruit de la visite du cardinal libanais Béchara Boutros Raï. Le patriarche d’Antioche des maronites s’est rendu pour la première fois les 13 et 14 novembre 2017 dans la “grande mosquée” (c’est ainsi que se définit le pays, qui abrite les deux premiers lieux saints de l’islam – La Mecque et Médine).
L’un des fruits concrets de cette “brève mais importante visite accomplie en Arabie saoudite” du patriarche Raï pourrait être l’autorisation, accordée par la monarchie saoudienne, de créer sur le territoire du royaume un Centre international permanent pour le dialogue interreligieux, rapporte Fides le 15 novembre 2017. L’agence d’information romaine se réfère à des sources libanaises non confirmées. Ce Centre pourrait être accueilli sur le site d’une église chrétienne vieille de 900 ans, redécouverte, qui serait totalement restaurée dans ce but.
Le royaume d’Arabie saoudite a témoigné tout au long de la visite du cardinal Raï de son intention d’établir un nouveau dialogue avec les différentes communautés religieuses. Un comité de coordination du même type que ce centre interreligieux avait déjà été évoqué lors de la rencontre informelle au Vatican de Mohammed al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, avec le pape François, le 20 septembre 2017. Lors de cette entrevue, tous deux avaient échangé sur la paix, l’harmonie mondiale, et la coopération dans les domaines de la coexistence.
Le 15 novembre 2017, la visite du patriarche Raï à Riyad, désigné par la presse saoudienne comme “le chef de l’Eglise libanaise”, a fait la une des quotidiens saoudiens. C’est la première visite d’un chef religieux chrétien dans l’histoire du royaume. Les médias largement contrôlés par la famille royale l’ont montré dans ses habits liturgiques, avec sa grande croix pectorale dorée. “Le tapis rouge déroulé pour le patriarche maronite à Riyad”, peut-on lire sur le site www.arabnews.com.
La photo qui fait la une de quasiment tous les quotidiens à gros tirage d’Arabie est celle où l’on voit Mgr Raï en pleine discussion avec le roi d’Arabie, et assis à sa droite Mgr Boulos Matar, la croix dorée bien en évidence. Al-Hayat – dans son édition saoudienne –, al-Yaum, ash-Sharq al-Awsat et Arab News ont donc tous opté pour cette même photo en première page.
Seuls al-Riyad et Okaz ainsi que Saudi Gazette ont choisi de placer en une la photo du cardinal Béchara Raï et du roi Salmane, debout en train de se serrer la main. Dans cette photo, aucun insigne religieux ostentatoire n’est décelable.
Okaz relève que, durant la “visite historique” au palais d’al-Yamama à Riyad, les interlocuteurs ont abordé la question de “l’importance des religions et des cultures dans la consolidation de la tolérance, le rejet de la violence, de l’extrémisme et du terrorisme”. Arab News “politise” l’événement en affirmant que “le patriarche soutient Hariri quant à l’ingérence iranienne au Liban”. (cath.ch/fides/orj/be)
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