Des propositions pour soutenir le pluralisme culturel et religieux au Moyen-Orient
Des propositions pour soutenir
le pluralisme culturel et religieux
au Moyen-Orient
« Renforcer l’action de la France dans la protection du patrimoine du Moyen-Orient et le soutien au réseau éducatif des communautés chrétiennes de la région » : c’est le titre du rapport commandé par le président de la République et remis jeudi 3 janvier 2019.
Alors qu’il doit se rendre prochainement en Égypte d’abord, puis sans doute en Irak et au Liban, le président de la République a demandé à Charles Personnaz, haut fonctionnaire et chargé de mission bénévole à l’Œuvre d’Orient, un rapport et des propositions en lui fixant deux axes prioritaires : comment « renforcer l’action de la France dans la protection du patrimoine du Moyen-Orient » ? Et comment soutenir le « réseau éducatif des communautés chrétiennes de la région » ?
Deux sujets apparemment bien distincts, mais en réalité liés car susceptibles de « participer à la construction d’une citoyenneté renouvelée au Proche et Moyen-Orient », note Charles Personnaz dans l’introduction de son rapport, remis jeudi 3 janvier au ministre des affaires étrangères avec une trentaine de propositions volontairement peu coûteuses pour les finances publiques mais à même d’enrayer le déclin de la francophonie dans la région.
« L’une des racines les plus profondes de la construction des sociétés arabes »
En faisant « connaître en France, à travers nos institutions culturelles, la riche civilisation du christianisme oriental, des yézidis, des juifs du Moyen-Orient », en participant à l’inventaire et la protection du patrimoine sur place – à travers l’Alliance internationale pour la sauvegarde du patrimoine dans les zones de conflit (ALIPH), fondée à l’initiative de la France après les destructions de Palmyre en Syrie –, la France réaffirmerait que ces communautés « sont les héritières d’un art, d’une pensée, d’une foi qui constituent l’une des racines les plus profondes de la construction des sociétés arabes », susceptibles surtout de les aider aujourd’hui à « s’ouvrir à l’universel ».
Dans des pays arabes déchirés par les conflits entre sunnites et chiites, et même entre courants de l’islam sunnite, l’existence des écoles chrétiennes accueillant « chrétiens et musulmans, riches et pauvres » apparaît cruciale. « Principal vecteur de la francophonie dans la région avec près de 400 000 élèves qui étudient le français ou en français », ce réseau particulièrement dense au Liban, en Égypte ou encore en Terre sainte « constitue un espace de construction de la paix et de la convivialité », écrit Charles Personnaz.
« Les parents qui ont reçu une éducation de qualité dans ces écoles et qui font tout pour y inscrire leurs filles sont sûrs qu’elles auront une éducation qui les ouvre à d’autres cultures, à approfondir leurs connaissances et leurs compétences linguistiques, et surtout à leur apprendre à renoncer au fanatisme », assure dans une lettre publiée en annexe la supérieure de l’école Saint-Vincent-de-Paul, située dans le quartier d’Abbassieh au Caire. « Notre tâche repose sur le désir d’enraciner de jeunes Libanais de toutes confessions et origines sociales dans une “identité’’ qui ne soit pas une fiction », affirme de son côté sœur Mariam An Nour, directrice de l’école du Carmel Saint-Joseph à Mechref au Liban.
« L’envoi de volontaires de la francophonie »
Fragilisé par l’insécurité et l’appauvrissement des familles qui en résulte, cet enseignement pourrait être sauvé par « un fonds de soutien, associant partenaires privés et publics », et par « l’envoi de volontaires de la francophonie », avance le rapport, qui cite l’exemple du Réseau Barnabé, réseau de coopération entre l’enseignement catholique en France et les écoles de Terre sainte développé depuis 2006 pour soutenir ces dernières… à la demande du consulat général de Jérusalem.
Alors que la France se prépare à accueillir en 2019 une grande conférence internationale consacrée aux victimes des violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient, cet investissement serait une manière concrète de venir en aide à des communautés « menacées dans leur existence par les milliers de morts et l’exil de centaines de milliers de leurs membres restent tentées par un départ massif et définitif ». Le Moyen-Orient, rappelle Charles Personnaz, « y perdrait son pluralisme, une part profonde des sources de sa culture, son caractère pluriconfessionnel ».
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Quelques-unes des mesures :
► Pour le patrimoine. Entamer une réflexion pour améliorer la présentation des collections relatives à Byzance et au christianisme oriental du Louvre ; proposer à l’Alliance internationale pour la sauvegarde du patrimoine dans les zones de conflit (ALIPH) des projets de restauration qui concernent le patrimoine des communautés chrétiennes et autres minorités de la région ; encourager la création d’une chaire relative au Proche-Orient chrétien dans une université ou au Collège de France.
► Pour l’éducation. Constituer un fonds pour la formation, l’environnement francophone et la convivialité en faveur des écoles chrétiennes du Moyen-Orient ; renforcer les équipes de coopération éducative dans les services de coopération français dans la région ; organiser une représentation en France du réseau éducatif des communautés chrétiennes.
Anne-Bénédicte Hoffner.
Journal La Croix,
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