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Joseph khoreich
* Ucip Liban
*Labora-
*ISSR
" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
Joseph khoreich
* Ucip Liban
*Labora-
*ISSR
Par Mgr Samir Nassar
ROME, jeudi 16 février 2012 (ZENIT.org) – En Syrie, il faut avant tout « favoriser le dialogue », déclare l'archevêque maronite de Damas, Mgr Samir Nassar, au onzième mois de la crise.
« Nous cherchons tous un peu d'espérance, un peu de lumière dans cette nuit sombre », confie Mgr Nassar, qui fait allusion aux propos de l'éparque d'Alep et président de la Caritas syrienne, Mgr Antoine Audo, qui a invité la communauté internationale à « favoriser le dialogue entre les différentes parties, au lieu d'alimenter l'esprit de vengeance ».
L'évêque confie à « L'Aide à l'Eglise en Détresse » (AED), son inquiétude pour l'avenir des citoyens dont le moral, affirme-t-il, « est au plus bas », au point que les fidèles, devant un avenir si incertain , « se disent adieu à la fin de chaque messe ».
Le soutien psychologique des citoyens fait désormais partie du service pastoral de l'Eglise qui se retrouve à devoir répondre en même temps aux besoins des réfugiés irakiens et à ceux des réfugiés syriens dont la liste ne cesse de s'allonger.
Les violences ont fait, en près d'un an, plus de 6.000 morts, dont des centaines d'enfants, et l'Eglise se sent « impuissante et submergée par les besoins de la communauté qui dépassent largement ses modestes moyens », souligne l'évêque.
« Depuis le rappel des ambassadeurs arabes et occidentaux, explique Mgr Nassar, obtenir un visa est pratiquement impossible : un cauchemar surtout pour les irakiens bloqués à Damas ».
Inflation, pauvreté, forte augmentation du chômage, pénurie d'essence, de gaz et d'électricité, dues à une dévaluation de la monnaie et à l'embargo économique, poursuit-il, ont plongé la population syrienne dans une situation dramatique.
Face à cette situation, l'Eglise s'accroche à ses « valeurs évangéliques » et puise ses forces dans les paroles du pape qui « invite constamment au dialogue et à la non-violence ».
Traduction d'Isabelle Cousturié
Jo.Khoreich
Beyrouth - Liban
L'Orient-Le Jour > Liban > L'Église grecque-catholique plaide pour « le dialogue et la démocratie » en Syrie
LIBAN
L'Église grecque-catholique plaide pour « le dialogue et la démocratie » en Syrie
OLJ. 13/02/2012
Le synode de l'Église grecque-catholique a lancé samedi un appel pressant au dialogue en Syrie, en vue d'« une paix durable fondée sur la démocratie et la liberté ».
Réuni jeudi au siège patriarcal de Raboué, le saint-synode a clôturé ses travaux le 8 février 2012. Le communiqué final annonce que « les pères du synode ont établi leur choix pour les éparchies déclarées vacantes (Tripoli, Alep) et les sièges dont les titulaires ont atteint la limite d'âge canonique. » « La liste des noms sera envoyée au Saint-Siège pour approbation », précise le communiqué.
« Le saint-synode s'est penché sur la situation qui prévaut dans les pays du territoire patriarcal – en particulier en Syrie et en Égypte. Les pères lancent un appel pressant à la conscience des responsables de ces pays comme à celle des opposants pour que le bain de sang cesse et que chacune des parties accepte de recourir au dialogue sous l'égide de la communauté internationale et des pays arabes. Ce dialogue devrait aboutir à une paix durable fondée sur la justice, la démocratie et la liberté », ajoute le communiqué. « Les pères ont salué l'esprit d'ouverture qui a prévalu lors du sommet islamo-chrétien du 7 février à Beyrouth et auquel a pris part le patriarche, Sa Béatitude Grégoire III. Comme ils ont demandé au gouvernement libanais de veiller aux besoins de la population en espérant de chacun des responsables qu'ils sauront aller au-delà de leurs ambitions et de leurs intérêts personnels », poursuit le texte. Et de conclure : « Le saint-synode a apporté tout son soutien aux documents publiés en janvier par al-Azhar sur les libertés : la liberté religieuse et la liberté de conscience. »
Le prochain synode de l'Église grecque-melkite catholique se tiendra à partir du 18 juin 2012 au siège d'été du patriarcat à Aïn-Trez.
Algérie : don du pape pour la basilique Saint-Augustin
A Annaba, tout un symbole pour chrétiens et musulmans
ROME, mercredi 15 février 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI a offert un don personnel pour la rénovation de la basilique Saint-Augustin, construite là où ce Père de l'Eglise enseignait, en Algérie, à Annaba.
La basilique est actuellement en pleine rénovation et la fin des travaux est prévue pour début 2013.
Mgr Paul Desfarges, évêque de Constantine et d'Hippone, explique à Zenit le sens du geste du pape et ce que représente la basilique.
Zenit - Le pape a fait un don pour la rénovation de la basilique Saint-Augustin, à Annaba. Vous l'aviez sollicité personnellement ?
Mgr Paul Desfarges - Oui, la charité des Eglises sœurs et des communautés a été sollicitée. La « Papal Fondation » a fait un don. Mais j'ai aussi sollicité Benoît XVI qui a désiré faire un don personnel. Je sais qu'il a à cœur que la figure de saint Augustin continue d'être connue et vénérée sur les lieux même où saint Augustin fut évêque.
Benoît XVI a une grande "amitié" pour saint Augustin ?
Notre pape fait souvent référence à saint Augustin. Sa pensée théologique est marquée par ses études sur saint Augustin. Vous savez, chacun d'entre nous a l'un ou l'autre saint ou sainte qui devient son ami(e). Je crois que saint Augustin compte parmi les amis de Benoît XVI. Ici, nous appelons parfois les enfants du pays qui s'ouvrent au Mystère de Jésus, « amis de saint Augustin ». Ils ont fait, à leur manière, l'expérience d'Augustin. « Je te cherchais dehors et tu étais dedans, dira Augustin, parlant de sa conversion. » Le pape fait aussi référence à cette expérience centrale d'Augustin.
En quoi cette basilique est-elle un lieu symbolique pour le dialogue entre chrétiens et musulmans ?
Cette basilique est la fierté des gens d'Annaba. Elle a un véritable cachet architectural. L'Algérie veut l'inscrire aux monuments historiques. Les maîtres verriers qui restaurent les vitraux, très endommagés, ne tarissent pas d'éloge sur la qualité de ces vitraux. Mais surtout, la basilique est de plus en plus visitée par des Algériens de toute condition. Ces visiteurs savent bien qu'ils ne viennent pas voir un musée, mais qu'ils entrent dans un lieu de silence et de paix, pour mieux connaître leur ancêtre, Augustin. Ils sont fiers de ce penseur universel, de ce docteur de l'Amour. A travers Augustin, c'est tout le passé chrétien de l'Algérie qui est rendu à son peuple. De plus en plus d'études, de thèses, sont faites en Algérie sur saint Augustin. C'est pourquoi cette basilique est un lieu de dialogue entre chrétiens et musulmans. Les Pères augustins qui animent les offices célébrés à la basilique, assurent une permanence pour l'accueil des visiteurs et des pèlerins. Et juste à côté, une maison des Petites sœurs des pauvres prend soin de personnes âgées, souvent de conditions très modestes. Les gens d'Annaba sont très généreux et aident cette maison à vivre. La colline d'Hippone est une sainte colline.
Cette basilique a à peine plus de 100 ans – elle a été consacrée le 29 mars 1909 – Pourquoi a-t-elle été construite à cet endroit ?
La basilique se trouve sur une colline, au pied de laquelle, à quelques centaines de mètres, se trouve le site archéologique d'Hippo-Regius, nom d'Hippone au temps de saint Augustin. Et au cœur de ce site se trouvent les vestiges de la basilique de la Paix, où saint Augustin annonçait l'Evangile de l'Amour à son peuple. Et, en 1839 je crois, un autre grand ami de saint Augustin, Mgr Antoine Dupuch (premier évêque d'Alger, ndlr) voulut qu'une basilique dédiée à saint Augustin soit édifiée non loin de la basilique ancienne. C'était un signe que la même Eglise de toujours continuait et continue l'aventure de saint Augustin et de l'annonce de la Bonne Nouvelle de l'Amour.
Des organismes français contribuent également à la rénovation ?
Il faut d'abord citer les financements publics algériens, en particulier le soutien important de la Wilaya et de l'Assemblée communale d'Annaba. Il faut ajouter des mécènes privés, algériens, français et d'autres pays d'Europe. Quant à la Région Rhône-Alpes, elle a signé une convention de financement à cause des liens de cette Région avec l'Est algérien. Annaba est jumelée avec Saint-Etienne, Lyon est jumelée avec Sétif, Grenoble est jumelée avec Constantine. Comme la Région Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur) de Marseille avait été sollicitée pour la restauration de la basilique Notre-Dame d'Afrique à Alger, la Région Rhône-Alpes l'a été pour la basilique Saint-Augustin d' Hippone.
Propos recueillis par Anne Kurian
Influence du Christianisme Oriental sur le Christianisme Occidental
L'évangélisation de la Gaule fut l'œuvre, en grande partie, de chrétiens orientaux ; la catéchèse à Lyon fut entreprise par l'évêque Pothin, d'origine smyrniote, et martyrisé, nonagénaire, en 177.
Son successeur Irénée était syrien, également disciple de Saint Polycarpe, comme étaient proche-orientaux les évêques de l'époque, Sophrone à Agde, Trophime et Patrocle à Arles, Aphrodise à Béziers, Eutrope à Orange, Orientalis à Bordeaux.
Du 1er au Ve siècle, dix papes furent orientaux et aux VIIe et VIIIe siècles, six syriens, Théodose (642-649), Jean V (685-6), St Sergius d'Antioche (687-701), Sisinius (708), Constantin (708-715), St Grégoire III (731-41), et huit grecs de 678 à 752. Devant l'afflux de malheureux, les marchands syriens établis sur la voie d'Ostie à Rome imitèrent la coutume de Jérusalem de la « lousma » ou toilette physique et corporelle des pauvres, à laquelle on procédait chaque dimanche ; ces derniers étaient lavés, revêtus d'habits propres et restaurés. Cette imitation orientale de « diaconies » romaines furent confiées à des responsables de groupes qu'on appella « cardinaux » comme le rappelle René Khawam (1).
Enfin le culte des saints inclut des martyrs orientaux ; à Arles sur Tech, près d'Amélie les Bains dans les Pyrénées, l'abbaye Sainte Marie d'Arles abrita, vers 900, les reliques de deux martyrs babyloniens, (249) Saints Abdon (ou Abda) et Sennen ; une eau miraculeuse remplit constamment leur sarcophage, et une procession annuelle, le 30 juillet, attire beaucoup de pèlerins.
voir: exode des chretiens d'orient: http://www.lefigaro.fr/international/20060513.FIG000000946_le_grand_exode_des_chretiens_d_orient.html
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Jeudi 2 février 2012
De l'Empire Ottoman au Printemps Arabe : le problème des minorités religieuses chrétiennes
http://www.chretiensdelamediterranee.com/categorie-11109673.html
Christian Lochon, membre du réseau Chrétiens de la Méditerranée est l'auteur de cet article paru dans bulletin trimestriel de l'Oeuvre d'Orient (octobre, novembre, décembre 2011).
Ayant obtenu leur indépendance entre 1930 et 1947, les Etats du Proche-Orient ont une population très diversifiée. L'Egypte, avant Abdelnasser, avait des ministres coptes et même dirigeant des partis nationalistes (le Wafd) ; l'Irak monarchique offrit des sièges sénatoriaux au Patriarche chaldéen et au Grand Rabbin ; la Syrie eut même un Premier ministre protestant ( Farès el Khoury) ; la Transjordanie devenue Jordanie réserve toujours 10 % des sièges parlementaires aux chrétiens ( 3% de la population). Dans tous ces pays les établissements d'enseignement chrétiens ont toujours une importante proportion d'élèves musulmans ; les hôpitaux et dispensaires chrétiens sont très appréciés. Cette caution d'excellence a naturellement engendré des envieux. Fin 2011, la révolte populaire, portée par les masses arabes, semble essoufflée ; les partis religieux, soutenus financièrement par l'Arabie Saoudite et le Qatar militent pour de prétendus « Droits de Dieu » antithétiques des Droits de l'homme.
A) La Charia, épée de Damoclès des minorités
Elaborée du 9e au 11e siècle, la Législation islamique ou « Charia » a créé un Code de la Famille ou « Statut personnel » qui établit pour l'éternité des rapports inégaux entre hommes et femmes et entre musulmans et non-musulmans.
En 1979, le Royaume saoudien avait fait rédiger par des Ulémas wahabites une Déclaration islamique des droits de l'homme ; les articles y paraissent identiques à ceux du texte onusien, mais à plusieurs endroits sensibles, le texte apporte une clause restrictive ainsi libellée : « si ces droits ne contreviennent pas à la Loi (divine). » Beaucoup, hélas, y contreviennent.
En fait le Statut personnel constitue une accumulation d'inégalités. Le Droit musulman prend ses sources dans le Coran dont on ne peut pas contester ni changer ce qui y est consigné, et dans les recueils de « hadiths », petits textes que le Prophète aurait prononcés et dont beaucoup avaient déjà été remis en cause par les traditionnistes du IXe siècle. Ce corpus, destiné à l'époque à une société bédouine analphabète et inégalitaire, souligne la supériorité de l'homme sur la femme. Bourguiba avait réussi à rétablir une certaine égalité homme/femme ; il ne put cependant autoriser une Tunisienne à se marier avec un non-Musulman.
Les non musulmans sont encore plus marginalisés. Chrétiens et Juifs, « dhimmis », devaient suivre des consignes très strictes pour leurs édifices du culte ou privés. Leur ceinture jaune (sic) les faisait parfois maltraiter ; interdits de fréquenter les hammams, ils ne pouvaient monter à cheval, réservé au musulman, et ne pouvaient pas porter plainte contre un musulman. Une chrétienne mariée à un musulman ne peut encore aujourd'hui hériter de son mari, si elle n'a pas adopté l'islam. Comme un chrétien ne peut pas commander à un musulman, les citoyens chrétiens des pays arabes ne peuvent pas devenir Président de la République (sauf au Liban), Premier Ministre, voire Ministre ; dans l'armée, un chrétien ne peut pas dépasser le grade de général de brigade ; dans l'administration, il est rare de voir (sauf en Syrie) un gouverneur de province chrétien, ou un recteur d'université ou un doyen. En Egypte, aucun Copte n'est admis à se spécialiser en gynécologie. La liste est longue de ce qui est officieusement interdit aux non-musulmans et qui pourtant n'apparaît nulle part dans la Constitution ou le code administratif. Ce qui est plus grave encore, c'est la loi d'apostasie en contradiction avec la liberté d'expression et de pensée. Un musulman sera condamné à mort s'il devient chrétien (Iran, Egypte, Irak, Koweït pour des cas récents).Par contre, il est bien vu qu'un chrétien se fasse musulman (15 000 Coptes passent à l'islam chaque année). Les enfants, devant suivre la religion du père, deviennent obligatoirement musulmans sans l'avoir souhaité. En fait, dans tous les pays arabes, et en Israël aussi d'ailleurs, on naît, se marie, hérite, divorce et meurt dans une incontournable infrastructure confessionnelle. L'état-civil officiel ne fait qu'enregistrer les indications qui sont fournies par les autorités religieuses.. Difficile à admettre dans nos sociétés de droit, cette jurisprudence sacralisée est imposée sans discontinuité depuis plus d'un millénaire ; en 2011, le fait de vouloir la faire évoluer risque de vous faire condamner pour crime d'apostasie. Le conservatisme est tel que, même si des gouvernements démocratiques étaient élus dans les conditions les plus satisfaisantes, à moins d'imposer une exégèse moderne des textes sacralisés, ils ne réussiraient pas à imposer le concept universel des droits de l'homme et de la femme.
B) La protection des chrétiens grâce aux « Capitulations »
Cette chape de plomb qui pesait sur les communautés chrétiennes de l'Empire ottoman fut en partie allégée par les bonnes relations franco-ottomanes.
François 1er, dans sa lutte contre Charles Quint, résolut de s'allier à l'ennemi de la chrétienté, le Sultan ottoman ; de part et d'autre, les avantages n'étaient pas négligeables et ces Capitulations (du latin « Capitulationes » ou chapitre de traité bilatéral) ratifiées en 1535 et constamment renouvelées par tous les régimes politiques français en 1581, 1597, 1604, 1608, 1673, 1740, 1878, accordèrent à la France un pouvoir de protection des Chrétiens occidentaux, puis par extension, celle des Chrétiens orientaux sur tout le territoire ottoman.
Cette concession créa donc pour la France une situation privilégiée dans les domaines politique et économique. Un des plus impérieux devoirs rappelés à chaque ambassadeur nommé à Istanbul, dans les instructions de son départ, était précisément la sauvegarde des minorités chrétiennes dans l'empire ottoman et, lorsqu'il le fallait, il devait reprendre les négociations pour le renouvellement constant de ces Capitulations.. C'est qu'en sus des facilités commerciales, le traité concédait à la France « la protection de la religion catholique dans les Etats du Grand Seigneur ». La mise en place d'une ambassade dans la capitale et de consulats dans les principales villes permit aux représentants de la France de connaître les communautés chrétiennes locales. Le Gouvernement français put faire venir dans les consulats régionaux des chapelains qui s'occuperont, discrètement, des chrétiens ottomans, En 1740, Louis XV obtint le privilège de la protection des chrétiens ottomans qui travaillaient avec des sociétés françaises ; en 1814, Napoléon se vit accorder le statut de nation la plus favorisée au bénéfice de la France ; en 1901, le renouvellement de ces Capitulations, confirmé par l'accord de Constantinople ( 1913), stipulait encore que « les congrégations religieuses, françaises ou non, se voyaient confirmer un certain nombre d'immunités locales et douanières ».
Les Capucins vont s'installer à Alep en 1623, chargés de l'apostolat auprès des Orientaux, puis de 1638 à 1708, à Bagdad, en 1636 à Mossoul où leur hospice se maintiendra ouvert jusqu'en 1724, à Damas en 1637. En 1721, à Bagdad, les Carmes ouvrent une école et un hospice destinés aux 1 200 chrétiens qui y résident. En 1867, ils gèreront une école de filles et une école de garçons encadrées par des religieuses et deux pères français. Les Dominicains italiens se rendront à Mossoul en 1749 et y resteront jusqu'en 1856. Vont leur succéder des Dominicains français, bénéficiant de la création d'un consulat français. Ils y fondent une imprimerie, un séminaire syro-chaldéen (1878), qui deviendra un centre de diffusion de la langue française. En 1880, les Sœurs de la Présentation de Tours assureront l'intendance de cet Etablissement, ainsi que la direction d'une école de filles, d'un orphelinat et d'un dispensaire. Les Franciscains, présents à Jérusalem depuis le XIIIe siècle, s'installent à Alep en 1571.En 1625, les Jésuites s'installent à Alep et, en 1628, ouvrent une école. En 1812, ils s'occuperont du séminaire melkite de Aïn Traz, fonderont des écoles à Beyrouth, Zahlé et aussi à Damas. L'école de Ghazir (Liban), fondée en 1846, devient séminaire en 1863, qui se transformera, en 1881 à Beyrouth, en Université Saint-Joseph, qui joue encore un rôle considérable aujourd'hui dans ce pays. Les Lazaristes remplaceront les Jésuites au collège libanais d'Antoura..
Cette « latinisation », poursuivie bien sûr en arabe, va dynamiser les chrétiens orientaux ; les missionnaires européens formeront une élite intellectuelle dont les héritiers seront partie prenante dans la Renaissance arabe (« Nahda ») du XIXe siècle. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, environ 500 jeunes chrétiens du Proche-Orient furent envoyés à Rome. Cette occidentalisation des cadres orientaux s'accompagna d'une promotion féminine exceptionnelle. Avant l'arrivée des missionnaires, les femmes ne sortaient pas de chez elles. Elles sont alors prises en charge dans des confréries qui leur feront lire des livres de spiritualité, leur enseigneront la couture, des travaux manuels et un sens de la responsabilité tout à fait nouveau. D'autre part, les missionnaires étaient souvent médecins ; les soins dispensés dans le cadre de la communauté rendront les chrétiens plus résistants aux épidémies ; la démographie va changer et les chrétiens auront plus d'enfants qui vivront après les maladies de la petite enfance que les musulmans.
C) Les chrétiens actifs aux XIXe et XXe siècles
Le terme de « Nahda » symbolise l'esprit de réforme dans les domaines culturel, voire religieux, politique des sociétés du Proche-Orient. Les sujets arabophones du Sultan aspirent à une plus grande autonomie. L'influence de la philosophie des Lumières et des acquis de la Révolution française va s'exercer à Istanbul auprès des sultans qui entreprirent de réformer les structures de l'Etat. Mohamed II (1808-39) modernise la fonction publique ; Abdelmajid Ier promulgue le Hatti Charif du 3 novembre 1839 et le Hatti Homayoun du 18 février 1856, lois organiques qui établissent l'égalité des communautés non-musulmanes et musulmanes, et des élections parlementaires. En 1865, les « Nouveaux Ottomans » adoptent les principes de « liberté, égalité, fraternité » dans un contexte coranique. La fulgurante apparition en Egypte de Bonaparte ouvrira auprès de Mohammed Ali et de ses successeurs le désir de collaborer avec la France ; ils accueillent des coopérants français et envoient les cadres se former en France dès 1826 De leur côté, les Libanais revendiquent l'autonomie avec le soutien de la France et ils l'obtiennent en 1862.. En même temps, ils vont jouer un rôle important dans les revendications nationalistes et linguistiques prônant l'utilisation de l'arabe. En juin 1913, un comité de 8 membres, dont 6 Libanais, anime le premier Congrès Arabe à Paris consacré à l'indépendance.
La première guerre mondiale entraînera la chute de l'Empire ottoman. Sous le régime des mandats jusqu'en 1946, les communautés chrétiennes bénéficient de leurs infrastructures scolaires, caritatives, hospitalières et voient leur niveau de vie amélioré ; leurs notables participent à l'administration locale, connaissant les langues des mandataires. La création d'Israël entraîne des coups d'Etat militaires. Mais des partis laïques opposés au nassérisme comme le Baath ou le Parti populaire syrien s'ouvriront aux minoritaires. A partir des années 1970, l'échec des pays arabes dans leur lutte contre Israël, va renforcer les partis religieux, Frères Musulmans et groupes salafistes opposés à une cogestion avec des non-musulmans. Les dirigeants de l'Egypte et de l'Irak se rapprocheront des islamistes, tandis que ceux de Syrie ou de Palestine conserveront leurs cadres chrétiens.
En Egypte, la Constitution proclame l'égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction de langue, race ou religion.. Depuis 1952, les chrétiens sont éliminés de la fonction publique alors qu'en 1910, ils détenaient 45 % des postes. Depuis 1975, des églises sont brûlées dans toute l'Egypte, les paysans coptes se voient chassés de leurs terres. Des massacres ont eu lieu en 2011 dans la capitale, commis par l'armée qui voulait mettre fin à une protestation pacifique.
L'Arabie Saoudite compte un million de chrétiens, arabes ou asiatiques. Il leur est interdit de construire une église ou de se rassembler pour le culte. Plusieurs « prêtres ouvriers » philippins ont été expulsés du pays. Par contre, les Etats du Golfe assurent la liberté de culte aux chrétiens arabes comme le royaume de Bahreïn,. Le Sultanat d'Oman, les Emirats Arabes Unis, qui ont offert, comme le Koweït et le Qatar, des terrains pour construire les églises.
En Irak, des postes de direction dans la fonction publique échurent aux chrétiens lors de la prise de pouvoir par les Baathistes et sous. le régime de Saddam Hussein. La chute de ce régime a entraîné des attentats nombreux contre les églises. Les Chrétiens ne représentent plus que 3% de la population. Clandestins au Liban, en Jordanie, ou en Turquie, ils cherchent à gagner l'Europe, les Etats-Unis ou l'Australie. Beaucoup ont gagné le Kurdistan autonome où des députés et des ministres chrétiens participent au gouvernement.
En Jordanie, le régime royal s'appuie sur les tribus bédouines dont certaines sont chrétiennes. Néanmoins, la montée en puissance des Frères Musulmans, la fragilité géopolitique de la Jordanie, liée par traité avec Israël, risquent de peser dramatiquement sur le maintien de ces privilèges.
Au Liban, la guerre atrocement inutile de 17 ans avait réduit le Liban au rôle d'Etat associé à la Syrie. Les grands leaders chrétiens ont disparu, et, comme l'avait rappelé le Patriarche maronite devant les évêques de France en septembre 2011, les chrétiens doivent, pour subsister, maintenir un équilibre entre leurs compatriotes chiites prosyriens et sunnites prosaoudiens.
En Palestine, 2% de chrétiens sur 3,2 millions d'habitants tentent de survivre. Des villes, comme Bethléem, ont perdu leur majorité chrétienne. La volonté israélienne de « désarabiser » Jérusalem fait paraître l'exil comme seule solution. Sans eux le berceau du Christianisme serit réduit à l'accueil de quelques pèlerins étrangers et de dizaines de milliers de touristes indifférents ?
La Syrie, bouleversée par l'insurrection et la répression, risque de sombrer dans une guerre civile où les minorités, confessionnelles ou ethniques, seront décimées. 3 patriarches résident toujours à Damas, melkite, syriaque et grec-orthodoxe et le pays est couvert de vestiges chrétiens. La situation tend à ressembler à celle de l'Irak.
En Iran, 1990, la fermeture des les librairies chrétiennes, la campagne d'intimidation des chiites convertis au Christianisme, l'interdiction d'imprimer tout livre chrétien en persan, les assassinats de pasteurs anglicans, font craindre le pire à l'ensemble des chrétiens du pays.
La Turquie n'est pas devenue laïque avec Atatürk. Il s'agissait d'une politique de « turquisation », c'est-à-dire « d'islamisation ». Les chrétiens doivent suivre les cours d'instruction religieuse musulmane et n'ont le droit, ni d'ouvrir des écoles ou des dispensaires, ni de nouveaux lieux de culte. La capitale, Ankara, n'a aucune église (elles ont toutes été brûlées en 1923). En 1900, un habitant sur quatre était chrétien. En 1981, 90 000 chrétiens sur 50 millions d'habitants. Aujourd'hui, quelques centaines auxquelles il faut ajouter les réfugiés irakiens en attente de visa.
X X X
Il était nécessaire de rappeler le rôle qu'ont assumé les Chrétiens dans l'évolution ancienne et récente de leur région. Les espoirs qu'ont fait naître les mouvements du Printemps arabe s'estompent en Egypte et ailleurs pour tous les citoyens. La société musulmane soumise aux contraintes du statut personnel, devra faire un immense effort pour le transformer en code sécularisé établissant l'égalité de tous devant la Loi.
Christian Lochon
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