4/4/2013-Les partis chrétiens boycotteront un scrutin basé sur la loi de 1960
Réunis hier à Bkerké sous l'égide du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, les représentants des partis chrétiens ont donné le coup de grâce à la loi de 1960, en refusant désormais de présenter des candidats tant que cette loi électorale est toujours en vigueur. Ils ont d'ailleurs communiqué ce refus au ministre sortant de l'Intérieur, Marwan Charbel, qui s'est rendu à Bkerké à l'issue de la réunion.
Les représentants des partis chrétiens ont également « suspendu » leur soutien au projet du Rassemblement dit orthodoxe, qui bénéficiait de leur appui, le temps d'essayer de mettre au point une formule ayant l'aval de toutes les parties au plan national.
« Les participants à la réunion ont convenu de ne présenter aucun candidat aux prochaines législatives si elles sont organisées sur base de la loi électorale de 1960, parce que cette loi consacre l'injustice à l'encontre des chrétiens, ce qui a déjà été rejeté par la majorité des composantes libanaises », note le communiqué publié à l'issue de la réunion. « Ils ont également demandé au ministre de l'Intérieur de cesser d'accepter les candidatures sur base de cette loi », précise le communiqué.
« Les participants à la réunion se sont également entendus sur un délai bien déterminé pour plancher sur une loi électorale consensuelle garantissant la saine représentation, l'équité et la parité pour toutes les composantes », poursuit le communiqué, ainsi que sur le fait de « suspendre la proposition du Rassemblement orthodoxe jusqu'à la fin de ce délai ».
« Les participants ont enfin souligné la nécessité de tenir les législatives dans les délais ou avec un léger report technique si nécessaire, sur base d'une nouvelle loi électorale », conclut le communiqué.
(Lire aussi : Les évêques maronites tirent la sonnette d'alarme et réclament la neutralité du Liban)
Selon des sources politiques informées, les formations chrétiennes se seraient également engagées à convaincre leurs alliés respectifs de ne pas présenter de candidats sur base de la loi de 1960. D'autant, disent-elles, que toutes les parties sont désormais proches de s'entendre sur un nouveau projet de loi, probablement mixte. Elles se donneraient un mois comme délai pour cela.
Des sources proches de Baabda ont fait part, de leur côté, du « mécontentement » du président de la République face à cette décision, qui pourrait remettre en question le sort des législatives si une nouvelle loi n'est pas élaborée, sans compter le fait que la légalité d'un gel des dépôts de candidatures peut sérieusement être mise en doute. Une délégation formée des évêques Sayyah et Mazloum se rendra d'ailleurs aujourd'hui chez le chef de l'État pour le tenir au courant des décisions de la réunion.
Selon la LBCI, le ministre Charbel a pour sa part indiqué qu'il adressera sous peu une lettre au président de la République Michel Sleiman, au Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati et au président de la Chambre Nabih Berry pour leur annoncer le report des élections législatives prévues en juin. M. Charbel a fait part de ses intentions aux responsables politiques chrétiens qui étaient réunis à Bkerké, selon la chaîne. Cependant, le ministre sortant a fait paraître un communiqué pour démentir l'information selon laquelle il aurait demandé un délai de 48 heures pour trouver une formule juridique permettant de geler le dépôt des candidatures.
Reportage
Les Hamzo de Zahlé, déçus par les politiciens mais attachés au Liban
Analyse
Un œil sur la Syrie, l'autre sur les législatives, l'éclairage de Scarlett Haddad
Repère
Loi électorale : petit guide à l'usage de l'électeur libanais perplexe
Envoyé de mon iPad jtk