« NOUS CONTINUONS AVEC DÉTERMINATION NOTRE ACTION EN FAVEUR DES DÉPLACÉS »
Les maristes d'Alep ont fait parvenir à La Croix une neuvième lettre décrivant la situation dans cette ville du nord-ouest de la Syrie où « résignation et lassitude résument assez bien l'état d'esprit actuel des habitants », affirment les religieux.
Selon eux, les Alépins se sont résignés à voir leur ville coupée en deux parties avec l'afflux de centaines de milliers de déplacés qui ont envahi les zones « sûres », sans se lamenter. « Et le flux continue : des petites camionnettes pleines de gens et quelques meubles et matelas circulent dans les rues à la recherche d'un abri », racontent-ils.
Ils décrivent également « le bruit assourdissant des rafales de mitrailleuses et des tirs de canons », « la menace d'obus de mortier qui tombent n'importe où », les « tirs de snippers qui tuent n'importe qui », les « voitures piégées qui explosent n'importe quand », les « kidnappings qui ont lieu quotidiennement ».
Les religieux constatent aussi la pauvreté due à une économie « complètement ruinée », « les usines démantelées et volées et les commerces brûlés ».
Les Alépins, continuent-ils « sont las de ne pas apercevoir un brin de solution à des événements qui durent en Syrie depuis deux ans (15 mars 2011) et à Alep depuis huit mois (23 juillet 2012), las de voir la Syrie, nommée "berceau de la civilisation" par la communauté internationale et Alep, la plus ancienne ville toujours habitée du monde, détruites, leurs trésors archéologiques volés, leur tissu social effiloché, la sécurité, qui y régnait et que les autres nous enviaient, disparue, et la coexistence entre les différentes communautés du pays et la tolérance remplacées par un fanatisme religieux importé. »
Ils décrivent aussi des habitants « las de devoir démentir tous les mensonges colportés par les médias étrangers » et « las de voir les grandes puissances proposer une solution négociée entre les deux parties tout en récusant l'une d'elle et de décider d'armer une partie en "armes défensives et non-létales" comme si ces dernières pouvaient exister ».
« Malgré ce contexte assez sombre, nous, "les maristes Bleus" continuons avec détermination notre action en faveur des déplacés qui logent dans les trois écoles de Cheikh Maksoud, expliquent-ils. Nous y allons quotidiennement passer la journée avec eux pour accompagner les mères, divertir, éduquer et instruire les enfants, distribuer les denrées pour le petit déjeuner et le souper, apporter chaque jour un repas chaud à midi, soigner les malades, nous occuper de l'hygiène et de l'état sanitaire, sans oublier le lait pour les enfants et les nourrissons ainsi que les couches. »
« Nous croyons en l'espérance chrétienne, sans quoi, la foi n'est que paroles »
Ils fournissent aussi quotidiennement le repas de midi aux déplacés dont ils ont la charge (fourni gratuitement par une association caritative musulmane) et continuent à offrir un panier alimentaire mensuel aux 300 familles chrétiennes du quartier de Cheikh-Maksoud qui sont sans ressources à cause des événements.
Les maristes ont également été à l'origine de rencontres régulières entre les 13 associations caritatives qui portent secours aux chrétiens démunis d'Alep.
« Nos bénévoles continuent leur engagement avec nous malgré qu'il soit devenu de plus en plus périlleux d'aller à Cheikh Maksoud, les accès sont parfois bloqués, des obus y tombent souvent et des snippers font parfois des victimes », affirment-ils, se disant « émerveillés par ce réseau de solidarité qui s'est tissé autour de nous tant au niveau local que national ou international ».
« Nous ne pouvons assez remercier tous ceux qui, par des pensées, des messages ou des dons nous ont manifesté leur amitié, leur solidarité et leur amour », concluent-ils en soulignant « que nous croyons en l'espérance chrétienne, sans quoi, la foi n'est que paroles et la charité n'est qu'aumône »
Envoyé de mon iPad jtk
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