Maintenant, une lutte pour "reconstruire"
Anita Bourdin
ROME, 10 octobre 2014 (Zenit.org) - La lutte pour la vie et la famille est une lutte pour "construire" et "reconstruire", explique Jocelyn Khoueiry, experte au synode sur la famille, et qui a participé au breifing de la mi-journée au Vatican. Elle est membre de la Commission épiscopale libanaise pour la famille et la vie.
"Nous avions lutté dans le passé pour sauvegarder notre souveraineté et notre territoire", explique-t-elle.
Mais la lutte actuelle est une lutte "pour reconstruire", une lutte pour "l'identité culturelle", "les valeurs", "pour ce que nous sommes et ce que nous rêvons d'être", pour "ce monde auquel nous aspirons".
C'est une lutte "continue" et "pour le monde entier": la bataille n'est pas "perdue", mais il faut encore "combattre, là où je suis maintenant".
Jocelyn Khoueiry a raconté sa voction à lutter pour la vie dans le livre de Nathalie Duplan et Valérie Raulin "Le Cèdre et la Croix : Jocelyne Khoueiry, une femme de combats", dont elle avait raconté la substance à Zenit: "un pan d'histoire du Liban, un visage de femme".
Elle avait aussi confié ses espérances à l'occasion de sa participation au synode sur le Moyen Orient, en 2012, dans un entretien avec Robert Cheaib. Elle avait tiré le signal d'alarme dans son intervention sur la défense de la vie.
Comment empêcher la disparition des Chrétiens d'Orient ?
Le Pape François avait de nouveau appelé jeudi dernier la communauté internationale à réagir face aux drames des Chrétiens d'Orient. En 1950, 15 à 20% de la population du Moyen-Orient était des Chrétiens, ils sont aujourd'hui plus que 6 à 8%, et on peut craindre que demain, ils ne soient que 3 à 4%. Que faire pour les Chrétiens d'Orient ? Le débat est incessant.
Pour aborder ce sujet, Alexandre Meyer recevait Monseigneur Paul Matar, archevêque maronite de Beyrouth, Ahmed Ogras, vice-président du Conseil Français du Culte Musulman, Amélie de la Hougue, responsable du service information de l'Aide à l'Eglise en détresse, et Antoine Assaf, philosophe. Les intervenants étaient loin d'être d'accord sur les actions à mener pour aider les Chrétiens d'Orient.
En 1950, 15 à 20% de la population du Moyen-Orient était des Chrétiens, ils sont aujourd'hui plus que 6 à 8%, et on peut craindre que demain, ils ne soient que 3 à 4%. Il y avait 1.5 millions de fidèles en Irak il y a 12 ans, ils ne sont plus que 400 000 aujourd'hui, essentiellement réfugiés au Kurdistan, dont ils sont chassés aujourd'hui par Daech.
L'Aide à l'Eglise en Détresse se mobilise depuis de nombreuses années pour aider les Chrétiens d'Orient, et encore plus aujourd'hui. Outre une intervention d'urgence pour la Syrie et l'Irak, que ce soit des médicaments, de la nourriture, de l'eau, pour Amélie de la Hougue, une réflexion doit s'engager à plus long terme. Faut-il vider les écoles des réfugiés pour permettre aux enfants de reprendre leur scolarité ? Comment continuer de célébrer la messe dans des églises qui accueillent près de 120 000 réfugiés irakiens ? Touts les enjeux sont là pour l'AED.
Pour Monseigneur Matar, le problème ne peut pas être résolu par la guerre et par la force. L'intervention de puissances étrangères et chrétiennes pourrait réveiller d'anciennes tensions, rappelant le colonialisme et l'impérialisme imposé au Moyen-Orient jusqu'au siècle dernier. Monseigner Matar croit qu'il est nécessaire de créer un nouvel esprit, de rapprocher sunites et chiites, de créer la concorde des esprits et de rétablir une philosophie de l'acceptation de l'autre. Le monde musulman est face à un défi, et doit lui-même combattre ce phénomène qui n'a rien à voir avec l'islam.
Ahmet Ogras partage cet avis et refuse l'idée de devoir aller "sauver l'islam". Les musulmans doivent se défendre tout seul et faire face à ces jihadistes qu'il qualifie de "virus".
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Le mouvement terroriste Daech est contre-nature, contre les valeurs de l'islam. Mais selon lui, la communauté musulmane ne s'exprime pas assez face à ce phénomène. L'Appel des Musulmans de France, auquel a participé le Conseil Français du Culte Musulman, est un premier pas.
Mais Monseigneur Matar appelle à ne pas rester les bras croisés. Les Nations-Unies ne remplissent pas leur rôle dans ce drame au Moyen-Orient:
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L'appel est donc lancé aux Nations-Unies et au monde musulman, pour venir en aide aux Chrétiens d'Orient et rétablir la situation au Moyen-Orient.
Vous pouvez réécouter l'intégralité du Débat du Soir "Que faire pour les Chrétiens d'Orient" ?"