Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

vendredi 6 novembre 2015

/LIBAN - Assemblée des Evêques maronites

Début du message transféré :

Expéditeur: Fides News Fr <fidesnews-fr@fides.org>
Date: 6 novembre 2015 14:00:35 UTC+2

ASIE/LIBAN - Assemblée des Evêques maronites

Beyrouth (Agence Fides) – La perspective – depuis longtemps envisagée – d'un démembrement sur base sectaire de la Syrie préoccupe les Evêques maronites, qui proposent de prendre en considération le modèle institutionnel libanais pour tenter de neutraliser les poussées centrifuges sectaires qui alimentent le conflit syrien, risquant de déchirer le pays. Telles sont les clefs de lecture de la crise syrienne ayant émergé de l'Assemblée des Evêques maronites, qui s'est réunie hier au siège patriarcal de Bkerkè, pour sa rencontre périodique, sous la présidence du Patriarche d'Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Boutros Bechara Rai.
« Les rumeurs concernant les hypothèses d'une nouvelle carte de la Syrie – peut-on lire dans le communiqué final de la rencontre parvenu à l'Agence Fides – ne laissent présager rien de bon quant à l'avenir de la paix dans la région. La solution proposée n'est pas bonne ». De leur côté, les Evêques suggèrent que les négociateurs engagés dans la recherche d'une solution au conflit syrien prennent en considération l'expérience historique de coexistence vécue au Liban, qui, malgré toutes ses limites, ses crises et ses contradictions, a permis à toutes les communautés religieuses d'être impliquées dans la gestion de la chose publique. Seule la recherche de systèmes institutionnels capables de garantir un équilibre entre les différentes réalités ethniques et religieuses – affirment les Evêques maronites – pourra sauver l'ensemble de la région de la perspective usante d'un conflit permanent et généralisé.
Dans leur communiqué, les Evêques réaffirment également leur soutien plein et entier à l'armée et à toutes les forces de sécurité libanaises, joignant de nouveau leur voix à celle du Patriarche qui a lancé d'innombrables appels à sortir de l'impasse politique s'étant créée autour de l'élection du nouveau Chef de l'Etat. (GV) (Agence Fides 06/11/2015)

EGYPTE - Déclaration finale du Comité exécutif du Conseil des églises chrétiennes du Proche-Orient

Début du message transféré :

Expéditeur: Fides News Fr <fidesnews-fr@fides.org>
Date: 6 novembre 2015 14:00:35 UTC+2
AFRIQUE/EGYPTE - Déclaration finale du Comité exécutif du Conseil des églises chrétiennes du Proche-Orient

Le Caire (Agence Fides) – Le chemin en vue de la promotion de l'unité des chrétiens comporte également l'adoption de mesures concrètes comme l'unification de la date de la célébration de Pâques. C'est le point programmatique important contenu dans la déclaration finale du Comité exécutif du Conseil des églises chrétiennes du Proche-Orient qui a achevé ses travaux au travers d'un moment de prière en l'église de Mar Girgis, faubourg d'Héliopolis.
A la réunion de travail, qui a eu lieu au centre copte Saint Marc, dans le district de Nasr City, ont pris part des membres éminents des Eglises du Proche-Orient dont le Patriarche d'Antioche des syro-catholiques, S.B. Ignace Youssef III Younan, le Patriarche copte orthodoxe, Tawadros II, le Catholicos de la Grande Maison de Cilicie des Arméniens, Aram I, et le Patriarche grec orthodoxe de Jérusalem, Théophile III. Le niveau des délégations présentes à la rencontre laisse penser que, sur le thème de l'unification de la date de la célébration de Pâques se fait progressivement un consensus entre les différentes Eglises et communautés chrétiennes présentes au Proche-Orient.
Dans la déclaration conclusive de la rencontre, parvenue à l'Agence Fides, sont énumérées les plaies qui affligent tant de communautés chrétiennes locales au Proche-Orient, aux prises non seulement avec les conflits armés en cours dans différents pays mais également avec des attaques ciblées, des persécutions et des enlèvements, souvent perpétrés dans l'indifférence générale des responsables politiques. Dans le document, les chefs des Eglises du Proche-Orient rappellent l'urgence de continuer à approfondir le dialogue entre les chrétiens et les musulmans, qualifié de « pilier fondamental » de la coexistence entre les chrétiens du Proche-Orient et leurs compatriotes musulmans.
A propos des situations d'urgence politique qui affligent la scène régionale, la déclaration rappelle également la paralysie politique en cours au Liban, où notamment l'opposition entre les partis chrétiens empêche de trouver un accord pour élire le nouveau Président de la République. Dans le texte, les Patriarches et autres représentants chrétiens présents à la rencontre expriment également leur gratitude au Pape François pour la sollicitude pastorale démontrée par l'Evêque de Rome envers les souffrances des chrétiens d'Orient. (GV) (Agence Fides 06/11/2015)

jeudi 5 novembre 2015

IRAQ - Chrétiens eux aussi mobilisés à Erbil contre la loi sur l’islamisation des mineurs

Début du message transféré :

Expéditeur: Fides News Fr <fidesnews-fr@fides.org>
Date: 5 novembre 2015 13:51:58 UTC+2
ASIE/IRAQ - Chrétiens eux aussi mobilisés à Erbil contre la loi sur l'islamisation des mineurs

Erbil (Agence Fides) – Des centaines de membres non islamiques de la société irakienne ont irakienne qui dispose le passage automatique à la religion islamique des mineurs même lorsque seul l'un des parents se convertit à l'islam. La mobilisation a vu converger des militants de différents partis et mouvements politiques, des représentants d'organisations de la société civile et des groupes de chrétiens, de yézidis, de mandéens et de sabéens.
Selon ce qu'indique le site Internet irakien ankawa.com, une délégation de manifestants a été reçue par les fonctionnaires de l'ONU, auxquels a été remis un mémorandum dans lequel est documenté le caractère anticonstitutionnel de la loi en question. Les fonctionnaires de l'ONU ont, de leur côté, promis d'exercer des pressions sur le parlement irakien afin de chercher à obtenir une modification de la loi en question.
Le 27 octobre dernier (voir Fides 28/10/2015), le parlement irakien avait rejeté à une vaste majorité la proposition visant à modifier la loi avancée par les représentants chrétiens et soutenue par des parlementaires appartenant à des coalitions diverses. Cette proposition demandait d'ajouter au paragraphe de la loi concernant les mineurs une phrase permettant d'établir qu'en cas de conversion à l'islam de l'un des parents, les mineurs demeurent dans la religion originaire d'appartenance jusqu'à leurs 18 ans, pour choisir ensuite la religion à laquelle ils veulent appartenir en pleine liberté de conscience. (GV) (Agence Fides 05/11/2015)

mardi 3 novembre 2015

Chaldéens : la tragédie des réfugiés du Moyen-Orient | ZENIT - Le monde vu de Rome

Chaldéens : la tragédie des réfugiés du Moyen-Orient | ZENIT - Le monde vu de Rome

Chaldéens : la tragédie des réfugiés du Moyen-Orient

Message du synode de l'Église chaldéenne

Rome, (ZENIT.org) Marina Droujinina | 156 clics

Le patriarche de l'Église chaldéenne Louis Raphaël Ier Sako salue le travail des évêques et des prêtres dans la sensibilisation du public face à la tragédie des réfugiés et des migrants en Syrie.

Il remercie le clergé dans le document final du synode de l'Église chaldéenne qui a terminé son travail le 29 octobre à Rome.

Le message final du synode chaldéen constate la « détérioration » de la sécurité en Irak et au Moyen-Orient, en particulier en Syrie. Il souligne la nécessité de continuer le travail pour fournir de l'aide « matérielle et morale » aux réfugiés et aux migrants, forcés de fuir leurs maisons à cause de la violence et des attaques de Daesh.

Dans ce contexte, le patriarche Louis Raphaël Ier Sako a remercié tous « ceux qui avaient fourni de l'assistance à ce jour ».

Le message aborde également la question de l'unité et de la réconciliation au sein de l'Église chaldéenne. Les Pères synodaux espèrent qu'à l'avenir, des prêtres et des moines ne quitteront plus leurs diocèses et leurs monastères en Irak, sans l'autorisation de leurs supérieurs, pour s'installer dans les pays occidentaux où se trouve la diaspora chaldéenne.

Le synode chaldéen souhaite également un renforcement de la présence des laïcs dans la vie de l'Église chaldéenne et souligne le principe de la « transparence financière » dans la gestion de chaque diocèse. Un « système uniforme » pour tous les diocèses chaldéens dans le monde sera préparé sous la direction des évêques Sarhad Jammu et Michel Kassarji.

Le patriarche et les évêques ont mis en place un comité pour l'octroi de bourses, ils encouragent le repos sabbatique pour approfondir les études et la prière, ainsi que d'autres activités telles que l'étude d'une langue étrangère.

Le synode chaldéen demande en outre de ne pas publier d'articles et de textes apportant de la « confusion » mais d'encourager les ouvrages sur « la propagation de la foi et de la conscience morale ».

Enfin, les évêques font appel au soutien de la Ligue chaldéenne, instrument de l'action politique et sociale des chrétiens dans leurs terres natales.

Le synode de l'Église chaldéenne qui s'est déroulé du 24 au 29 octobre à Rome avait d'abord été convoqué pour le 22 septembre dernier à Ankawa, un quartier chrétien d'Erbil, dans le Kurdistan irakien, où sont accueillies de nombreuses personnes qui ont fui la plaine de Ninive face à l'avancée des djihadistes. L'assemblée synodale a ensuite été reportée à Rome où sa nouvelle convocation a rendu plus facile le voyage pour les évêques provenant des États-Unis, du Canada et d'Australie.

L'Église chaldéenne connaît une période de difficulté exacerbée par la guerre qui a ravagé la Syrie et l'Irak, pays où vivent la plupart des fidèles. La violence et les conflits ont favorisé la fuite à l'étranger, un exode qui a réduit de moitié la population chrétienne dans la région.



Jtk

Synode de l'Église syro-catholique : nouvel appel à la paixRadio Vatican

Synode de l'Église syro-catholique : nouvel appel à la paixRadio Vatican

Synode de l'Église syro-catholique : nouvel appel à la paix

Le patriarche Ignace Youssef Younan, ici au Vatican en décembre dernier avec le Pape François - EPA

(RV) Le synode de l'Église syro-catholique s'est tenu à Harissa au Liban ces derniers jours, l'occasion pour les évêques présents de lancer un nouvel appel à la paix en Syrie et en Irak, et plus largement de revenir sur les différentes crises qui touchent le Proche et Moyen Orient.

Réunis sous la présidence du patriarche Ignace Youssef Younan, les participants à ce synode ont dénoncé une nouvelle fois la « barbarie » des membres de l'État islamique, condamnant en particulier les destructions et la profanation de tombes chrétiennes ou la transformation d'églises en mosquées.

Dans leur document final, les évêques syro-catholiques se réjouissent en revanche de la libération récente du père Jacques Mourad, qui a pu retourner auprès de son peuple après 4 mois passés aux mains de ses ravisseurs, dans le Nord-Est de la Syrie, mais demandent que soient relâchés toux ceux qui sont encore otages des djihadistes, en particulier les deux évêques orthodoxes d'Alep enlevés au mois d'avril 2013.

Le document final du synode est aussi un appel à la responsabilité des leaders politiques, en particulier en Irak, pour que les liens entre les différentes communautés du pays soient traités « à travers le dialogue et la compréhension », mais aussi aux Nations Unies pour que les chrétiens, une fois revenus sur leurs terres, puissent y vivre en sécurité et retrouver leurs biens.

Les évêques syro-catholiques font enfin part de leurs prières pour que tout effort soit entrepris afin de trouver une issue au conflit israélo-palestinien. Sur la crise politique libanaise, les membres du synode appellent enfin les responsables politiques à prendre des « initiatives sérieuses » afin de permettre l'élection d'un président. Le pays est en effet sans chef d'État depuis plus d'un an.

(OB-AG)



Jtk

Actualités- patriarche maronite


Début du message transféré :

Expéditeur: Google Alerts <googlealerts-noreply@google.com>
Date: 2 novembre 2015 16:01:10 UTC+2


... 18 mois, et par conséquent le chômage du Parlement et la paralysie de l'action gouvernementale » a été dénoncée hier par le patriarche maronite, ...
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Le patriarche maronite, Béchara Boutros Rahi, a indiqué dimanche que ... Le patriarche a déploré la conjoncture 

lundi 2 novembre 2015

le destin incertain des assyriens

http://religion.info/french/entretiens/article_670.shtml#.Vjc54tIrI_4


french:Entretiens
Proche-Orient: le destin incertain des assyriens, chrétiens oubliés entre État Islamique et nationalisme kurde - Entretien avec Christine Chaillot




Les événements survenus ces dernières années au Proche-Orient ont placé sur l'avant-scène de l'actualité plusieurs minorités. Mais dans les turbulences qui agitent la région, certains groupes n'attirent guère l'attention. Dans la seconde partie de cet article, Christine Chaillot répond à nos questions et évoque le sort des chrétiens assyriens. 

Se confondant presque avec le rocailleux paysage environnant, le célèbre monastère fondé par un moine assyrien Rabban Hormizd au 7e siècle, aujourd'hui monastère chaldéen catholique (© 2015 Christine Chaillot).


Dans son édition du 26 octobre 2015, le quotidien arabophone Al-Akbar a publié un article de Jean Aziz sur la situation des chrétiens dans le nord-est de la Syrie, placés dans une situation difficile, entre Kurdes et État Islamique. Une traduction de cet article en anglais nous a été fournie par l'utile service de presseMideastWire, que Religioscope recommande à toutes les personnes souhaitant suivre de près l'actualité du Proche-Orient telle qu'elle est relatée par la presse de cette région.

Comme on le sait, l'actuelle situation chaotique en Syrie est mise à profit par une partie des Kurdes pour essayer de constituer en petit État territorialement cohérent: ce qu'ils considèrent être le Kurdistan syrien, au nord-est de la Syrie. Les Kurdes sont ainsi présents à Hassaké et à Kameshli (ou encore Kamishli ou Qamishli, où ils se retrouvent aux côtés de populations chrétiennes et arabes musulmanes. Selon Jean Aziz, si les Kurdes considèrent ces deux villes comme le cœur du Kurdistan syrien, ils ne sont pas dominants démographiquement dans cette région du gouvernorat de Hassaké, à la différence des villes de Kobani et Afrin (nom arabe local, Efrin en kurde), situées géographiquement dans le gouvernorat d'Alep, également au nord de la Syrie.

Dans le gouvernorat de Hassaké, les Kurdes représenteraient environ 20% de la population, tandis que les chrétiens, répartis entre différents groupes (chrétiens assyriens, syriaques et autres), constitueraient environ 15 % de la population, selon Aziz, et sans doute moins dans la réalité actuelle.

En effet, des équilibres démographiques sont en train de changer à la faveur du conflit: un nombre important de chrétiens n'ont trouvé leur salut que dans la fuite, tandis que la part des Kurdes déplacés eux-mêmes depuis d'autres zones augmente.

Carte de la région (sélection à partir de Google Maps, mise à disposition dans la section cartographique du site Assyrian Information).


Les Kurdes ont un avantage supplémentaire: leur équipement militaire et le financement qu'ils reçoivent depuis le Kurdistan irakien et d'ailleurs. Les chrétiens, en revanche, se trouvent dans une situation d'assiégés, de déplacés ou d'exilés et n'ont guère de contacts avec l'extérieur ni d'appuis leur permettant de se défendre efficacement.

Selon l'article d'Aziz, les autorités kurdes tentent d'imposer aux populations chrétiennes un service militaire obligatoire dans leurs troupes. Les chrétiens sont réservés, car ils soupçonnent des chefs kurdes de tourner les yeux d'un autre côté quand des villages chrétiens sont attaqués par l'État Islamique.

Dans la guerre de propagande qui fait rage au Proche-Orient, il est difficile d'y voir clair. Afin d'en savoir plus, Religioscope a interrogé Christine Chaillot, une citoyenne suisse qui prête attention depuis plusieurs décennies aux différentes communautés chrétiennes orientales historiques et a écrit plusieurs ouvrages documentaires à ce sujet. Elle s'est rendue en septembre 2015 dans le Gouvernement régional du Kurdistan (selon l'appellation officielle irakienne), ou Kurdistan irakien (selon les Kurdes), pour y rencontrer des communautés chrétiennes.

Religioscope - Outre les chrétiens dits «syriaques», c'est-à-dire l'Église en communion avec les autres communautés «préchalcédoniennes» (arméniennes, coptes, éthiopiennes, érythréennes), l'article mentionne aussi des chrétiens «assyriens». Qui sont-ils?

Christine Chaillot - Dans les montagnes du Hakkari, qui se trouvent entre la région du lac de Van (aujourd'hui en Turquie du Sud-est) et le nord de l'Irak, se situait le patriarcat des chrétiens de l'Église assyrienne d'Orient, dite aussi nestorienne, mais cette appellation est comprise négativement de nos jours.

Cette Église apostolique et extraordinairement missionnaire évangélisa jusqu'en Inde, en Chine et en Mongolie. Cet élan s'interrompit au 14e siècle, lorsque Tamerlan les obligea à se réfugier dans les montagnes difficilement accessibles du Hakkari où leur patriarche s'installa à Kotchanes, à environ 20 km de la ville de Hakkari, le chef-lieu (entre Van et Erbil). Là, au cours des siècles, les relations entre Kurdes et Assyriens chrétiens n'ont pas toujours été faciles.

Religioscope - Pourquoi se sont-ils notamment installés dans le nord-est de la Syrie actuelle, revendiqué par les Kurdes comme «Kurdistan syrien»?

Christine Chaillot - Au cours du génocide de 1915, ce ne furent pas seulement les chrétiens arméniens qui se trouvèrent déportés et massacrés, mais aussi les chrétiens de langue syriaque, dont les Assyriens. De la région montagneuse du Hakkari, ils s'enfuirent à l'est, en Perse (aujourd'hui Iran), en particulier dans la ville d'Ourmia. Là, ils furent à nouveau massacrés et ceux qui purent échapper vinrent se réfugier en Irak, alors sous mandat britannique. À la fin de la Première Guerre mondiale, plus de la moitié de la population assyrienne avait été massacrée - par des Ottomans turcs et aussi des Kurdes.

En 1933, certains chrétiens assyriens décidèrent d'aller s'établir près de la ville de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, pays alors sous mandat français. Certains furent alors massacrés sur ordre du gouvernement irakien à Simele, à quelques kilomètres de Duhok. Cette vague meurtrière atteignit 63 autres villages assyriens dans les régions de Duhok et de Mossoul, et conduisit à la mort d'environ 3 000 villageois assyriens.

Finalement, ceux qui réussirent à s'établir dans des villages le long de la rivière Khabour, au sud de la ville de Hassaké, pensaient vivre tranquilles et oubliés, car loin de tout, dans leurs 35 villages.

Religioscope - Mais une fois de plus, les turbulences historiques de la région les ont rattrapés...

Christine Chaillot - Oui, au moment où Daech installa sa capitale à Rakka, pas très loin, et s'empara des territoires environnants. Le 23 février 2015, Daech kidnappa un groupe de 253 chrétiens assyriens. Le 23 septembre 2015, ils en exécutèrent trois, comme le montre une vidéo libanaise (voir aussihttp://www.aina.org/news/20151008022445.htm) et menacent d'en exécuter davantage s'ils ne reçoivent pas une rançon exorbitante.

De tout cela, les médias occidentaux n'ont presque pas parlé: pourquoi? Parce qu'il s'agit d'une toute petite communauté chrétienne, qui n'est soutenue par personne de puissant? Et alors? Comme l'a écrit Claire Weibel Yacoub dans son livre Le rêve brisé des Assyro-Chaldéens. L'introuvable autonomie (Paris, 2011, p. 285), la question est celle de la place des faibles dans l'histoire. Pour l'Irak, quand on parle des chrétiens on parle surtout des catholiques chaldéens, très majoritaires il est vrai, et qui disposent de contacts nombreux et bien placés, y compris dans les médias. Mais les chrétiens assyriens sont oubliés et n'ont malheureusement pas de porte-parole international.

Rappelons au passage que les chaldéens sont des assyriens devenus catholiques, principalement depuis la fin du XIXe siècle (suite à la nomination du patriarche chaldéen Joseph VI Audo en 1848), qui jouissent jusqu'à présent du puissant soutien du Vatican et de contacts diplomatiques au plus haut niveau. Sous l'Empire ottoman, les chaldéens ont été soutenus par la France qui appuyait les communautés chrétiennes catholiques au Moyen-Orient.

Il faut surtout souligner ici le fait que, le 27 septembre 2015, le nouveau patriarche de l'Église assyrienne d'Orient, Mar Gewargis III Sliwa, a été consacré à Erbil, où est à présent rétabli le nouveau siège de l'Église d'Orient, exilé à Chicago depuis 1940. Cette décision très courageuse a été prise pour que le patriarche assyrien se trouve à nouveau proche de ses fidèles en Irak et pour les soutenir dans des circonstances politiques difficiles et souvent dangereuses.

Le nouveau patriarche de l'Eglise d'Orient, Mar Gewargis, le jour de la consécration à Erbil, le 27 septembre 2015 (© 2015 Christine Chaillot).


Rappelons que l'Église d'Orient est la première Église locale (et «nationale», dirait-on aujourd'hui) de l'Irak actuel: c'est une Église apostolique (sa dénomination officielle est d'ailleurs «L'Église apostolique assyrienne de l'Orient»), dont le premier siège fut à Séleucie-Ctésiphon (près de Bagdad), puis déplacé à Bagdad, Mossoul et ailleurs selon les aléas de l'histoire. Leur célèbremonastère fondé par le moine Hormizd au 7e siècle a été la résidence des patriarches assyriens du 16e au 18e siècle; puis il est passé sous juridiction chaldéenne catholique.

Religioscope - Si les chrétiens de la région se montrent prudents, c'est aussi en raison du souvenir historique de l'hostilité de populations kurdes envers eux...

Christine Chaillot - En effet. Durant le génocide de 1915, certains Kurdes ont participé aux massacres de nombreux chrétiens dans la région et aussi en Perse nord-occidentale (près d'Ourmiah, Iran actuel). En 2015, alors que de nombreux articles et manifestations et conférences ont eu lieu à travers le monde pour commémorer le génocide de 1915, qui a touché non seulement les Arméniens mais aussi au moins un tiers des chrétiens de tradition et langue syriaques, presque aucun média ne l'a rappelé. En 1933, suite aux massacres des Assyriens par des soldats irakiens à Simele et alentours, certains Kurdes vinrent ensuite piller les villages. Les médias chantent l'héroïsme des Kurdes, en particulier depuis l'été 2014. Mais les descendants de ces chrétiens n'ont pas oublié l'histoire. Il s'agit en effet de leur propre histoire, qui est un véritable cercle infernal.

Religioscope - Que peut-on dire au sujet des tentatives d'extension du contrôle territorial entrepris par des groupes kurdes, selon l'article de Jean Aziz?

Christine Chaillot - Les Kurdes essaient depuis des décennies d'agrandir «leur» territoire, dans l'attente de la reconnaissance irakienne et internationale de leur futur Kurdistan indépendant. C'est sans doute ce qui les a aussi poussés à attaquer Daech pour reprendre des villages chrétiens à leurs frontières, au nord de l'Irak: pas tant pour aider les chrétiens que pour se préparer une part du gâteau aussi grande que possible lorsque viendra le moment de finaliser les frontières de leur futur Kurdistan qui, ils l'espèrent, pourrait alors inclure des territoires en Syrie, voire en Turquie et peut-être même un jour en Iran où vivent également des Kurdes.

Pour cela il faut donner une bonne image de soi à l'étranger, y compris en accueillant de nombreux déplacés (et non pas réfugiés, car ils viennent tous d'Irak), principalement de Bagdad et de Mossoul et ses environs - en majorité chrétiens, mais il y a aussi des musulmans. Et cela explique pourquoi les Kurdes vont aussi se battre jusqu'au nord-est de la Syrie, par exemple à Kamichli, ville stratégique à la frontière turque, ou à Hassaké, aux sous-sols très riches en pétrole (tout comme à Kirkouk, ville irakienne prise par les Kurdes en juin 2014).

Religioscope - Vous dites «les Kurdes». Mais il ne s'agit pas d'un groupe monolithique: on connaît leurs divisions politiques, par exemple entre le mouvement dirigé par Jalal Talabani et celui qui a pour chef Massoud Barzani. Et sur le plan religieux aussi, les Kurdes ne sont pas tous sur la même ligne.

Christine Chaillot - Vous avez raison de le souligner. Pour ma part, j'ai été particulièrement frappée par le développement de courants islamistes dans une fraction de la population kurde, ce qui vient ajouter un élément de complexité supplémentaire à une situation déjà délicate.

Par exemple, certains Kurdes se battent aux côtés de Daech en Syrie du Nord-est, ce que les médias ne racontent guère. Il faut aussi préciser qu'il y a environ 15 % de Kurdes islamistes au Parlement de la région du Kurdistan irakien, de plusieurs tendances (il y a aussi au Parlement des sièges pour les représentants des minorités, y compris chrétiennes). Un bon nombre de mosquées y ont été construites ces dernières années, et l'on voit de plus en plus de femmes complètement voilées en noir, ce qui contraste avec la vision assez «laïque» que certains journalistes donnent à l'étranger de cette région du Kurdistan irakien et de son gouvernement.

Au Kurdistan irakien, les Kurdes proclament être 5 millions, ce qui paraît être un chiffre exagéré; la majorité est sunnite et on compte aussi quelques chiites. A cause des va-et-vient des déplacés chrétiens, il est impossible d'avoir des statistiques précises. À l'automne 2015, on parlait de 200 ou 300 000 chrétiens. On y trouve aussi d'autres minorités, par exemple les yézidis.

Religioscope - Finalement, c'est la Realpolitik qui dicte les choix des Kurdes...

Les Kurdes se battent pour eux et pour leurs intérêts, et pour personne d'autre. Pourquoi se battraient-ils pour les chrétiens? Il est naïf de le penser.

Lorsque j'ai visité Erbil et Dohuk en septembre 2015, j'ai demandé à différentes personnes combien d'années il faudrait pour voir l'émergence d'un Kurdistan indépendant. Si certains ont dit que cela se ferait dans quelques années assez proches, d'autres pensent qu'il s'agit d'un processus de longue haleine, à cause des relations avec le gouvernement de Bagdad, et aussi des nouvelles situations géopolitiques découlant de la prise de Mossoul par Daech en été 2014, sans oublier les réactions et bombardements de l'État turc sur des positions kurdes en Syrie du Nord et au nord du Kurdistan irakien en juillet 2015; et puis aussi il ne faut pas oublier certaines difficultés internes au sein du gouvernement du Kurdistan irakien.

Au nord de la Syrie, mes amis chrétiens ont remarqué ces deux dernières décennies la venue de Kurdes descendus de leurs villages pour venir s'installer en grand nombre, à Kamishli, par exemple.

L'entrée du nouveau patriarcat de l'Église assyrienne d'Orient à Erbil (© 2015 Christine Chaillot).


Religioscope - L'avenir de ces communautés chrétiennes semble bien sombre...

Christine Chaillot - Au nord de la Syrie, au Khabour, il ne reste aujourd'hui que 3 000 sur 20 000 Assyriens. Leur évêque Aprem reste jusqu'à ce jour fidèlement aux côtés de ses fidèles dans la ville proche de Hassaké où se trouve son évêché. Dans son village d'origine au Khabour sur les 500 personnes qui y habitaient il y a encore peu de temps, il n'en restait que 50 en septembre 2015. Ceux qui n'ont pas fui vont partir et s'exiler quand ils le pourront. Très bientôt il n'y aura sans doute plus de chrétiens en Irak: leur nombre a diminué en dix ans de 1,3 million à environ 300 000 en 2015. Leur avenir en Syrie est aussi hypothéqué.

Au nord-est de la Syrie, le gouvernorat moderne de Hassaké était un des territoires historiquement peuplés par des chrétiens, depuis le début du christianisme. La ville syrienne moderne de Kameshli avoisine la ville turque de Nusaybin, l'ancienne ville de Nisibe célèbre pour son école théologique. Au sud-ouest de Rakka, l'actuelle capitale de Daech, se trouvent les ruines du célèbre site chrétien de Resafa, autrefois nommé Sergiopolis, un grand centre de pèlerinage au IVe siècle dédié à Saint Serge. Aujourd'hui les chrétiens sont devenus très rares dans la région.

Il ne faut pas non plus oublier le rôle négatif des grandes puissances au XXe siècle: elles n'ont vu que leurs propres intérêts dans la région (comme c'est encore le cas aujourd'hui), y compris déjà pour l'exploitation du pétrole découvert en 1927 près de Kirkouk. Après le génocide, puis la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne et la France avaient fait miroiter des promesses d'autonomie territoriales aux chrétiens assyriens et chaldéens dans le nord de l'Irak. Mais les deux puissances n'ont pas tenu leurs promesses. En septembre 1937 le Conseil de la SDN exprima «son regret» pour n'avoir pas réussi à réinstaller les Assyriens qui voulaient quitter l'Irak. Les instances internationales ont alors classé la question assyro-chaldéenne.

Récemment, certains espéraient voir la mise en place d'un espace réservé aux minorités et surtout aux chrétiens près de Mossoul dans la dite plaine de Ninive, mais ce projet semble bien compromis depuis la prise de Mossoul et des ses environs en 2014.

Il faudrait encore expliquer bien d'autres choses. Il reste encore beaucoup à dire et écrire à ce sujet. Cela montre bien la nécessité d'informations complémentaires et objectives sur ce qui se passe dans cette région...

Parmi les ouvrages de Christine Chaillot, signalons en particulier, en langue française:Vie et spiritualité des Églises orthodoxes orientales des traditions syriaque, arménienne, copte et éthiopienne (Paris, Éd. du Cerf, 2011); Les Coptes d'Égypte: discriminations et persécutions (1970-2011) (rééd, Paris, L'Harmattan, 2013); L'Église orthodoxe en Europe orientale au XXe siècle (Paris, Éd. du Cerf, 2009).




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  • samedi 31 octobre 2015

    ASIE/LIBAN - Leçons de paix en zone de conflit : institutionnaliser la non-violence et les droits fondamentaux



    Expéditeur: Fides News Fr <fidesnews-fr@fides.org>
    Date: 31 octobre 2015 13:03:29 UTC+2
    ASIE/LIBAN - Leçons de paix en zone de conflit : institutionnaliser la non-violence et les droits fondamentaux

    Beyrouth (Agence Fides) – Eduquer aux droits fondamentaux et à la non-violence et offrir les clefs pour savoir comment jouer un rôle de médiateur dans une zone victime d'un conflit : tels sont les objectifs que s'est fixée depuis 2009 l'Université académique de la Non-violence et des droits fondamentaux au Liban. L'année passée, le gouvernement du pays a reconnu officiellement le centre et c'est seulement maintenant qu'il a donné son approbation au titre universitaire décerné aux diplômés. Il s'agit de 130 étudiants arabes ayant fréquenté les cours de ce projet de paix au sein d'une zone lacérée par les conflits. Selon les promoteurs de cette initiative, l'initiative constitue quelque chose de nouveau sans précédent dans le monde, ayant pour philosophie le fait qu'il n'est pas possible de protéger une société sans introduire les concepts de non-violence et de droits fondamentaux au sein de sa propre tradition culturelle. Le Liban traverse actuellement une phase de tran sition entre la guerre et la paix et, pour apporter des changements sociaux, il est ô combien opportun d'aider la population à acquérir connaissance et compétences, affirment des sources locales. En outre, le centre a été également créé pour former des enseignants, des membres d'associations, des militants politiques, des magistrats et des avocats afin qu'en guerre ne soit pas exercée seulement la justice mais également la médiation. (AP) (Agence Fides 26/10/2015)

    ASIE/SYRIE - Attaque contre une église latine d’Alep durant la Messe dominicale et commentaire du Vicaire apostolique de la ville



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    Expéditeur: Fides News Fr <fidesnews-fr@fides.org>
    Date: 31 octobre 2015 13:03:29 UTC+2
    ASIE/SYRIE - Attaque contre une église latine d'Alep durant la Messe dominicale et commentaire du Vicaire apostolique de la ville

    Alep (Agence Fides) – Dans la soirée du Dimanche 25 octobre, un tir de mortier a frappé l'église latine Saint François d'Alep, sise dans le quartier d'Aziziyeh, durant la Messe dominicale. L'obus, provenant des zones aux mains des rebelles anti-Assad, a atteint le toit, créant un trou dams la coupole, mais il n'est pas arrivé dans l'église, explosant à l'extérieur. « Il était 17.50 et dans l'église étaient présentes environ 400 personnes. La liturgie en était arrivée à la communion » indique à l'Agence Fides S.Exc. Mgr Georges Abou Khazen OFM, Vicaire apostolique d'Alep pour les catholiques de rite latin. « Si l'obus avait explosé à l'intérieur – ajoute l'Evêque – il aurait provoqué un massacre. En revanche, on compte seulement sept fidèles légèrement blessés suite à la chute de gravats et des dommages matériels sur le toit. Rendons grâce au Seigneur et à la Vierge Marie. Nos fidèles qui sont également accourus de leurs maisons pour vérifier immédiatement les dommages subis par la Paroisse et nettoyer l'intérieur de l'église de manière telle qu'aujourd'hui la Messe du matin a pu y être célébrée ». (GV) (Agence Fides 26/10/2015)

    L’Année de la miséricorde, une occasion unique, par le patriarche Sako | ZENIT - Le monde vu de Rome

    L'Année de la miséricorde, une occasion unique, par le patriarche Sako | ZENIT - Le monde vu de Rome

    L'Année de la miséricorde, une occasion unique, par le patriarche Sako

    Ouverture du synode chaldéen (traduction complète)

    Rome, (ZENIT.org) Rédaction | 423 clics

    « L'Année de la miséricorde est une occasion unique pour profiter de la miséricorde de Dieu, pour renouveler nos idées, notre pastorale et notre administration, et pour un engagement apostolique commun et efficace qui réponde à l'invitation du pape François «  que le Jubilé du pardon accueille tous les fidèles comme une expérience originale de miséricorde et de Dieu qui accueille les pécheurs, leur pardonne et oublie leurs péchés » », déclare le patriarche de Bagdad des Chaldéens, Louis Raphaël Ier Sako.

    Voici notre traduction intégrale, de l'italien, de l'allocution du patriarche Sako à l'ouverture, à Rome, du synode chaldéen, dimanche, 25 octobre. Il est publié en italien par "Baghdadhope".

    Discours du patriarche Sako

    Mes frères dans l'épiscopat,

    Je salue chacun de vous et j'espère que chacun de vous participera à ce synode en partageant idées et conseils qui aideront notre Église à servir son peuple en ces temps difficiles.

    1.     A l'ouverture du synode sur la famille, le pape François a dit, le 5 octobre, que le synode n'est pas un parlement qui dicte des lois mais une communion épiscopale qui, réunie autour de Jésus et, éclairée par l'Esprit Saint, travaille dans l'unité et pour l'unité comme faisait la communauté des apôtres, (Actes 1,14) en renforçant la communion et la collaboration et les enracinant dans la vie de l'Église, à l'extérieur comme à l'intérieur de son territoire patriarcal.

    2.     Par la prière et l'écoute, grâce à un raisonnement responsable et des efforts aux plans ecclésiastique et pastoral, étudions le programme des travaux, conscients que la différence et la variété des opinions sont une richesse si nous mettons le bien de l'Église et de notre peuple au-dessus de notre propre bien et de notre gloire. Travaillons avec passion et zèle afin que ce synode soit un temps de grâce et de bénédiction pour chacun de nous et pour tous les fils et toutes les filles de notre Église.

    3.     J'admets que chacun de nous croule sous les problèmes de son propre diocèse, mais chaque diocèse représente une part importante de notre Église chaldéenne. Vos préoccupations sont celles de chacun de nous et du patriarche. En toute humilité, avec ouverture et avec l'Esprit de Dieu, travaillons ensemble pour trouver une solution. Laissons de côté le « Il dit et il a dit » et cette idée que c'est pour l'éternité, qu'il n'existe pas d'alternative, car penser cela c'est oublier nos objectifs et nous commettons une grave erreur.  

    4.     Au cours des deux années qui viennent de s'écouler, mon grand effort fut, et il l'est toujours, de donner à l'Église chaldéenne un sens spirituel, culturel, intellectuel, social, mais aussi politique, afin qu'elle puisse accomplir sa mission malgré les événements difficiles dont on ignore la fin. J'ai fait tout ce que j'ai pu et les autres ont fait de même, et si certains ont mis des obstacles nous demandons que le Seigneur leur pardonne. Si quelqu'un peut faire plus que moi qu'il se fasse connaître, car mon travail est au service de l'Église et du peuple, et ne passe pas nécessairement par ma charge de patriarche.  

    Chers frères

    5.     Espérons que l'Année de la miséricorde qui approche soit, pour nous, l'occasion d'un bon examen sur nous-mêmes, l'occasion d'évaluer et corriger notre cheminement comme synode et comme personnes en charge d'un diocèse, tous ensemble et chacun dans son propre diocèse. Espérons que l'Année de la miséricorde soit une occasion unique pour nous, pères, pasteurs et serviteurs, de développer une sérieuse réflexion sur l'exercice de la miséricorde à l'exemple de Jésus, avec nos collaborateurs, les prêtres, les diacres et les fidèles.

    L'Année de la miséricorde est une occasion unique pour profiter de la miséricorde de Dieu, pour renouveler nos idées, notre pastorale et notre administration, et pour un engagement apostolique commun et efficace qui réponde à l'invitation du pape François « que le Jubilé du pardon accueille tous les fidèles comme une expérience originale de miséricorde et de Dieu qui accueille les pécheurs, leir pardonne et oublie leurs péchés ».

    6.     Pour finir, laissons derrière nous le passé, avec ses spéculations, et entrons dans une nouvelle ère comme l'exige l'Année jubilaire de la miséricorde. Mettons un terme aux problèmes qui n'ont aucune justification. Notre Église et notre peuple attendent de nous « unité » et « service », des valeurs propres à un esprit de paternité, fraternité et espérance. Que l'Esprit Saint nous guide, aujourd'hui, demain, et à jamais afin que notre pied ne butte pas contre une pierre.

    © Traduction de Zenit, Océane Le Gall



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    Décès d’un grand réformateur, Mgr Joseph Dergham - Mgr Mounir KHAIRALLAH - L'Orient-Le Jour

    Décès d'un grand réformateur, Mgr Joseph Dergham - Mgr Mounir KHAIRALLAH - L'Orient-Le Jour

    Décès d'un grand réformateur, Mgr Joseph Dergham

    L'Église maronite vient de perdre l'un de ses grands évêques Mgr Joseph Dergham, dont le nom est étroitement associé à la mise en œuvre au Liban du concile Vatican II. Né à Ibrine – Batroun – le 22 avril 1930 dans une famille sacerdotale, Joseph Dergham est ordonné prêtre le 22 avril 1959. Puis il est envoyé par le patriarche Paul Méouchi à Paris pour y poursuivre ses études. Il obtint une licence en littérature française et commença à préparer une thèse de doctorat sur Paul Claudel (1963).
    À l'époque, la formation des prêtres était décentralisée. Rentré au Liban, il fut nommé directeur des études au séminaire patriarcal de Mar Abda, puis en 1965 au séminaire patriarcal maronite de Ghazir qui passa sous la direction des prêtres maronites de l'Amicale du clergé, sous le rectorat de Mgr Harès Khalifé, après le départ des pères jésuites. En juillet 1971, il devient recteur du séminaire, à la fois directeur, professeur de français et sportif, père et maître des séminaristes.
    Parallèlement, il s'engage avec d'autres évêques, « L'Amicale du clergé », le mouvement « Église pour notre temps » et le « Rassemblement des prêtres du Christ-Roi », à promouvoir, dans l'esprit de Vatican II, un « renouveau devenu urgent dans l'Église du Liban ».
    Ses initiatives au séminaire patriarcal maronite de Ghazir rencontrent des réticences et des obstacles administratifs et matériels. Il est contraint de décréter la fermeture du séminaire le 12 décembre 1972 et de renvoyer les séminaristes. Ces derniers décidèrent alors d'organiser un sit-in à Bkerké pour exiger la réouverture du séminaire et la mise en œuvre de la réforme tant souhaitée. Ce sit-in déclencha un mouvement de protestation dans l'Église maronite qui ne cessa de s'élargir pour atteindre les grands séminaristes du séminaire oriental de Beyrouth, le « Rassemblement des prêtres du Christ-Roi » et le mouvement « Église pour notre temps ». Il ne tarda pas à ouvrir la porte à une réforme ecclésiale qui allait prendre son chemin et se réaliser des années plus tard.
    L'autorité ecclésiale répliqua en prenant la décision de relever le père Dergham et ses confrères de l'équipe animatrice de leur fonction et de les renvoyer dans leurs diocèses respectifs.
    Toutefois, le 3 février 1975, Mgr Antoine Khoreiche, archevêque de Saïda, est élu patriarche pour succéder au patriarche Méouchi décédé le 25 janvier. Le nouveau patriarche sa fixa comme priorité la formation des prêtres. Pour cela il acheta les locaux du séminaire de Ghazir aux pères jésuites et choisit une équipe de prêtres, avec à leur tête père Youssef Béchara, secondé par père Joseph Dergham, pour diriger le séminaire patriarcal maronite unifié après la fermeture des autres séminaires diocésains et patriarcaux.
    Hélas, en juillet 1989, l'élection du père Dergham comme évêque du Caire interrompit cet élan. Au Caire, il se consacre à la consolidation de l'unité des fidèles et à nourrir le lien entre l'Église au Liban et l'Église au Caire.
    En 2005, il présenta sa démission pour limite d'âge et rentra au Liban pour servir de nouveau au séminaire de Ghazir comme accompagnateur spirituel.
    Au soir de sa vie, lorsqu'il fut alité à la suite d'une opération chirurgicale, il ne demandait qu'à lire le livre de Job et à le comparer avec le mystère du Salut accompli par le Christ sur la croix. Il aimait répéter la prière du saint Curé d'Ars : « Je vous aime mon Dieu ! Toutes les fois que je sens ma fin approcher, je vous supplie d'augmenter mon amour et de le rendre parfait. »

    Mgr Mounir KHAIRALLAH



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