À Lyon, les visages des chrétiens d'Orient en son et lumière
Jeudi 2 et vendredi 3 avril, la basilique Saint-Martin d'Ainay, à Lyon, s'est illuminée des couleurs de la Mésopotamie et de l'Irak, emmenant les spectateurs à la rencontre des visages et des terres d'Orient.
Des photos, des images ont été projetées toute la soirée sur la façade, accompagnées de voix et de musique retraçant l'histoire de la région, de la naissance de l'écriture jusqu'aux manuscrits d'aujourd'hui. Les visages de milliers d'Irakiens ont recouvert la basilique romane.
Une manière, pour l'artiste Agnès Winter, de donner chair à « la diversité de leurs croyances et de leurs modes de vie, (qui) sont le visage de l'altérité qui fait la richesse de notre monde », a souligné le maire de Lyon, Gérard Collomb.
Berceau de plusieurs grandes civilisations
« La Mésopotamie fut le berceau de plusieurs grandes civilisations (…). Chacun peut mesurer ce que cette diversité a de précieux », a-t-il insisté, affirmant le lien « ancien et profond » entre la ville qu'il dirige « avec l'Eglise d'Orient ». Car parmi les premiers martyrs chrétiens qui ont introduit le christianisme en Gaule, « beaucoup étaient originaires d'Asie Mineure ».
« Les valeurs de liberté et d'égalité portées par les premiers chrétiens de Lyon ont marqué en profondeur l'identité de notre cité », estime donc Gérard Collomb. « Elles ont contribué à forger des idéaux d'ouverture, de tolérance, qui, au fil des siècles, ont fait de notre ville un foyer de l'œcuménisme et du dialogue interreligieux ».
Jumelage entre diocèses
Dès l'invasion de Daech à l'été 2014, le cardinal Philippe Barbarin s'est rendu sur place, proposant à son retour ce jumelage entre les diocèses de Lyon et de Mossoul. Celui-ci s'est concrétisé le 2 octobre 2014 en présence du patriarche des chaldéens, Louis Raphaël Sako.
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Plusieurs initiatives ont émergé depuis, avec le soutien de la Fondation Saint-Irénée, l'Institut Mérieux, l'Œuvre d'Orient et la ville : participation au déminage des villages de la plaine de Ninive, création d'un centre médical Pauline Jaricot destiné aux mères et à leurs enfants à Erbil...
« Pour l'avenir, vous projetez de contribuer à la reconstruction des villages de la plaine de Ninive et de lancer, à Lalesh (ndlr : haut-lieu du yézidisme dans le nord de l'Irak), la construction d'une maison de vie qui accueillera les jeunes femmes yézidies qui ont échappé à leurs bourreaux, pour leur permettre de se reconstruire », s'est félicité le maire.
Soulignant les grandes étapes de l'histoire de la basilique d'Ainay, « seule église romane de la ville », le cardinal Barbarin a cité Edouard Herriot : « Les trois gloires de Lyon sont d'avoir été en l'espace de deux siècles : une colonie de l'empire romain, la cellule initiale de la nation française et le premier foyer du christianisme en Gaule. »
Restés fidèles au Christ
« A ces trois gloires, le maire de Lyon d'alors aurait pu ajouter celle de l'Orient : la Gloire de Jérusalem et de Ninive, celle de Polycarpe, de Pothin et d'Irénée, les lumières de l'Egypte, de la Syrie et du Liban », a-t-il glissé.
Avec quelques dizaines de fidèles de sa ville, le cardinal Barbarin s'est rendu en Irak « pour alerter, c'est-à-dire montrer le destin de ceux qui sont restés fidèles au Christ et qui pourraient être oubliés dans les méandres de l'histoire ».
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« En allant à la rencontre de ces personnes déplacées, parquées dans des camps, affrontant l'hiver, nous savions qu'en réalité, ce sont eux qui nous alertent sur l'état de notre société et de notre foi, eux qui ont préféré le choix de la conscience à celui des biens matériels, eux qui ont fait passer la vérité avant leurs intérêts particuliers. C'était le sens profond de ces lumignons de l'espérance qu'ils allumèrent devant leurs abris de fortune, comme les Lyonnais le font à leurs fenêtres, chaque année », a-t-il rappelé.
« Aujourd'hui, c'est cette même lumière qui est projetée sur la façade d'Ainay. Elle vient de tous ceux qui portent ensemble le souci des chrétiens d'Orient ».
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