Objet de prêches enflammés d'islamistes les accusant de conspiration avec les militaires, les coptes – qui ont contribué au mouvement qui a emporté la présidence Morsi, renversé le 3 juillet par l'armée le 3 juillet, après des manifestations massives réclamant son départ – sont depuis victimes d'actes de représailles : en 15 jours, six coptes ont été tués, selon l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR). L'une des victimes a été retrouvée morte, décapitée, dans la péninsule du Sinaï, où les troubles sécuritaires se sont accentués depuis la chute de Mohamed Morsi.
Malgré cela, la communauté, qui représente entre 6 % et 10 % des 84 millions d'Égyptiens veut voir l'avenir avec plus d'optimisme.
Trois coptes au gouvernement
D'après le vice-président du parti social-démocrate, Emad Gad, le départ du pouvoir des Frères musulmans offre ainsi l'opportunité de garantir davantage les droits de la communauté chrétienne, à laquelle il appartient par ailleurs. « On peut s'attendre à des attaques djihadistes, salafistes contre les coptes. Mais nous sommes prêts à payer le prix pour construire notre État démocratique, affirme-t-il à l'AFP. Nous demandons la citoyenneté, l'égalité et les droits de l'homme. Nous sommes prêts à jouer un rôle dans la construction du nouveau régime. »
Mardi 16 juillet, trois coptes ont pris place au sein du gouvernement provisoire (avec les portefeuilles de la recherche, du commerce et de l'industrie, et de l'environnement) qui doit mener le pays jusqu'à de nouvelles élections, législatives et présidentielle. L'Église copte a exprimé son soutien à ce plan de transition présenté par le général Abdel-Fattah al-Sissi, le nouvel homme fort du pays, au côté duquel le patriarche copte Tawadros II est apparu le 3 juillet, de même que le grand imam sunnite d'al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayyeb, tenant d'un islam modéré.
Certains veulent toutefois rester prudents
« Les coptes voient des motifs d'encouragement, ils vont soutenir le gouvernement et jouer un rôle positif pour l'État », estime Nabil Samuel Abadir, ancien responsable d'une ONG copte du Caire.
Avec la présidence Morsi, en seulement une année, les sujets de tensions ont été nombreux. En avril, le patriarche Tawadros II avait ainsi accusé Mohammed Morsi de « négligence », à la suite d'affrontements devant la cathédrale Saint-Marc du Caire, qui avaient fait deux morts et 89 blessés.
Certains veulent toutefois rester prudents, et font valoir que la situation n'a pas non plus été rose durant l'année de transition militaire, entre la chute de Hosni Moubarak début 2011 et l'arrivée de Mohamed Morsi au pouvoir mi-2012.
En octobre 2011, une manifestation de coptes avait été violemment réprimée par les forces de l'ordre dans le secteur de Maspero, dans le centre du Caire, faisant 28 morts et des centaines de blessés. Les manifestants protestaient contre l'incendie d'une église dans le gouvernorat d'Assouan (sud).
« Le prix à payer pour notre liberté »
Dernièrement, si les coptes ont avant tout été la cible de la colère islamiste, l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR) a critiqué le peu d'empressement des autorités à assurer leur sécurité.
Les violences actuelles sont « le prix à payer pour notre liberté », veut croire Bichoy Tamri, un membre fondateur de l'Union des jeunes de Maspero, qui rassemble des militants coptes.
Sameh Fawzy, un ancien parlementaire, voit pour sa part comme un bon présage la présence de hauts gradés de l'armée lors de la dernière célébration de la Pâque orthodoxe, quand Mohamed Morsi s'était contenté d'envoyer un simple représentant. « Si certaines choses sont arrivées avec l'armée, il faut reconnaître que cela s'inscrivait dans un contexte globalement incontrôlable », ajoute-t-il, en référence notamment au drame d'octobre 2011.
Des musulmans ont également été tués lors d'opérations de répression, ce qui démontre que l'armée « ne fait manifestement pas de discrimination entre musulmans et chrétiens », assure-t-il.
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