« Nous en appelons avec François pour l'arrêt de la guerre et l'instauration d'une paix régionale juste, globale et permanente », plaide Raï
« La coopération pastorale entre les Églises orientales catholiques au Liban. » C'est sur ce thème d'actualité, compte tenu des circonstances, que se tient la 49e session ordinaire de l'Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban. Présidée par le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, celle-ci s'est ouverte hier, à Bkerké, en présence notamment des patriarches grec-catholique Grégoire III, syriaque-catholique Youssef II Younan et arménien-catholique Grégoire Bedros XX Ghabroyan. Elle se poursuivra jusqu'à samedi et se conclura par la publication d'un communiqué final.
« L'union fait la force, la complémentarité des efforts permet de servir de plus grands ensembles géographiques et humains, et peut servir de modèle pour l'action de la société civile », a souligné en ouverture des travaux le patriarche maronite, qui a établi les grands axes de la réflexion synodale.
Questions nationales
Comme il le fait d'habitude, le patriarche a profité de l'occasion pour aborder les grandes questions d'importance nationale qui se posent en ce moment au Liban.
« Il est de notre devoir d'Église d'en appeler toujours à la Constitution et au pacte, ainsi qu'à l'élection d'un président de la République, afin de relancer les activités parlementaires, l'exécutif et les institutions publiques », a-t-il affirmé.
« Le Parlement doit se limiter à prendre des dispositions techniques, a ajouté le patriarche, avalisant ainsi la réunion législative des 12-13 novembre, et dans l'impossibilité qu'il est d'avoir une activité législative normale, voter les lois financières qui sont exigées par la communauté internationale depuis cinq ans. »
Au passage, le chef de l'Église maronite a précisé qu'il « déplore » la manière avec laquelle les blocs parlementaires traitent des questions nationales essentielles, et comment « les intérêts particuliers et communautaires prévalent sur l'intérêt général ».
En ce qui concerne l'insistance de certains blocs parlementaires à voir la loi électorale inscrite à l'ordre du jour des séances législatives des 12-13 novembre, le patriarche a jugé « qu'il n'y a aucune raison pour compliquer les choses », sachant par ailleurs que « la promulgation d'une loi par le Parlement exige le contreseing du chef de l'État » (articles 51 et 56 de la Constitution).Par ailleurs, le patriarche a pris fait et cause pour le projet de loi sur la récupération de la nationalité par les émigrés, relevant qu'il n'est pas à confondre avec le thème de l'acquisition de la nationalité, qui doit faire l'objet d'une loi indépendante.
Sur le plan régional, le patriarche a affirmé : « Nous élevons la voix avec le pape François pour demander aux gouvernants du monde arabe et du monde d'arrêter la guerre qui ravage nos pays, et pour trouver des solutions pacifiques et politiques afin d'y instaurer une paix juste, globale et permanente. »
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Quatre têtes de chapitre
Pour en revenir à la session, elle examinera quatre têtes de chapitre : les orientations définies par le synode sur la famille qui vient de se tenir au Vatican (4-25 octobre) ; le Jubilé de la miséricorde qui s'ouvre le 8 décembre prochain ; l'enseignement officiel de l'Église et les pratiques de piété ; le motu proprio du pape sur la réforme des règles canoniques dans les procès pour annulation du mariage.
La session de l'Apecl écoutera, sur ce thème, les explications de monsignor Pio VitoPinto, doyen du tribunal de la Rote domaine, qui explicitera pour ses auditeurs les intentions du Saint-Père et les objectifs recherchés.
À ces grands sujets s'ajoutera en particulier l'examen des activités et de la situation de Caritas-Liban, à la lumière de l'extension de situations de pauvreté au Liban et de l'afflux de plus d'un million et demi de réfugiés.
Sensible aux conditions de vie de plus en plus difficiles des Libanais, le patriarche a affirmé que « les Églises ne doivent pas se contenter de la pastorale sociale de Caritas, mais aller au-delà, et proposer les services de ses institutions éducatives, hospitalières et sociales ».
L'Apecl va également examiner le projet de « cité des médias » conçu par Télé-Lumière.
Coopération dans tout le Machrek
Enfin, le patriarche maronite a fait valoir que, « s'agissant de coopération entre les Églises orientales, il n'est pas possible de la limiter au Liban, mais qu'elle doit s'étendre à tout le Machrek ».
« Nous n'y sommes pas présents comme des communautés religieuses minoritaires, mais comme l'Église du Christ une dans la diversité de ses traditions spirituelles, liturgiques, culturelles et historiques », a-t-il souligné.
« Nous sommes le corps mystique du Christ dans ces pays du Machrek dont il nous faut préserver l'existence et dynamiser la mission, et dont nous sommes les citoyens d'origine. Nous voulons y préserver le vivre-ensemble avec les musulmans dans l'égalité, le respect mutuel, la coopération et l'édification de nos patries et de notre identité moyen-orientale. Le Liban a un rôle dynamique à jouer sur ce plan de par sa situation géographique sur la rive est de la Méditerranée, son régime politique et sa longue expérience. »
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