En Irak, le patriarche Sako relève quelques « signaux positifs »
« Tout discours agressif ou incitant à la sédition » doit être « officiellement et légalement » être assimilé à un acte de terrorisme, « quelle que soit sa source ». « Il est très regrettable et dangereux que cet extrémisme horrible, qui favorise la haine contre d'autres religions, soit considéré simplement comme une sorte d'expression de la liberté », regrette Sa Béatitude Louis Sako.
Lors d'une conférence sur la protection de la liberté religieuse, organisée le 21 janvier par la Fondation Masarat à Bagdad, le patriarche de Babylone des Chaldéens, Louis Raphaël Sako s'est penché sur le discours incitant à la haine, comme « forme de terrorisme ».
Une prise de conscience à généraliser
Phénomène « terroriste effrayant et inquiétant dans la région et dans le monde entier », le discours extrémiste est « aussi une tragédie pour les chrétiens d'Orient et d'autres minorités religieuses », à laquelle ils ne peuvent faire face que par « la prière, l'émigration et la souffrance ». Aux yeux du patriarche Sako, la prise de conscience sur les dangers de « l'utilisation de la religion par les extrémistes et les fondamentalistes comme arme pour créer des conflits et la guerre » doit encore être « généralisée ».
Ensemble, musulmans et chrétiens doivent « redresser et corriger la situation immédiatement », estime ce responsable catholique oriental, en révisant notamment les programmes scolaires pour les « purifier des « toxines » de haine et d'exclusion » qu'ils contiennent.
Assurer la défaite de Daech
Dans son discours, le patriarche des Chaldéens a toutefois relevé quelques « signes positifs » comme cette « déclaration de l'Autorité de Najaf (NDLR : chiite) encourageant les musulmans à partager la célébration de Noël avec les chrétiens ». Mais aussi une déclaration du Cabinet (diwân) des affaires sunnites « sur les discours appelant à la haine et à la malédiction des chrétiens dans les prières musulmanes », ainsi que les mesures prises par le ministère des affaires religieuses au Kurdistan pour « interdire et sanctionner tout discours contre les autres religions ».
Les Émirats Arabes Unis, eux aussi, ont adopté une loi pour « criminaliser et responsabiliser tous les discours religieux qui nuisent la coexistence et sèment la discorde entre les gens », indique le patriarche.
« Le temps est venu d'investir dans la défaite de l'organisation terroriste Daech, afin de développer un état civil et démocratique reposant sur la pleine citoyenneté pour tout le monde, indépendamment de la religion ou de l'origine ethnique, implore Sa Béatitude Louis Raphaël Sako. Tel est le cas dans tous les pays développés à travers le monde et même certains pays islamiques en séparant la religion de la politique ».
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Soucieux de maintenir la présence des chrétiens irakiens dans leur pays, l'Eglise chaldéenne a prévu de commencer début février « à reconstruire les maisons des villages » de la plaine de Ninive. « Deux équipes vont travailler ensemble sur ce projet », indique le patriarche Sako, composées de la Ligue chaldéenne et de comités de paroissiens : l'un autour de Telkaif et Alqosh, le deuxième autour de Qaramless.
« Sur les 1667 familles issues de ces trois villages, 1300 voudraient y retourner », assure Louis Raphaël Sako, en espérant qu'elles en entraîneront d'autres. Les comités listent les dommages subis et aideront à financer les travaux de reconstruction, ainsi que le déminage et la fourniture de centres de santé et de générateurs électriques.