Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

vendredi 16 décembre 2011

Mondialisation: diviser, conquerir et regner au Moyen Orient

Le plan Yinon : l’ordre à partir du chaos…
Le plan Yinon, qui constitue un prolongement du stratagème britannique au Moyen-Orient, est un plan stratégique israélien visant à assurer la supériorité d’Israël dans la région. Il souligne qu’Israël doit reconfigurer son environnement géopolitique par la balkanisation des États arabes, soit la division de ceux-ci en États plus petits et plus faibles.
Les stratèges israéliens voyaient l’Irak comme l’État arabe représentant leur plus grande menace stratégique. C’est pourquoi l’Irak a été caractérisé comme la pièce maîtresse de la balkanisation du Moyen-Orient et du monde arabe. En Irak, sur la base des concepts du plan Yinon, les stratèges israéliens ont réclamé la division de l’Irak en un État kurde et deux États arabes, l’un shiite, l’autre sunnite. La première étape de ce plan était une guerre entre l’Irak et l’Iran, abordée dans le plan Yinon.
En 2006 et en 2008, les publications de l’armée étasunienne Armed Forces Journal et The Atlantic ont respectivement publié des cartes ayant circulé abondamment et lesquelles suivaient de près les grandes lignes du plan Yinon. Outre la division de l’Irak, également recommandée par le plan Biden, le plan Yinon appelle à la division du Liban, de l’Égypte et de la Syrie. La partition de l’Iran, de la Turquie, de la Somalie et du Pakistan fait également partie de cette vision. Le plan Yinon réclame par ailleurs la dissolution de l’Afrique du Nord et prévoit qu’elle débutera en Égypte et débordera au Soudan, en Libye et dans le reste de la région.
Protection du domaine : redéfinition du monde arabe…
Bien que tordu, le plan Yinon est en marche et voit le jour dans « A Clean Break: A New Strategy for Securing the Realm » (Une nette rupture : Une nouvelle stratégie pour protéger le domaine), un document de politique israélienne écrit en 1996 par Richard Perle et le groupe d’étude sur « Une nouvelle stratégie israélienne vers l’an 2000 » pour Benjamin Netanyahou, le premier ministre d’Israël à l’époque. Perle était alors un ancien secrétaire adjoint au Pentagone pour Ronald Reagan et est devenu par la suite conseiller militaire pour George W. Bush et la Maison-Blanche. Le groupe d’étude comprenait par ailleurs James Colbert (Jewish Institute for National Security Affairs), Charles Fairbanks Jr. (Johns Hopkins University), Douglas Feith (Feith and Zell Associates), Robert Loewenberg (Institute for Advanced Strategic and Political Studies), Jonathan Torop (The Washington Institute for Near East Policy), David Wurmser (Institute for Advanced Strategic and Political Studies) et Meyrav Wurmser (Johns Hopkins University).
Les États-Unis réalisent à bien des égards les objectifs précisés dans le texte de politique israélienne de 1996 visant à protéger le « royaume ». Par ailleurs, le terme realm, « domaine » ou « royaume », sous-entend la mentalité stratégique des auteurs. Realm fait soit référence au territoire sur lequel règne un monarque ou aux territoires soumis à son règne mais gérés et contrôlés par des vassaux. Dans ce contexte, le terme realm, est utilisé pour signifier que le Moyen-Orient constitue le royaume de Tel-Aviv. Le fait que Perle, un homme ayant essentiellement fait carrière comme officiel du Pentagone, ait contribué à écrire le document sur Israël soulève la question de savoir si le souverain conceptualisé du royaume représente Israël, les États-Unis, ou les deux.
Protéger le royaume : L’avant-projet israélien pour déstabiliser Damas
Le document de 1996 demande de « repousser la Syrie », aux environs de l’an 2000 ou après, en poussant les Syriens hors du Liban et en déstabilisant la République arabe syrienne avec l’aide de la Jordanie et de la Turquie. Ces événements se sont respectivement produits en 2005 et en 2011. Le document indique : « Israël peut modeler son environnement stratégique en coopération avec la Turquie et la Jordanie, en affaiblissant, en endiguant et même en repoussant la Syrie. Afin de contrecarrer les ambitions régionales de la Syrie, les efforts pourraient viser à expulser Saddam Hussein du pouvoir, un objectif stratégique en soi important pour Israël [1].
Comme première étape de la création d’un « nouveau Moyen-Orient » dominé par Israël et encerclant la Syrie, le texte demande de chasser Saddam Hussein du pouvoir à Bagdad et fait même allusion à la balkanisation de l’Irak et à la formation d’une alliance stratégique régionale contre Damas qui comporterait un « Irak central » sunnite. Les auteurs écrivent : « Toutefois la Syrie entre dans ce conflit avec de potentielles faiblesses : Damas est trop préoccupé par la nouvelle donne régionale pour permettre toute distractions sur le front libanais. De plus Damas craint l’"axe naturel" avec Israël d’un côté, l’Irak central et la Turquie de l’autre, et la Jordanie, au centre, qui exercerait une pression sur la Syrie et la détacherait de la péninsule saoudienne. Pour la Syrie, ce pourrait être le prélude à la reconfiguration de la carte du Moyen-Orient, ce qui menacerait l’intégrité territoriale du pays [2] ».

Perle et le groupe d’étude « Nouvelle stratégie israélienne vers l’an 2000 » recommande également de mener les Syriens hors du Liban et de déstabiliser la Syrie en utilisant des personnalités de l’opposition libanaise. Le document dit : « [Israël doit détourner] l’attention de la Syrie en utilisant des éléments de l’opposition libanaise pour déstabiliser le contrôle exercé par la Syrie au Liban [3]. »C’est ce qui arriverait en 2005 après l’assassinat d’Hariri ayant contribué à déclencher la soi-disant « révolution des cèdres » et à créer l’Alliance du 14 mars, un groupe farouchement anti-Syrien contrôlé par le corrompu Saïd Hariri.
Le document demande par ailleurs à Tel-Aviv de « saisir l’opportunité afin de rappeler au monde la nature du régime syrien [4] ». Cela convient parfaitement à la stratégie israélienne consistant à diaboliser ses opposants par des campagnes de relations publiques. En 2009 des médias israéliens ont ouvertement admis que, par le biais de ses ambassades et missions diplomatiques, Tel-Aviv avait lancé une campagne médiatique mondiale et organisé des manifestations devant les ambassades iraniennes pour discréditer les élections présidentielles en Iran avant même qu’elles n’aient lieu [5].
L’étude fait aussi mention de ce qui ressemble à la situation actuelle en Syrie : « Il va de soi, et c’est le plus important, qu’Israël a intérêt à appuyer diplomatiquement, militairement et opérationnellement les actions de la Turquie et de la Jordanie contre la Syrie, comme en protégeant des alliances avec des tribus arabes à travers le territoire syrien et hostiles à l’élite dirigeante syrienne [6]. Les bouleversements de 2011 en Syrie, le mouvement des insurgés et la contrebande d’armes par les frontières jordanienne et turque sont devenus des problèmes majeurs pour Damas.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant qu’Israël, alors dirigé par Ariel Sharon, ait dit à Washington d’attaquer la Syrie, la Libye et l’Iran après l’invasion étasunienne de l’Irak [7]. Finalement, il importe de savoir que le document de 1996 préconise également une guerre préemptive pour modeler l’environnement géostratégique d’Israël et sculpter le « nouveau Moyen-Orient » [8]. Il s’agit d’une politique que les États-Unis adopteraient aussi en 2001.
L’éradication des communautés chrétiennes du Moyen-Orient
Ce n’est pas une coïncidence si les chrétiens égyptiens ont été attaqués au même moment que le référendum sud-soudanais et avant la crise en Lybie. Ce n’est pas non plus une coïncidence si les chrétiens irakiens, une des communautés chrétiennes les plus anciennes, ont été poussées à l’exil, quittant leur patrie ancestrale. L’exode des chrétiens irakiens, sous le regard attentif des forces militaires étasuniennes et britanniques, concorde avec la division confessionnelle des quartiers de Bagdad. Les shiites et les sunnites ont été forcés, par la violence et les escadrons de la mort, à former des enclaves confessionnelles. Tout cela est lié au plan Yinon et à la reconfiguration de la région dans le cadre d’un objectif plus vaste.
En Iran, les Israéliens ont tenté en vain de faire partir la communauté juive. La population juive d’Iran est en fait la plus grande du Moyen-Orient et sans doute la plus ancienne communauté juive du monde à vivre paisiblement. Les juifs d’Iran se voient comme des Iraniens et sont liés à ce pays qu’ils considèrent comme leur patrie, au même titre que les musulmans et les chrétiens iraniens, et, à leurs yeux, le concept voulant qu’ils aient à se relocaliser en Israël parce qu’ils sont juifs est ridicule.
Au Liban, Israël s’est affairé à exacerber les tensions entre les diverses factions chrétiennes et musulmanes, incluant les druzes. Le Liban est un tremplin vers la Syrie et la division du Liban en plusieurs États est également vue comme un moyen de balkaniser la Syrie en plusieurs États arabes confessionnels de moindre envergure. Les objectifs du plan Yinon sont de diviser le Liban et la Syrie en plusieurs États sur la base des identités religieuses sunnite, shiite, druze et chrétiennes. Il est possible que l’exode des chrétiens de la Syrie fasse aussi partie des objectifs.
Le nouveau chef de l’Église maronite, la plus grande Église catholique orientale autonome, a exprimé ses craintes quant à l’expulsion des chrétiens arabes au Levant et au Moyen-Orient. Le patriarche d’Antioche, Mgr Bechara Boutros Rahi, ainsi que bon nombre de dirigeants chrétiens au Liban et en Syrie, craignent que les Frères musulmans prennent le contrôle de la Syrie. Comme en Irak, de mystérieux groupes attaquent actuellement les communautés chrétiennes en Syrie. Les dirigeants de l’Église orthodoxe, incluant le Patriarcat de Jérusalem, ont eux aussi exprimé publiquement leurs sérieuses préoccupations. Outre les arabes chrétiens, ces craintes sont partagées par les communautés assyrienne et arménienne, à majorité chrétienne.   
Le cheik Rahi était récemment à Paris où il a rencontré Nicolas Sarkozy. On rapporte que le patriarche maronite et le président Sarkozy ont eu des désaccords concernant la Syrie, ce qui a incité Sarkozy à affirmer que le régime syrien allait s’effondrer. La position du patriarche maronite était que l’on devait laisser la Syrie tranquille et lui permettre de se réformer. Mgr Rahi a par ailleurs dit à Sarkozy qu’Israël devait être considéré comme une menace si la France souhaitait légitimement que le Hezbollah dépose les armes.
En raison de sa position en France, Mgr Rahi a immédiatement reçu des remerciements des dirigeants chrétiens et musulmans de la République arabe syrienne qui l’ont visité au Liban. Le Hezbollah et ses alliés politiques au Liban, dont font partie la plupart des parlementaires chrétiens, ont aussi célébré le patriarche maronite, qui a ensuite fait une tournée au sud du Liban.
En raison de sa position sur le Hezbollah et son refus d’appuyer le renversement du régime syrien, le cheik Rahi fait maintenant l’objet d’attaques politiques de la part de l’Alliance du 14 mars, menée par Hariri. Ce dernier est en train de planifier une conférence des personnalités chrétiennes pour s’opposer à la position de l’Église maronite et du patriarche Rahi. Depuis que celui-ci a donné son opinion, le Parti Tahrir, actif à la fois en Syrie et au Liban, a également commencé à en faire la cible de critiques. On rapporte par ailleurs que des officiels étasuniens de haut rang ont annulé leurs rencontres avec le patriarche maronite en signe de mécontentement envers ses positions sur le Hezbollah et la Syrie.
L’Alliance du 14 mars menée par Hariri au Liban, laquelle a toujours été une minorité populaire (même lorsqu’elle constituait une majorité parlementaire), travaille de concert avec les États-Unis, Israël, l’Arabie Saoudite, la Jordanie ainsi que le groupe ayant recours à la violence et au terrorisme en Syrie. Les Frères musulmans et d’autres soi-disant groupes salafistes de Syrie ont tenu et organisé des pourparlers secrets avec Hariri et les partis politiques chrétiens au sein de l’Alliance du 14 mars. C’est pourquoi Hariri et ses alliés se sont attaqués au cardinal Rahi. C’est aussi Hariri et l’Alliance du 14 mars qui ont amené Fatah al-Islam au Liban et ont aidé certains de ses membres à s’enfuir et aller se battre en Syrie.
Des snipers inconnus ciblent des civils syriens et l’armée syrienne dans le but de créer le chaos et une lutte interne. Les communautés chrétiennes en Syrie sont elles aussi ciblées par des groupes inconnus. Les attaquants sont fort probablement une coalition de forces étasuniennes, françaises, jordaniennes, israéliennes, turques, saoudiennes, et khaliji (arabe du Golfe) travaillant avec des Syriens à l’intérieur du pays.
Washington, Tel-Aviv et Bruxelles planifient un exode des chrétiens du Moyen-Orient. On rapporte que le président Sarkozy a informé le cheik Rahi à Paris que les communautés chrétiennes du Moyen-Orient et du Levant pourront s’établir dans l’Union européenne. Cela n’est pas offert gracieusement. Il s’agit d’une gifle par les puissances mêmes qui ont délibérément créé les conditions visant à éradiquer les anciennes communautés chrétiennes du Moyen-Orient. Il semble que le but soit que les communautés chrétiennes s’établissent à l’extérieur de la région ou de délimiter des enclaves. Il est possible que ces deux hypothèses constituent des objectifs.
Ce projet vise à délimiter les pays arabes en pays exclusivement musulmans et est conforme à la fois au plan Yinon et aux objectifs étasuniens relatifs au contrôle de l’Eurasie. Il pourrait en résulter une grande guerre. Les Arabes chrétiens ont maintenant bien des choses en commun avec les Arabes qui sont des Noirs d'Afrique.
Nouvelle division de l’Afrique : le plan Yinon est en pleine marche
En ce qui concerne l’Afrique, Tel-Aviv cherche à la protéger car elle la voit comme une partie plus vaste de sa périphérie. Cette plus vaste ou soi-disant « nouvelle périphérie » est devenue le fondement géostratégique de Tel-Aviv après la révolution iranienne de 1979. Celle-ci a déformé et engendré l’effondrement de « l’ancienne périphérie » contre les Arabes, qui comprenait l’Iran, et dont les pays étaient les plus proches alliés d’Israël durant la période Pahlavi. Dans ce contexte, la nouvelle périphérie d’Israël a été conceptualisée en incluant des pays comme l’Éthiopie, l’Ouganda et le Kenya contre les États arabes et la République islamique d’Iran. C’est pourquoi Israël a été si profondément impliqué dans la balkanisation du Soudan.
Toujours dans le contexte des divisions confessionnelles au Moyen-Orient, les Israéliens ont esquissé des plans de reconfiguration de l’Afrique. Le plan Yinon cherche à délimiter l’Afrique sur la base de trois aspects : 1) l’origine ethnolinguistique, 2) la couleur de peau et enfin 3) la religion. Afin de protéger le domaine, il se trouve que l’Institute for Advanced Strategic and Political Studies (IASPS), une boîte de réflexion israélienne dont Perle faisait partie, faisait également pression en faveur de la création du Commandement des États-Unis pour l'Afrique (AFRICOM), une division du Pentagone.
On tente actuellement d’anéantir le point de convergence d’une identité arabe et africaine. On cherche à tracer des lignes de division en Afrique entre une soi-disant Afrique noire et une Afrique du Nord prétendument « non noire ». Cela fait partie d’un projet visant à créer un schisme sur le continent entre ce qu’on l’on conçoit comme étant des « Arabes » et des « Noirs ».
Cet objectif explique pourquoi on a fait la promotion des ridicules identités du « Sud-Soudan africain » et du « Nord-Soudan arabe ». C’est également la raison pour laquelle les Libyens noirs ont été ciblés dans une campagne visant à « nettoyer » la Libye des gens « de couleur ». En Afrique du Nord, on détache l’identité arabe de son identité africaine. On tente simultanément d’éradiquer de vastes populations d’Arabes noirs afin qu’il existe une nette démarcation entre « l’Afrique noire » et une nouvelle Afrique du Nord « non noire », laquelle sera transformée en un champ de bataille entre ceux qui restent, les Berbères et les Arabes « non noirs ».
Toujours dans le contexte africain et dans le but de créer des points de rupture et des délimitations, des tensions sont fomentées entre les musulmans et les chrétiens dans des pays comme le Soudan et le Nigéria. En entretenant ces divisions sur la base de la couleur de la peau, de la religion, de l’ethnicité et du langage, on cherche à alimenter la dissociation et la désunion. Cela fait partie d’une stratégie africaine globale visant à séparer l’Afrique du Nord du reste du continent.


Préparation de l’échiquier du « choc des civilisations »
À ce stade-ci, on doit rassembler toutes les pièces et faire les liens entre les événements.
On prépare l’échiquier pour un « choc des civilisations » et l’on y place toutes les pièces du jeu. Le monde arabe est sur le point d’être encerclé et de nettes démarcations se tracent. Celles-ci remplacent les frontières invisibles entre les différents groupes ethnolinguistiques, religieux et basés sur la couleur de la peau.
Dans le cadre de ce plan, il ne peut plus y avoir de mélange entre les sociétés et les pays. C’est pourquoi les chrétiens du Moyen-Orient et de l’Afrique de Nord, comme les coptes, sont ciblés. Pour les mêmes raisons, les Arabes et Berbères noirs, au même titre que d’autres populations noires, font face à un génocide en Afrique du Nord.
Après l’Irak et l’Égypte, la Jamahiriya arabe libyenne et la République arabe syrienne représentent toutes deux des points importants pour la déstabilisation régionale respectivement en Afrique du Nord et en Asie du Sud-Est. Ce qui se passe en Libye aura des répercussions en Afrique, tout comme les événements en Syrie auront des conséquences en Asie du Sud-Est et ailleurs. Dans le cadre du plan Yinon, l’Irak et l’Égypte ont servi d’amorces à la déstabilisation de la Libye et de la Syrie.
On est en train de créer un « Moyen-Orient musulman », une zone exclusivement musulmane (excluant Israël), laquelle sera troublée par les luttes entre shiites et sunnites. Un scénario semblable est mis en œuvre pour créer une « Afrique du Nord non noire » qui sera caractérisée par une confrontation entre les dits Arabes et dits Berbères. En vertu du modèle du « choc des civilisations », on prévoit simultanément un conflit entre le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord d’un côté, et l’« Occident » et « l’Afrique noire » de l’autre.
C’est pour cette raison qu’au début du conflit en Libye, Nicolas Sarkozy en France et David Cameron en Grande-Bretagne ont déclaré l’un après l’autre que le multiculturalisme était mort dans leurs sociétés ouest-européennes respectives [9]. Le véritable multiculturalisme menace la légitimité du programme de guerre de l’OTAN. Il représente par ailleurs un obstacle à l’implantation du « choc des civilisations », qui constitue la pierre angulaire de la politique étrangère des États-Unis.
À cet égard, Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la Sécurité nationale explique pourquoi le multiculturalisme est une menace pour Washington et ses alliés : « En devenant une société de plus en plus multiculturelle, il se peut que les États-Unis aient de la difficulté à créer un consensus sur les questions de politique étrangère [par exemple, relativement à une guerre contre le monde arabe, la Chine, l’Iran ou la Russie et l’ancienne Union soviétique], sauf si une grande partie de la population perçoit une menace extérieure directe de très grande envergure. Un tel consensus existait de manière générale tout au long de la Seconde Guerre mondiale et même durant la guerre froide [et il existe maintenant en raison de la "guerre mondiale au terrorisme"] [10]. » La phrase suivante de Brzezinski explique pourquoi les populations s’opposent aux guerres ou les appuient : « [Le consensus] était enraciné, toutefois, il ne l’était pas seulement dans des valeurs démocratiques profondément partagées et que le public voyait menacées, mais aussi dans des affinités culturelles et ethniques avec les victimes, principalement européennes, de totalitarismes hostiles [11] ».
Au risque d’être redondant, il faut mentionner une fois de plus que les chrétiens et les Noirs sont ciblés précisément dans le but de briser ces affinités culturelles entre, d’une part, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et le monde soi-disant « occidental », et, d’autre part l’Afrique subsaharienne.
Ethnocentrisme et idéologie : justifier les « guerres justes » d’aujourd’hui
Autrefois, les puissances coloniales de l’Europe de l’Ouest endoctrinaient leurs peuples. Leur objectif était d’acquérir un appui populaire pour les guerres de conquête. Pour ce faire, on prônait l’expansion et la promotion du christianisme et des valeurs chrétiennes avec le soutien des marchands armés et des armées coloniales.
Au même moment, on mettait de l’avant des idéologies racistes. Les peuples des pays colonisés étaient dépeints comme des « sous-humains », des inférieurs ou des personnes sans âmes. Finalement, on a utilisé l’argument de « l’épreuve de l’homme blanc », dont la mission consistait à civiliser les peuples du monde prétendument « non civilisés ». Ce cadre idéologique cohésif a été utilisé pour présenter le colonialisme comme une « cause juste ». Cette dernière a été employée à son tour pour conférer une légitimité aux « guerres justes », afin de conquérir et de « civiliser » des terres étrangères.
Aujourd’hui, les desseins impérialistes des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne n’ont pas changé. Ce qui a changé c’est le prétexte et la justification des guerres de conquête néocoloniales. Durant la période coloniale, les discours et les justifications en faveur de la guerre étaient acceptés par l’opinion publique dans les pays colonisateurs comme la France et la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, les « guerres justes » et les « causes justes » sont menées sous les bannières des droits des femmes, des droits humains, de l’humanitarisme et de la démocratie.
Traduction Julie Lévesque pour Mondialisation.ca
Notes
[1] Richard Perle et al., A Clean Break: A New Strategy for Securing the Realm (Washington, D.C. and Tel Aviv: Institute for Advanced Strategic and Political Studies), 1996.
[2] Ibid.
[3] Ibid.
[4] Ibid.
[5] Barak Ravid, "Israeli diplomats told to take offensive in PR war against Iran," Haaretz, June 1, 2009.
[6] Perle et al., Clean Break, op. cit.
[7] Aluf Benn, "Sharon says U.S. should also disarm Iran, Libya and Syria," Haaretz, September 30, 2009.
[8] Richard Perle et al., Clean Break, op. cit.
[9] Robert Marquand, "Why Europe is turning away from multiculturalism," Christian Science Monitor, March 4, 2011.
[10] Zbigniew Brzezinski, The Grand Chessboard: American Primacy and Its Geostrategic Imperatives (New York: Basic Books October 1997), p.211.
[11] Ibid.
Mahdi Darius Nazemroaya
est sociologue et chercheur associé au Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Il est spécialiste du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Il était sur le terrain en Libye durant la guerre. Il vient d'obtenir le Prix du Club de Presse mexicain à Mexico, le 8 décembre 2011.

Mahdi Darius Nazemroaya est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.  Articles de Mahdi Darius Nazemroaya publiés par Mondialisation.ca









dimanche 11 décembre 2011

la disparition des chrétiens d'Orient serait une catastrophe

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Texte intégral de l'intervention du Cardinal Tauran au cours d'un colloque,
organisé jeudi 1er et vendredi 2 décembre 2011 par l’Institut français de Rome.
 
l'intervention du cardinal Tauran au cours d'un colloque, organisé jeudi 1er et vendredi 2 décembre 2011 par l’Institut français de Rome.
Les chrétiens d’Orient dans le dialogue islamo-chrétien
Les chrétiens d’Orient, qui sont-ils ? Au sens large, ce sont tous les catholiques non-latins, les orthodoxes et les protestants du Proche et du Moyen Orient. On y inclut aussi les minorités d’Iran, d’Arménie, de Turquie, d’Inde, du Pakistan, d’Indonésie et d’Ethiopie. Les chrétiens d’Orient ne connaissent pas une organisation centralisée comme le christianisme occidental (je pense au catholicisme romain). La place de la culture, de la langue, la multiplicité des dénominations et des pratiques en font une mosaïque. Je ne vais pas parler de tous ces chrétiens, mais je voudrais limiter mon propos aux chrétiens du Moyen Orient pour des raisons évidentes : ce sont ceux qui nous sont le plus proches, en particulier ceux qui vivent en Terre Sainte, descendants de la première Eglise de Jérusalem.
Le Moyen Orient est massivement musulman, et son islam a connu des périodes fastes. Des villes comme Damas, Bagdad, Le Caire, Istanbul rappellent ce que furent les grandes réalisations de l’islam historique, avec les Omeyades (7e s.), les Abbassides (du 8e s. au 13e s.), les Mamelouks (du 13e s. au 16e s.) et les Ottomans (du 16e s. à 1924). Sans parler de la Mecque et de Médine,
Les chrétiens d’Orient y sont minoritaires et tendent à diminuer. Ils ne sont pas des convertis de l’islam. Ils sont, comme je le disais plus haut, les descendants de la première Eglise de Jérusalem, leurs ancêtres ont été les témoins vivants des événements du salut. Littéralement, ils entourent les Lieux saints de leur présence et leur donnent vie par leur prière et leur amour, empêchant qu’ils deviennent de simples musées. Mais ils ont une histoire, une langue et une culture communes avec les musulmans au milieu desquels ils vivent depuis des siècles. C’est pourquoi les relations entre les deux communautés sont traditionnellement bonnes au niveau du dialogue de la vie. Evidemment, ils ont aussi des rapports séculaires avec les communautes juives d’autant plus qu’avec les Juifs, les chrétiens sont spirituellement unis dans la lignée d’Abraham et reconnaissent les prémices de leur foi dans le Premier Testament.
II y a eu des périodes de cohabitation féconde entre chrétiens et musulmans: Istanbul, Alexandrie, Jérusalem ont longtemps accueilli tous les croyants. Mais quand les empires se sont effondres et que l’unité de mesure est devenue la nation, il y a eu moins de place pour la diversité, le califat se termine avec la chute de l’Empire ottoman et la naissance de la république d’Atatürk ; l’orthodoxie s’effrite en se soustrayant a l’hégémonie du patriarcat de Constantinople et en donnant naissance à de nouvelles églises nationales. De nouvelles identités s’affirment.
Depuis Le 16e siècle, le christianisme est devenu minoritaire en Orient, et l’islam, qui avait perdu de son prestige, a récupéré son identité a partir du moment où il a immigré vers l’Europe. S’il y a eu hier une cohabitation entre peuples divers, aujourd’hui encore, chrétiens et musulmans sont contraints par la géographie et par l’histoire à retrouver un mode de vivre ensemble. La Méditerranée, ce «lac des monothéismes » comme on l’a écrit, pourrait être un lieu de recomposition. Evidemment, il faudrait parler d’autres facteurs qui ont complètement transformé le paysage politique, social, culturel et religieux du Moyen Orient: je pense évidemment au conflit israélo-palestinien non-résolu, et à la partition de Chypre, a la situation de l’Irak .... Comme on l’a remarqué, la situation des chrétiens dans cette partie du monde peut être évoquée comme suit: un pays ou il est interdit de construire des églises comme l’Arabie saoudite; des pays ou les chrétiens sont considérés comme non nationaux; le Koweït, les Etats du Golfe, Oman et les États du Maghreb; les pays ou les chrétiens sont autochtones et les Églises apostoliques: Égypte, Syrie, Irak, Jordanie, Palestine, Turquie; et enfin l’exception libanaise ou le Président de la République est, par un accord tacite, chrétien maronite. Tout en proclamant que l’islam est la religion de l’État (sauf en Syrie et au Liban), les constitutions de ces pays affirment que tous les citoyens sont égaux devant la loi, sans discrimination de race et de religion. Cela évidemment au niveau théorique. La pratique est le plus souvent bien différente.
On doit souligner qu’une collaboration confiante s’est développée entre musulmans et chrétiens au niveau de l’éducation, de la santé, de la culture, de l’économie et de la solidarité. Les écoles catholiques sont particulièrement appréciées par de nombreuses familles musulmanes. II y a des Parlements où les chrétiens sont représentés, bien qu’i1 leur soit difficile, sinon impossible, d’accéder aux postes de décision politique (sauf au Liban). Mais ceci dit, il faut rappeler que les conversions de musulmans au christianisme sont pratiquement impossibles. Et dans Le cas de mariage mixte, les enfants mineurs sont présumés suivre la religion de leur père. Si la liberté de culte est partout respectée, sauf en Arabie saoudite, et s’il est souvent possible de construire de nouvelles églises, cela n’est pas le cas en Égypte où reste en vigueur une disposition de l’empire ottoman de 1856 qui n’autorise une restauration d’église que sur décret présidentiel.
Si donc les chrétiens se sentent chez eux dans cette partie du monde, s’i1s vivent plus ou moins bien leur foi et leur culture, personnellement et communautairement, ils n’en éprouvent pas moins le sentiment d ‘une certaine précarité, le conflit non-résolu israélo-palestinien et les manifestations d’un islamisme agressif font que beaucoup de chrétiens choisissent l’émigration surtout lorsqu’ils pensent à l’avenir de leurs enfants.
Les chrétiens d’Orient se sentent toujours considérés comme des citoyens de seconde catégorie. Ils se référent souvent au statut de la « dhimmitude ». On comprend alors que ces chrétiens ne soient pas spontanément des enthousiastes du dialogue interreligieux !
Pourtant, si nous prenons en considération le christianisme, l’islam et le judaïsme, on peut relever que ces trois monothéismes favorisent une pédagogie de la rencontre. Certes nous sommes différents et nous devons nous accepter comme tels. Mais nous pouvons mettre à la disposition de la société des valeurs communes qui nous inspirent: respect de la vie, sens de la fraternité, dimension religieuse de l’existence. Dans le fond, Juifs, chrétiens et musulmans, nous croyons que chacun de nous est unique. Alors, il me semble qu’il n’est pas impossible de sensibiliser éducateurs et législateurs à l’opportunité de proposer à ces peuples qui vivent depuis toujours ensemble des règles de conduite telles que:
- Le respect des personnes qui cherchent à scruter l’énigme de la condition humaine à la lumière de leur religion;
- le sens critique qui permet de choisir la vie ou la mort, le vrai ou le faux;
- le souci de la liberté qui suppose une conscience droite, une foi éclairée ;
- L’acceptation de la pluralité qui nous incite à nous considérer différents, mais égaux en dignité, en refusant toutes les formes d’exclusion, en particulier celles invoquant une religion ou une conviction.
Si nous pouvions dire tout cela ensemble, il est sûr que nous aurions devant nous un avenir beaucoup plus serein. N’est-ce pas au fond ces convictions qui sont à l’origine de ce que l’on appelle le « printemps arabe »? Cette jeunesse de certains pays du Maghreb, consciente, cultivée, qui ne supporte plus la dictature, est plus « révoltée » que « révolutionnaire ». Elle est en quête de dignité et de liberté,
II est vrai que les chrétiens d’Orient ont beaucoup souffert depuis qu’ils existent. Souvent pour survivre, ils ont plus plié que résisté. Mais leur disparition serait une catastrophe, surtout pour les Lieux saints chrétiens, Que peut-on donc faire pour eux ?
D’abord, les aider à rester sur place. Dieu les a plantés dans cette partie du monde et c’est là qu’ils doivent fleurir. Malgré certains phénomènes de fondamentalisme, la présence chrétienne dans la société arabe joue un rôle positif de facilitateur entre les composantes de cette société et de catalyseur pour la convivialité.
Ils jouent aussi le rôle de pont entre l’Orient et l’Occident.
Or, pour être un pont, il faut être solidement ancré des deux côtés de la rive. Nos frères dans la foi sont ancrés dans l’Orient qui est leur milieu historique, linguistique, culturel et politique. Ils sont aussi ancrés en Occident par leur foi, leur patrimoine spirituel et leur ouverture intellectuelle.
II faut les visiter, soutenir leurs institutions et travailler à la cause du rétablissement de la justice et de la paix pour qu’advienne une solution rapide du Moyen Orient. Ce que le pape Jean XXIII affirmait dans l’encyclique Pacem in terris demeure toujours d’actualité : « Nous devons rétablir les rapports de la vie en société sur les bases de la vérité et de la justice, de l’amour et de la liberté » (n. 40).
Pratiquer le dialogue entre croyants, c’est être convaincu que nous formons tous une famille, qu’i1 existe une communauté humaine et un bien universel. Mais c’est aussi s’opposer à la xénophobie, à la fermeture des frontières, aux idéologies qui diffusent la haine. Le dialogue entre cultures et entre croyants n’a pas seulement pour but de mieux se connaître pour éviter les conflits, mais il a aussi pour but de nous aider à élaborer une culture qui permette à tous de vivre dans la dignité et la sécurité.
Comme certains d’entre vous le savent, j’ai été pendant quelques années en poste à la Nonciature au Liban, de 1975 à 1982. C’est là que j’ai participé pour la première fois à un groupe d’amitié islamo-chrétienne, guide par un jésuite français, Augustin Dupré Latour. Parlant de ces rencontres, il écrivait : « Croyants de deux religions, nous nous sommes retrouvés, non comme des « sédentaires » satisfaits de ce qu’ils possèdent, mais comme appartenant à la race des « nomades », vivant sous une « tente », des itinérants guides par l’Esprit de Dieu. Nous nous sommes reconnus tout spontanément, non pas comme possédant la vérité divine, mais comme possédés par cette vérité, qui guide, entraine, libère, chacun dans sa ligne propre, plus attaché à sa propre foi. »
Je souhaite que ces journées romaines montrent que, malgré tous les événements de nature à les opposer, chrétiens et musulmans (et juifs) sont capables de se rencontrer, de dialoguer, de refuser les amalgames ; que, contrairement à ce qui est souvent affirmé, les religions ne sont pas facteurs de conflit, mais les croyants sont des personnes de bonne volonté qui contribuent à développer la paix. Avec les chrétiens d’Orient, les Européens, qui eux aussi sont désormais « condamnés » au dialogue interreligieux dans des sociétés de plus en plus plurielles, il nous faut arriver à un réel sens de l’altérité, accepter nos différences, se réjouir de nombreux terrains de rencontre. Il ne s’agit pas de négocier ou de faire des concessions sur ce que nous croyons. Il ne s’agit pas de convertir l’autre, même si le dialogue interreligieux favorise souvent les conversions. II s’agit de se connaitre pour s’aimer et créer du bonheur autour de soi. Soyons nous-mêmes ! Non pour imposer nos convictions, mais pour les proposer. Pèlerins de la vérité au milieu des contradictions de l’histoire, en dépit de nos incohérences, soyons capables par notre générosité, notre douceur et notre persévérance de purifier notre mémoire et notre cœur pour faire en sorte que la sagesse humaine se rencontre avec la sagesse de Dieu.
Parce que nous distinguons le politique et le religieux, le temporel et le spirituel, nous chrétiens avons le devoir de susciter toutes initiatives qui prouvent à quel point les croyants sont une ressource pour la cite. Le pape Benoit XVI, l’a admirablement dit sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem: « Ceux qui honorent le Dieu unique croient qu’il tiendra les êtres humains responsables de leurs actions. Les chrétiens affirment que les dons divins de la raison et de la liberté sont à la base de cette responsabilité, la raison ouvre l’esprit à la compréhension de la nature et de la destinée communes de la famille humaine, tandis que la liberté pousse les cœurs à accepter l’autre et à Le servir dans la charité, l’amour indivisible pour le Dieu unique et la charite envers le prochain deviennent ainsi le pivot autour duquel tout tourne. C’est pourquoi nous travaillons inlassablement pour préserver les cœurs humains de la haine, de la colère ou de la vengeance » (12 mai 2009).
Oui, il est salutaire de nous souvenir que notre Dieu est « dialogue » (Trinité) et que dialoguer n’est pas « céder », mais affirmer d’abord nos convictions, pour comprendre ensuite nos accords et nos désaccords et considérer enfin ce qu’ensemble nous pouvons faire pour Le bien commun de nos sociétés plurielles.
Je conclus mon propos. Pardonnez-moi si, dans ce temple de la culture française, j’ose vous laisser un message que j’emprunte à un poète anglais, William Blake: «J’ai cherché mon âme et je ne l’ai pas trouvée ; j’ai cherché Dieu, et je ne l’ai pas trouvé ; j’ai cherché mon frère et je les ai trouvés tous les trois ».
Cardinal Jean-Louis Tauran
Rome, 2 décembre 2011


















مشروع عقد اجتماعي وطني اسلامي - مسيحي- محمد السماك


 مشروع عقد اجتماعي وطني اسلامي - مسيحي
08 / 12 / 2011- annahar
يقف العالم العربي على عتبة مستقبل جديد مفعم بآمال شعوبه في تحقيق قدر أكبر من التقدم والازدهار على قواعد احترام الحقوق والحريات العامة، والمحافظة على الكرامة الانسانية، وممارسة دور أوسع
في صناعة القرارات التي تتعلق بمصير هذه الشعوب ومستقبلها.
ويلتقي في ذلك، المسلمون والمسيحيون، الذين صنعوا معاً على مدى التاريخ ثقافتهم وحضارتهم، وصاغوا معاً أيضاً هويتهم الوطنية، والذين ناضلوا معاً كذلك من أجل تحرير اوطانهم من الاحتلالات الاجنبية، وواجهوا معاً اعباء وتبعات التسلط الذي مارسه بعض الانظمة السياسية المستبدة وغير الرشيدة.
غير ان حركات التغيير التي تعصف بعدد من دول العالم العربي – شأنها في ذلك شأن كل حركات التغيير التي عصفت بدول أخرى في السابق – معرضة لسوء الاستغلال ولمحاولة اخراجها عن مسارها الاصلاحي السليم.
ومن الطبيعي ان تثير هذه الاحتمالات القلق والمخاوف، ليس من حركات التغيير الاصلاحية في حد ذاتها، انما من القوى المتحفزة لاستغلالها.
وبما ان بعض هذه القوى يحمل شعارات متطرفة في ادعاء احتكار الحقيقة، وبما ان هذه الشعارات تستهدف محاولة الغاء الآخر المختلف او اخضاعه او انتهاك حقوقه او محاولة فرض قوانين وتشريعات تفرض قيوداً على حرياته وكرامته، وبما ان ذلك كله يتناقض من حيث الشكل والاساس مع روح الاصلاح المنشود ومع اهدافه الوطنية والانسانية النبيلة، فان من مستلزمات حماية حركات التغيير الاصلاحية التنبه من مخاطر محاولات اقتناص اي فرصة لاخراج هذه الحركات عن مسارها، الأمر الذي يتطلب تفهم قلق المستهدفين اساساً ومخاوفهم من تطلعات ومن مشاريع قوى التطرف وادعاءاتها، كما يتطلب العمل على قطع الطريق امام وصول هذه القوى الى مآربها المدمرة.
ويفرض هذا الأمر مسؤوليات على المجتمعات العربية، المسيحية والاسلامية على حد سواء. كما انه يفرض مسؤوليات على مجتمعات دول الشرق الأوسط وخصوصاً تركيا وايران اللتين تؤثران وتتأثران سلباً وايجاباً بتطورات هذه الحركات ومآلاتها.
أولاً: في المسؤوليات المسيحية:
من المهم عدم الاستسلام للخوف من التغيير بما يوحي بالارتماء في احضان انظمة مستبدة تحسباً لتطرف أسوأ، او الانغلاق على الذات الى حد الهروب الى الهجرة.
فالمسيحيون العرب الذين شاركوا في صناعة النهضة العربية، وفي صياغة هوية الامة، والمحافظة على لغتها واغناء ثقافتها، والذين ساهموا في بناء دولها الوطنية المستقلة، كانوا، ومن الضروري ان يبقوا شهوداً للمسيحية في الشرق، وشهوداً على العيش الاسلامي المسيحي الذي يتواصل منذ أكثر من 1200 عام.
وعندما تجمع المرجعيات الدينية الاسلامية على رفض مقولة الدولة الدينية (وثيقة الأزهر الشريف)، وعندما تنفي هذه المرجعيات اي أساس لوجود مثل هذه المقولة في الشريعة الاسلامية، وعندما تؤكد كذلك احترام أهل الكتاب المسيحيين واليهود، واحترام عقائدهم ودور عبادتهم التزاماً لثوابت العقيدة الاسلامية، فان ذلك يؤكد الأمر الجوهري والواقعي وهو أن المسيحيين العرب هم جزء أساس من الأكثرية العربية، وانهم ليسوا مجرد اقلية دينية. وفي هذا المفهوم تصبح المساواة في المواطنة في الحقوق والواجبات في ظل دولة مدنية وطنية هي القاعدة والأساس لبناء العيش الوطني الواحد بين المسلمين والمسيحيين.
ولأن المسيحيين العرب يشكلون خيوطاً اساسية في النسيج الاجتماعي العربي، فان هذا النسيج يستقيم ويصمد بتداخل خيوطه والتفافها بعضها على البعض لتشكل معاً المعالم الجمالية للتنوع الذي يتميز به المشرق العربي.
ثانياً: في المسؤولية الاسلامية:
يتعرض مواطنون مسيحيون في بعض الدول العربية لسوء المعاملة وللاعتداء على أرواحهم وممتلكاتهم وعلى دور عبادتهم، على أيدي جماعات وعناصر ارهابية تدعي الانتماء الى الاسلام.
ان هذه الجرائم تتناقض والاسلام شرعة ومنهاجاً على النحو الذي حدده القرآن الكريم والسنة النبوية الشريفة.
لذلك فان مرتكبي هذه الجرائم ينتهكون بإثمهم التعاليم والقيم الاسلامية، التي تعتبر المسيحيين أقرب مودة للذين آمنوا، والتي تحدد تالياً علاقة المسلمين معهم على قاعدة "لهم ما لنا وعليهم ما علينا"، كما ورد في الحديث النبوي الشريف.
كما أن هذه الجرائم تنتهك المواثيق الوطنية والدستورية والقانونية في الدول الوطنية التي يشكل فيها المسيحيون والمسلمون مجتمعات واحدة.
من أجل ذلك فان المسلمين يدركون ان من مسؤوليتهم التصدي لهذه  الاعتداءات بالقول والعمل، ليس فقط على قاعدة احترام حقوق المواطنة والمساواة للجميع، وانما على قاعدة احترام المبادئ الاسلامية العامة التي تؤمن بالمسيحية رسالة من عند الله والتي تصف المسيحيين بأنهم يؤمنون بالله واليوم الآخر وانهم من الصالحين.
ويدرك المسلمون جيداً ان المسيحيين العرب هم جزء من النسيج الوطني للمجتمعات العربية، وانهم مكوّن أساس في الحضارة العربية، وركن من أركان حركات التحرير الوطني.
وعلى هذه الأسس والقواعد الدينية والوطنية، يعتبر المسلمون ان اي اعتداء على أي مواطن مسيحي، يشكل انتهاكاً للشريعة الاسلامية وللشرائع الدولية ولشرعة المواطنة.
وإن اي اعتداء على اي كنيسة او على أي بيت من بيوت العبادة الخاصة بأهل الكتاب وتحديداً المسيحية، هو بمثابة اعتداء على مساجد المسلمين وعلى دور عبادتهم. وان اي اعتداء على ممتلكات أهل الكتاب عامة والمسيحيين خاصة هو بمثابة اعتداء على ممتلكات المسلمين العامة والخاصة أيضاً.
ثالثاً: في المسؤوليات الاسلامية – المسيحية المشتركة:
أمران يتعذر معهما قيام مجتمع سليم ومعافى، هما اللاثقة بالآخر والخوف منه. وكلما اتسعت هوة الجهل بالآخر يزداد الخوف منه وتتعمق مشاعر اللاثقة المتبادلة، الأمر الذي يعرّض المجتمعات المتنوعة كالمجتمعات العربية لخطر التصدع.
ووقت تمر هذه المجتمعات العربية في مرحلة انتقالية جديدة، من شأن المزيد من التعارف والتعاون والاحترام بين مكوناتها الدينية والمذهبية والعنصرية أن يبدد المخاوف، وان يعمق الثقة المتبادلة، وان يمكنها تالياً من تحقيق طموحاتها المشروعة في التغيير المنشود.
ذلك ان المسلمين والمسيحيين العرب يشكلون أمة واحدة، ويواجهون مصيراً واحدا. وقدرهم وخيارهم ان يعيشوا معاً في دول مدنية وطنية لا دينية، يتساوى فيها المواطنون في الحقوق والواجبات ويتمتعون بكامل الحريات العامة وفي مقدمها الحريات الدينية وحرية الرأي والمعتقد. وهم مدعوون الى استلهام القيم الدينية والروحية، والمبادئ الانسانية التي اقرتها الشرائع الدولية والى العمل بالمواثيق الوطنية والدولية التي تحفظ وحدتهم وتصون حقوقهم وكراماتهم وتمكّنهم من تحقيق اهدافهم المشتركة في الازدهار والتقدم والسلام لهم وللعالم أجمع.

محمد السماك / النهار

vendredi 9 décembre 2011

Patriarches catholiques d'Orient : Recommandations, appel et décisions

Patriarches catholiques d'Orient : Recommandations, appel et décisions


Fixer une journée de prière pour la réconciliation et la paix

ROME, lundi 5 décembre 2011 (ZENIT.org) – Les patriarches catholiques d’Orient encouragent les Eglises à « fixer une journée de prière pour la réconciliation et la paix au Moyen-Orient ». Ils souhaitent "une paix juste et globale" pour en finir avec le conflit israélo-palestinien, et la création d'un Etat palestinien à côté de l'Etat d'Israël. Ils expriment leur préoccupation pour le sort des chrétiens au Moyen-Orient.

Si les conditions de sécurité le permettent, ils tiendront leur prochaine assemblée en Irak, en 2013.
Et en 2012, du 17 au 19 avril, un congrès pour la pastorale des médias - convoqué, par le Conseil pontifical pour les communications sociale – rassemblera les évêques au Liban.

Voici les textes des recommandations, de l’appel et des décisions du congrès du Conseil des patriarches catholiques d'Orient qui s’est tenu à Bkerké les 14-17 novembre 2011.

Les recommandations des patriarches

En vue d'activer les recommandations du synode des évêques pour le Moyen Orient et à la lumière des circonstances actuelles dans leurs pays, les pères ont recommandé ce qui suit:

Premièrement:
les circonstances actuelles dans les pays arabes et leur influence sur les chrétiens:

1) Exhorter les chrétiens, à l'attachement à leur terre et leurs biens sacrés dans leurs patries historiques et à la confiance en l'avenir. Insister sur leur mission dans les pays où ils sont appelés à être lumière, sel et ferment. Leur rappeler leur devoir de construire leur pays et leur droit à la citoyenneté intégrale et à la participation aux décisions nationales dans la solidarité avec le reste des composantes sociales et religieuses à travers les institutions de l'Etat.
2) L'action commune et la coordination pastorale entre les Eglises chrétiennes conformément à la parole du Seigneur Jésus: "qu'ils soient un". D'autant plus que l'unité de l'action et de la parole constitue une condition fondamentale pour le témoignage chrétien et la convivialité avec le reste de nos concitoyens.
3) Travailler sérieusement à l'unification de la fête de Pâques entre toutes les églises en trouvant des voies attestées pour une formulation et une application pratique en réponse aux instantes supplications exprimées par tous les chrétiens, surtout dans nos pays orientaux comme c’est le cas en Egypte, en Jordanie et en Palestine.
4) Insister sur le principe du dialogue national, le respect des droits de l'homme, la réconciliation nationale et la nécessité des reformes sociales et politiques comme voie pour l'instauration de la paix civile, la justice et le rejet de la violence comme moyen de changement.
5) Encourager les laïcs à l'insertion dans la vie publique au sein de notre société et à la participation sociale active dans les institutions nationales et les droits de l'homme.
6) Coopérer et renforcer le dialogue avec les forces modérées dans notre société afin d'élargir la base de la participation nationale partant du principe que la religion est une voie vers le "Dieu Un" et la paix véritable et l'établissement de ponts entre les citoyens en tant qu'associés au niveau de la terre et frères au niveau du devenir.
7) Appeler à une solution du problème israélo-palestinien fondée sur une paix juste et globale en accord avec les décisions des instances internationales plus spécialement en ce qui concerne le droit des Palestiniens au retour à leurs terres et à l'instauration d'un Etat propre à eux à côté de l'Etat d'Israël et à l'intérieur de frontières assurées et reconnues internationalement. En effet, la Terre Sainte qui fut l'origine de la proclamation de la paix sur terre le jour de la nativité du Christ Seigneur, a le droit de jouir de cette paix tant recherchée afin de la rayonner et de la propager dans tous les pays du Moyen Orient.

Deuxièmement:
des questions administratives:

1) Les pères patriarches ont béni la tenue au Liban d'un congrès général pour les laïcs organisé par le comité épiscopal des laïcs au Moyen Orient afin d'étudier leur rôle plus large dans la vie de l'Eglise et de sa mission.
2) Le conseil a approuvé le règlement intérieur du comité de coordination de l'aumônerie des prisons en Orient qui s'occupe à travers ses volontaires de visiter les prisonniers et de suivre leurs causes spirituelle, humanitaires et sociales.
3) Dans le cadre de la mission des comités de la famille chrétienne, les pères ont recommandé la participation active et large à la septième rencontre internationale des familles qui se tiendra à Milan (Italie) en Mai 2012.
4) Dans le cadre des activités de la commission catholique pour la catéchèse au Moyen Orient et le bureau catholique international pour l'éducation au Moyen Orient et l'Afrique du nord, le conseil a décidé la tenue d'un congrès pour les cadres de la catéchèse dans les pays du Moyen Orient au Liban le 12-17 avril 2012. D'autre part, les pères ont pris connaissance de la prochaine rencontre générale des responsables de la catéchèse dans tous les pays du Moyen Orient qui se tiendra l'an prochain au Liban.

Troisièmement:
application des recommandations du synode des évêques pour le Moyen Orient:

1) Des rapports ont été présentés de la part des églises concernant le suivi des recommandations du synode pour le Moyen Orient. Par ailleurs, conformément à la recommandation 43, le conseil des patriarches catholiques d'Orient exhorte les synodes des églises patriarcales, les éparchies, les prêtres, les religieux et les religieuses en collaboration avec les laïcs et les commissions ecclésiales locales, les cadres opérant dans les différents champs, de la pastorale, de la jeunesse et de la culture, à œuvrer pour l'application des orientations du synode et pour le développement de leur performance sur le terrain d'une façon qui s'accorde avec l'élan insuflé par le synode, à tous les niveaux ecclésiaux, et sur les plans de l'engagement civil, politique, du témoignage chrétien, de la communion entre les églises et de l'accroissement de la coopération et de la coordination entre elles.

Quatrièmement:
le rôle de l'information et des médias chrétiens émettant via satellite:

1) Nul n'ignore désormais le rôle croissant des médias avec leurs technologies modernes de diffusion par satellite dans la transmission de l'information et la communication sociale, ainsi que le rôle qui devrait leur être reconnu au service de l'Evangile et de la transmission du message de l'Eglise à la société et à la famille. C'est pourquoi les pères ont recommandé d'accorder à ces médias éducatifs ce qui leur revient d'attention et d'intérêt de la part de l'Eglise, d'encourager leur développement et de les traiter comme un moyen moderne et efficient dans la formation chrétienne et le kérygme.
2) Les pères ont béni la mission d’information dont s'acquitte la chaîne "Télélumière-Noursat" émettant via satellite largement écoutée dans nos pays et dans la diaspora, la radio "La Voix de la Charité" dont l'émission ne cesse de se développer quantitativement et qualitativement avec la chaîne télévisée issue d'elle "TV Charity" qui vise la jeunesse en premier lieu mais englobe aussi la société et les classes pauvres.

Appel des patriarches catholiques d'Orient

Nous, patriarches catholiques d’Orient, nous engageons à nous éclairer par la Parole de Dieu afin d'approfondir notre identité chrétienne, à nous y enraciner par la grâce des sacrements et à nous acquitter de la mission d'annoncer, dans nos sociétés et nos pays, l'Evangile de la paix qui appelle à la Vérité, la Justice, l'Amour et la Liberté.
Nous rappelons que Dieu est Amour et qu'il nous a créés pour être frères et coopérer au bien de l'Homme. Que c'est notre Foi qui montre le chemin. Aussi, ne pourrons-nous pas atteindre nos buts sans que Dieu nous gratifie de la force nécessaire, et du courage pour vivre la réconciliation avec lui et les uns avec les autres dans l'esprit de communion. Nous invitons à élever, dans nos éparchies, nos paroisses nos monastères et nos institutions, les prières pour la justice, la paix et la réconciliation.
Aujourd'hui alors que notre marche vers Noël a commencé, nous prions Notre Dame, Marie, la Vierge toute Sainte, Mère de l'Eglise et Reine de la paix, d'intercéder pour nous et pour nos pays afin que nous puissions arriver au port du salut et de vivre en sécurité et dans la dignité des enfants de Dieu.

Décisions et recommandations
du vingtième congrès du conseil des patriarches catholiques d'Orient.
Bkerké 14-17 Novembre 2011

1) Encourager les Eglises à fixer une journée de prière pour la réconciliation et la paix au Moyen Orient.
2) Poursuivre les congrès des laïcs au Moyen Orient et établir à cet effet un agenda qui donnera lieu à la convocation du second congrès des laïcs au Liban.
3) Accord sur la candidature de sa béatitude Mar Ignace III Younan pour la présidence du conseil des Eglises du Moyen Orient comme représentant de la famille catholique.
4) Accord sur la candidature du père Paul Rouhana au poste de secrétaire général du conseil des Eglises du Moyen Orient comme représentant de la famille catholique.
5) Approbation de l'institution du comité de coordination des aumôneries des prisons et de son règlement intérieur.
6) Approbation de la tenue au Liban du 17 au 19 avril 2012, du congrès pour la pastorale des médias qui sera convoqué, par le conseil pontifical des moyens de communication sociale, au niveau des évêques.
7) Imprimer en anglais des lettres pastorales pour les publier sur le site web du conseil.
8) Approbation du budget du conseil pour l'année 2009-2010.
9) Approbation du budget du conseil pour l'année 2010-2011.
10) Etant donné que les membres du conseil se réuniront au terme de l'année prochaine à Rome, le prochain congrès a été reporté à l'an 2013. Son objet et sa date seront déterminés à la lumière de la prochaine exhortation apostolique concernant l'existence chrétienne en Orient.
11) Il a été décidé que le 21ème congrès se tiendra en Irak si les conditions de sécurité le permettent, sinon il se tiendra en Egypte.

mardi 6 décembre 2011

Au centre catholique du Liban,Sœur Agnès-Mariam porte-parole du régime syrien

 Le  Centre Catholique d’Information, bras médiatique du Patriarcat, a ainsi accueilli, samedi 19 novembre, Sœur Agnès-Mariam de la Croix, une religieuse d’origine palestinienne installée en Syrie depuis le début des années 1990, et qui est devenue une porte-parole du régime tournée vers l’Occident chrétien, dans l’objectif de peser sur les opinions publiques, en multipliant les mensonges et en concentrant ses interventions sur les « menaces » potentielles ou virtuelles qui pourraient viser les Chrétiens d’Orient au lendemain de la chute du régime du Baas en Syrie. Mais en réalité, cette religieuse n’est qu’une opportuniste protégée par le régime qui s’en sert comme caution chrétienne. Elle avait déjà « littéralement mis la main » sur le couvent Saint Jacques de Qâra qu’elle préside et restaure depuis 1993, avec le soutien du régime. Selon des sources proches de l’Eglise à Rome, l’évêché Melkite Catholique, propriétaire du couvent Saint Jacques (Mar Yacoub), aurait déjà porté plainte contre la « religieuse usurpatrice » pour tenter de récupérer ses biens. Mais en vain ; le régime syrien a bloqué la plainte. Le résultat est que la religieuse est réduite au rang « d’esclave médiatique de Bachar Al-Assad ».
Voici en vidéo quelques extraits de la conférence de presse, diffusée par la télévision syrienne, la télévision OTV (de Michel AOun), et Al-Manar (du Hezbollah) .Lire la suite .........
http://www.mediarabe.info/spip.php?article2068

Ou est la verite? - les chiffres suivants peuevnt-ils en reveler qq chose ?

Info Le Figaro - Dans un rapport à paraître vendredi matin, et dont Le Figaro a pu obtenir une copie, l'organisation citoyenne Avaaz fait état de 6.200 morts - dont plus de 400 enfants - et de 69.000 détenus depuis le début de la répression contre le soulèvement populaire syrien, à la mi-mars. D'après les informations récoltées par cette ONG, qui s'appuie sur une équipe de 58 observateurs des droits de l'homme en Syrie, et qui travaille de paire avec de nombreuses organisations présentes sur le terrain, 37.000 des 69.000 détenus le sont toujours. Ceux qui ont été libérés portent, pour beaucoup, des marques de torture. 

Pour Ricken Patel, directeur exécutif d'Avaaz, «personne ne peut désormais fermer les yeux sur ce spectacle de l'horreur en Syrie». «En retardant une action internationale et en armant les escadrons de la mort d'Assad, la Russie est allée trop loin. Un Syrien sur 300 a été tué ou emprisonné. Le monde doit faire un choix : soit il assiste passivement à la violente guerre civile qui déchire tout le pays, soit il intensifie la pression pour contraindre Assad à quitter le pouvoir», dit-il.

Selon ce décompte méticuleux, qui fait l'objet d'un processus de vérification rigoureux - chaque mort est confirmée par trois sources indépendantes, y compris un membre de la famille du défunt et l'imam qui a dirigé la cérémonie funéraire - , et qui inclut également les victimes militaires, la ville «martyr» de Homs cumule près de 40% des pertes de tout le pays. Il y a quelques jours, l'ONU avait estimé, pour sa part, à 5.000 le nombre de victimes syriennes. Ce nouveau bilan à la hausse, fait par Avaaz, suit de près la journée la plus meurtrière de la révolte. Mardi, près de 120 personnes auraient trouvé la mort en Syrie.

 http://blog.lefigaro.fr/iran/2011/12/syrie-long-avaaz-denombre-plus.html

samedi 3 décembre 2011

Chrétiens d'Orient : comment les aider sans les singulariser


   
 
OLJ/Agences | 03/12/2011

Une église copte en Egypte.
Une église copte en Egypte.
Papier d'angle Des religieux prédisent "un avenir noir" et même affirment craindre un "génocide" des chrétiens.

La poussée islamiste dans le monde arabe est un facteur d'inquiétude pour les chrétiens d'Orient et leurs soutiens occidentaux sont partagés entre le désir de les défendre ouvertement et celui d'éviter de les singulariser.
La difficulté de prévoir l'issue de la phase transitoire actuelle a été soulignée au long d'un colloque, organisé jeudi et vendredi par le Centre culturel français de Rome.
En Egypte, en Tunisie, en Libye, au Maroc, en Syrie, au Yémen et en Irak, l'islamisme est en progression, et les menaces salafistes incitent des chrétiens à émigrer.
Dans l'assistance, des religieux, notamment libanais, ont pris la parole pour prédire "un avenir noir" et, même craindre, pour l'un d'entre eux, un "génocide" des chrétiens.
Alors que 30 000 à 40 000 coptes ont déjà quitté l’Égypte depuis mars, tous les intervenants ont souligné que le départ des chrétiens sert la cause des islamistes, et appauvrit "la diversité" de la région.
Un départ massif "serait une catastrophe", selon Mgr Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux qui a appelé les communautés présentes avant l'apparition de l'islam, à "rester sur place".
"Pour cela, a-t-il conseillé, il faut leur rendre visite, ne pas leur donner l'impression qu'ils sont isolés".
Mgr Tauran a souligné aussi l'importance du dialogue inter-religieux : "dans les conditions très difficiles actuelles, il n'y a que le dialogue qui peut nous sauver".
Cet ancien "ministre des Affaires étrangères" du Vatican a conseillé aux chrétiens d'Orient "de ne pas trop répéter qu'ils sont une minorité". Ils sont "une minorité qui compte", a-t-il dit.
Si le chrétien reste souvent un "citoyen de seconde catégorie", les élites arabes sont très sensibles au rôle des écoles et universités catholiques, où leurs enfants vont souvent étudier, a-t-il observé. Les chrétiens jouent également, selon lui, un rôle reconnu de "facilitateur" dans les crises et de "pont" avec l'Occident.
Une préoccupation majeure naît de l'absence fréquente de statut juridique des chrétiens, selon Mgr Tauran. Même en Jordanie, a-t-il observé, tout se passe bien en raison de la protection du roi, "mais nous n'avons aucune carte, aucun accord en main" si la situation devait basculer.
Pour Joseph Maïla, directeur du pôle religions au Quai d'Orsay, alors que "les révolutions arabes sont nées au nom des valeurs universelles", les déclarations de certains nouveaux dirigeants "ne sont pas rassurantes".
Que peut faire la France, ancienne puissance au Proche-Orient ? Le langage sur la "protection" des chrétiens d'Orient est dépassé, et le ciblage d'une communauté peut être contre-productif: "Nous ne les protégeons pas, nous nous préoccupons d'individus qui sont persécutés pour leurs convictions religieuses", a-t-il dit.
Preuve de la préoccupation de Paris, a-t-il rappelé, la France avait adopté après les attentats antichrétiens de Bagdad (2010) et d'Alexandrie (1er janvier 2011) des positions sans précédent en saisissant le Conseil de sécurité de l'ONU et le Conseil européen. Elle avait considéré qu'une atteinte à la "pluralité" dans une société comme l'Irak pouvait entraîner indirectement une menace pour la sécurité internationale.
A la tête de l'Oeuvre d'Orient, association d'aide aux communautés catholiques du Moyen-Orient, le père Pascal Gollnisch, a invité les Européens, divisés sur l'attitude à adopter face au drame des chrétiens d'Orient, à cesser d'"avoir peur de leur ombre" et d'observer "un silence dommageable".
"Nous ne demandons pas de favoriser les chrétiens, mais de faire respecter certaines règles", a-t-il plaidé, en relevant que "les chrétiens d'Orient portent parfois un regard extrêmement critique" sur les pays occidentaux et leur neutralité au nom de la laïcité.
La chercheuse italienne Anna Bozzo relativise l'isolement des chrétiens: grâce à l'Internet, dit-elle, "ils sont dans le village global. En contact avec les autres chrétiens".
   
  

Réactions des internautes à cet article

- Les chrétiens du Moyen Orient sont confrontés à un avenir noir exactement. Ils n'ont que deux alternatives, ou bien d'abandonner les terres de leurs aïeux ou d'accepter de vivre en moins que seconde classe, avec la crainte de se voir égorger à la première hystérie des extrémistes. Au Liban, il n'en est pas de même, pour le moment du moins. Si il 'ny aurait pas de Dialogue, d'Entente et d'Unité entre toutes les communautés du pays, ou, dans le cas contraire, des cantons, avec gouvernement central, garantis par les pays Arabes et les Nations Unies, l'avenir des chrétiens, ici même aussi, serait, sinon noir, gris et inconnu. Anastase Tsiris

Les maronites et la France » font toujours couler de l’encre

Les maronites et la France » font toujours couler de l’encre


OLJ - Par Carole DAGHER | 03/12/2011

Mgr Mazloum prononçant son allocution.
Mgr Mazloum prononçant son allocution.

Communauté Sous le thème « Les maronites et la France : regards croisés », le Centre de documentation et de recherche (CMDR)-France a organisé un colloque de haut niveau au palais du Luxembourg (siège du Sénat), regroupant autour de quatre tables rondes historiens, universitaires, écrivains de renom et diplomates. Dans son allocution d’ouverture, l’évêque Samir Mazloum, visiteur apostolique pour les maronites en Europe, a présenté le rôle et les objectifs du CMDR, dont il est le président effectif au Liban et en France.
Le CMDR-France regroupe dans son conseil d’administration des personnes actives de la communauté franco-libanaise à Paris (intellectuels, avocats, consultants, financiers). Centre indépendant d’analyse et de réflexion, il est constitué en association depuis 1901, et placé sous l’autorité du patriarche maronite, dans la lignée du CMDR-Liban, qui avait été créé en 2004 par le patriarche Nasrallah Sfeir.
Pour leur première initiative publique, les organisateurs du colloque ont voulu associer et confronter des personnalités aux parcours très différents. Le souci d’irriguer la réflexion au sein des maronites a été salué par les personnes présentes, et notamment par le rédacteur en chef adjoint du journal « La Croix », Jean-Christophe Ploquin, comme un défi à la fois courageux et stimulant. S’il est rare en effet d’évoquer l’histoire des maronites sans que ne se profile l’ombre portée de la France sur le destin de cette communauté, la relation franco-maronite n’a pas épuisé sa richesse et sa diversité. L’originalité de la démarche du CMDR-France résidait dans le fait de soumettre cette relation à une double lecture, maronite et française, dans un effet de miroir reflétant son impact sur l’histoire du Levant et la manière dont elle est perçue de part et d’autre. D’où le complément de titre : « Regards croisés ».


 
Réactions des internautes à cet article

- Ne rêvez pas Maronites du Liban. La grande Mère, c'était du passé. Aujourd'hui, ce sont les intérêts vitaux de chaque pays qui tracent ses politiques, surtout étrangères. Des paroles on entendrait, bien sûr, des actes on ne verrait jamais. Les temps des croisades sont révolus. Bkerké et les autres autorités chrétiennes doivent prendre en considération cette vérité, que l'Occident, laïc par exellence, ne cherche que ses intérêts propres et vendrait, sans souci de conscience, tous les chrétiens du M.O. pour quelques barils d'or noir. L'ultime aide qu'ils pourraient décider, c'est d'acceuillir les chrétiens chez eux, pour apaiser le peu de conscience qui leur reste, s'il leur en reste encore ! Anastase Tsiris

Maronites et chrétiens d’Orient : trois axes de réflexion

03/12/2011

À l’heure où les soulèvements arabes posent la question de l’avenir démocratique de la région, la 1re table ronde, modérée par Georges Zouein, consultant en culture et développement, s’est penchée sur la question des chrétiens d’Orient, à nouveau d’actualité. Sous le titre « Mythes et réalités sur la situation des chrétiens dans le monde arabe : la place des maronites dans la politique de la France au Levant », l’ancien ministre Georges Corm a développé trois axes de réflexion. Il a d’abord contesté l’appellation de « chrétiens d’Orient », porteuse selon lui d’une « connotation ethnique », et renvoyant à une idée de souffrance et de persécutions subies, appelant une protection occidentale. Corm a indiqué préférer l’emploi du mot « Église ». Il a ensuite développé l’importance symbolique et politique acquise par l’Église maronite à travers sa « relation à la fois ambiguë et sympathique avec la France, selon les circonstances ». Déplorant l’instrumentalisation de la communauté dans les rivalités franco-britanniques, il a estimé à cet égard qu’il fallait « cesser d’idéaliser la relation franco-maronite ». Enfin, abordant la question de l’émigration, il a souligné la nécessité de ré-enraciner les fidèles de l’Église maronite dans leur terre et de leur apprendre leur histoire et leur patrimoine syriaques, oubliés au profit de l’histoire de France. Il a rendu à cet égard un hommage particulier au père Youakim Moubarak, trop tôt disparu.
Le père Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, devait souligner l’intérêt particulier de la France pour les chrétiens d’Orient. Mais, a-t-il déclaré, « si les Français aiment les maronites, ils ont tendance à projeter sur eux leurs préoccupations hexagonales ». Il a développé les principaux axes de la mission de l’Œuvre d’Orient : éducation, santé et formation des prêtres, insistant sur l’importance de l’aide aux établissements francophones. Saluant le rôle du patriarche maronite, il a dénoncé la volonté de la presse de l’entraîner vers la question de la politique en Syrie, avant de conclure sur la nécessité de respecter la Déclaration universelle des droits de l’homme, les droits de l’homme étant inaliénables et non « adaptables » d’une culture ou d’une religion à une autre.

L’historienne Chantal Verdeil (Inalco) devait pour sa part développer le rôle des missionnaires dans les relations entre les maronites et la France entre le XIXe et le XXe siècle, lorsque la France était « protectrice des chrétiens d’Orient ». Bien que n’étant pas tous Français, les missionnaires, en particulier les jésuites, auraient pu être perçus comme le relais de la politique française au Levant. Verdeil a développé les axes de ces missions, essentiellement catholiques, dans le renforcement des Églises catholiques orientales, face à deux « menaces », celle de l’influence protestante, alors considérée comme hérétique, et celle de la modernité, issue des principes de la Révolution française notamment.

L’occasion manquée de la proclamation du Grand Liban

   
  
03/12/2011

Dirigée par Jean-Christophe Ploquin, la 2e table ronde a abordé la construction de la relation privilégiée entre les maronites et la France et ses conséquences. Sous le titre : « La formation du Grand Liban en 1920 ou la fin d’une grande politique française au Levant », l’historien et écrivain Gérard Khoury a développé une lecture tout à fait inédite de l’acte de naissance du Grand Liban.
Du XVIe siècle à la Première Guerre mondiale, la France a eu, selon lui, « une grande politique ottomane et une petite politique de soutien aux chrétiens d’Orient ». « C’est grâce à sa grande politique, sur laquelle elle s’appuyait, que la France a pu améliorer le sort des minorités du Levant, et principalement celui des chrétiens du Mont-Liban, qu’on qualifiait de clientèle de la France, alors fille aînée de l’Église », relève-t-il. « À partir de la deuxième moitié du XIXe siècle et surtout après l’instauration du régime d’autonomie de la Moutassarrifiya en 1861 pour le Mont-Liban, la France va accentuer sa petite politique en s’appuyant de plus en plus sur les maronites pour des raisons politiques, économiques et culturelles. »

Les accords Sykes-Picot de démembrement de l’Empire ottoman, le rôle de Clemenceau, celui du patriarche Hoyek à la conférence de Versailles, sont alors détaillés par le conférencier, jusqu’au dénouement, avec la proclamation de l’État du Grand Liban par le général Gouraud, le 1er septembre 1920, que Khoury assimile à « une occasion manquée », celle de « l’harmonisation des vœux de la majorité et des minorités qu’avait presque réussie Clemenceau ».
Les relations franco-maronites, c’est aussi les maronites en France et l’histoire d’une « émigration » qui n’en est pas une. Le Foyer franco-libanais en est un exemple éclairant. Mgr Saïd Saïd, vicaire patriarcal maronite en France, a exposé l’histoire du culte maronite en France, depuis sa reconnaissance en 1892 par l’État français et l’affectation de la petite chapelle du Sénat aux maronites, jusqu’à l’inauguration, en 1915, de l’église de la rue d’Ulm, sous le nom de Notre-Dame du Liban. C’est en 1936 qu’est créé un comité d’honneur pour s’occuper du projet de la fondation qui prend le nom de Foyer franco-libanais, lequel sera inauguré en 1963 par le patriarche Méouchy. Soulignant le rayonnement culturel de cette institution, qui fut soutenue par des personnalités éminentes de la diaspora libanaise, Mgr Saïd devait relever le désir des maronites de s’inscrire dans une perspective nationale. « Avec cette chapelle et cet ordinariat, a-t-il ajouté, on ne parle plus de maronites à Paris, mais de maronites de Paris. »
Enfin, l’historienne Nadine Méouchy (IFPO) a déroulé « un siècle de relations entre les maronites et la France, 1860-1960 », durant lequel l’Église maronite connait une ascension politique irrésistible. Cette ascension se manifeste notamment sous le régime de la Moutassarrifiya, qui « fournit aux maronites une culture politique et une expérience de gouvernement unique adossée à une garantie internationale et surtout française ». Cela n’empêchera pas le patriarche Arida de s’opposer à plusieurs reprises à la politique française sous le mandat, et à s’autonomiser par rapport à la tutelle française. Ce qui montre à quel point les maronites demeurent attachés, à travers leur histoire, d’abord au principe de liberté qui a toujours été leur moteur (Youssef bey Karam en est un exemple flagrant au XIXe siècle). C’est cette liberté qui leur a permis de jouer un rôle-clé de vecteur de la modernité en Orient.
Faisant la transition avec la 3e table ronde, Méouchy a développé une conclusion particulièrement intéressante, qui a alimenté le débat dans la salle. Elle mérite d’être rapportée, en raison du regard analytique et
critique.
« L’indépendance, souligne Méouchy, montre rapidement que la communauté maronite, toujours politiquement dominante et objectivement coresponsable avec les sunnites de la construction de l’État, n’a pas réussi à se défaire de la conscience minoritaire héritée du temps de l’Empire. La relation privilégiée avec la France lui aura permis entre autres d’obtenir un État à ses conditions, mais pas de penser l’État pour tous à partir du moment où d’autres communautés y étaient incluses. Le modèle d’État-nation sécularisé imposé par la France n’était pas adapté à la réalité anthropologique des sociétés du Proche-Orient. De plus, ce modèle fut perverti dès l’origine par la France elle-même puisqu’elle cautionna l’institutionnalisation du confessionnalisme. Au fond, c’est pour n’avoir pas assumé la responsabilité historique de la construction nationale que les maronites ont perdu la prédominance dans l’État libanais, mais la légitime interrogation autour de cet échec devrait peut-être porter sur le fait minoritaire bien plus que sur la communauté maronite en elle-même. »
Et Méouchy de se référer à l’actualité régionale, où « d’autres minorités, les chiites du Liban, à travers le parti dominant, le Hezbollah, et les alaouites de Syrie, loin de tirer les leçons des erreurs maronites, ont aussi manqué les rendez-vous de l’histoire avec l’État national démocratique en reproduisant les mêmes visions minoritaires d’ancien régime, mortifères au niveau national et suicidaires au niveau communautaire si l’on veut bien considérer que la démocratie est la meilleure garantie de la continuité de l’État et de la survie des minorités ».

Les trois pistes de la modernité maronite contemporaine

    OLJ  
03/12/2011

Modérée par Antoine Fleyfel, docteur en théologie et en philosophie, la 3e table ronde a posé la question de savoir si, avec les bouleversements survenus au Liban et dans le monde arabe, les maronites, culturellement porteurs de modernité, ont encore un rôle original à jouer dans ce sens.
L’historien Bernard Heyberger (EHESS) devait aborder la problématique sous l’angle historique et culturel, où la modernité introduite par les maronites au Levant est évoquée en termes d’éducation, de structuration de la société, de large diffusion des connaissances (grâce à l’imprimerie notamment), d’émergence de l’individu, de prise de conscience nationale. D’où il apparaît que le clergé maronite a été, historiquement, l’initiateur de la modernité dans la société du Mont-Liban, à travers les réformes engagées dans l’Église (synode de Louayzé, 1736), la rationalisation de la vie sociale, l’instauration de la gratuité de l’enseignement, obligatoire pour les filles et les garçons, et même l’exigence du libre consentement des époux (malgré les réticences de la société). Mais le paradoxe de l’Église est que, tout en modernisant la vie sociale, elle reste une institution réactionnaire. La littérature arabe ne sort pas du domaine de la dévotion. « Au XIXe siècle, relève Heyberger, les individus libres et citoyens issus de la “maronitude” et du collège de Aïn-Warka rompent avec la communauté (Boutros Boustani, Ahmad Farès Chidiac, Gibran Khalil Gibran) pour s’affirmer en tant qu’individus et pour apporter quelque chose de nouveau qui se rapporte à cette modernité des Lumières, comme on la conçoit en Europe au XIXe siècle. »

Des champs féconds de l’histoire maronite, la thématique aborde le monde contemporain, et plus particulièrement la période d’après-guerre. Celle-ci marque une plus grande ouverture de la politique française aux autres communautés libanaises. Cette nouvelle orientation signifie-t-elle une dépréciation de la place des maronites dans les relations franco-libanaises ? Jean-Pierre Lafon, ancien secrétaire général du Quai d’Orsay, répond à cette question en développant les priorités de la diplomatie française lorsqu’il était ambassadeur au Liban (1994-1998). L’amitié entre Jacques Chirac et Rafic Hariri dominait alors le paysage politique et diplomatique libanais. Cette période de la reconstruction et du renforcement du lien français avec la communauté sunnite fut aussi celle de l’ouverture à la communauté chiite, notamment par le biais de la construction du lycée français à Nabatiyé, rappelle Lafon. Soulignant les diverses réalisations intervenues alors (dont la création de l’ESA à Beyrouth), le diplomate français souligne l’importance de la présence chrétienne au Liban, et notamment maronite, et de son interaction avec les autres communautés.
Joseph Maïla, directeur de la Prospective au Quai d’Orsay, a pour sa part élaboré sur la question de la modernité. Les maronites, contraints de choisir entre la pesanteur des contraintes en Orient et l’adaptation aux changements historiques, tout en préservant leur identité, « sont constamment confrontés à des dilemmes créateurs ».
Maïla a ainsi développé les trois pistes de la modernité maronite contemporaine : « La première trajectoire, plutôt exceptionnelle, consistait à sortir de la communauté pour aller vers l’État. La communauté maronite a eu la chance, de par ses qualités propres et par sa relation avec la France, de se doter d’un État, dans le contexte de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce choix de l’État s’est fait en prenant le risque de la pluralité, mais au détriment de l’identité. L’expérience maronite est celle de la pluralité, dans une territorialité libanaise définie comme la volonté de vivre dans un espace commun avec d’autres communautés, dans un État libre et indépendant (ce que les Libanais appellent la souveraineté). Les maronites ont été les inventeurs de cette territorialité d’indépendance dans laquelle ils ont conçu leur existence et leur ancrage au Proche-Orient. »
« La deuxième introduction à la modernité portée par les maronites a été l’éducation qui a mené à un processus d’individuation », a poursuivi Maïla. « Le 3e choix fut le système économique libéral très ouvert. Il s’est fait dans une tentative de marier une tradition de négoce avec une tradition de communautarisme. Le penseur emblématique en fut Michel Chiha. Ce choix a été lourd de conséquences, car il s’est fait au détriment d’une intégration sociale forte. » Or aujourd’hui, « on ne peut plus faire le pari libanais sans faire le pari de la cohésion sociale ».
Maïla estime que « le pari maronite de la modernité a été gagné » dans la mesure où « les maronites ont porté l’idée de l’État, à laquelle se sont ralliés les sunnites en 1943, puis les chiites plus tardivement ». Ainsi « l’idée maronite de l’État, avec une conception pluraliste de la nation, a été partagée, certes dans la douleur et dans les crises, mais je ne connais pas de construction étatique qui ne se soit faite sans les contradictions ».
Ensuite, poursuit Maïla, vient « le temps du doute maronite », qui est celui de la guerre. Tentation rattachiste identitaire autoritaire, par rapport à la Syrie, ou partitionniste délétère ou indépendantiste sectaire (reconduire le rêve maronite de diriger la nation) se sont opposées. L’Église a tranché. Dirigée par le patriarche Sfeir, et aujourd’hui par son successeur Mgr Raï, elle a fait le choix d’un « enracinement d’ouverture », une appartenance à la terre, à son territoire et sa souveraineté, mais qui s’ouvre sur la modernité et le Moyen-Orient. Quelles sont les chances de la modernité libanaise ? L’émigration d’abord, notamment dans le contexte de la mondialisation. « L’émigration est une perte de substance, mais qui s’enrichit par un système de diaspora », estime Maïla. « La chance de la communauté maronite est d’avoir été mondialisée avant toutes les autres. Encore faut-il l’organiser. « Le 2e point est de réfléchir au développement du système : comment passer d’un système participatif à un système de citoyenneté. » Et finalement, que faire des révolutions arabes ? « Dans cette région, conclut Maïla, c’est une chance risquée, certes. L’islam politique se fait aujourd’hui au risque de la pluralité et de la démocratie. Il accepte de rentrer dans un cycle d’élections, de gestion et d’alternance. Il faut jouer le jeu, et il y a là un risque qu’il faut savoir prendre. » 


Le père Youakim Moubarak ou le « génie de la libanité


De gauche à droite : Neemat Frem, Annie Laurent, Olivier Germain-Thomas et Maya Ghosn.
De gauche à droite : Neemat Frem, Annie Laurent, Olivier Germain-Thomas et Maya Ghosn.
La 4e table ronde, modérée par Maya Ghosn, conseil en management et en communication, a posé les questions suivantes : que signifie être maronite aujourd’hui ? Comment les maronites peuvent-ils concilier leur ancrage identitaire et leur appartenance citoyenne dans les pays d’accueil ? Que peut découvrir un Occidental au contact ?
Sur cette dernière question, l’écrivain et journaliste Olivier Germain-Thomas a répondu en rendant un hommage particulièrement émouvant au père Youakim Moubarak, « un homme qui a changé ma vie ». Curé de Saint-Séverin pendant plus de 18 ans, écrivain, penseur, théologien, secrétaire général du patriarcat maronite, inspirateur du synode maronite, le père Moubarak a exercé « une influence considérable sur un grand nombre de spirituels, de penseurs, d’écrivains et d’artistes en France », tous également « touchés par sa lumière spirituelle ». Précisant que ce prêtre maronite hors du commun « a énormément fait pour montrer la force de la maronité au sein des Français » grâce à son charisme personnel, Germain-Thomas a rappelé le rôle important qu’il a joué sur le plan politique, étant en contact avec toutes les communautés, y compris druze et chiite. « Il a porté le génie de la libanité, qui consiste à pouvoir être soi-même partout, en restant fidèle à ses racines. » L’écrivain français a souligné l’importance de l’œuvre du père Moubarak dans le dialogue islamo-chrétien. Dans les dernières années de sa vie, à travers ses cours donnés à Louvain-la-Neuve ou dans ses conversations, Moubarak semblait attiré par la mystique de l’Inde, et notamment par le père Montchanin, lequel avait fondé une sorte d’ashram dans le sud de l’Inde, lieu de dialogue entre les chrétiens et les hindous. Le père Moubarak, a poursuivi le conférencier, était très intéressé par les églises malabares et malankares, et son désir à la fin de sa vie était d’y aller retrouver ces premières églises chrétiennes dont il se sentait proche. Il voulait « ouvrir une brèche dans l’abrahamisme », en rencontrant ces églises, porteuses d’un patrimoine syriaque antique, et établir un dialogue avec la grande mystique de l’Inde. Germain-Thomas a souligné que le père Moubarak fut un exemple de ce destin de la maronité, qui est celui du dialogue et de l’ouverture, sans jamais abandonner ses propres racines. Il a conclu en lisant un très beau texte du prêtre maronite visant à illustrer la force de sa conviction et de sa foi.

L’industriel libanais Neemat Frem, à la fois président de l’Association des industriels libanais et vice-président de la Fondation maronite dans le monde, homme engagé dans l’Église et la société libanaise, a développé pour sa part les causes et les effets de l’émigration libanaise et chrétienne, et expliqué les moyens mis en œuvre par la fondation pour en contrer les conséquences négatives. Soulignant la contribution économique des émigrés au pays, il a précisé que « le Liban compte le niveau le plus élevé de revenus envoyés par les émigrés au pays par habitant, soit 7 milliards de dollars par an, ce qui représente en moyenne 1 350 dollars par habitant ». Cependant, l’émigration des jeunes gens, dont l’âge varie entre 25 et 35 ans, a créé un déséquilibre démographique structurel, a-t-il déploré, énumérant aussi, parmi les maux d’un tel exode, la perte des compétences, la rupture des liens avec les émigrés de seconde génération, et l’oubli de la langue maternelle, le délitement des valeurs familiales, la stagnation des campagnes et le dépeuplement des zones rurales. Il a dressé un tableau alarmant de la situation démographique des chrétiens du Liban, dû au fait que les émigrés n’inscrivent plus leurs naissances et leurs mariages dans les registres de l’État libanais. Ainsi, d’après les registres au Liban, 75 % des Libanais mâles seraient célibataires au Liban du fait du non-enregistrement des mariages. Tenter de combler ces lacunes et de redresser la barre constitue le corps du travail de la Fondation maronite dans le monde, a soutenu Frem. Chiffres à l’appui, il a noté que « l’équilibre démographique au Liban, si essentiel à notre existence et à l’harmonie de la mosaïque interne, a été structurellement ébranlé ». L’émigration a réduit le nombre des chrétiens inscrits sur les registres de l’État civil libanais de 75 % au début du XXe siècle à 34,9 % aujourd’hui, dont 19 % de la communauté maronite. Il y aurait au moins 1,6 million d’expatriés non inscrits à l’État civil. Estimant que c’est « presque un sacrilège de laisser les générations de la diaspora maronite perdre le lien avec la mère patrie », Frem devait exprimer la « grave inquiétude de la Fondation maronite dans le monde au regard de ces chiffres, surtout que nous sommes à l’aurore d’une ère nouvelle, où la culture et les droits des minorités seront de plus en plus mis en évidence ». Et de poursuivre : « Si le XXe siècle a vu l’expansion monumentale de l’uniformisme, le XXIe siècle verra la réémergence de la richesse dans la diversité culturelle, religieuse, philosophique et même identitaire. L’art de construire des entités et des systèmes harmonieux et cohérents tout en préservant les grandes palettes de cultures, de valeurs, et de trains de vie sera finalement maîtrisé. Ainsi le Liban, pays de diversité et de pluralisme, pays de confrontation et de coexistence, jouera toujours le rôle de laboratoire du futur. Ce rôle, nous l’avons payé très cher ».
Pour toutes ces raisons, a poursuivi Frem, la Fondation maronite dans le monde cherche à aider les Libanais de la diaspora à réclamer officiellement la nationalité libanaise et à exercer des pressions en ce sens sur le gouvernement et le Parlement afin de les inciter à promulguer des lois qui faciliteraient les procédures de récupération de la nationalité. « À la Fondation maronite, nous croyons fermement que la diaspora libanaise doit faire partie de notre vie économique, sociale, culturelle et politique », a-t-il ajouté. « Nous avons besoin d’elle pour stimuler l’exportation, ouvrir les marchés, investir dans l’industrie, l’agriculture, le secteur privé et le tourisme. » Et, concluant un exposé qui fut un moment fort du colloque, il a énuméré, sous les applaudissements de l’auditoire, ce qu’il a appelé « les dix commandements de l’émigré » afin, dit-il, « que ce nouveau siècle nous soit un peu plus clément que le dernier ».
Pour aborder la question de la participation des catholiques orientaux à la mission universelle de l’Église, Annie Laurent était la personne indiquée. Ayant participé en qualité d’experte au synode sur les chrétiens du Moyen-Orient en octobre 2010, sympathisante notoire des chrétiens d’Orient et des maronites en particulier, dont elle défend le rôle crucial dans la région et dans le monde, dans ses ouvrages et ses conférences, elle a d’abord rendu hommage au père Michel Hayek qui l’a initiée à l’histoire des maronites. Selon elle, « l’Église maronite bénéficie de trois atouts : sa catholicité ancienne et intégrale, qui lui a fait développer des liens très importants avec la France et Rome, d’où sa propension à l’universalité ; une relation avec les autres Églises catholiques non entachée par un complexe de séparatisme ou de scissions survenues en son sein ; une présence importante des maronites partout dans le monde et une capacité d’intégration exceptionnelle dans les pays d’accueil ». « Par leur ouverture, les maronites ont déjà rejoint une dimension universelle, certains font partie des missions latines en Orient (carmes, jésuites...). En Occident, des prêtres maronites servent aussi dans des paroisses latines. »
Les catholiques orientaux doivent-ils pour autant renoncer à leurs traditions d’origine quand ils s’installent dans la diaspora ? La conférencière indique que le synode à Rome a plaidé pour une meilleure connaissance du catholicisme oriental par les latins (respect de leur propre rite, formation adaptée dans les séminaires ). De plus, les pères synodaux ont préconisé l’extension des juridictions patriarcales sur leurs fidèles établis hors du territoire historique, d’autant plus que ce nombre va croissant, dépassant celui des fidèles restés au Proche-Orient. À la Toussaint 2010, le cardinal archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, aurait même demandé aux évêques de France de voter une motion tendant à la création d’un diocèse maronite pour l’Europe.
En conclusion, Annie Laurent devait appeler à ne plus parler de minorités mais de communautés. « Les chrétiens ne peuvent pas militer pour des États ghettos, ils ont une mission universelle d’ouverture et doivent se mettre au service de tout le monde », conclut-elle. « Les catholiques ne cherchent pas la Jérusalem terrestre, mais ils doivent semer les valeurs du royaume de Dieu là où ils se trouvent. »
Le mot de clôture du colloque devait être prononcé par l’avocat Fouad Boustany, membre du conseil d’administration du CMDR-France, au bout d’une journée réussie en tous points et entrecoupée d’un déjeuner au restaurant du Sénat.

Chrétiens d'Orient : comment les aider sans les singulariser

  
OLJ/ Agences | 03/12/2011

Une église copte en Egypte.
Une église copte en Egypte.
Papier d'angle Des religieux prédisent "un avenir noir" et même affirment craindre un "génocide" des chrétiens.

La poussée islamiste dans le monde arabe est un facteur d'inquiétude pour les chrétiens d'Orient et leurs soutiens occidentaux sont partagés entre le désir de les défendre ouvertement et celui d'éviter de les singulariser.
La difficulté de prévoir l'issue de la phase transitoire actuelle a été soulignée au long d'un colloque, organisé jeudi et vendredi par le Centre culturel français de Rome.
En Egypte, en Tunisie, en Libye, au Maroc, en Syrie, au Yémen et en Irak, l'islamisme est en progression, et les menaces salafistes incitent des chrétiens à émigrer.
Dans l'assistance, des religieux, notamment libanais, ont pris la parole pour prédire "un avenir noir" et, même craindre, pour l'un d'entre eux, un "génocide" des chrétiens.
Alors que 30 000 à 40 000 coptes ont déjà quitté l’Égypte depuis mars, tous les intervenants ont souligné que le départ des chrétiens sert la cause des islamistes, et appauvrit "la diversité" de la région.
Un départ massif "serait une catastrophe", selon Mgr Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux qui a appelé les communautés présentes avant l'apparition de l'islam, à "rester sur place".
"Pour cela, a-t-il conseillé, il faut leur rendre visite, ne pas leur donner l'impression qu'ils sont isolés".
Mgr Tauran a souligné aussi l'importance du dialogue inter-religieux : "dans les conditions très difficiles actuelles, il n'y a que le dialogue qui peut nous sauver".
Cet ancien "ministre des Affaires étrangères" du Vatican a conseillé aux chrétiens d'Orient "de ne pas trop répéter qu'ils sont une minorité". Ils sont "une minorité qui compte", a-t-il dit.
Si le chrétien reste souvent un "citoyen de seconde catégorie", les élites arabes sont très sensibles au rôle des écoles et universités catholiques, où leurs enfants vont souvent étudier, a-t-il observé. Les chrétiens jouent également, selon lui, un rôle reconnu de "facilitateur" dans les crises et de "pont" avec l'Occident.
Une préoccupation majeure naît de l'absence fréquente de statut juridique des chrétiens, selon Mgr Tauran. Même en Jordanie, a-t-il observé, tout se passe bien en raison de la protection du roi, "mais nous n'avons aucune carte, aucun accord en main" si la situation devait basculer.
Pour Joseph Maïla, directeur du pôle religions au Quai d'Orsay, alors que "les révolutions arabes sont nées au nom des valeurs universelles", les déclarations de certains nouveaux dirigeants "ne sont pas rassurantes".
Que peut faire la France, ancienne puissance au Proche-Orient ? Le langage sur la "protection" des chrétiens d'Orient est dépassé, et le ciblage d'une communauté peut être contre-productif: "Nous ne les protégeons pas, nous nous préoccupons d'individus qui sont persécutés pour leurs convictions religieuses", a-t-il dit.
Preuve de la préoccupation de Paris, a-t-il rappelé, la France avait adopté après les attentats antichrétiens de Bagdad (2010) et d'Alexandrie (1er janvier 2011) des positions sans précédent en saisissant le Conseil de sécurité de l'ONU et le Conseil européen. Elle avait considéré qu'une atteinte à la "pluralité" dans une société comme l'Irak pouvait entraîner indirectement une menace pour la sécurité internationale.
A la tête de l'Oeuvre d'Orient, association d'aide aux communautés catholiques du Moyen-Orient, le père Pascal Gollnisch, a invité les Européens, divisés sur l'attitude à adopter face au drame des chrétiens d'Orient, à cesser d'"avoir peur de leur ombre" et d'observer "un silence dommageable".
"Nous ne demandons pas de favoriser les chrétiens, mais de faire respecter certaines règles", a-t-il plaidé, en relevant que "les chrétiens d'Orient portent parfois un regard extrêmement critique" sur les pays occidentaux et leur neutralité au nom de la laïcité.
La chercheuse italienne Anna Bozzo relativise l'isolement des chrétiens: grâce à l'Internet, dit-elle, "ils sont dans le village global. En contact avec les autres chrétiens"

Réactions des internautes à cet article

- Les chrétiens du Moyen Orient sont confrontés à un avenir noir exactement. Ils n'ont que deux alternatives, ou bien d'abandonner les terres de leurs aïeux ou d'accepter de vivre en moins que seconde classe, avec la crainte de se voir égorger à la première hystérie des extrémistes. Au Liban, il n'en est pas de même, pour le moment du moins. Si il 'ny aurait pas de Dialogue, d'Entente et d'Unité entre toutes les communautés du pays, ou, dans le cas contraire, des cantons, avec gouvernement central, garantis par les pays Arabes et les Nations Unies, l'avenir des chrétiens, ici même aussi, serait, sinon noir, gris et inconnu. Anastase Tsiris
كنائس الشرق الأوسط انتخبت روحانا أميناً عاماً:
رفض هجرة المسيحيين والدعوة إلى حمايتهم
الامين العام لمجلس كنائس الشرق الاوسط الاب بولس روحانا. (ارشيف "النهار)
أكد مجلس كنائس الشرق الأوسط أن "حضور المسيحيين متأصل في الشرق وفكرة الهجرة مرفوضة على رغم الصعوبات"، داعياً أصحاب السلطة الى "اتخاذ الاجراءات لحمايتهم في الشرق الاوسط والعالم". عقد المجلس جمعية عمومية في مدينة بافوس- قبرص، في ضيافة الكنيسة الارثوذكسية في قبرص وفي حضور رئيس أساقفتها خريزوستوموس الثاني، وأصدر بيانه الختامي الذي تضمن انتخاب أربعة رؤساء: آرام الأول كاثوليكوس الأرمن الأرثوذكس لبيت كيليكيا  رئيسا عن العائلة الارثوذكسية الشرقية، ثيوفيلوس الثالث، بطريرك اورشليم للروم الارثوذكس رئيساً عن العائلة الارثوذكسية، المطران منيب يونان رئيس الكنيسة الانجيلية اللوثرية في الأردن والأراضي المقدسة رئيسا عن العائلة الانجيلية، إغناطيوس يوسف الثالث يونان بطريرك انطاكية للسريان الكاثوليك رئيسا عن العائلة الكاثوليكية.
كذلك انتخب المطران بولس مطر رئيساً فخرياً للمجلس.
وانتخب أيضاً أعضاء اللجنة التنفيذية الجديدة و الأمين العام الجديد لفترة أربع سنوات، وهو الأب بولس روحانا من الكنيسة المارونية خلفا لـلسيد جرجس ابرهيم صالح الذي انتخب أميناً عاماً فخرياً.
وأضاف البيان أن المجتمعين أكدوا أن "الوحدة المسيحية مطلب أساسي وهدف يسعى اليه مجلس كنائس الشرق الأوسط، وإن حضور المسيحيين متأصل في هذا الشرق، ساهموا مساهمة فعالة في نهضته والدفاع عن ترابه وهم مستعدون لبناء مستقبل جديد، ويرفضون فكرة الهجرة على رغم كل الصعوبات ويدعون الى التحلي بالرجاء لمتابعة العيش المشترك، ودعم الاصلاح والتغيير والتطوير لما فيه خير الانسان.
ونظراً الى ما يجري في بعض بلداننا الشرق أوسطية يذكر المجتمعون الجميع، خصوصا المجتمع الدولي، بالمبادئ الانسانية التي تنبغي مراعاتها والتي تتمثل خصوصاً بالحرية الانسانية الفكرية والدينية والسياسية، وبنبذ العنف في حل المشاكل حين تقع من أي طرف. ويجدد المجتمعون دعمهم للقضايا العادلة ولا سيما حق الشعب الفلسطيني في تقرير مصيره حسب الشرعية الدولية".
وأكد المجلس ضرورة حماية الأماكن المقدسة وبيوت العبادة، وأسف "لأعمال التفجير وقتل المسيحيين وتشريدهم"، وقال "ان الحرية الدينية وحرية العبادة شأنان مقدسان، وعلى أصحاب السلطة وصانعي القرار أن يعملوا بكل الوسائل والطرق على سنّ القوانين واتخاذ الاجراءات اللازمة لحماية المسيحيين في كل بلدان الشرق الاوسط والعالم".
annahar 3-12-2011
كنائس الشرق الأوسط انتخبت روحانا أميناً عاماً:
رفض هجرة المسيحيين والدعوة إلى حمايتهم
الامين العام لمجلس كنائس الشرق الاوسط الاب بولس روحانا. (ارشيف "النهار)
أكد مجلس كنائس الشرق الأوسط أن "حضور المسيحيين متأصل في الشرق وفكرة الهجرة مرفوضة على رغم الصعوبات"، داعياً أصحاب السلطة الى "اتخاذ الاجراءات لحمايتهم في الشرق الاوسط والعالم". عقد المجلس جمعية عمومية في مدينة بافوس- قبرص، في ضيافة الكنيسة الارثوذكسية في قبرص وفي حضور رئيس أساقفتها خريزوستوموس الثاني، وأصدر بيانه الختامي الذي تضمن انتخاب أربعة رؤساء: آرام الأول كاثوليكوس الأرمن الأرثوذكس لبيت كيليكيا  رئيسا عن العائلة الارثوذكسية الشرقية، ثيوفيلوس الثالث، بطريرك اورشليم للروم الارثوذكس رئيساً عن العائلة الارثوذكسية، المطران منيب يونان رئيس الكنيسة الانجيلية اللوثرية في الأردن والأراضي المقدسة رئيسا عن العائلة الانجيلية، إغناطيوس يوسف الثالث يونان بطريرك انطاكية للسريان الكاثوليك رئيسا عن العائلة الكاثوليكية.
كذلك انتخب المطران بولس مطر رئيساً فخرياً للمجلس.
وانتخب أيضاً أعضاء اللجنة التنفيذية الجديدة و الأمين العام الجديد لفترة أربع سنوات، وهو الأب بولس روحانا من الكنيسة المارونية خلفا لـلسيد جرجس ابرهيم صالح الذي انتخب أميناً عاماً فخرياً.
وأضاف البيان أن المجتمعين أكدوا أن "الوحدة المسيحية مطلب أساسي وهدف يسعى اليه مجلس كنائس الشرق الأوسط، وإن حضور المسيحيين متأصل في هذا الشرق، ساهموا مساهمة فعالة في نهضته والدفاع عن ترابه وهم مستعدون لبناء مستقبل جديد، ويرفضون فكرة الهجرة على رغم كل الصعوبات ويدعون الى التحلي بالرجاء لمتابعة العيش المشترك، ودعم الاصلاح والتغيير والتطوير لما فيه خير الانسان.
ونظراً الى ما يجري في بعض بلداننا الشرق أوسطية يذكر المجتمعون الجميع، خصوصا المجتمع الدولي، بالمبادئ الانسانية التي تنبغي مراعاتها والتي تتمثل خصوصاً بالحرية الانسانية الفكرية والدينية والسياسية، وبنبذ العنف في حل المشاكل حين تقع من أي طرف. ويجدد المجتمعون دعمهم للقضايا العادلة ولا سيما حق الشعب الفلسطيني في تقرير مصيره حسب الشرعية الدولية".
  1. وأكد المجلس ضرورة حماية الأماكن المقدسة وبيوت العبادة، وأسف "لأعمال التفجير وقتل المسيحيين وتشريدهم"، وقال "ان الحرية الدينية وحرية العبادة شأنان مقدسان، وعلى أصحاب السلطة وصانعي القرار أن يعملوا بكل الوسائل والطرق على سنّ القوانين واتخاذ الاجراءات اللازمة لحماية المسيحيين في كل بلدان الشرق الاوسط والعالم".