Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

dimanche 29 janvier 2012

Nouvelles des chrétiens du diocèse de Homs et de Hama - Syrie

Nouvelles des chrétiens du diocèse de Homs et de Hama - Syrie

Jeudi 26 janvier 2012

Pour mémoire et pour l'histoire :

Les chrétiens du diocèse de Homs, Hama et Yabroud sont intégrés au tissu social comme des citoyens à part entière. Avant les évènements qui ensanglantent la Syrie il était inconvenant de décliner sa confession religieuse. Aujourd'hui il n'en est plus ainsi. Le conflit qui s'instaure est passé d'une réclamation populaire de liberté et démocratie à une révolution islamiste. Le vendredi 20 janvier le slogan fatidique a été brandi par les comités de coordination de la révolution : « le peuple veut déclarer le Jihad ! ». Jusqu'à présent nous n'avons pas fait état d'une « persécution » directe qui frapperait les chrétiens. Ils étaient englobés dans les sévices ciblant la population participant à la vie civile. Mais il semble que la donne commence à changer. Comme si la tendance qui couvait devenait dorénavant une consigne. Le futur le dira. Toujours est-il que nous portons à votre connaissance diverses agressions désormais franchement antichrétiennes :

Aujourd'hui 25 janvier le Père Basilios Nassar, curé grec orthodoxe du village de Kafarbohom, province de Hama, a été abattu par des insurgés alors qu'il venait en aide à un homme agressé par les insurgés dans la rue Jarajima de Hama. C'est la première fois, depuis l'insurrection, qu'un prêtre est la cible de la violence aveugle qui est devenue l'arme redoutable d'une insurrection de plus en plus manipulée.

Le faire- part du décès du Père Basilios avec le tropaire byzantin en l'honneur des martyrs
Nous avons reçu plusieurs coups de fil de la part de prêtres amis qui devenaient inquiets.
Ce meurtre est alarmant. Il conforte les craintes de voir la révolution syrienne tourner au conflit confessionnel. Sous couvert d'une quête de liberté et de démocratie les insurgés se révèlent comme des islamistes qui s'en prennent à des civils innocents dans une démarche de discrimination religieuse.

Hier matin le fils de l'Emir islamiste de Yabroud, M.Khadra, attendait avec trois autres hommes en armes le major chrétien Zafer Karam Issa, âgé de 30 ans, marié depuis un an, à la sortie de sa maison. Ils le tuent en tirant sur lui une centaine de balles qui criblent tout son corps et s'enfuient.

Les funérailles ont eu lieu aujourd'hui à une heure, avec la participation du village en émoi. Le curé de Yabroud R.P. Georges Haddad a eu des paroles inspirées : « Dieu est amour et miséricorde. Il incite l'homme à aimer son prochain et à ne pas se détourner de lui. Nous nous adressons à ceux qui se sont érigés comme juges suprêmes de leurs frères qui s'octroient le droit de condamner à mort un être humain. Ils brandissent de faux slogans et mettent le pays à feu et à sang. Zafer, en bon soldat fidèle à sa patrie, voulait mourir dans un affrontement avec l'ennemi pour libérer le Golan. Il a été tué par qui ? et pourquoi ? Par un frère, dans son village, devant sa maison. Revenons à nous-mêmes et réfléchissons sur la voie que nous empruntons. Notre existence est basée sur l'amour et l'acceptation de l'autre. Ne laissons pas des étrangers nous dicter une conduite qui instille la méfiance, la haine et la division. Nous tendons nos mains en signe de réconciliation avec tous : ceux qui sont proches et ceux qui sont loin. Que le sang de nos martyrs donnent à notre cher pays la paix et des lendemains meilleurs ».

Dans la semaine, le jeune chrétien Khairo Kassouha, âgé de 24 ans, a été lui aussi abattu en sortant de chez lui à Kusayr.

Le Père Mayas Abboud, recteur du petit séminaire des grecs catholiques à Damas nous rapporte qu'il a été contacté hier par la veuve du martyr Nidal Arbache, un chauffeur de taxi abattu dernièrement par les insurgés. Dalal Louis Arbache lui dit au téléphone : « cher Père, ici à Kusayr nous sommes livrés au bon plaisir des insurgés qui font la loi chez nous. Nous nous attendons à toutes sortes de sévices. Nous n'avons rien ni personne pour nous protéger. Je vous en supplie Père, prenez cela comme un testament. S'il m'arrive quelque chose de fâcheux je vous confie mon fils, prenez soin de lui. Toute notre famille est menacée par les bandes armées ».

On nous rapporte aussi qu'André Arbache, mari de Virginie Louis Arbache a été kidnappé la semaine passée. On ne sait rien de lui. Sa famille craint pour lui le pire.

Toujours à Kusayr un cousin de Père Louka, curé de Nebek raconte ce qui suit : « je rentrai à Kusayr lorsqu'à un rond-point de la ville j'ai été arrêté par les insurgés. Ils m'ont réclamé mes papiers et m'ont fait attendre deux heures pour vérifier si mon nom est cité dans les listes issues par les comités de coordination de la révolution qui sont désormais des organes de référence judiciaire. Si mon nom avait été mentionné j'aurai été exécuté sur place comme ils le font avec d'autres.

A Homs la liste du Gouverneur s'allonge : il y a plus de 230 chrétiens qui ont été abattus. Plusieurs sont kidnappés. Souvent les insurgés réclament une rançon qui varie entre 20000$ et 40000$ par personne.

Certains quartiers mixtes comme Bab Sbah ou Hamidiyeh à Homs voient 80% de leurs habitants chrétiens les déserter pour s'établir chez des amis ou des parents dans les régions de la Vallée des chrétiens. Les chrétiens de Hama et de sa province font de même. Le mouvement est progressif mais implacable.

POSITION DU MONASTERE SAINT JACQUES L'INTERCIS PAR RAPPORT AUX EVENEMENTS EN SYRIE

Depuis le début de la crise la position de notre monastère et de son higoumène s'est tracée la ligne suivante en conformité avec ses convictions et les exigences de la conscience chrétienne et monastique.

Avoir une idée claire des enjeux géopolitiques à travers une étude approfondie et documentée.

Ne prendre aucune position politique non par peur des uns ou des autres mais parce que nous ne nous sentons pas interpellés politiquement. Notre témoignage se trouve ailleurs, dans le domaine de l'Avènement en nous et autour de nous du Royaume de Dieu dont les moyens ne sont pas ceux du monde. Nous ne sommes ni pour ni contre aucune des parties au conflit. Nous nous positionnons contre tout ce qui est contraire à la loi de Dieu et aux droits de l'homme.

Venir en aide à toute personne humaine dans la détresse quelle que soit son appartenance.

Si personne ne le fait : avoir le courage de stigmatiser à haute voix la désinformation parce qu'elle est une atteinte à la vérité et une manière d'encourager l'impunité des malfaiteurs, quels qu'ils soient.

Prendre position pour les pauvres et les maltraités. Particulièrement les civils innocents qu'ils soient ciblés par le régime ou par les bandes armées de l'insurrection.

Faire attention à l'identité des malfaiteurs ainsi qu'à celle des victimes afin de pouvoir discerner et de porter l'aide convenable à ceux qui sont dans le besoin.

A cet égard Mère Agnès-Mariam de la Croix a, en plein consensus avec sa communauté :

aidé l'opposition du village harcelée par l'armée. A la demande des insurgés Mère Agnès-Mariam a fait des pourparlers avec les militaires pour adoucir leur poigne et respecter la liberté de mouvement de la population.

lancé une opération pour la libération des prisonniers de droit commun retenus sans jugement.

accepté que des membres de l'opposition se réfugient au monastère pour une réunion secrète. De là a été lancé un manifeste en vue d'un dialogue national qui a été repris par le Président de la République.

accédé à la demande de l'UCIP-Liban pour inviter des journalistes catholiques. Ce groupe est le premier au monde à avoir noté que la population civile était la cible d'une violence qui ne provenait pas du régime. Le fait de le dire a déchaîné de graves accusations contre Mère Agnès-Mariam qui ne se sont pas tues à ce jour. La communauté est fière d'être persécutée parce qu'elle a contribué à faire la lumière sur ce volet ténébreux des guerres de l'ombre.

écrit, le 5 novembre 2011 dans l'Orient-le Jour, quotidien pro-opposition libanais, une lettre au Président Bachar El Assad pour réclamer des observateurs de la Croix Rouge qui vérifient que les blessés sont convenablement pris en charge dans les hôpitaux, abstraction faite de leur appartenance politique ainsi que pour solliciter la création d'un comité ad hoc qui s'occupe des prisonniers retenus indéfiniment en prison sans jugement.

continué à établir les vraies listes des vrais morts en contraste avec les fausses listes des faux morts produites honteusement par le frauduleux Observatoire syrien des droits de l'homme.

visité, au péril de sa vie, les quartiers de l'opposition dans la ville de Homs et dans le village de Kusayr. Durant cette visite Mère Agnès-Mariam cachée par une burqa a vu de ses yeux les bandes armées évoluer et, prise pour une musulmane, a recueilli les confidences des sunnites insurgés. Elle a été attristée de constater que l'esprit de ces populations minoritaires est gagné à l'islamisme militant. Elles forment un environnement porteur propice aux bandes armées qui sévissent cruellement contre la population civile toutes confessions confondues tant que celle-ci cherche à maintenir la normalité de la vie citoyenne à l'ombre des institutions en vigueur.

lancé une campagne d'aide aux familles sinistrées de Homs et de Kusayr.

hébergé des personnes et des familles sans abris et recueilli des enfants abandonnés.

obtenu des visas à la demande de la presse mainstream. Ce volet sera traité ultérieurement.

Dans un temps marqué par de graves manipulations et des conflits où les innocents payent le prix du sang notre communauté n'a pas peur, malgré les rumeurs et les quand dira-t-on, de s'avancer sur une voie qui est celle du Christ qui enseigne la véracité et prône l'amour du prochain ainsi que la protection des plus faibles et de toute personne humaine en danger.

Le dossier Syrie

sources:
http://www.palestine-solidarite.org/dossier.Syrie.Homs.260112.htm

Nouvelles des chrétiens du diocèse de Homs et de Hama

http://www.palestine-solidarite.org/dossier.Syrie.Homs.260112.htm

decision prise samedi en raison de la recrudescence des violences

decision prise samedi en raison de la recrudescence des violences dans le pays, qui ont fait au moins 193 morts depuis mardi.

La Ligue arabe a décidé de suspendre sa mission d'observation en Syrie en raison de la «recrudescence des violences». «Il a été décidé d'interrompre avec effet immédiat les travaux de la mission de la Ligue arabe en Syrie, en l'attente de l'exposé de la situation devant le conseil de la Ligue», a déclaré le secrétaire général de l'organisation, Nabil Elarabi, dans le communiqué.

Le chef de la mission d'observation de la Ligue arabe en Syrie, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, avait déclaré vendredi que les violences avaient augmenté «de manière importante» depuis mardi, faisant au moins 193 morts, dont 137 civils, en particulier à Homs et Hama et à Idleb.

Samedi matin, sept soldats, dont un officier, ont été tués près de Damas dans une attaque menée contre un bus de l'armée par un «groupe terroriste armé», a rapporté l'agence officielle Sana. Dans le centre du pays, des affrontements entre l'armée et des déserteurs ont fait également huit morts: cinq militaires tués à Houla et trois déserteurs morts à Rastane.

165 observateurs déployés depuis le 26 décembre
Les 165 observateurs de la Ligue arabe ont été déployés à partir du 26 décembre avec l'accord de Damas pour surveiller l'application d'un plan de sortie de crise prévoyant l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait des chars des villes et la libre circulation des médias étrangers avant l'ouverture de négociations. Mais aucune de ces clauses n'a été mise en oeuvre par Damas.

Vendredi, Paris, Londres, Berlin et plusieurs pays arabes ont présenté au Conseil de sécurité un projet de résolution qui reprend les grandes lignes du plan de la Ligue arabe, qui prévoit un transfert du pouvoir du président syrien Bachar Al-Assad à son vice-président. La résolution exige également «que le gouvernement syrien mette immédiatement un terme à toutes les attaques et violations des droits de l'Homme» contre sa population civile. Mais Moscou s'oppose à ce texte

L'opposition va demander la protection de l'ONU
Dans ce contexte, le Conseil national syrien (CNS) va demander au Conseil de sécurité de l'ONU une protection contre la répression menée par le régime du président Bachar al-Assad, a annoncé un porte-parole du CNS, qui regroupe la plupart des courants de l'opposition.

Le CNS «a décidé de se rendre demain devant le Conseil de sécurité, sous la direction de Bourhan Ghalioun, pour présenter l'affaire syrienne [...] et exiger une protection», a déclaré Samir Neshar, membre du comité exécutif du CNS, lors d'une conférence de presse à Istanbul.

(avec AFP)

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L'islamisme un mouvement essoufflé ,épuisé et sans avenir

L'islamisme un mouvement essoufflé ,épuisé et sans avenir

Dans les lignes qui suivent, je soutiens, ce qui paraîtra d'abord paradoxal, que l'islamisme n'est pas à craindre, et qu'en dépit de ses succès récents, c'est un mouvement essoufflé ,épuisé et sans avenir .Non pas qu'il soit bénin. Il est nocif, bien au contraire. D'aucuns veulent bien croire qu'il s'est assagi ou qu'il est devenu modéré. Mais il ne s'agit là que d'une modération de façade, reflétant une simple tactique. Les islamistes ont appris à modérer leurs idées pour ne pas offusquer. Mais le voile est mince et ne doit pas nous tromper.
Mais, d'abord, qu'est-ce que l'islamisme ? Et quelles sont ses racines profondes ?
L'explication la plus pertinente a été offerte par un historien canadien, Wilfred Cantwell Smith ( Islam in Modern History, 1957 ). Sa théorie a été reprise et élaborée par Daniel Pipes et Bernard Lewis. Smith soutient que pendant leurs premiers siècles, les musulmans ont eu un énorme succès. Ils ont fait irruption triomphalement dans les pays voisins. La nouvelle communauté s'est étendue ; elle a prospéré ; et elle est devenue puissante. La domination politique a été suivie de richesse et de progrès social et culturel. Bref, un succès foudroyant qui semblait décrété par la providence.
Et puis tout a changé. Vers le treizième siècle, le déclin commence. Les siècles suivants seront marqués par le repli de l'islam et l'ascension de l'Occident. Cependant, le monde musulman reste inconscient de ce qui se passe. L'alerte est finalement donnée en 1798, quand Bonaparte, à la tête d'une force expéditionnaire réduite, débarque en Égypte et parvient à la conquérir avec une aisance stupéfiante. La suprématie de l'Occident, aussi bien militaire que culturelle, devient de plus en plus visible. L'âge de l'impérialisme suivra, et bientôt la plupart des musulmans se retrouveront sous domination européenne. Les musulmans finiront par se convaincre que quelque chose avait mal tourné.
Se sentir pauvres et faibles après avoir été riches et puissants, se retrouver à la queue du progrès après avoir été au premier rang : les musulmans avaient du mal à se l'expliquer. En fait, selon tous les critères du monde moderne – développement économique, alphabétisation, réalisations scientifiques, liberté politique et respect des droits de l'homme – ce qui jadis avait été une civilisation puissante était tombée bien bas.
Le malaise de l'islam moderne provient de ce contraste marqué entre les succès d'antan et les tribulations plus récentes.
Que s'est-il passé ? Ou plutôt : qui est responsable de ce déclin ? Quand les choses vont mal, il est plus facile de rejeter la responsabilité de ses infortunes sur autrui. Ainsi, un certain nombre de coupables étaient successivement désignés. Pendant longtemps, les Mongols étaient les scélérats préférés. Ce rôle a été ensuite tenu par une série de boucs émissaires, entre autres l'impérialisme occidental, bien sûr, européen puis américain, sans oublier les juifs. L'histoire de ce jeu de blâme, avec ses fantasmes et ses théories du complot, est racontée de main de maître et avec une grande élégance par Bernard Lewis dans un livre qui, précisément, a pour titre : What Went Wrong (2003).
À cette question, deux réponses sont à présent apportées.
Les modernistes et les laïques pensent que les musulmans ne peuvent progresser qu'en imitant l'Occident. L'islam est un héritage estimable, certes, mais sa dimension publique doit être mise de côté.
Les islamistes rejettent les influences occidentales et préconisent un retour à un âge d'or mythique. Les échecs de l'islam seraient dus au fait que les musulmans se sont éloignés de l'islam authentique. Pour retrouver la gloire passée, les islamistes exigent l'application de la charia, ou loi de l'islam, dans son intégralité, comme c'était le cas, soi-disant, au premiers temps de l'islam.
Il y a là trois problèmes majeurs qui se posent.
D'abord, malgré leurs efforts visant à se débarrasser des influences occidentales, les islamistes restent imprégnés dans leur vie ,même de tous les jours ,par l'Occident beaucoup plus qu'ils ne sont prêts à l'admettre : Ils montent en voiture ,regardent la télé ,même porno,s'allûment à l'électricité ,utilisent le téléphone portable et naviguent sur internet et Facebook...

Ainsi aussi, l'ayatollah Khomeyni, pourtant très hostile à l'Occident, voulant fonder un gouvernement sur des principes soi-disant islamiques, a fini par établir une république, basée sur une Constitution, et qui représente une nation, à travers un Parlement, choisi par des élections populaires : cinq notions typiquement occidentales.
Ensuite, la charia est un vaste corpus de règles dont plusieurs vont à l'encontre des pratiques ou des sensibilités modernes. Même pendant la période classique de l'islam, les musulmans n'ont pas réussi à vivre en conformité avec la charia. Si les prescriptions concernant le rituel de la vie religieuse, les interdits alimentaires, et le statut personnel (mariage, divorce, pension, héritage) étaient généralement observés, l'application était beaucoup moins rigoureuse, et dans certains cas inexistante, quand il s'agissait de la loi pénale, la fiscalité et la vie politique. Une grande partie de la charia, surtout celle qui a trait à la vie publique, était soigneusement passée sous silence. Pendant la plus grande partie de leur histoire, les musulmans ont toléré cet écart entre l'idéal et le réel, et se sont contentés d'une application imparfaite de la charia.
Enfin, l'islamisme n'est pas l'islam. Et cela, les musulmans le savent. C'est une idéologie du vingtième siècle, agressive et bornée. Et, ce qui est peut-être le plus important, son succès a été limité. Bien qu'il exhale sa rage depuis plus de trente ans, l'islamisme n'a jamais joui d'un large soutien populaire. Il n'a pas vraiment accroché. On peut raisonnablement estimer à 10 % le nombre de musulmans qui y adhèrent. Son influence disproportionnée s'explique par le fait que les islamistes sont une minorité dévouée et bien organisée. La majorité des musulmans sont modérés et s'accommodent des conditions du monde moderne. Ils apprécient même la civilisation occidentale et la trouvent séduisante.
L'avenir du printemps arabe sera l'enjeu d'une âpre bataille entre les islamistes, d'une part, et les libéraux, les laïques, et les progressistes, d'autre part.
L'islamisme a pour le moment une longueur d'avance. Mais il n'est pas invincible. Après les régimes policiers, les barbus anachroniques, avec ou sans cravate, seront vaincus et dépassés à leur tour.

source : lorientlejour.com

samedi 28 janvier 2012

المسيحيون والمسلمون بعد عام من انطلاق الربيع العربي (6)

المسيحيون والمسلمون بعد عام من انطلاق الربيع العربي (6)

الربيع العربي من وجهة نظر مسيحية

بقلم الأب سمير خليل سمير اليسوعي
بيروت، الثلاثاء 24 يناير 2012 (ZENIT.org). - يدفع الخوف من المستقبل بالمسيحيين إلى تفضيل الأنظمة السياسية القائمة والديكتاتورية بطبيعتها، وهذا إثم بالفعل. فإذا كانت الحكومة تشارك في أعمال العنف، علينا نحن المسيحيين أن نعلن رفضنا للعنف مهما كان مصدره، سواء اكانت المعارضة أم المواطنين العاديين أم الجيش.
من واجبنا أن نعبّر عن دعمنا للحرية، ولكن ليس للحرية المفرطة التي تجلب الخراب . بل يجب أن ننادي بالمساواة والعدالة للمسلمين والمسيحيين، رجالاً ونساء. فقد آن الأوان للمسيحيين أن يشاركوا في التبشير الثقافي البعيد كلّ البعد عن الدفع إلى تغيير العقيدة.

وللأسف، إنّ الخوف من الأسلمة يدفع بالمسيحيين إلى دهاليز الماضي. فمعظم هؤلاء لا يرغب بالانخراط في السياسة، بل جل ما يريده هو العيش بسلام. ولكن كمسيحي، من حقي وواجبي أن أكون ناشطاً على المستوى السياسي.

وانطلاقاً من هذه الخلفية، نفهم موقف أساقفة سوريا الذين يفضّلون المعلوم على المجهول. ولكنّ الخيار ليس بين الخير والشرّ، بل بين شرَّين... والاختيار سيكون لأقلّهما شرّاً. مع ذلك، إننا نعتمد طريقة التعبير عما يعنينا.

وأخيراً، الغرب
لقد اعتمد الغرب سياسة دعم الطغاة ثمّ إسقاطهم؛ وهو الآن يتّخذ موقف المتردد. وقد تعرض الغرب لانتقاد شديد في البلدان العربية بسبب تعويله على بلدان مثل المملكة العربية السعودية والتي تعتبر أسسها الأيدولوجية مصدراً غير مباشر للإرهاب. فالولايات المتحدة المنادية بالحرية وحقوق الإنسان تعتمد سياسة التكتّم حين يتعلّق الأمر بالسعوديين.
وفي ما يتعلق بليبيا، يعتقد العرب أنّ الغرب كان مهتماً بالنفط الليبي أكثر من اهتمامه بتحرير ليبيا. فقد تورّط الغرب في ليبيا دون سواها ( كما فعل ضد صدام حسين والعراق. أما في سوريا، فتعتمد الدول العربية سياسة الحذر نظراً إلى الدور الجيوسياسي الذي تلعبه سوريا... إنّ موقف الغرب في ما يتعلق بسوريا غير موحّد كما أنّه لا يعتمد على أي مبادئ أو قيم.

لست بحالمٍ، ولكنّي أظن أن كل بلد سوف يتبع مصالحه الخاصة أولاً. ولكن بما أنّ العالم العربي يواكب الربيع العربي، كان من الأفضل التوصل إلى سبل دعم (أو عدم دعم) هذه التحركات.

أما السياسة تجاه إسرائيل والتي تعتبر أحد الأسباب الرئيسية للأزمة في الشرق الأوسط، فهي تشكّل مصدر خوف كبير بالنسبة إلى العرب خصوصاً بعد أن شهدوا الالتفاف الذي قام به باراك أوباما في يوم واحد، حين أعلن أولاً دعمه لحلّ قيام دولتين، ثمّ غيّر موقفه خلال زيارة نتنياهو. 
وينطبق الأمر نفسه على خطاب القاهرة، والذي غزا العالم العربي في بداية الأمر قبل أن يفقد مصداقيته لاحقاً، حين تبيّن أنّ السياسات التي يعتمدها لن تختلف كثيراً عن سياسة بوش. والآن، ستبقى مصداقيته متدنية إلى الأبد. 
والأمر سيّان بالنسبة إلى أوروبا التي تفقد تدريجياً هويّتيها الدينية والثقافية. فأوروبا العاجزة عن التعامل مع ماضيها الاستعماري تحاول اليوم الاختباء خلف ضمير مثقل بدلاً من أن تسلّط الضوء على القيمة التي حملها الاستعمار في مجال الحوار ما بين الثقافات. 
في أوروبا، يتحول الناس شيئاً فشيئاً عن الدين المحلي (عادة المسيحية). وقد باتت العلاقة بين الأوروبيين وسائر ديانات العالم ملتبسة. من جهة أخرى، تبرز بعض الحكومات التي تبدو في بعض الأحيان وكأنها تمنح الأفضلية للديانات المستوردة في حين تخنق الديانات المحلية. فعلى سبيل المثال، إذا قامت فرنسا بنكران هويتها الكاثوليكية التاريخية، فإنها ستعجز عن التعاطي مع الديانات الأخرى. وبحكم الأمر الواقع، تطوّر نوع من الانفصام بدء بعلمنة الاحتفالات المسيحية ليصل إلى الاعتراف بالديانات غير المسيحية.
لذا، يمكن للثورة أيضاً أن تساعد عدداً من الشباب الغربيين في العودة إلى رشدهم. ففي مصر وسوريا، خاطر البعض بحياتهم في سبيل نموذج مثالي وحياة كريمة، في سبيل شعب بأكمله. والسؤال الذي يطرح نفسه: كم شخصاً في إيطاليا أو أوروبا قد يكون مستعداً للقيام بذلك؟ *
جميع الحقوق محفوظة لوكالة "آسيانيوز"

نقلته من الإنكليزية إلى العربية كريستل روحانا - وكالة زينيت العالم










سوريا: استشهاد كاهن شاب على يد متطرفين

سوريا: استشهاد كاهن شاب على يد متطرفين

حماة، الخميس 26 يناير 2012 (ZENIT.org). – إستشهد يوم أمس الأربعاء في سوريا الخوري باسيليوس نصّار البالغ من العمر 30 سنة. الأب الشهيد هو من مواليد كفر بهم عام 1982 ويخدم في مطرانية الروم الارثوذكس في مدينة حماة والواقعة في حي مجاور لحي الجراجمة. وقد قُتل الاب نصّار حين كان يُلبي مع صديق كاهن له نداء عائلة مسيحية من رعيته لاسعاف إبن لها أصيب برصاص المسلحين.
فبينما كان الأب باسيليوس ورفيقه ينقل المصاب الى سيارته أصابه المسلحون الذين يطلقون على انفسهم إسم "الجيش السوري الحر" برصاصة في رأسه فأستشهد على الفور. كما وأصيب الكاهن المرافق بجروح طفيفة.








SYRIE : MORT D'UN JEUNE PRÊTRE ORTHODOXE

SYRIE : MORT D'UN JEUNE PRÊTRE ORTHODOXE

Il était en train de secourir un blessé

ROME, jeudi 26 janvier 2012 (ZENIT.org) – Le P. Basilius Nassar, prêtre grec orthodoxe, âgé de 30 ans, et dépendant de l'archevêché d'Alep, a été tué en Syrie, à Hama, dans le quartier d'al-Jarajmeh, hier, 25 janvier, rapporte l'agence missionnaire italienne MISNA.

Un groupe armé l'a abattu alors qu'il s'apprêtait à porter secours à un blessé. Des quartiers de Hama sont le théâtre de combats entre insurgés et forces loyalistes depuis mardi, 24 janvier.

L'agence de presse syrienne « Sana » accuse les « groupes armés » du soulèvement, et les comités révolutionnaires accusent les troupes loyalistes.

Le P. Paolo Dall'Oglio, jésuite, responsable du monastère de Deir Mar Musa, a confié à MISNA que c'est la première fois qu'un prêtre est visé : « Cela doit servir d'avertissement à la communauté internationale. Il est urgent qu'elle trouve une voie de méditation avec pour objectif que la Syrie sorte de cette crise au plus vite ».

Parmi les victimes du 25 janvier, la Croix Rouge déplore la mort du responsable du Croissant rouge de Idleb, Abdel Razzaq Jbeiro : il revenait de son travail lorsqu'il a été abattu, au volant de sa voiture, au nord de Khan Cheikhoun, à une cinquantaine de kilomètres au sud d'Idleb, dans des circonstances peu claires pour le moment.

La Croix Rouge déplore le manque de respect des activités médicales et humanitaires en Syrie en ce moment.

Anita Bourdin
ZF12012604 - 26-01-2012
Permalink: http://www.zenit.org/article-29990?l=french

mercredi 21 décembre 2011

مسيحيو سوريا بين بكركي وحــارة حريك

مسيحيو سوريا بين بكركي وحــارة حريك

 البطريرك الراعي قال للسفيرة الاميركية: «بلادكم لم تفعل أي شيء للمسيحيين في فلسطين، ومن ثم لم تفعل شيئاً في العراق حيث كان جيشكم، وها هي تنظر دون اي خطوة الى ما يجري في مصر، وليس من عاقل منا يقبل بقولكم انكم ضمانة للوجود المسيحي لا في سوريا ولا في اي مكان من المشرق " - صحيفة الاخبار 21-12-2011

العلاقة بين البطريركية المارونية وحزب الله دخلت مرحلة جديدة. رواسب الماضي يجري العمل على ازالتها. التواصل القائم منذ انتخاب البطريرك بشارة الراعي شهد نقلة نوعية عبر اللقاء الذي جمع السيد حسن نصر الله مع مطران بيروت بولس مطر موفداً من بكركي
نادر فوز
شبكة اتصالات حزب الله الداخلية دشنت امس خطاً ساخناً، او هاتفاً احمر، موصولاً بين حارة حريك وبكركي. وهو جاء نتيجة اولى للتواصل المكثف بين الجانبين على اثر وصول المطران بشارة الراعي الى سدة البطريركية. أول من امس، استقبل الأمين العام لحزب الله وفداً يمثّل الراعي ضم المطران بولس مطر وعضوي لجنة بكركي للحوار الاسلامي – المسيحي المطران سمير مظلوم والأمير حارث شهاب.
جاء هذا اللقاء وما نجم عنه من اتفاق ليضع حداً لكل القراءات التي وضعها البعض قبل عشرة أيام بأنّ الراعي تراجع عن موقفه الباريسي الداعم للمقاومة، وأنه بدأ عملية مراجعة لمواقفه. كانت هذه التحليلات قد بنيت على ما تضمّنته عظة البطريرك في11 الجاري، حين طالب بحصر السلاح بالدولة. سرعان ما أوضح الراعي هذا الموقف في مجالسه مؤكداً الثبات على دعم المقاومة. وقال مسؤول رفيع في الحكومة انه استفسر عن خلفية التصريحات، فجاء الجواب من الراعي واضحاً: «انا لا اقصد سلاح المقاومة، بل السلاح الذي اشار اليه السيد نصر الله قبل مدة». علماً ان مقرّبين من بكركي فسّروا الأمر على أنه «تنفيسة للّقاءين اللذين جمعا الراعي بجيفري فيلتمان والسفيرة الأميركية في بيروت مورا كونيللي»، وأن الموقف اثار بعض البلبلة في أوساط بكركي نفسها كما في اوساط حزب الله وقوى 8 آذار، من دون أن تكون لهذه البلبلة أية ذيول.
3 ساعات «استراتيجيا»
جاء لقاء أول من أمس لتأكيد التواصل بين الطرفين والرغبة الثنائية في تعميقه، خصوصاً أن المعنيين يشددون على أنه جرى تأكيد ترتيب العلاقة وتفعيل عمل اللجنة المشتركة، وهو الأمر الذي «سيساعد على تبديد أي سوء فهم وعلى حل أي أزمة طارئة ممكن أن تنشب».
يؤكد المعنيون أنّ الاجتماع استغرق نحو 3 ساعات، شهدت في معظمها نقاشاً للوضع في لبنان والمنطقة مع توقف امام ما يجري في سوريا وما يخص المسيحيين. قال مشاركون إن المجتمعين لم يناقشوا ملف السلاح على أساس أنّ «ثمة موقفاً واضحاً للبطريرك بهذا الخصوص، وهو يتعامل بواقعية وتفهّم مع هذا الملف ويدعو إلى معالجة أسباب وجود هذا السلاح». يضيف المعنيون أنّ نصر الله كان مهتمّاً بعرض وجهة نظر الحزب من مختلف الأمور، وتشارك مع ضيوفه في «ملامسة جوهر الأمور وهواجس الطرفين».
ماذا سمع نصر الله؟
يقول المطّلعون إنّ الموضوع الأساسي الذي تناوله المجتمعون هو الملف السوري، حيث شدد ممثلو الراعي على «أهمية التعايش الإسلامي ــــ المسيحي، وضرورة حفظ الوجود المسيحي في المنطقة»، ما فتح الأبواب لمناقشة الأوضاع في سوريا. فسجّل الضيوف قلقهم من انهيار النظام، ونقلوا عن الراعي إشارته إلى «أننا نأمل بربيع عربي حقيقي، لكننا الآن لسنا في ربيع عربي إنما في شتاء عربي قاس».
وفي السياق نفسه، نقل الوفد تخوّفه من عمليات تهجير قد يتعرّض لها المسيحيون في سوريا، فقدّموا للسيد نصر الله العديد من الوقائع التي يتعرّض لها المسيحيون وتحديداً في حمص. الأمر الذي ترك انطباعاً لدى قيادة الحزب بأنّ البطريركية مطلعة تفصيلياً على ما يجري سوريا بحق المسيحيين وباقي الأقليات.
ردّ نصر الله على هذه المخاوف بالإشارة إلى أنّ مسار الأمور في سوريا «يتّجه نحو الهدوء، وأنّ الأوضاع تتحسّن وباتت أفضل من السابق»، ما ترك آثاراً إيجابية لدى الزوار الذين خرجوا «مرتاحين ومطمئنين» بحسب أحد المشاركين. لكن ذلك لن يكون له تأثير مباشر على ما يتعلق بزيارة محتملة للراعي الى سوريا، اذ إن بكركي تجد أن الوقت لم يحن بعد لخطوة من هذا النوع في الظروف الحالية.
ويمكن تلخيص اللقاء بالنقاط الآتية: أولاً، جرى وضع العلاقة على سكّتها الصحيحة، وهي علاقة يجب بناؤها على الثقة المتبادلة، والتأكيد أن ليس من «أزمة ثقة» بين الطرفين. ثانياً، جرى التخلّص من آثار المرحلة السابقة، عهد البطريرك صفير، على الرغم من أنّ صفير بادر عام 1992 وأطلق «لجنة بكركي للحوار مع حزب الله».
وفيما امتنع المطران مطر عن التعليق على اللقاء لكونه يعني بكركي وليس أبرشية بيروت، أشار شهاب إلى أنّ «مجرد عقد اللقاء أمر إيجابي» ، مشدداً على اقتناع البطريرك الراعي بالحوار سبيلاً لحل الخلافات. وأكد شهاب أنه جرى خلال اللقاء التأكيد أنّ اللبنانيين معنيون بما يحصل حولهم، من دون أن يعني ذلك نقل الأزمات إلى الداخل. أضاف أن اللجنة الثنائية ستتابع أعمالها بدفع أكبر، وأن وتيرة عملها ستخف أو تقوى بحسب المستجدات.
وفي ما يخص الملفات الأخرى التي جرى تداولها خلال اللقاء، يشير المعنيون إلى أنه تم «الحديث بشكل عابر عن قانون الانتخابات، وأهم ما جاء فيه أنّ البطريركية مستعدة لمناقشة أي طرح، وأنها غير متمسكة بالمشروع الأرثوذكسي».
وتضاربت المعلومات حول ما إذا كان المجتمعون قد ناقشوا قضية لاسا، إذ نفى البعض التطرّق إلى الموضوع، فيما أكدت مصادر أخرى أنّ هذا الملف طرأ على الجلسة «لكون بعض التفاصيل استجدّت وتتمثل بمنع بعض التقنيين من القيام بمسح جغرافي في المنطقة». وتتابع المصادر مشيرة إلى أنّ الزوار سمعوا أنّ حزب الله «لا يغطّي أي فرد أو عائلة، والحزب ملتزم بما سبق واتفق عليه، وعلى القوى الامنية تنفيذ هذا الاتفاق».
الراعي والاميركيون
وعلى هامش لقاء أول من أمس، خرجت أجواء واضحة عن المحيطين بالبطريرك تتناول لقاءه الأخير بالسفيرة كونيلي، فأشار هؤلاء إلى أنّ الأخيرة زارت بكركي لاستكمال ما بدأه فيلتمان قبلها بأيام من ممارسة المزيد من الضعوط على الراعي. فحثّت كونيلي البطريرك على قطع علاقته بحزب الله مشيرةً إلى أنّ سلاحه هو أساس كل المشكلات والأزمات في لبنان. فردّ الراعي بإعادة تأكيده مقاربته الباريسية والاميركية للموقف من سلاح المقاومة، منتقداً أداء واشنطن التي «لا تساهم في تسليح الجيش وتطوير قدراته، ولا في الزام إسرائيل بالانسحاب من الأراضي المحتلة أو حتى لوقف انتهاكاتها اليومية للسيادة اللبنانية»، أضاف: «حتى مشكلة اللاجئين الفلسطينيين، فأنتم تعارضون مبدأ عودتهم». اضاف الراعي «انتم تطلبون قطع العلاقة مع حزب الله، وهو الذي يمثل طائفة كبيرة جدا في البلاد، ونعيش معه في كثير من الاماكن، وهو حزب له نوابه وله حضوره داخل الحكومة ايضاً، بينما نحن نعتقد بأهمية العيش معاً».
لم تجد كونيلي أمام خطاب البطريرك ما تبرّره، فانتقلت الى الشق الثاني من الملف وعبّرت عن رغبة في صدور موقف واضح للبطريركية من الأحداث في سوريا، وإدانة النظام هناك سائلة عن «الموقف التاريخي للكنيسة المارونية»، ومتحدثة من دون مقدمات عن أن «واشنطن ستضمن أمن واستقرار المسيحيين في سوريا».
لكن البطريرك الراعي سارع الى الرد عليها بالقول «بلادكم لم تفعل أي شيء للمسيحيين في فلسطين، ومن ثم لم تفعل شيئاً في العراق حيث كان جيشكم، وها هي تنظر دون اي خطوة الى ما يجري في مصر، وليس من عاقل منا يقبل بقولكم انكم ضمانة للوجود المسيحي لا في سوريا ولا في اي مكان من المشرق».

lundi 19 décembre 2011






موقف ماروني أملته اللحظة السورية الصعبة، يتوج مسارا سياسيا منعرجا للطائفة التي لا تزال ومنذ اربعة عقود تحاور دمشق ثم تقاتلها ثم تحالفها أكثر مما كانت تفعل مع بيروت، وها هي اليوم تكتشف انها صارت وحيدة، منعزلة، خائفة اكثر من اي وقت مضى منذ ربيعها الاخير العام ١٩٧٦.
لكنها هذه المرة تستورد خوفا مسيحيا مبالغا فيه من سوريا وتجدد بواسطته خوفها التاريخي من الغلبة الاسلامية وتدفعه الى حدود المس بمحرمات لم يسبق للطائفة ان اقتربت منها، حتى في ذروة الحرب الاهلية والجنون الاسلامي اليساري الفلسطيني في سبعينيات وثمانينيات القرن الماضي.
ليست مبالغة مارونية مزدوجة، لان الأشهر العشرة الماضية من عمر الثورة السورية لم تشهد حتى الان مآسي على الطريقة اللبنانية، ولم يتعرض المسيحيون بالذات للذبح على الهوية ولا للتهجير. كان حظهم اوفر من بقية الطوائف السورية التي تمارس ذلك السلوك البربري، والتي تعتبر المسيحي شريكا راهنا في حلف الأقليات المفتعل، او حليفا لاحقا في الدولة المدنية والتعددية المقبلة. كان حظهم افضل بما لا يقاس من نصيب أشقائهم العراقيين، وسيبقى، لان طرفي الصراع الداخلي في سوريا بحاجة اليهم الان وفي المستقبل.
الموقف الذي صدر عن الاجتماع الماروني في بكركي يوم الجمعة الماضي، هو اشبه بهجرة معاكسة الى مسقط رأس مار مارون في سوريا، الذي يبدو ان اعادة ترميمه مؤخراً من قبل الطائفة وبعض رموزها لم يكن عبثا او مصادفة. لعل هناك حنينا الى الوطن الام الذي يستدعي تعاطفا استثنائيا مع عذاباته الراهنة!
الخوف الماروني والمسيحي المستورد من سوريا الان مصطنع الى حد بعيد، وهو ينم عن انتهازية سياسية تفوق تلك التي عبرت عنها الطائفة وتياراتها وأحزابها عندما اكتشفت متأخرة خيار المقاومة لإسرائيل وأميركا او خيار الدولة والمؤسسات، من اجل ان تحفظ حصتها في السلطة والإدارة.. من دون نجاح يذكر في العلاقة مع الشريكين المسلمين اللذين لا بد انهما يشعران اليوم بالصدمة لاقتراح حفظ الصوت المسيحي للمسيحي والمسلم للمسلم من دون اي تقاطع او تفاهم او حتى تواطؤ على الناخبين اللبنانيين.
لا يمكن التعاطي مع الاقتراح الماروني، ذي الاصل الارثوذوكسي، وذي الافق المسيحي العام، باعتباره ورقة مساومة على مطلب النسبية وعلى التقسيم المصغر للدوائر الانتخابية، الذي لا يشكل نقطة خلاف جوهرية مع غالبية المسلمين. ثمة اعلان عن الرغبة في الافتراق، او الانعزال، حسب التعبير الأخرق الذي اطلقه اليسار خلال الحرب الاهلية، عن الشريك المسلم الى حد الفيدرالية.. التي تحولت الى عقيدة وطنية والى ممارسة يومية في العراق.
تحويل الخوف، سواء كان صادقا او مفتعلا، الى أيديولوجيا والى خطة عمل سياسية، لا يبشر بان المسيحيين والموارنة قد قرروا البقاء في الوطن، والدفاع عنه، واللقاء مع شريك مسلم، ما زال يفترض انهم حجته ومصدر قوته في مواجهة الاصولية الاسلامية، وما زال يظن ان في رؤوسهم عقلا !


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اعتدى مجهولون ليل أمس على مقر مطرانية راشيا للروم الأرثوذكس

راشيا –  النهار 19-12-2011
اعتدى مجهولون ليل أمس على مقر مطرانية راشيا للروم الأرثوذكس، محطمين زجاج شبابيك المدخل الاساسي لقاعة الاستقبال فيها. وعلى الاثر طوقت القوى الأمنية ومخابرات الجيش المكان وحضرت الأدلة الجنائية لرفع البصمات والمعاينة.
وتوالت ردود فعل مستنكرة، فأصدر وزير الشؤون الاجتماعية وائل أبو فاعور بيانا دعا الى كشف الفاعلين ومعاقبتهم، لأنه "حان الأوان لكشف من يقوم بهذه الاعمال التخريبية، ووضع حد لتلك الاعتداءات المندسة والتي لن تؤثر في صفو العلاقات بين ابناء المنطقة الواحدة". واتصل أبو فاعور بالمطران الياس كفوري مستنكراً الحادث.
ورأى النائب أنطوان سعد "أن ما حصل مدان من الجميع وهو دليل على سلوكيات التخريب عند المتضررين من وحدة ابناء المنطقة"، آملا في "أن تتمكن الأجهزة الأمنية من الوصول الى المعتدين ومعاقبتهم"، مؤكدا "متابعة هذا الموضوع مع الجهات الأمنية للقبض على العابثين بأمن المنطقة واستقرارها".
وندّد المطران كفوري بالاعتداء ودعا الأجهزة الأمنية الى ملاحقة المعتدين ومحاسبتهم، واعرب عن حرص اهالي المنطقة على وحدتها، مقدراً وقفتهم الواحدة الرافضة  هذا "الاعتداء المشين".
واستنكرت وكالة داخلية البقاع الجنوبي في الحزب التقدمي الاشتراكي، منددة  بالتطاول على المراكز الدينية ومركز المطرانية
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samedi 17 décembre 2011

Les Chretiens Arabes

  1. chrétiens - Wikipédia

    fr.wikipedia.org/wiki/Arabes_chrétiens
    Aller à Au Proche-Orient‎: Michel Aflaq, homme politique syrien, syrien cofondateur du parti Baas arabe socialiste, (issu d'une famille orthodoxe, il est ...
  2. Dailymotion - Panorama d'une partie des chrétiens d'orient - une ...

    www.dailymotion.com/.../x13pz8_panorama-d-une-pa...31 janv. 2007 - 14 mn
    Chrétiens, Arabes, Chrétien, Arabe, Moyen, Orient, Liban, Egypte, Syrie, Palestine. Vous voulez commenter ...
  3. Chrétiens d'orient part 1/2 : Le singulier destin des chrétiens arabes ...

    www.renenaba.com/chretiens-d’orient-part-11-le-singulier-destin-des...
    16 oct. 2010 – Un synode sur le Moyen-Orient se tient du 10 au 24 octobre au Vatican, alors que les chrétiens arabes, généralement considérés comme une ...
  4. Mission chrétienne au Moyen-Orient., Les chrétiens arabes ont- ils ...

    www.bealiban.com/Mission-chretienne-au-Moyen-Orient.html
    Cette conférence du Père S.Khalil, nous rappelle que l'Eglise du Moyen-Orient ne doit pas se contenter de se maintenir le mieux possible mais qu'elle est ...
  5. Les chrétiens dans l'Orient arabe: origines d'une diversité ...

    www.cafepedagogique.net › Les dossiers
    23 mars 2011 – Les chrétiens dans l'Orient arabe: origines d'une diversité communautaire. Par Frédéric Alpi. Les chrétiens du Proche-Orient arabe constituent ...
  6. Chrétiens d'Orient : Le singulier destin des chrétiens arabes (2/2 ...

    oumma.com › Articles
    25 oct. 2010 – L'alliance Hezbollah Michel Aoun a brisé stratégiquement le clivage confessionnel islamo-chrétien de l'équation libanaise, de la même (...)
  7. "Les chrétiens d'Orient sont tous des arabes" - Savoir - Le Monde ...

    www.lemondedesreligions.fr/.../les-chretiens-d-orient-sont-tous-des-a...
    8 févr. 2011 – "Les chrétiens d'Orient sont tous des arabes" - Certains artisans du dialogue interreligieux au Proche-Orient se refusent à parler de persécution ...
  8. Multiples visages des chrétiens d'Orient, par Rudolf El-Kareh (Le ...

    www.monde-diplomatique.fr/2011/05/EL_KAREH/20525
    Multiples visages des chrétiens d'Orient. par Rudolf El-Kareh, mai 2011. Dans les bouleversements qui secouent les sociétés du monde arabe, la question ...
  9. Les Arabes chrétiens d'Orient : Des citoyens arabes à part entière ...

    www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=22775
    13 janv. 2011 – Les Arabes chrétiens d'Orient : Des citoyens arabes à part entière ou entièrement à part? par Pr Chems Eddine Chitour. Mondialisation.ca, Le ...
  10. Le printemps arabe accélère l'exode des Chrétiens d'Orient ...

    blog.lefigaro.fr/geopolitique/.../le-printemps-arabe-accelere-le.html
    8 nov. 2011 – Le "printemps arabe" n'a pas amélioré le sort des Chrétiens d'Orient. Bien au contraire. En Egypte, les organisations chrétiennes chiffrent à ...

vendredi 16 décembre 2011

Mondialisation: diviser, conquerir et regner au Moyen Orient

Le plan Yinon : l’ordre à partir du chaos…
Le plan Yinon, qui constitue un prolongement du stratagème britannique au Moyen-Orient, est un plan stratégique israélien visant à assurer la supériorité d’Israël dans la région. Il souligne qu’Israël doit reconfigurer son environnement géopolitique par la balkanisation des États arabes, soit la division de ceux-ci en États plus petits et plus faibles.
Les stratèges israéliens voyaient l’Irak comme l’État arabe représentant leur plus grande menace stratégique. C’est pourquoi l’Irak a été caractérisé comme la pièce maîtresse de la balkanisation du Moyen-Orient et du monde arabe. En Irak, sur la base des concepts du plan Yinon, les stratèges israéliens ont réclamé la division de l’Irak en un État kurde et deux États arabes, l’un shiite, l’autre sunnite. La première étape de ce plan était une guerre entre l’Irak et l’Iran, abordée dans le plan Yinon.
En 2006 et en 2008, les publications de l’armée étasunienne Armed Forces Journal et The Atlantic ont respectivement publié des cartes ayant circulé abondamment et lesquelles suivaient de près les grandes lignes du plan Yinon. Outre la division de l’Irak, également recommandée par le plan Biden, le plan Yinon appelle à la division du Liban, de l’Égypte et de la Syrie. La partition de l’Iran, de la Turquie, de la Somalie et du Pakistan fait également partie de cette vision. Le plan Yinon réclame par ailleurs la dissolution de l’Afrique du Nord et prévoit qu’elle débutera en Égypte et débordera au Soudan, en Libye et dans le reste de la région.
Protection du domaine : redéfinition du monde arabe…
Bien que tordu, le plan Yinon est en marche et voit le jour dans « A Clean Break: A New Strategy for Securing the Realm » (Une nette rupture : Une nouvelle stratégie pour protéger le domaine), un document de politique israélienne écrit en 1996 par Richard Perle et le groupe d’étude sur « Une nouvelle stratégie israélienne vers l’an 2000 » pour Benjamin Netanyahou, le premier ministre d’Israël à l’époque. Perle était alors un ancien secrétaire adjoint au Pentagone pour Ronald Reagan et est devenu par la suite conseiller militaire pour George W. Bush et la Maison-Blanche. Le groupe d’étude comprenait par ailleurs James Colbert (Jewish Institute for National Security Affairs), Charles Fairbanks Jr. (Johns Hopkins University), Douglas Feith (Feith and Zell Associates), Robert Loewenberg (Institute for Advanced Strategic and Political Studies), Jonathan Torop (The Washington Institute for Near East Policy), David Wurmser (Institute for Advanced Strategic and Political Studies) et Meyrav Wurmser (Johns Hopkins University).
Les États-Unis réalisent à bien des égards les objectifs précisés dans le texte de politique israélienne de 1996 visant à protéger le « royaume ». Par ailleurs, le terme realm, « domaine » ou « royaume », sous-entend la mentalité stratégique des auteurs. Realm fait soit référence au territoire sur lequel règne un monarque ou aux territoires soumis à son règne mais gérés et contrôlés par des vassaux. Dans ce contexte, le terme realm, est utilisé pour signifier que le Moyen-Orient constitue le royaume de Tel-Aviv. Le fait que Perle, un homme ayant essentiellement fait carrière comme officiel du Pentagone, ait contribué à écrire le document sur Israël soulève la question de savoir si le souverain conceptualisé du royaume représente Israël, les États-Unis, ou les deux.
Protéger le royaume : L’avant-projet israélien pour déstabiliser Damas
Le document de 1996 demande de « repousser la Syrie », aux environs de l’an 2000 ou après, en poussant les Syriens hors du Liban et en déstabilisant la République arabe syrienne avec l’aide de la Jordanie et de la Turquie. Ces événements se sont respectivement produits en 2005 et en 2011. Le document indique : « Israël peut modeler son environnement stratégique en coopération avec la Turquie et la Jordanie, en affaiblissant, en endiguant et même en repoussant la Syrie. Afin de contrecarrer les ambitions régionales de la Syrie, les efforts pourraient viser à expulser Saddam Hussein du pouvoir, un objectif stratégique en soi important pour Israël [1].
Comme première étape de la création d’un « nouveau Moyen-Orient » dominé par Israël et encerclant la Syrie, le texte demande de chasser Saddam Hussein du pouvoir à Bagdad et fait même allusion à la balkanisation de l’Irak et à la formation d’une alliance stratégique régionale contre Damas qui comporterait un « Irak central » sunnite. Les auteurs écrivent : « Toutefois la Syrie entre dans ce conflit avec de potentielles faiblesses : Damas est trop préoccupé par la nouvelle donne régionale pour permettre toute distractions sur le front libanais. De plus Damas craint l’"axe naturel" avec Israël d’un côté, l’Irak central et la Turquie de l’autre, et la Jordanie, au centre, qui exercerait une pression sur la Syrie et la détacherait de la péninsule saoudienne. Pour la Syrie, ce pourrait être le prélude à la reconfiguration de la carte du Moyen-Orient, ce qui menacerait l’intégrité territoriale du pays [2] ».

Perle et le groupe d’étude « Nouvelle stratégie israélienne vers l’an 2000 » recommande également de mener les Syriens hors du Liban et de déstabiliser la Syrie en utilisant des personnalités de l’opposition libanaise. Le document dit : « [Israël doit détourner] l’attention de la Syrie en utilisant des éléments de l’opposition libanaise pour déstabiliser le contrôle exercé par la Syrie au Liban [3]. »C’est ce qui arriverait en 2005 après l’assassinat d’Hariri ayant contribué à déclencher la soi-disant « révolution des cèdres » et à créer l’Alliance du 14 mars, un groupe farouchement anti-Syrien contrôlé par le corrompu Saïd Hariri.
Le document demande par ailleurs à Tel-Aviv de « saisir l’opportunité afin de rappeler au monde la nature du régime syrien [4] ». Cela convient parfaitement à la stratégie israélienne consistant à diaboliser ses opposants par des campagnes de relations publiques. En 2009 des médias israéliens ont ouvertement admis que, par le biais de ses ambassades et missions diplomatiques, Tel-Aviv avait lancé une campagne médiatique mondiale et organisé des manifestations devant les ambassades iraniennes pour discréditer les élections présidentielles en Iran avant même qu’elles n’aient lieu [5].
L’étude fait aussi mention de ce qui ressemble à la situation actuelle en Syrie : « Il va de soi, et c’est le plus important, qu’Israël a intérêt à appuyer diplomatiquement, militairement et opérationnellement les actions de la Turquie et de la Jordanie contre la Syrie, comme en protégeant des alliances avec des tribus arabes à travers le territoire syrien et hostiles à l’élite dirigeante syrienne [6]. Les bouleversements de 2011 en Syrie, le mouvement des insurgés et la contrebande d’armes par les frontières jordanienne et turque sont devenus des problèmes majeurs pour Damas.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant qu’Israël, alors dirigé par Ariel Sharon, ait dit à Washington d’attaquer la Syrie, la Libye et l’Iran après l’invasion étasunienne de l’Irak [7]. Finalement, il importe de savoir que le document de 1996 préconise également une guerre préemptive pour modeler l’environnement géostratégique d’Israël et sculpter le « nouveau Moyen-Orient » [8]. Il s’agit d’une politique que les États-Unis adopteraient aussi en 2001.
L’éradication des communautés chrétiennes du Moyen-Orient
Ce n’est pas une coïncidence si les chrétiens égyptiens ont été attaqués au même moment que le référendum sud-soudanais et avant la crise en Lybie. Ce n’est pas non plus une coïncidence si les chrétiens irakiens, une des communautés chrétiennes les plus anciennes, ont été poussées à l’exil, quittant leur patrie ancestrale. L’exode des chrétiens irakiens, sous le regard attentif des forces militaires étasuniennes et britanniques, concorde avec la division confessionnelle des quartiers de Bagdad. Les shiites et les sunnites ont été forcés, par la violence et les escadrons de la mort, à former des enclaves confessionnelles. Tout cela est lié au plan Yinon et à la reconfiguration de la région dans le cadre d’un objectif plus vaste.
En Iran, les Israéliens ont tenté en vain de faire partir la communauté juive. La population juive d’Iran est en fait la plus grande du Moyen-Orient et sans doute la plus ancienne communauté juive du monde à vivre paisiblement. Les juifs d’Iran se voient comme des Iraniens et sont liés à ce pays qu’ils considèrent comme leur patrie, au même titre que les musulmans et les chrétiens iraniens, et, à leurs yeux, le concept voulant qu’ils aient à se relocaliser en Israël parce qu’ils sont juifs est ridicule.
Au Liban, Israël s’est affairé à exacerber les tensions entre les diverses factions chrétiennes et musulmanes, incluant les druzes. Le Liban est un tremplin vers la Syrie et la division du Liban en plusieurs États est également vue comme un moyen de balkaniser la Syrie en plusieurs États arabes confessionnels de moindre envergure. Les objectifs du plan Yinon sont de diviser le Liban et la Syrie en plusieurs États sur la base des identités religieuses sunnite, shiite, druze et chrétiennes. Il est possible que l’exode des chrétiens de la Syrie fasse aussi partie des objectifs.
Le nouveau chef de l’Église maronite, la plus grande Église catholique orientale autonome, a exprimé ses craintes quant à l’expulsion des chrétiens arabes au Levant et au Moyen-Orient. Le patriarche d’Antioche, Mgr Bechara Boutros Rahi, ainsi que bon nombre de dirigeants chrétiens au Liban et en Syrie, craignent que les Frères musulmans prennent le contrôle de la Syrie. Comme en Irak, de mystérieux groupes attaquent actuellement les communautés chrétiennes en Syrie. Les dirigeants de l’Église orthodoxe, incluant le Patriarcat de Jérusalem, ont eux aussi exprimé publiquement leurs sérieuses préoccupations. Outre les arabes chrétiens, ces craintes sont partagées par les communautés assyrienne et arménienne, à majorité chrétienne.   
Le cheik Rahi était récemment à Paris où il a rencontré Nicolas Sarkozy. On rapporte que le patriarche maronite et le président Sarkozy ont eu des désaccords concernant la Syrie, ce qui a incité Sarkozy à affirmer que le régime syrien allait s’effondrer. La position du patriarche maronite était que l’on devait laisser la Syrie tranquille et lui permettre de se réformer. Mgr Rahi a par ailleurs dit à Sarkozy qu’Israël devait être considéré comme une menace si la France souhaitait légitimement que le Hezbollah dépose les armes.
En raison de sa position en France, Mgr Rahi a immédiatement reçu des remerciements des dirigeants chrétiens et musulmans de la République arabe syrienne qui l’ont visité au Liban. Le Hezbollah et ses alliés politiques au Liban, dont font partie la plupart des parlementaires chrétiens, ont aussi célébré le patriarche maronite, qui a ensuite fait une tournée au sud du Liban.
En raison de sa position sur le Hezbollah et son refus d’appuyer le renversement du régime syrien, le cheik Rahi fait maintenant l’objet d’attaques politiques de la part de l’Alliance du 14 mars, menée par Hariri. Ce dernier est en train de planifier une conférence des personnalités chrétiennes pour s’opposer à la position de l’Église maronite et du patriarche Rahi. Depuis que celui-ci a donné son opinion, le Parti Tahrir, actif à la fois en Syrie et au Liban, a également commencé à en faire la cible de critiques. On rapporte par ailleurs que des officiels étasuniens de haut rang ont annulé leurs rencontres avec le patriarche maronite en signe de mécontentement envers ses positions sur le Hezbollah et la Syrie.
L’Alliance du 14 mars menée par Hariri au Liban, laquelle a toujours été une minorité populaire (même lorsqu’elle constituait une majorité parlementaire), travaille de concert avec les États-Unis, Israël, l’Arabie Saoudite, la Jordanie ainsi que le groupe ayant recours à la violence et au terrorisme en Syrie. Les Frères musulmans et d’autres soi-disant groupes salafistes de Syrie ont tenu et organisé des pourparlers secrets avec Hariri et les partis politiques chrétiens au sein de l’Alliance du 14 mars. C’est pourquoi Hariri et ses alliés se sont attaqués au cardinal Rahi. C’est aussi Hariri et l’Alliance du 14 mars qui ont amené Fatah al-Islam au Liban et ont aidé certains de ses membres à s’enfuir et aller se battre en Syrie.
Des snipers inconnus ciblent des civils syriens et l’armée syrienne dans le but de créer le chaos et une lutte interne. Les communautés chrétiennes en Syrie sont elles aussi ciblées par des groupes inconnus. Les attaquants sont fort probablement une coalition de forces étasuniennes, françaises, jordaniennes, israéliennes, turques, saoudiennes, et khaliji (arabe du Golfe) travaillant avec des Syriens à l’intérieur du pays.
Washington, Tel-Aviv et Bruxelles planifient un exode des chrétiens du Moyen-Orient. On rapporte que le président Sarkozy a informé le cheik Rahi à Paris que les communautés chrétiennes du Moyen-Orient et du Levant pourront s’établir dans l’Union européenne. Cela n’est pas offert gracieusement. Il s’agit d’une gifle par les puissances mêmes qui ont délibérément créé les conditions visant à éradiquer les anciennes communautés chrétiennes du Moyen-Orient. Il semble que le but soit que les communautés chrétiennes s’établissent à l’extérieur de la région ou de délimiter des enclaves. Il est possible que ces deux hypothèses constituent des objectifs.
Ce projet vise à délimiter les pays arabes en pays exclusivement musulmans et est conforme à la fois au plan Yinon et aux objectifs étasuniens relatifs au contrôle de l’Eurasie. Il pourrait en résulter une grande guerre. Les Arabes chrétiens ont maintenant bien des choses en commun avec les Arabes qui sont des Noirs d'Afrique.
Nouvelle division de l’Afrique : le plan Yinon est en pleine marche
En ce qui concerne l’Afrique, Tel-Aviv cherche à la protéger car elle la voit comme une partie plus vaste de sa périphérie. Cette plus vaste ou soi-disant « nouvelle périphérie » est devenue le fondement géostratégique de Tel-Aviv après la révolution iranienne de 1979. Celle-ci a déformé et engendré l’effondrement de « l’ancienne périphérie » contre les Arabes, qui comprenait l’Iran, et dont les pays étaient les plus proches alliés d’Israël durant la période Pahlavi. Dans ce contexte, la nouvelle périphérie d’Israël a été conceptualisée en incluant des pays comme l’Éthiopie, l’Ouganda et le Kenya contre les États arabes et la République islamique d’Iran. C’est pourquoi Israël a été si profondément impliqué dans la balkanisation du Soudan.
Toujours dans le contexte des divisions confessionnelles au Moyen-Orient, les Israéliens ont esquissé des plans de reconfiguration de l’Afrique. Le plan Yinon cherche à délimiter l’Afrique sur la base de trois aspects : 1) l’origine ethnolinguistique, 2) la couleur de peau et enfin 3) la religion. Afin de protéger le domaine, il se trouve que l’Institute for Advanced Strategic and Political Studies (IASPS), une boîte de réflexion israélienne dont Perle faisait partie, faisait également pression en faveur de la création du Commandement des États-Unis pour l'Afrique (AFRICOM), une division du Pentagone.
On tente actuellement d’anéantir le point de convergence d’une identité arabe et africaine. On cherche à tracer des lignes de division en Afrique entre une soi-disant Afrique noire et une Afrique du Nord prétendument « non noire ». Cela fait partie d’un projet visant à créer un schisme sur le continent entre ce qu’on l’on conçoit comme étant des « Arabes » et des « Noirs ».
Cet objectif explique pourquoi on a fait la promotion des ridicules identités du « Sud-Soudan africain » et du « Nord-Soudan arabe ». C’est également la raison pour laquelle les Libyens noirs ont été ciblés dans une campagne visant à « nettoyer » la Libye des gens « de couleur ». En Afrique du Nord, on détache l’identité arabe de son identité africaine. On tente simultanément d’éradiquer de vastes populations d’Arabes noirs afin qu’il existe une nette démarcation entre « l’Afrique noire » et une nouvelle Afrique du Nord « non noire », laquelle sera transformée en un champ de bataille entre ceux qui restent, les Berbères et les Arabes « non noirs ».
Toujours dans le contexte africain et dans le but de créer des points de rupture et des délimitations, des tensions sont fomentées entre les musulmans et les chrétiens dans des pays comme le Soudan et le Nigéria. En entretenant ces divisions sur la base de la couleur de la peau, de la religion, de l’ethnicité et du langage, on cherche à alimenter la dissociation et la désunion. Cela fait partie d’une stratégie africaine globale visant à séparer l’Afrique du Nord du reste du continent.


Préparation de l’échiquier du « choc des civilisations »
À ce stade-ci, on doit rassembler toutes les pièces et faire les liens entre les événements.
On prépare l’échiquier pour un « choc des civilisations » et l’on y place toutes les pièces du jeu. Le monde arabe est sur le point d’être encerclé et de nettes démarcations se tracent. Celles-ci remplacent les frontières invisibles entre les différents groupes ethnolinguistiques, religieux et basés sur la couleur de la peau.
Dans le cadre de ce plan, il ne peut plus y avoir de mélange entre les sociétés et les pays. C’est pourquoi les chrétiens du Moyen-Orient et de l’Afrique de Nord, comme les coptes, sont ciblés. Pour les mêmes raisons, les Arabes et Berbères noirs, au même titre que d’autres populations noires, font face à un génocide en Afrique du Nord.
Après l’Irak et l’Égypte, la Jamahiriya arabe libyenne et la République arabe syrienne représentent toutes deux des points importants pour la déstabilisation régionale respectivement en Afrique du Nord et en Asie du Sud-Est. Ce qui se passe en Libye aura des répercussions en Afrique, tout comme les événements en Syrie auront des conséquences en Asie du Sud-Est et ailleurs. Dans le cadre du plan Yinon, l’Irak et l’Égypte ont servi d’amorces à la déstabilisation de la Libye et de la Syrie.
On est en train de créer un « Moyen-Orient musulman », une zone exclusivement musulmane (excluant Israël), laquelle sera troublée par les luttes entre shiites et sunnites. Un scénario semblable est mis en œuvre pour créer une « Afrique du Nord non noire » qui sera caractérisée par une confrontation entre les dits Arabes et dits Berbères. En vertu du modèle du « choc des civilisations », on prévoit simultanément un conflit entre le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord d’un côté, et l’« Occident » et « l’Afrique noire » de l’autre.
C’est pour cette raison qu’au début du conflit en Libye, Nicolas Sarkozy en France et David Cameron en Grande-Bretagne ont déclaré l’un après l’autre que le multiculturalisme était mort dans leurs sociétés ouest-européennes respectives [9]. Le véritable multiculturalisme menace la légitimité du programme de guerre de l’OTAN. Il représente par ailleurs un obstacle à l’implantation du « choc des civilisations », qui constitue la pierre angulaire de la politique étrangère des États-Unis.
À cet égard, Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la Sécurité nationale explique pourquoi le multiculturalisme est une menace pour Washington et ses alliés : « En devenant une société de plus en plus multiculturelle, il se peut que les États-Unis aient de la difficulté à créer un consensus sur les questions de politique étrangère [par exemple, relativement à une guerre contre le monde arabe, la Chine, l’Iran ou la Russie et l’ancienne Union soviétique], sauf si une grande partie de la population perçoit une menace extérieure directe de très grande envergure. Un tel consensus existait de manière générale tout au long de la Seconde Guerre mondiale et même durant la guerre froide [et il existe maintenant en raison de la "guerre mondiale au terrorisme"] [10]. » La phrase suivante de Brzezinski explique pourquoi les populations s’opposent aux guerres ou les appuient : « [Le consensus] était enraciné, toutefois, il ne l’était pas seulement dans des valeurs démocratiques profondément partagées et que le public voyait menacées, mais aussi dans des affinités culturelles et ethniques avec les victimes, principalement européennes, de totalitarismes hostiles [11] ».
Au risque d’être redondant, il faut mentionner une fois de plus que les chrétiens et les Noirs sont ciblés précisément dans le but de briser ces affinités culturelles entre, d’une part, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et le monde soi-disant « occidental », et, d’autre part l’Afrique subsaharienne.
Ethnocentrisme et idéologie : justifier les « guerres justes » d’aujourd’hui
Autrefois, les puissances coloniales de l’Europe de l’Ouest endoctrinaient leurs peuples. Leur objectif était d’acquérir un appui populaire pour les guerres de conquête. Pour ce faire, on prônait l’expansion et la promotion du christianisme et des valeurs chrétiennes avec le soutien des marchands armés et des armées coloniales.
Au même moment, on mettait de l’avant des idéologies racistes. Les peuples des pays colonisés étaient dépeints comme des « sous-humains », des inférieurs ou des personnes sans âmes. Finalement, on a utilisé l’argument de « l’épreuve de l’homme blanc », dont la mission consistait à civiliser les peuples du monde prétendument « non civilisés ». Ce cadre idéologique cohésif a été utilisé pour présenter le colonialisme comme une « cause juste ». Cette dernière a été employée à son tour pour conférer une légitimité aux « guerres justes », afin de conquérir et de « civiliser » des terres étrangères.
Aujourd’hui, les desseins impérialistes des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne n’ont pas changé. Ce qui a changé c’est le prétexte et la justification des guerres de conquête néocoloniales. Durant la période coloniale, les discours et les justifications en faveur de la guerre étaient acceptés par l’opinion publique dans les pays colonisateurs comme la France et la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, les « guerres justes » et les « causes justes » sont menées sous les bannières des droits des femmes, des droits humains, de l’humanitarisme et de la démocratie.
Traduction Julie Lévesque pour Mondialisation.ca
Notes
[1] Richard Perle et al., A Clean Break: A New Strategy for Securing the Realm (Washington, D.C. and Tel Aviv: Institute for Advanced Strategic and Political Studies), 1996.
[2] Ibid.
[3] Ibid.
[4] Ibid.
[5] Barak Ravid, "Israeli diplomats told to take offensive in PR war against Iran," Haaretz, June 1, 2009.
[6] Perle et al., Clean Break, op. cit.
[7] Aluf Benn, "Sharon says U.S. should also disarm Iran, Libya and Syria," Haaretz, September 30, 2009.
[8] Richard Perle et al., Clean Break, op. cit.
[9] Robert Marquand, "Why Europe is turning away from multiculturalism," Christian Science Monitor, March 4, 2011.
[10] Zbigniew Brzezinski, The Grand Chessboard: American Primacy and Its Geostrategic Imperatives (New York: Basic Books October 1997), p.211.
[11] Ibid.
Mahdi Darius Nazemroaya
est sociologue et chercheur associé au Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Il est spécialiste du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Il était sur le terrain en Libye durant la guerre. Il vient d'obtenir le Prix du Club de Presse mexicain à Mexico, le 8 décembre 2011.

Mahdi Darius Nazemroaya est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.  Articles de Mahdi Darius Nazemroaya publiés par Mondialisation.ca









dimanche 11 décembre 2011

la disparition des chrétiens d'Orient serait une catastrophe

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Texte intégral de l'intervention du Cardinal Tauran au cours d'un colloque,
organisé jeudi 1er et vendredi 2 décembre 2011 par l’Institut français de Rome.
 
l'intervention du cardinal Tauran au cours d'un colloque, organisé jeudi 1er et vendredi 2 décembre 2011 par l’Institut français de Rome.
Les chrétiens d’Orient dans le dialogue islamo-chrétien
Les chrétiens d’Orient, qui sont-ils ? Au sens large, ce sont tous les catholiques non-latins, les orthodoxes et les protestants du Proche et du Moyen Orient. On y inclut aussi les minorités d’Iran, d’Arménie, de Turquie, d’Inde, du Pakistan, d’Indonésie et d’Ethiopie. Les chrétiens d’Orient ne connaissent pas une organisation centralisée comme le christianisme occidental (je pense au catholicisme romain). La place de la culture, de la langue, la multiplicité des dénominations et des pratiques en font une mosaïque. Je ne vais pas parler de tous ces chrétiens, mais je voudrais limiter mon propos aux chrétiens du Moyen Orient pour des raisons évidentes : ce sont ceux qui nous sont le plus proches, en particulier ceux qui vivent en Terre Sainte, descendants de la première Eglise de Jérusalem.
Le Moyen Orient est massivement musulman, et son islam a connu des périodes fastes. Des villes comme Damas, Bagdad, Le Caire, Istanbul rappellent ce que furent les grandes réalisations de l’islam historique, avec les Omeyades (7e s.), les Abbassides (du 8e s. au 13e s.), les Mamelouks (du 13e s. au 16e s.) et les Ottomans (du 16e s. à 1924). Sans parler de la Mecque et de Médine,
Les chrétiens d’Orient y sont minoritaires et tendent à diminuer. Ils ne sont pas des convertis de l’islam. Ils sont, comme je le disais plus haut, les descendants de la première Eglise de Jérusalem, leurs ancêtres ont été les témoins vivants des événements du salut. Littéralement, ils entourent les Lieux saints de leur présence et leur donnent vie par leur prière et leur amour, empêchant qu’ils deviennent de simples musées. Mais ils ont une histoire, une langue et une culture communes avec les musulmans au milieu desquels ils vivent depuis des siècles. C’est pourquoi les relations entre les deux communautés sont traditionnellement bonnes au niveau du dialogue de la vie. Evidemment, ils ont aussi des rapports séculaires avec les communautes juives d’autant plus qu’avec les Juifs, les chrétiens sont spirituellement unis dans la lignée d’Abraham et reconnaissent les prémices de leur foi dans le Premier Testament.
II y a eu des périodes de cohabitation féconde entre chrétiens et musulmans: Istanbul, Alexandrie, Jérusalem ont longtemps accueilli tous les croyants. Mais quand les empires se sont effondres et que l’unité de mesure est devenue la nation, il y a eu moins de place pour la diversité, le califat se termine avec la chute de l’Empire ottoman et la naissance de la république d’Atatürk ; l’orthodoxie s’effrite en se soustrayant a l’hégémonie du patriarcat de Constantinople et en donnant naissance à de nouvelles églises nationales. De nouvelles identités s’affirment.
Depuis Le 16e siècle, le christianisme est devenu minoritaire en Orient, et l’islam, qui avait perdu de son prestige, a récupéré son identité a partir du moment où il a immigré vers l’Europe. S’il y a eu hier une cohabitation entre peuples divers, aujourd’hui encore, chrétiens et musulmans sont contraints par la géographie et par l’histoire à retrouver un mode de vivre ensemble. La Méditerranée, ce «lac des monothéismes » comme on l’a écrit, pourrait être un lieu de recomposition. Evidemment, il faudrait parler d’autres facteurs qui ont complètement transformé le paysage politique, social, culturel et religieux du Moyen Orient: je pense évidemment au conflit israélo-palestinien non-résolu, et à la partition de Chypre, a la situation de l’Irak .... Comme on l’a remarqué, la situation des chrétiens dans cette partie du monde peut être évoquée comme suit: un pays ou il est interdit de construire des églises comme l’Arabie saoudite; des pays ou les chrétiens sont considérés comme non nationaux; le Koweït, les Etats du Golfe, Oman et les États du Maghreb; les pays ou les chrétiens sont autochtones et les Églises apostoliques: Égypte, Syrie, Irak, Jordanie, Palestine, Turquie; et enfin l’exception libanaise ou le Président de la République est, par un accord tacite, chrétien maronite. Tout en proclamant que l’islam est la religion de l’État (sauf en Syrie et au Liban), les constitutions de ces pays affirment que tous les citoyens sont égaux devant la loi, sans discrimination de race et de religion. Cela évidemment au niveau théorique. La pratique est le plus souvent bien différente.
On doit souligner qu’une collaboration confiante s’est développée entre musulmans et chrétiens au niveau de l’éducation, de la santé, de la culture, de l’économie et de la solidarité. Les écoles catholiques sont particulièrement appréciées par de nombreuses familles musulmanes. II y a des Parlements où les chrétiens sont représentés, bien qu’i1 leur soit difficile, sinon impossible, d’accéder aux postes de décision politique (sauf au Liban). Mais ceci dit, il faut rappeler que les conversions de musulmans au christianisme sont pratiquement impossibles. Et dans Le cas de mariage mixte, les enfants mineurs sont présumés suivre la religion de leur père. Si la liberté de culte est partout respectée, sauf en Arabie saoudite, et s’il est souvent possible de construire de nouvelles églises, cela n’est pas le cas en Égypte où reste en vigueur une disposition de l’empire ottoman de 1856 qui n’autorise une restauration d’église que sur décret présidentiel.
Si donc les chrétiens se sentent chez eux dans cette partie du monde, s’i1s vivent plus ou moins bien leur foi et leur culture, personnellement et communautairement, ils n’en éprouvent pas moins le sentiment d ‘une certaine précarité, le conflit non-résolu israélo-palestinien et les manifestations d’un islamisme agressif font que beaucoup de chrétiens choisissent l’émigration surtout lorsqu’ils pensent à l’avenir de leurs enfants.
Les chrétiens d’Orient se sentent toujours considérés comme des citoyens de seconde catégorie. Ils se référent souvent au statut de la « dhimmitude ». On comprend alors que ces chrétiens ne soient pas spontanément des enthousiastes du dialogue interreligieux !
Pourtant, si nous prenons en considération le christianisme, l’islam et le judaïsme, on peut relever que ces trois monothéismes favorisent une pédagogie de la rencontre. Certes nous sommes différents et nous devons nous accepter comme tels. Mais nous pouvons mettre à la disposition de la société des valeurs communes qui nous inspirent: respect de la vie, sens de la fraternité, dimension religieuse de l’existence. Dans le fond, Juifs, chrétiens et musulmans, nous croyons que chacun de nous est unique. Alors, il me semble qu’il n’est pas impossible de sensibiliser éducateurs et législateurs à l’opportunité de proposer à ces peuples qui vivent depuis toujours ensemble des règles de conduite telles que:
- Le respect des personnes qui cherchent à scruter l’énigme de la condition humaine à la lumière de leur religion;
- le sens critique qui permet de choisir la vie ou la mort, le vrai ou le faux;
- le souci de la liberté qui suppose une conscience droite, une foi éclairée ;
- L’acceptation de la pluralité qui nous incite à nous considérer différents, mais égaux en dignité, en refusant toutes les formes d’exclusion, en particulier celles invoquant une religion ou une conviction.
Si nous pouvions dire tout cela ensemble, il est sûr que nous aurions devant nous un avenir beaucoup plus serein. N’est-ce pas au fond ces convictions qui sont à l’origine de ce que l’on appelle le « printemps arabe »? Cette jeunesse de certains pays du Maghreb, consciente, cultivée, qui ne supporte plus la dictature, est plus « révoltée » que « révolutionnaire ». Elle est en quête de dignité et de liberté,
II est vrai que les chrétiens d’Orient ont beaucoup souffert depuis qu’ils existent. Souvent pour survivre, ils ont plus plié que résisté. Mais leur disparition serait une catastrophe, surtout pour les Lieux saints chrétiens, Que peut-on donc faire pour eux ?
D’abord, les aider à rester sur place. Dieu les a plantés dans cette partie du monde et c’est là qu’ils doivent fleurir. Malgré certains phénomènes de fondamentalisme, la présence chrétienne dans la société arabe joue un rôle positif de facilitateur entre les composantes de cette société et de catalyseur pour la convivialité.
Ils jouent aussi le rôle de pont entre l’Orient et l’Occident.
Or, pour être un pont, il faut être solidement ancré des deux côtés de la rive. Nos frères dans la foi sont ancrés dans l’Orient qui est leur milieu historique, linguistique, culturel et politique. Ils sont aussi ancrés en Occident par leur foi, leur patrimoine spirituel et leur ouverture intellectuelle.
II faut les visiter, soutenir leurs institutions et travailler à la cause du rétablissement de la justice et de la paix pour qu’advienne une solution rapide du Moyen Orient. Ce que le pape Jean XXIII affirmait dans l’encyclique Pacem in terris demeure toujours d’actualité : « Nous devons rétablir les rapports de la vie en société sur les bases de la vérité et de la justice, de l’amour et de la liberté » (n. 40).
Pratiquer le dialogue entre croyants, c’est être convaincu que nous formons tous une famille, qu’i1 existe une communauté humaine et un bien universel. Mais c’est aussi s’opposer à la xénophobie, à la fermeture des frontières, aux idéologies qui diffusent la haine. Le dialogue entre cultures et entre croyants n’a pas seulement pour but de mieux se connaître pour éviter les conflits, mais il a aussi pour but de nous aider à élaborer une culture qui permette à tous de vivre dans la dignité et la sécurité.
Comme certains d’entre vous le savent, j’ai été pendant quelques années en poste à la Nonciature au Liban, de 1975 à 1982. C’est là que j’ai participé pour la première fois à un groupe d’amitié islamo-chrétienne, guide par un jésuite français, Augustin Dupré Latour. Parlant de ces rencontres, il écrivait : « Croyants de deux religions, nous nous sommes retrouvés, non comme des « sédentaires » satisfaits de ce qu’ils possèdent, mais comme appartenant à la race des « nomades », vivant sous une « tente », des itinérants guides par l’Esprit de Dieu. Nous nous sommes reconnus tout spontanément, non pas comme possédant la vérité divine, mais comme possédés par cette vérité, qui guide, entraine, libère, chacun dans sa ligne propre, plus attaché à sa propre foi. »
Je souhaite que ces journées romaines montrent que, malgré tous les événements de nature à les opposer, chrétiens et musulmans (et juifs) sont capables de se rencontrer, de dialoguer, de refuser les amalgames ; que, contrairement à ce qui est souvent affirmé, les religions ne sont pas facteurs de conflit, mais les croyants sont des personnes de bonne volonté qui contribuent à développer la paix. Avec les chrétiens d’Orient, les Européens, qui eux aussi sont désormais « condamnés » au dialogue interreligieux dans des sociétés de plus en plus plurielles, il nous faut arriver à un réel sens de l’altérité, accepter nos différences, se réjouir de nombreux terrains de rencontre. Il ne s’agit pas de négocier ou de faire des concessions sur ce que nous croyons. Il ne s’agit pas de convertir l’autre, même si le dialogue interreligieux favorise souvent les conversions. II s’agit de se connaitre pour s’aimer et créer du bonheur autour de soi. Soyons nous-mêmes ! Non pour imposer nos convictions, mais pour les proposer. Pèlerins de la vérité au milieu des contradictions de l’histoire, en dépit de nos incohérences, soyons capables par notre générosité, notre douceur et notre persévérance de purifier notre mémoire et notre cœur pour faire en sorte que la sagesse humaine se rencontre avec la sagesse de Dieu.
Parce que nous distinguons le politique et le religieux, le temporel et le spirituel, nous chrétiens avons le devoir de susciter toutes initiatives qui prouvent à quel point les croyants sont une ressource pour la cite. Le pape Benoit XVI, l’a admirablement dit sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem: « Ceux qui honorent le Dieu unique croient qu’il tiendra les êtres humains responsables de leurs actions. Les chrétiens affirment que les dons divins de la raison et de la liberté sont à la base de cette responsabilité, la raison ouvre l’esprit à la compréhension de la nature et de la destinée communes de la famille humaine, tandis que la liberté pousse les cœurs à accepter l’autre et à Le servir dans la charité, l’amour indivisible pour le Dieu unique et la charite envers le prochain deviennent ainsi le pivot autour duquel tout tourne. C’est pourquoi nous travaillons inlassablement pour préserver les cœurs humains de la haine, de la colère ou de la vengeance » (12 mai 2009).
Oui, il est salutaire de nous souvenir que notre Dieu est « dialogue » (Trinité) et que dialoguer n’est pas « céder », mais affirmer d’abord nos convictions, pour comprendre ensuite nos accords et nos désaccords et considérer enfin ce qu’ensemble nous pouvons faire pour Le bien commun de nos sociétés plurielles.
Je conclus mon propos. Pardonnez-moi si, dans ce temple de la culture française, j’ose vous laisser un message que j’emprunte à un poète anglais, William Blake: «J’ai cherché mon âme et je ne l’ai pas trouvée ; j’ai cherché Dieu, et je ne l’ai pas trouvé ; j’ai cherché mon frère et je les ai trouvés tous les trois ».
Cardinal Jean-Louis Tauran
Rome, 2 décembre 2011