Le grand mufti d'Égypte dénonce l'État islamique devant le Parlement européen
Shawki Allam, le grand mufti d'Égypte, s'est rendu mardi 9 septembre 2014 au Parlement européen à Bruxelles où il a prononcé un discours, rapporte la presse égyptienne.
Un communiqué du ministère égyptien de l'information indique qu'il a assisté à « plusieurs rencontres clés » et s'est notamment entretenu avec Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen auprès duquel il a souligné le « rôle pivot » de l'Égypte pour la stabilité du monde arabe.
Comme le grand imam d'Al Azhar avant lui, le grand mufti a surtout appelé les Européens à désigner les combattants de l'État islamique plutôt comme des « terroristes dissidents d'Al-Qaida ». « Ils ne sont pas musulmans et ils n'ont pas d'État », a-t-il affirmé.
Justifications religieuses erronées
Dans une interview accordée à Euronews lors de ce passage à Bruxelles, cet ancien professeur de loi islamique à l'université Tanta, élu grand mufti d'Égypte en février 2013 sous Mohammed Morsi (mais dont il n'était pas le favori), martèle que l'État islamique n'a « vraiment rien à voir avec la vraie religion islamique ». « Toutes les justifications religieuses données par ces organisations sont erronées au regard de la véritable norme scientifique qui explique les textes fondamentaux de la religion musulmane ».
« Notre institution en Égypte, ainsi que l'université Al-Azhar Al-Charif agissent dans le but de détecter les idées qui se propagent à travers les médias et qui appellent à la violence, à la destruction ou à la dévastation », assure-t-il également. « Nous faisons notre devoir de déconstruction de ces idées et nous donnons des avis éclairés sur chaque sujet évoqué ».
Le terrorisme se propage
Interrogé sur la menace terroriste en Europe, le responsable égyptien reconnaît que « ce qui s ('y) passe est très alarmant ». « Nous espérons que les responsables européens sont conscients de cela. Nous souhaitons qu'ils soient conscients de ce problème dangereux car le terrorisme ne concerne plus seulement une zone précise, mais il se propage au sein de toutes les nations », prévient-il.
Les États européens désireux d'agir et de détourner leurs jeunes ressortissants de ces discours radicaux doivent, selon lui, « se tourner vers les institutions qui s'occupent de l'enseignement de la pensée islamique, notamment l'université Al-Azhar Al-Charif au Caire ». « C'est la bonne voie. L'explication et la réelle compréhension de la religion islamique passent par des institutions imprégnées par l'histoire islamique », fait valoir le grand mufti.
La voix de la modération
Shawki Allam aurait même reçu une invitation du député européen britannique Amjad Bashir à « venir répandre le vrai islam » dans son pays. « Le député européen considère le mufti comme la voix de la modération dans le monde musulman parce qu'il vient de l'institution Al-Azhar, haut lieu de la modération dans le monde », rapporte The Egypt Independant, traduisant un article du quotidien Al Masry-Al Youm.
Capitale intellectuelle et culturelle
En visite au Caire cette semaine, au terme d'un marathon diplomatique qui l'a conduit à Bagdad, Amman, Jeddah (Arabie saoudite) et Ankara, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, avait jugé que l'Égypte était en « première ligne » dans la lutte « antiterroriste », rendant un vibrant hommage à ses autorités religieuses. « En tant que capitale intellectuelle et culturelle du monde musulman, l'Égypte a un rôle crucial à jouer, en dénonçant l'idéologie que (l'EI) diffuse », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Washington souhaiterait en fait que les institutions religieuses égyptiennes « se prononcent contre l'EI et en parlent dans les prêches du vendredi » dans les mosquées, a expliqué un diplomate américain.