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31/10/2015
Décès d'un grand réformateur, Mgr Joseph Dergham
L'Église maronite vient de perdre l'un de ses grands évêques Mgr Joseph Dergham, dont le nom est étroitement associé à la mise en œuvre au Liban du concile Vatican II. Né à Ibrine – Batroun – le 22 avril 1930 dans une famille sacerdotale, Joseph Dergham est ordonné prêtre le 22 avril 1959. Puis il est envoyé par le patriarche Paul Méouchi à Paris pour y poursuivre ses études. Il obtint une licence en littérature française et commença à préparer une thèse de doctorat sur Paul Claudel (1963).
À l'époque, la formation des prêtres était décentralisée. Rentré au Liban, il fut nommé directeur des études au séminaire patriarcal de Mar Abda, puis en 1965 au séminaire patriarcal maronite de Ghazir qui passa sous la direction des prêtres maronites de l'Amicale du clergé, sous le rectorat de Mgr Harès Khalifé, après le départ des pères jésuites. En juillet 1971, il devient recteur du séminaire, à la fois directeur, professeur de français et sportif, père et maître des séminaristes.
Parallèlement, il s'engage avec d'autres évêques, « L'Amicale du clergé », le mouvement « Église pour notre temps » et le « Rassemblement des prêtres du Christ-Roi », à promouvoir, dans l'esprit de Vatican II, un « renouveau devenu urgent dans l'Église du Liban ».
Ses initiatives au séminaire patriarcal maronite de Ghazir rencontrent des réticences et des obstacles administratifs et matériels. Il est contraint de décréter la fermeture du séminaire le 12 décembre 1972 et de renvoyer les séminaristes. Ces derniers décidèrent alors d'organiser un sit-in à Bkerké pour exiger la réouverture du séminaire et la mise en œuvre de la réforme tant souhaitée. Ce sit-in déclencha un mouvement de protestation dans l'Église maronite qui ne cessa de s'élargir pour atteindre les grands séminaristes du séminaire oriental de Beyrouth, le « Rassemblement des prêtres du Christ-Roi » et le mouvement « Église pour notre temps ». Il ne tarda pas à ouvrir la porte à une réforme ecclésiale qui allait prendre son chemin et se réaliser des années plus tard.
L'autorité ecclésiale répliqua en prenant la décision de relever le père Dergham et ses confrères de l'équipe animatrice de leur fonction et de les renvoyer dans leurs diocèses respectifs.
Toutefois, le 3 février 1975, Mgr Antoine Khoreiche, archevêque de Saïda, est élu patriarche pour succéder au patriarche Méouchi décédé le 25 janvier. Le nouveau patriarche sa fixa comme priorité la formation des prêtres. Pour cela il acheta les locaux du séminaire de Ghazir aux pères jésuites et choisit une équipe de prêtres, avec à leur tête père Youssef Béchara, secondé par père Joseph Dergham, pour diriger le séminaire patriarcal maronite unifié après la fermeture des autres séminaires diocésains et patriarcaux.
Hélas, en juillet 1989, l'élection du père Dergham comme évêque du Caire interrompit cet élan. Au Caire, il se consacre à la consolidation de l'unité des fidèles et à nourrir le lien entre l'Église au Liban et l'Église au Caire.
En 2005, il présenta sa démission pour limite d'âge et rentra au Liban pour servir de nouveau au séminaire de Ghazir comme accompagnateur spirituel.
Au soir de sa vie, lorsqu'il fut alité à la suite d'une opération chirurgicale, il ne demandait qu'à lire le livre de Job et à le comparer avec le mystère du Salut accompli par le Christ sur la croix. Il aimait répéter la prière du saint Curé d'Ars : « Je vous aime mon Dieu ! Toutes les fois que je sens ma fin approcher, je vous supplie d'augmenter mon amour et de le rendre parfait. »
Mgr Mounir KHAIRALLAH
Jtk