L'Église chaldéenne tient son synode
C'est finalement à Rome et non à Erbil au Kurdistan irakien que se tiendra du 24 au 29 octobre le troisième synode de l'Église chaldéenne depuis l'élection de Sa Béatitude Louis Raphaël Sako. Celui-ci s'y trouve déjà puisqu'il participe, depuis le 4 octobre, aux travaux du synode sur la famille.
Les 22 évêques chaldéens des diocèses d'Irak, d'Iran, de Syrie, du Liban, de Turquie ou de la diaspora – y compris donc les évêques américains dont certains sont en conflit ouvert avec le Patriarcat – seront présents.
L'« évaluation de la situation en Irak et dans la région », et la manière d'aider les familles de réfugiés ouvriront bien sûr les travaux de ce synode, précise le communiqué détaillant son programme. En août 2014, 200 000 chrétiens - majoritairement chaldéens et syriens-catholiques - ont fui l'avancée de Daech vers Mossoul et la plaine de Ninive. Depuis, ils vivent dans des conditions difficiles au Kurdistan irakien, et, pour beaucoup, ont émigré dans les pays voisins, en Europe, en Amérique ou en Australie.
Formation des prêtres
Parmi les chantiers plus internes à l'Église chaldéenne, le patriarche a souhaité faire un point sur les prêtres : seront évoquées la question de leur « formation spirituelle, théologique et liturgique », mais aussi celle de « leurs salaires pour leur assurer une vie digne. Le synode devrait décider de les muter « au bout de 6 ans dans une paroisse ».
La question délicate « des prêtres et des moines en dehors de leurs diocèses et le monastère aux États-Unis, Canada, France, Suisse et Suède » sera également abordée. Quatorze d'entre eux ont en effet quitté l'Irak ces dernières années sans autorisation de leur évêque ou de leur supérieur, accueillis pour la plupart par le diocèse chaldéen de Saint-Pierre à San Diego aux États-Unis. Plusieurs sont rentrés depuis, sur l'injonction du patriarche Sako. « Ces cas peuvent répéter si nous ne mettons pas un terme à cela », redoute le communiqué sur le programme du synode, qui prévoit également la création d'un « tribunal patriarcal (pour) faire face aux problèmes du clergé ».
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Un comité devrait être créé pour obtenir des « bourses » pour les prêtres, et un autre pour présenter et suivre les projets soumis aux organismes de charité de l'Église (ROACO, Cor Unum, etc.).
Situation des communautés en diaspora
« La situation de nos communautés en Europe et dans d'autres endroits » est également au programme, signe de l'importance croissance des fidèles chaldéens vivant en diaspora. Une liste de prêtres candidats potentiels à un poste épiscopal sera dressée.
Sur le plan liturgique, un domaine dans lequel Mgr Louis Sako s'était beaucoup investi avant de devenir patriarche, un « examen de l'application de la nouvelle messe dans les diocèses et les paroisses » est prévu. L'idée est notamment de développer l'utilisation de l'arabe, langue devenue la plus familière pour la plupart des fidèles.
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Enfin, ce synode de l'Église chaldéenne insistera sur « l'importance de la participation des laïcs dans les affaires de l'Église : la nécessité d'établir un Conseil de l'évêque, un Conseil de paroisse, et des comités pour l'éducation, la famille, et les questions sociales ». Les évêques réfléchiront aux moyens de soutenir « la Ligue chaldéenne », une organisation créée cet été pour mobiliser les professionnels de la communauté, ses intellectuels et ses experts au service de l'Église chaldéenne en Irak et dans la diaspora.
Anne-Bénédicte Hoffner