Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth rejette l'idée de guerre sainte
Contredisant les prises de position de l'Église orthodoxe russe légitimant l'engagement militaire de Moscou en Syrie, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth Elias Audi a déclaré dimanche 18 octobre que l'Église ne bénit pas les guerres et ne les sacralise pas.
« Elle ne sanctifie pas les combats et refuse le concept de 'guerre sainte'» , a-t-il déclaré dans son homélie dominicale dans la cathédrale Saint-Georges à Beyrouth.
Pétition « contre les guerres religieuses »
« Notre Église ne bénit pas celui qui tue l'autre, car celui qui tue l'autre, c'est comme s'il voulait tuer Dieu (...) Ceux qui vous rejettent parce que vous suivez les commandements de Dieu sont eux-mêmes rejetés par Dieu », a-t-il lancé. Le quotidien libanais francophone L'Orient-Le Jour rappelle que cette prise de position intervient au lendemain du lancement, par 62 personnalités grecques-orthodoxes, d'une pétition « contre les guerres religieuses ».
Cette campagne a été lancée vendredi 16 octobre depuis Beyrouth à l'initiative de deux professeurs d'Université, l'ancien ministre Tarek Mitri et le chirurgien, philosophe et professeur à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth Antoine Courban. Ils refusent notamment que « des guerres ou des actions terroristes puissent être justifiées au nom de la religion » et rejettent l'argument que « la protection des chrétiens puisse servir d'alibi au service d'objectifs idéologiques ou politiques, comme certains ont tenté de le faire récemment en appui à l'intervention militaire de la Russie en Syrie ».
L'idée de « guerre juste » : une « hérésie »
« Cette position doit pouvoir servir de plate-forme de réconciliation pour l'opinion publique. Elle est de nature à protéger la paix et le vivre-ensemble, pour que le Liban ne soit pas pris dans le tourbillon de la folie identitaire qui nous entoure », a déclaré Antoine Courban à L'Orient-Le Jour. Selon lui, la position du métropolite est dans la lignée de l'orthodoxie en général, qui n'a jamais adopté la notion de « guerre juste », propre à l'Église russe depuis le temps du tsar Boris Godounov, et introduite par la pensée de saint Augustin.
Fin septembre, le P. Vsevolod Tchapline, porte-parole de l'Église orthodoxe russe estimait que l'engagement militaire russe en Syrie s'inscrivait dans le cadre d'une « guerre sainte » contre le terrorisme. Il relevait que l'intervention russe était conforme au droit international, « à la mentalité de notre peuple et au rôle particulier que notre pays a toujours joué au Moyen-Orient ».
C.C. avec ApicJtk
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