Attentats du Caire : l'enquête se tourne vers les Frères musulmans
Deux jours après l'attentat kamikaze qui a tué 25 Coptes dans une église du Caire, l'enquête privilégie la piste islamiste. Il n'y a pas eu de revendication, mais le ministère de l'Intérieur égyptien accuse clairement les dirigeants des Frères Musulmans établis au Qatar d'en être à l'origine, avec pour objectif de «créer un conflit religieux à grande échelle».
Quatre suspects proches des Frères musulmans ont été arrêtés lundi, a déclaré le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. «L'auteur de l'attentat est Mahmoud Chafiq Mohamed Mostafa, il a 22 ans et il s'est fait exploser à l'aide d'une ceinture explosive», a-t-il affirmé lundi, lors des funérailles des victimes en présence de proches accablés par la douleur. Un prélèvement ADN sur les parties du corps du kamikaze, qui s'est fait exploser dans la partie de l'église réservée aux femmes et aux enfants, a permis de l'identifier.
L'attentat embarrasse le régime égyptien
«Trois hommes et une femme ont été arrêtés et deux autres personnes étaient toujours recherchées», a précisé le président égyptien. Le premier, Mohamed Abdel Hameed Abdel Ghani, est soupçonné d'avoir caché les explosifs et d'avoir logé et préparé le kamikaze. Les trois autres personnes arrêtées sont Mohsen Mostafa el-Sayed Qassem, Mohamed Hamdi Abdel Hamid Abdel Ghani et Ola Hussein Mohamed Ali, la femme. Ces quatre suspects seront présentés à la sûreté de l'État égyptien.
Les autorités continuent de rechercher d'autres suspects, selon le communiqué du ministère de l'Intérieur. Parmi eux, Mohab Mostafa el-Sayed Qassem, surnommé «Le Docteur», qui dirigeait le groupe. Il s'était rendu en 2015 au Qatar pour rejoindre les dirigeants des Frères musulmans qui avaient fui l'Egypte. Ces derniers lui auraient offert un soutien logistique et financier afin de mener des attaques terroristes en Egypte. A son retour en Egypte, il se serait rendu dans le nord du Sinaï pour s'entraîner au maniement des armes et à la fabrication d'explosifs. Un fois au Caire, les Frères musulmans lui auraient, depuis le Qatar, donné des instructions pour préparer un attentat contre la communauté copte égyptienne. Il aurait ensuite entraîné, dans le quartier al-Zeitoun du Caire, des personnes pour mener l'attentat. Un groupe nommé le Conseil révolutionnaire égyptien, une branche présumée des Frères musulmans, avait publié une déclaration le 5 décembre «jurant de cibler les chefs de l'église orthodoxe en raison de son soutien à l'Etat».
Les Coptes, une cible facile
L'attentat a durement frappé les Coptes d'Egypte mais il embarrasse aussi le régime d'Abdel Fattah al-Sissi, véritable cible des agresseurs, et lui donne du fil à retordre. En premier lieu selon Victor Salama, professeur à la faculté de Sciences politiques de l'université du Caire, c'est le soutien de l'Eglise copte au gouvernement qui est visé. «La revendication politique des islamistes pourrait être de dire qu'on fait payer aux Coptes leur soutien à la destitution des Frères musulmans (en juillet 2013, ndlr)», explique cet expert. Déjà ciblés à plusieurs reprises depuis la destitution par l'armée de l'ancien président islamiste Mohamed Morsi, les Coptes représentent une cible facile. Depuis l'été 2013, au moins 42 églises ont été attaquées, dont 37 incendiées ou endommagées, ainsi que des dizaines d'écoles, de maisons et de commerces appartenant à des Coptes, affirme Human Rights Watch. L'ONG accuse les forces de l'ordre d'avoir été absentes lors de ces attaques confessionnelles. Les Coptes d'Egypte représentent la communauté chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient et l'une des plus anciennes. Près de 10% des 90 millions d'Egyptiens appartiendraient à la communauté copte dans un pays où les musulmans sunnites représentent une immense majorité.
(Avec AFP)
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