Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

vendredi 17 février 2012

Lochon Christian

Lochon Christian

 Sur les chretiens d'Orient
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Extraits: Role et culture des chretiens d'Orient

Influence du Christianisme Oriental sur le Christianisme Occidental:
L'évangélisation de la Gaule fut l'œuvre, en grande partie, de chrétiens orientaux ; la catéchèse à Lyon fut entreprise par l'évêque Pothin, d'origine smyrniote, et martyrisé, nonagénaire, en 177. 
Son successeur Irénée était syrien, également disciple de Saint Polycarpe, comme étaient proche-orientaux les évêques de l'époque, Sophrone à Agde, Trophime et Patrocle à Arles, Aphrodise à Béziers, Eutrope à Orange, Orientalis à Bordeaux.
 Du 1er au Ve siècle, dix papes furent orientaux et aux VIIe et VIIIe siècles, six syriens, Théodose (642-649), Jean V (685-6), St Sergius d'Antioche (687-701), Sisinius (708), Constantin (708-715), St Grégoire III (731-41), et huit grecs de 678 à 752. Devant l'afflux de malheureux, les marchands syriens établis sur la voie d'Ostie à Rome imitèrent la coutume de Jérusalem de la « lousma » ou toilette physique et corporelle des pauvres, à laquelle on procédait chaque dimanche ; ces derniers étaient lavés, revêtus d'habits propres et restaurés. Cette imitation orientale de « diaconies » romaines furent confiées à des responsables de groupes qu'on appella « cardinaux » comme le rappelle René Khawam (1).
Enfin le culte des saints inclut des martyrs orientaux ; à Arles sur Tech, près d'Amélie les Bains dans les Pyrénées, l'abbaye Sainte Marie d'Arles abrita, vers 900, les reliques de deux martyrs babyloniens, (249) Saints Abdon (ou Abda) et Sennen ; une eau miraculeuse remplit constamment leur sarcophage, et une procession annuelle, le 30 juillet, attire beaucoup de pèlerins.

voir: exode des chretiens d'orient: http://www.lefigaro.fr/international/20060513.FIG000000946_le_grand_exode_des_chretiens_d_orient.html
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Jeudi 2 février 2012

De l'Empire Ottoman au Printemps Arabe : le problème des minorités religieuses chrétiennes

http://www.chretiensdelamediterranee.com/categorie-11109673.html
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Christian Lochon, membre du réseau Chrétiens de la Méditerranée est l'auteur de cet article paru dans bulletin trimestriel de l'Oeuvre d'Orient (octobre, novembre, décembre 2011). 
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Ayant  obtenu leur indépendance entre 1930 et 1947, les Etats du Proche-Orient ont une population très diversifiée. 
- L'Egypte, avant Abdelnasser, avait des ministres coptes et même dirigeant des partis nationalistes (le Wafd) ; 
- l'Irak monarchique offrit des sièges sénatoriaux au Patriarche chaldéen et au Grand Rabbin ; 
- la Syrie eut même un Premier ministre protestant ( Farès el Khoury) ; 
- la Transjordanie devenue Jordanie réserve toujours 10 % des sièges parlementaires aux chrétiens ( 3% de la population). 
- Dans tous ces pays les établissements d'enseignement chrétiens ont toujours une importante proportion  d'élèves musulmans ; les hôpitaux et dispensaires chrétiens sont très appréciés. 
Cette  caution d'excellence a naturellement engendré des envieux. 

Fin 2011, la révolte populaire, portée par les masses arabes, semble essoufflée ; les partis religieux, soutenus financièrement par l'Arabie Saoudite et le Qatar militent pour de prétendus « Droits de Dieu » antithétiques des Droits de l'homme.
 
A) La Charia, épée de Damoclès des minorités 
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Elaborée du 9e au 11e siècle, la Législation islamique ou « Charia » a créé un Code de la Famille ou « Statut personnel » qui établit pour l'éternité des rapports inégaux entre hommes et femmes et entre musulmans et non-musulmans. 
En 1979, le Royaume saoudien avait fait rédiger par des Ulémas wahabites une Déclaration islamique des droits de l'homme ; les articles y paraissent identiques à ceux du texte onusien, mais à plusieurs endroits sensibles, le texte apporte une clause restrictive ainsi libellée : « si ces droits ne contreviennent pas à la Loi (divine). » Beaucoup, hélas, y contreviennent.
 
En fait le Statut personnel constitue une accumulation d'inégalités. Le Droit musulman prend ses sources dans le Coran dont on ne peut pas contester ni changer ce qui y est consigné, et dans les recueils de « hadiths », petits textes que le Prophète aurait prononcés et dont beaucoup avaient déjà été remis en cause par les traditionnistes du IXe siècle. Ce corpus, destiné à l'époque à une société bédouine analphabète et inégalitaire, souligne la supériorité de l'homme sur la femme. Bourguiba avait réussi à rétablir une certaine égalité homme/femme ; il ne put cependant autoriser une Tunisienne à se marier avec un non-Musulman.
 
Les non musulmans sont encore plus marginalisés. 
Chretiens  et Juifs, « dhimmis », devaient suivre des consignes très strictes pour leurs édifices du culte ou privés. 
- Leur ceinture jaune (sic) les faisait parfois maltraiter ; 
- interdits de fréquenter les hammams, ils ne pouvaient monter à cheval, réservé au musulman, et ne pouvaient pas porter plainte contre un musulman. 
- Une chrétienne mariée à un musulman ne peut encore aujourd'hui hériter de son mari, si elle n'a pas adopté l'islam. 
- Comme un chrétien ne peut pas commander à un musulman, les citoyens chrétiens des pays arabes ne peuvent pas devenir Président de la République (sauf au Liban), Premier Ministre, voire Ministre ; 
- dans l'armée, un chrétien ne peut pas dépasser le grade de général de brigade ; 
- dans l'administration, il est rare de voir (sauf en Syrie) un gouverneur de province chrétien, ou un recteur d'université ou un doyen. 
- En Egypte, aucun Copte n'est admis à se spécialiser en gynécologie. 
La liste est longue de ce qui est officieusement interdit aux non-musulmans et qui pourtant n'apparaît nulle part dans la Constitution ou le code administratif. 
- Ce qui est plus grave encore, c'est la loi d'apostasie en contradiction avec la liberté d'expression et de pensée. Un musulman sera condamné à mort s'il devient chrétien (Iran, Egypte, Irak, Koweït pour des cas récents).
- Par contre, il est bien vu qu'un chrétien se fasse musulman (15 000 Coptes passent à l'islam chaque année). 
- Les enfants, devant suivre la religion du père, deviennent obligatoirement musulmans sans l'avoir souhaité. En fait, dans tous les pays arabes, et en Israël aussi d'ailleurs, on naît, se marie, hérite, divorce et meurt dans une incontournable infrastructure confessionnelle. 
- L'état-civil officiel ne fait qu'enregistrer les indications qui sont fournies par les autorités religieuses.. Difficile à admettre dans nos sociétés de droit, cette jurisprudence sacralisée est imposée sans discontinuité depuis plus d'un millénaire ; 
- en 2011, le fait de vouloir la faire évoluer risque de vous faire condamner pour crime d'apostasie. Le conservatisme est tel que, même si des gouvernements démocratiques étaient élus dans les conditions les plus satisfaisantes, à moins d'imposer une exégèse moderne des textes sacralisés, ils ne réussiraient pas à imposer le concept universel des droits de l'homme et de la femme.
 
B) La protection des chrétiens grâce aux « Capitulations »
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Cette chape de plomb qui pesait sur les communautés chrétiennes de l'Empire ottoman fut en partie allégée par les bonnes relations franco-ottomanes.
 
François 1er, dans sa lutte contre Charles Quint, résolut de s'allier à l'ennemi de la chrétienté, le Sultan ottoman ; de part et d'autre, les avantages n'étaient pas négligeables et ces Capitulations (du latin « Capitulationes » ou chapitre de traité bilatéral) ratifiées en 1535 et constamment renouvelées par tous les régimes politiques français en 1581, 1597, 1604, 1608, 1673, 1740, 1878, accordèrent à la France un pouvoir de protection des Chrétiens occidentaux, puis par extension, celle des Chrétiens orientaux sur tout le territoire ottoman.
 
Cette concession créa donc pour la France une situation privilégiée dans les domaines politique et économique. Un des plus impérieux devoirs rappelés à chaque ambassadeur nommé à Istanbul, dans les instructions de son départ, était précisément la sauvegarde des minorités chrétiennes dans l'empire ottoman et, lorsqu'il le fallait, il devait reprendre les négociations pour le renouvellement constant de ces Capitulations.. 
C'est qu'en sus des facilités commerciales, le traité concédait à la France « la protection de la religion catholique dans les Etats du Grand Seigneur ». La mise en place d'une ambassade dans la capitale et de consulats dans les principales villes permit aux représentants de la France de connaître les communautés chrétiennes locales. Le Gouvernement français put faire venir dans les consulats régionaux des chapelains qui s'occuperont, discrètement, des chrétiens ottomans, 
- En 1740, Louis XV obtint le privilège de la protection des chrétiens ottomans qui travaillaient avec des sociétés françaises ; 
- en 1814, Napoléon se vit accorder le statut de nation la plus favorisée au bénéfice de la France ; 
- en 1901, le renouvellement de ces Capitulations, confirmé par l'accord de Constantinople ( 1913), stipulait encore que « les congrégations religieuses, françaises ou non, se voyaient confirmer un certain nombre d'immunités locales et douanières ».
 
- Les Capucins vont s'installer à Alep en 1623, chargés de l'apostolat auprès des Orientaux, puis de 1638 à 1708, à Bagdad, en 1636 à Mossoul où leur hospice se maintiendra ouvert jusqu'en 1724, à Damas en 1637. 
- En 1721, à Bagdad, les Carmes ouvrent une école et un hospice destinés aux 1 200 chrétiens qui y résident. 
- En 1867, ils gèreront une école de filles et une école de garçons encadrées par des religieuses et deux pères français. 
- Les Dominicains italiens se rendront à Mossoul en 1749 et y resteront jusqu'en 1856. Vont leur succéder des Dominicains français, bénéficiant de la création d'un consulat français. Ils y fondent une imprimerie, un séminaire syro-chaldéen (1878), qui deviendra un centre de diffusion de la langue française. En 1880, les Sœurs de la Présentation de Tours assureront l'intendance de cet Etablissement, ainsi que la direction d'une école de filles, d'un orphelinat et d'un dispensaire. 
- Les Franciscains, présents à Jérusalem depuis le XIIIe siècle, s'installent à Alep en 1571.
- En 1625, les Jésuites s'installent à Alep et, en 1628, ouvrent une école. 
En 1812, ils s'occuperont du séminaire melkite de Aïn Traz, fonderont des écoles à Beyrouth, Zahlé et aussi à Damas. L'école de Ghazir (Liban), fondée en 1846, devient séminaire en 1863, qui se transformera, en 1881 à Beyrouth, en Université Saint-Joseph, qui joue encore un rôle considérable aujourd'hui dans ce pays. 
- Les Lazaristes remplaceront les Jésuites au collège libanais d'Antoura..
 
- Cette « latinisation », poursuivie bien sûr en arabe, va dynamiser les chrétiens orientaux ; les missionnaires européens formeront une élite intellectuelle dont les héritiers seront partie prenante dans la Renaissance arabe (« Nahda ») du XIXe siècle. 
- Aux XVIIe et XVIIIe siècles, environ 500 jeunes chrétiens du Proche-Orient furent envoyés à Rome. Cette occidentalisation des cadres orientaux s'accompagna d'une promotion féminine exceptionnelle. 
- Avant l'arrivée des missionnaires, les femmes ne sortaient pas de chez elles. Elles sont alors prises en charge dans des confréries qui leur feront lire des livres de spiritualité, leur enseigneront la couture, des travaux manuels et un sens de la responsabilité tout à fait nouveau. 
- D'autre part, les missionnaires étaient souvent médecins ; les soins dispensés dans le cadre de la communauté rendront les chrétiens plus résistants aux épidémies ; la démographie va changer et les chrétiens auront plus d'enfants qui vivront après les maladies de la petite enfance que les musulmans ........ 
 
C) Les chrétiens actifs aux XIXe et XXe siècles
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Le terme de « Nahda » symbolise l'esprit de réforme dans les domaines culturel, voire religieux, politique des sociétés du Proche-Orient. Les sujets arabophones du Sultan aspirent à une plus grande autonomie. L'influence de la philosophie des Lumières et des acquis de la Révolution française va s'exercer à Istanbul auprès des sultans qui entreprirent de réformer les structures de l'Etat. 
- Mohamed II (1808-39) modernise la fonction publique ; 
- Abdelmajid Ier promulgue le Hatti Charif du 3 novembre 1839 et le Hatti Homayoun du 18 février 1856, lois organiques qui établissent l'égalité des communautés non-musulmanes et musulmanes, et des élections parlementaires. 
- En 1865, les « Nouveaux Ottomans » adoptent les principes de « liberté, égalité, fraternité » dans un contexte coranique. 
- La fulgurante apparition en Egypte de Bonaparte ouvrira auprès de Mohammed Ali et de ses successeurs le désir de collaborer avec la France ; ils accueillent des coopérants français et envoient les cadres se former en France dès 1826 .
- De leur côté, les Libanais revendiquent l'autonomie avec le soutien de la France et ils l'obtiennent en 1862.. 
- En même temps, ils vont jouer un rôle important dans les revendications nationalistes et linguistiques prônant l'utilisation de l'arabe. En juin 1913, un comité de 8 membres, dont 6 Libanais, anime le premier Congrès Arabe à Paris consacré à l'indépendance.
 
- La première guerre mondiale entraînera la chute de l'Empire ottoman. - - - Sous le régime des mandats jusqu'en 1946, les communautés chrétiennes bénéficient de leurs infrastructures scolaires, caritatives, hospitalières et voient leur niveau de vie amélioré ; 
- leurs notables participent à l'administration locale, connaissant les langues des mandataires.
-  La création d'Israël entraîne des coups d'Etat militaires. Mais des partis laïques opposés au nassérisme comme le Baath ou le Parti populaire syrien s'ouvriront aux minoritaires. 

- A partir des années 1970, l'échec des pays arabes dans leur lutte contre Israël, va renforcer les partis religieux, Frères Musulmans et groupes salafistes opposés à une cogestion avec des non-musulmans. Les dirigeants de l'Egypte et de l'Irak se rapprocheront des islamistes, tandis que ceux de Syrie ou de Palestine conserveront leurs cadres chrétiens.
 
- En Egypte, la Constitution proclame l'égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction de langue, race ou religion.. 
- Depuis 1952, les chrétiens sont éliminés de la fonction publique alors qu'en 1910, ils détenaient 45 % des postes. 
- Depuis 1975, des églises sont brûlées dans toute l'Egypte, les paysans coptes se voient chassés de leurs terres. Des massacres ont eu lieu en 2011 dans la capitale, commis par l'armée qui voulait mettre fin à une protestation pacifique.
 
- L'Arabie Saoudite compte un million de chrétiens, arabes ou asiatiques. Il leur est interdit de construire une église ou de se rassembler pour le culte. Plusieurs « prêtres ouvriers » philippins ont été expulsés du pays. - - Par contre, les Etats du Golfe assurent la liberté de culte aux chrétiens arabes comme le royaume de Bahreïn,. Le Sultanat d'Oman, les Emirats Arabes Unis, qui ont offert, comme le Koweït et le Qatar, des terrains pour construire les églises.
 
- En Irak, des postes de direction dans la fonction publique échurent aux chrétiens lors de la prise de pouvoir par les Baathistes et sous le régime de Saddam Hussein. La chute de ce régime a entraîné des attentats nombreux contre les églises. Les Chrétiens ne représentent plus que 3% de la population. 
- Clandestins au Liban, en Jordanie, ou en Turquie, ils cherchent à gagner l'Europe, les Etats-Unis ou l'Australie. Beaucoup ont gagné le Kurdistan autonome où des députés et des ministres chrétiens participent au gouvernement.
- En Jordanie, le régime royal s'appuie sur les tribus bédouines dont certaines sont chrétiennes. Néanmoins, la montée en puissance des Frères Musulmans, la fragilité géopolitique de la Jordanie, liée par traité avec Israël, risquent de peser dramatiquement sur le maintien de ces privilèges.
 
- Au Liban, la guerre atrocement inutile de 17 ans avait réduit le Liban au rôle d'Etat associé à la Syrie. Les grands leaders chrétiens ont disparu, et, comme l'avait rappelé le Patriarche maronite devant les évêques de France en septembre 2011, les chrétiens doivent, pour subsister, maintenir un équilibre entre leurs compatriotes chiites prosyriens et sunnites prosaoudiens.
 
- En Palestine, 2% de chrétiens sur 3,2 millions d'habitants tentent de survivre. Des villes, comme Bethléem, ont perdu leur majorité chrétienne. La volonté israélienne de « désarabiser » Jérusalem fait paraître l'exil comme seule solution. Sans eux le berceau du Christianisme serit réduit à l'accueil de quelques pèlerins étrangers et de dizaines de milliers de touristes indifférents ?
 
- La Syrie, bouleversée par l'insurrection et la répression, risque de sombrer dans une guerre civile où les minorités, confessionnelles ou ethniques, seront décimées. 3 patriarches résident toujours à Damas, melkite, syriaque et grec-orthodoxe et le pays est couvert de vestiges chrétiens. La situation tend à ressembler à celle de l'Irak.
 
- En Iran, 1990, la fermeture des  librairies chrétiennes, la campagne d'intimidation des chiites convertis au Christianisme, l'interdiction d'imprimer tout livre chrétien en persan, les assassinats de pasteurs anglicans, font craindre le pire à l'ensemble des chrétiens du pays.
 
- La Turquie n'est pas devenue laïque avec Atatürk. Il s'agissait d'une politique de « turquisation », c'est-à-dire « d'islamisation ». Les chrétiens doivent suivre les cours d'instruction religieuse musulmane et n'ont le droit, ni d'ouvrir des écoles ou des dispensaires, ni de nouveaux lieux de culte. La capitale, Ankara, n'a aucune église (elles ont toutes été brûlées en 1923).
-  En 1900, un habitant sur quatre était chrétien.
-  En 1981, 90 000 chrétiens sur 50 millions d'habitants. 
- Aujourd'hui, quelques centaines auxquelles il faut ajouter les réfugiés irakiens en attente de visa.
 
X X X
 
Il était nécessaire de rappeler le rôle qu'ont assumé les Chrétiens dans l'évolution ancienne et récente de leur région. 
Les espoirs qu'ont fait naître les mouvements du Printemps arabe s'estompent en Egypte et ailleurs pour tous les citoyens. La société musulmane soumise aux contraintes du statut personnel, devra faire un immense effort pour le transformer en code sécularisé établissant l'égalité de tous devant la Loi.
 
Christian Lochon
 
 
Eléments de bibliographie
 
BARRES Maurice, - Une enquête aux pays du Levant (2 vol.) Paris, Plon, 192
COURBAGE Youssef, FARGUES Philippe, Chrétiens et Juifs dans l'islam arabo-turc, Paris Payot 1997
COURTOIS Sébastien de, Périple en Turquie chrétienne, Paris Presses de la Renaissance 2009
DUPARC Pierre, Instructions aux ambassadeurs en Turquie, Paris, CNRS, 1979
FADELLE Joseph, Le Prix à payer, Paris l'œuvre 2010
FATTAL Antoine, Le Statut légal aux non-musulmans en Pays d'Islam, Paris, Faculté de Droit, 1947
HEYBERGER Bernard, Les Chrétiens au Proche-Orient au temps de la Réforme politique,
Ecole Française de Rome, 1994
HEYBERGER B. dir, Chrétiens du Monde Arabe, Un archipel en terre d'Islam, Paris, Autrement 2003
KHALIL Samir, Rôle des chrétiens dans les renaissances arabes, Beyrouth, annales de Philosophie
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KHAWAM René, L'Univers culturel des Chrétiens d'Orient, Paris Cerf 1987
LAURENT Annie, Les Chrétiens d'Orient vont-ils disparaître ?,Paris Salvator 2008
LOCHON Christian, Les Chrétiens de Syrie, Paris Bulletin Œuvre d'Orient,1990-1991(Nos 672 à676)
LOCHON Christian Les Chrétiens iraniens, Paris, Lettre de l'Œuvre d'Orient, oct 1993
LOCHON Christian, Eglises de France et du Liban, Paris, Bulletin SNOP, 13 mai 1994
LOCHON Christian, France-Liban, Estime et Culture, Actes du Colloque Libanité et Francophonie
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LOCHON Christian, Rôle et Culture des Chrétiens d'Orient, Paris, Mondes et Cultures LXV, 2005
LOCHON Christian, Rôle et Culture des Chrétiens d'Orient, Paris, Bulletin de l'Œuvre
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RONDOT P. et HALLAQ B. dir, Les Chrétiens du Monde Arabe, Paris, Maisonneuve-Larose
TALAL Prince Hassan Ben, Islam et christianisme, Paris, Brepols 1997
VALOGNES Pierre, Vie et Mort des Chrétiens d'Orient,, Paris, Fayard, 1994
VOLNEY, Voyage en Egypte et en Syrie (1787), Paris, Mouton 1959
 

jeudi 16 février 2012

grec- catho- syrie,synode,dialogue

grec- catho- syrie,synode

L'Orient-Le Jour > Liban > L'Église grecque-catholique plaide pour « le dialogue et la démocratie » en Syrie
LIBAN
L'Église grecque-catholique plaide pour « le dialogue et la démocratie » en Syrie
OLJ. 13/02/2012

Le synode de l'Église grecque-catholique a lancé samedi un appel pressant au dialogue en Syrie, en vue d'« une paix durable fondée sur la démocratie et la liberté ».
Réuni jeudi au siège patriarcal de Raboué, le saint-synode a clôturé ses travaux le 8 février 2012. Le communiqué final annonce que « les pères du synode ont établi leur choix pour les éparchies déclarées vacantes (Tripoli, Alep) et les sièges dont les titulaires ont atteint la limite d'âge canonique. » « La liste des noms sera envoyée au Saint-Siège pour approbation », précise le communiqué.
« Le saint-synode s'est penché sur la situation qui prévaut dans les pays du territoire patriarcal – en particulier en Syrie et en Égypte. Les pères lancent un appel pressant à la conscience des responsables de ces pays comme à celle des opposants pour que le bain de sang cesse et que chacune des parties accepte de recourir au dialogue sous l'égide de la communauté internationale et des pays arabes. Ce dialogue devrait aboutir à une paix durable fondée sur la justice, la démocratie et la liberté », ajoute le communiqué. « Les pères ont salué l'esprit d'ouverture qui a prévalu lors du sommet islamo-chrétien du 7 février à Beyrouth et auquel a pris part le patriarche, Sa Béatitude Grégoire III. Comme ils ont demandé au gouvernement libanais de veiller aux besoins de la population en espérant de chacun des responsables qu'ils sauront aller au-delà de leurs ambitions et de leurs intérêts personnels », poursuit le texte. Et de conclure : « Le saint-synode a apporté tout son soutien aux documents publiés en janvier par al-Azhar sur les libertés : la liberté religieuse et la liberté de conscience. »
Le prochain synode de l'Église grecque-melkite catholique se tiendra à partir du 18 juin 2012 au siège d'été du patriarcat à Aïn-Trez.

st augustin- algerie- basilique

st augustin- algerie- basilique

Algérie : don du pape pour la basilique Saint-Augustin

A Annaba, tout un symbole pour chrétiens et musulmans

ROME, mercredi 15 février 2012 (ZENIT.org) – Benoît XVI a offert un don personnel pour la rénovation de la basilique Saint-Augustin, construite là où ce Père de l'Eglise enseignait, en Algérie, à Annaba.

La basilique est actuellement en pleine rénovation et la fin des travaux est prévue pour début 2013.

Mgr Paul Desfarges, évêque de Constantine et d'Hippone, explique à Zenit le sens du geste du pape et ce que représente la basilique.

Zenit - Le pape a fait un don pour la rénovation de la basilique Saint-Augustin, à Annaba. Vous l'aviez sollicité personnellement ?

Mgr Paul Desfarges - Oui, la charité des Eglises sœurs et des communautés a été sollicitée. La « Papal Fondation » a fait un don. Mais j'ai aussi sollicité Benoît XVI qui a désiré faire un don personnel. Je sais qu'il a à cœur que la figure de saint Augustin continue d'être connue et vénérée sur les lieux même où saint Augustin fut évêque.

Benoît XVI a une grande "amitié" pour saint Augustin ?

Notre pape fait souvent référence à saint Augustin. Sa pensée théologique est marquée par ses études sur saint Augustin. Vous savez, chacun d'entre nous a l'un ou l'autre saint ou sainte qui devient son ami(e). Je crois que saint Augustin compte parmi les amis de Benoît XVI. Ici, nous appelons parfois les enfants du pays qui s'ouvrent au Mystère de Jésus, « amis de saint Augustin ». Ils ont fait, à leur manière, l'expérience d'Augustin. « Je te cherchais dehors et tu étais dedans, dira Augustin, parlant de sa conversion. » Le pape fait aussi référence à cette expérience centrale d'Augustin.

En quoi cette basilique est-elle un lieu symbolique pour le dialogue entre chrétiens et musulmans ?

Cette basilique est la fierté des gens d'Annaba. Elle a un véritable cachet architectural. L'Algérie veut l'inscrire aux monuments historiques. Les maîtres verriers qui restaurent les vitraux, très endommagés, ne tarissent pas d'éloge sur la qualité de ces vitraux. Mais surtout, la basilique est de plus en plus visitée par des Algériens de toute condition. Ces visiteurs savent bien qu'ils ne viennent pas voir un musée, mais qu'ils entrent dans un lieu de silence et de paix, pour mieux connaître leur ancêtre, Augustin. Ils sont fiers de ce penseur universel, de ce docteur de l'Amour. A travers Augustin, c'est tout le passé chrétien de l'Algérie qui est rendu à son peuple. De plus en plus d'études, de thèses, sont faites en Algérie sur saint Augustin. C'est pourquoi cette basilique est un lieu de dialogue entre chrétiens et musulmans. Les Pères augustins qui animent les offices célébrés à la basilique, assurent une permanence pour l'accueil des visiteurs et des pèlerins. Et juste à côté, une maison des Petites sœurs des pauvres prend soin de personnes âgées, souvent de conditions très modestes. Les gens d'Annaba sont très généreux et aident cette maison à vivre. La colline d'Hippone est une sainte colline.

Cette basilique a à peine plus de 100 ans – elle a été consacrée le 29 mars 1909 – Pourquoi a-t-elle été construite à cet endroit ?

La basilique se trouve sur une colline, au pied de laquelle, à quelques centaines de mètres, se trouve le site archéologique d'Hippo-Regius, nom d'Hippone au temps de saint Augustin. Et au cœur de ce site se trouvent les vestiges de la basilique de la Paix, où saint Augustin annonçait l'Evangile de l'Amour à son peuple. Et, en 1839 je crois, un autre grand ami de saint Augustin, Mgr Antoine Dupuch (premier évêque d'Alger, ndlr) voulut qu'une basilique dédiée à saint Augustin soit édifiée non loin de la basilique ancienne. C'était un signe que la même Eglise de toujours continuait et continue l'aventure de saint Augustin et de l'annonce de la Bonne Nouvelle de l'Amour.

Des organismes français contribuent également à la rénovation ?

Il faut d'abord citer les financements publics algériens, en particulier le soutien important de la Wilaya et de l'Assemblée communale d'Annaba. Il faut ajouter des mécènes privés, algériens, français et d'autres pays d'Europe. Quant à la Région Rhône-Alpes, elle a signé une convention de financement à cause des liens de cette Région avec l'Est algérien. Annaba est jumelée avec Saint-Etienne, Lyon est jumelée avec Sétif, Grenoble est jumelée avec Constantine. Comme la Région Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur) de Marseille avait été sollicitée pour la restauration de la basilique Notre-Dame d'Afrique à Alger, la Région Rhône-Alpes l'a été pour la basilique Saint-Augustin d' Hippone.

Propos recueillis par Anne Kurian

الراعي - السعودية - حوار الاديان


الراعي - السعودية- حوار الاديان
تفهم سعودي لمواقف الراعي ودرس فكرة «حوار الأديان» في الرياض

داود رمال
يسرّع البطريرك الماروني بشارة الراعي الخطى منذ وصوله الى سدة البطريركية المارونية، قبل نحو سنة، في كل الاتجاهات، منطلقاً من الاطار الماروني الذي تمكن من جمعه ولو تحت عنوان الاتفاق على «تنظيم الخلاف والاختلاف»، وتدرجاً الى الاطار الوطني عبر قمم روحية ولقاءات مع القادة السياسيين وجولات في كل المناطق اللبنانية أعاد عبرها وصل ما انقطع بروح «الشركة والمحبة»، وانتهاء بجولاته الخارجية المستمرة الى دول العالم، القريبة منها والبعيدة.
واذا كانت صراحته قد اثارت علامات استفهام عند لاعبين دوليين مثل الولايات المتحدة وفرنسا، وترجم ذلك بانكفاء سفراء دول عربية وغربية عن زيارة بكركي، لا سيما السعودية حيث برزت برودة في العلاقة بينها وبين البطريركية المارونية لم تشهدها من قبل، قبل أن تفضي نصائح لإعادة الامور الى نصابها.
ويوضح مصدر واسع الإطلاع «انه في سياق الافكار والطروحات التي جرى تداولها منذ اشهر حول كيفية مقاربة العلاقة بين بكركي والرياض في ضوء المتغيرات الحاصلة على الصعيد العربي، والخشية المتنامية على مصير الأقليات في المنطقة، التقى رئيس الرابطة المارونية جوزف طربيه مع السفير السعودي لدى لبنان علي عواض عسيري، خلال عشاء أقامته السيدة ليلى الصلح على شرف بطريرك الروم الارثوذكس اغناطيوس الرابع هزيم، وتوجه طربيه بسؤال الى عسيري عما اذا كان يلتقي البطريرك الراعي، فكان رده أنه تردد في زيارة بكركي بعد المواقف التي اعلنها الراعي حول «الربيع العربي» ولا سيما ازاء ما يحصل في سوريا وحول سلاح «حزب الله»، فردّ طربيه بالقول ان البطريرك الراعي عندما تناول سلاح «حزب الله» ربطه بمواجهة الاعتداءات الاسرائيلية وانه عندما تنفذ إسرائيل القرارات الدولية ينتفي مبرر وجود هذا السلاح، وفي هذا اشارة واضحة الى قطع الطريق على أية محاولة لتوطين الفلسطينيين في لبنان، كما نصحه بضرورة ان يستمع مباشرة الى حقيقة مواقف البطريرك.
ويضيف المصدر «إن طربيه زار الراعي ووضعه في اجواء السفير السعودي مقترحاً عليه دعوته الى مائدته في بكركي لشرح صورة مواقف بكركي على حقيقتها، وكان البطريرك سريع التجاوب مع اقتراح طربيه، حيث دعا السفير السعودي الى مائدة الغداء، وتم خلال اللقاء تبادل وجهات النظر وتوضيح العديد من الامور المبهمة، وطرح الراعي على عسيري فكرة ان تحتضن السعودية مؤتمراً حول الحوار بين الاديان، باعتبار ان المملكة وتحديداً الملك عبدالله بن عبد العزيز كان السباق في مقاربة هذا الموضوع، وبما ان التطورات الراهنة توجب التلاقي لدرء المخاطر فإن السعودية كموقع وتاريخ هي الأقدر على احتضان الحوار بين الأديان في هذه اللحظة التاريخية الحساسة».
وأضاف المصدر «إن طربيه التقى عسيري بعد غداء الأخير مع الراعي، حيث عبّر السفير السعودي عن راحته للقائه مع البطريرك وإنه فهم حقيقة وجهة نظر الراعي، معتبراً ان فكرة عقد مؤتمر لحوار الاديان في السعودية ممتازة ومهمة جداً، وانه بعث بتقرير ديبلوماسي مفصّل الى خادم الحرمين الشريفين عن مضمون اللقاء».
واشار المصدر الى ان «اقتراح الراعي باستضافة السعودية مؤتمراً للحوار بين الاديان، يأتي استكمالاً لما سبق ان طرحه الرئيس سليم الحص على البطريرك الراعي لجهة ضرورة الانفتاح على السعودية والعمل على ترتيب زيارة الى الرياض تكون الاولى لمرجع كنسي الى المملكة».
وتزامن التفهّم السعودي لمواقف بكركي مع تطور إيجابي كبير على صعيد العلاقة التاريخية مع فرنسا، وقال المصدر «إن السفير الفرنسي لدى لبنان دوني بييتون نقل الى الراعي رسالة من القيادة الفرنسية أزالت سوء الفهم الذي نشأ بين بكركي والاليزيه في أعقاب زيارة الراعي الى فرنسا»، ناقلاً عن الراعي بعد تلقيه الرسالة الفرنسية قوله «إن العلاقات بين بكركي وفرنسا عادت الى سابق عهدها».
السفير ١٦-٢-٢٠١٢



Jo.Khoreich
Beyrouth - Liban 



Lochon Christian

Lochon Christian
articles sur les chretiens d'Orient

Influence du Christianisme Oriental sur le Christianisme Occidental

L'évangélisation de la Gaule fut l'œuvre, en grande partie, de chrétiens orientaux ; la catéchèse à Lyon fut entreprise par l'évêque Pothin, d'origine smyrniote, et martyrisé, nonagénaire, en 177.
Son successeur Irénée était syrien, également disciple de Saint Polycarpe, comme étaient proche-orientaux les évêques de l'époque, Sophrone à Agde, Trophime et Patrocle à Arles, Aphrodise à Béziers, Eutrope à Orange, Orientalis à Bordeaux.
Du 1er au Ve siècle, dix papes furent orientaux et aux VIIe et VIIIe siècles, six syriens, Théodose (642-649), Jean V (685-6), St Sergius d'Antioche (687-701), Sisinius (708), Constantin (708-715), St Grégoire III (731-41), et huit grecs de 678 à 752. Devant l'afflux de malheureux, les marchands syriens établis sur la voie d'Ostie à Rome imitèrent la coutume de Jérusalem de la « lousma » ou toilette physique et corporelle des pauvres, à laquelle on procédait chaque dimanche ; ces derniers étaient lavés, revêtus d'habits propres et restaurés. Cette imitation orientale de « diaconies » romaines furent confiées à des responsables de groupes qu'on appella « cardinaux » comme le rappelle René Khawam (1).
Enfin le culte des saints inclut des martyrs orientaux ; à Arles sur Tech, près d'Amélie les Bains dans les Pyrénées, l'abbaye Sainte Marie d'Arles abrita, vers 900, les reliques de deux martyrs babyloniens, (249) Saints Abdon (ou Abda) et Sennen ; une eau miraculeuse remplit constamment leur sarcophage, et une procession annuelle, le 30 juillet, attire beaucoup de pèlerins.

voir: exode des chretiens d'orient: http://www.lefigaro.fr/international/20060513.FIG000000946_le_grand_exode_des_chretiens_d_orient.html
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Jeudi 2 février 2012

De l'Empire Ottoman au Printemps Arabe : le problème des minorités religieuses chrétiennes

http://www.chretiensdelamediterranee.com/categorie-11109673.html

Christian Lochon, membre du réseau Chrétiens de la Méditerranée est l'auteur de cet article paru dans bulletin trimestriel de l'Oeuvre d'Orient (octobre, novembre, décembre 2011).
Ayant obtenu leur indépendance entre 1930 et 1947, les Etats du Proche-Orient ont une population très diversifiée. L'Egypte, avant Abdelnasser, avait des ministres coptes et même dirigeant des partis nationalistes (le Wafd) ; l'Irak monarchique offrit des sièges sénatoriaux au Patriarche chaldéen et au Grand Rabbin ; la Syrie eut même un Premier ministre protestant ( Farès el Khoury) ; la Transjordanie devenue Jordanie réserve toujours 10 % des sièges parlementaires aux chrétiens ( 3% de la population). Dans tous ces pays les établissements d'enseignement chrétiens ont toujours une importante proportion d'élèves musulmans ; les hôpitaux et dispensaires chrétiens sont très appréciés. Cette caution d'excellence a naturellement engendré des envieux. Fin 2011, la révolte populaire, portée par les masses arabes, semble essoufflée ; les partis religieux, soutenus financièrement par l'Arabie Saoudite et le Qatar militent pour de prétendus « Droits de Dieu » antithétiques des Droits de l'homme.

A) La Charia, épée de Damoclès des minorités

Elaborée du 9e au 11e siècle, la Législation islamique ou « Charia » a créé un Code de la Famille ou « Statut personnel » qui établit pour l'éternité des rapports inégaux entre hommes et femmes et entre musulmans et non-musulmans.
En 1979, le Royaume saoudien avait fait rédiger par des Ulémas wahabites une Déclaration islamique des droits de l'homme ; les articles y paraissent identiques à ceux du texte onusien, mais à plusieurs endroits sensibles, le texte apporte une clause restrictive ainsi libellée : « si ces droits ne contreviennent pas à la Loi (divine). » Beaucoup, hélas, y contreviennent.

En fait le Statut personnel constitue une accumulation d'inégalités. Le Droit musulman prend ses sources dans le Coran dont on ne peut pas contester ni changer ce qui y est consigné, et dans les recueils de « hadiths », petits textes que le Prophète aurait prononcés et dont beaucoup avaient déjà été remis en cause par les traditionnistes du IXe siècle. Ce corpus, destiné à l'époque à une société bédouine analphabète et inégalitaire, souligne la supériorité de l'homme sur la femme. Bourguiba avait réussi à rétablir une certaine égalité homme/femme ; il ne put cependant autoriser une Tunisienne à se marier avec un non-Musulman.

Les non musulmans sont encore plus marginalisés. Chrétiens et Juifs, « dhimmis », devaient suivre des consignes très strictes pour leurs édifices du culte ou privés. Leur ceinture jaune (sic) les faisait parfois maltraiter ; interdits de fréquenter les hammams, ils ne pouvaient monter à cheval, réservé au musulman, et ne pouvaient pas porter plainte contre un musulman. Une chrétienne mariée à un musulman ne peut encore aujourd'hui hériter de son mari, si elle n'a pas adopté l'islam. Comme un chrétien ne peut pas commander à un musulman, les citoyens chrétiens des pays arabes ne peuvent pas devenir Président de la République (sauf au Liban), Premier Ministre, voire Ministre ; dans l'armée, un chrétien ne peut pas dépasser le grade de général de brigade ; dans l'administration, il est rare de voir (sauf en Syrie) un gouverneur de province chrétien, ou un recteur d'université ou un doyen. En Egypte, aucun Copte n'est admis à se spécialiser en gynécologie. La liste est longue de ce qui est officieusement interdit aux non-musulmans et qui pourtant n'apparaît nulle part dans la Constitution ou le code administratif. Ce qui est plus grave encore, c'est la loi d'apostasie en contradiction avec la liberté d'expression et de pensée. Un musulman sera condamné à mort s'il devient chrétien (Iran, Egypte, Irak, Koweït pour des cas récents).Par contre, il est bien vu qu'un chrétien se fasse musulman (15 000 Coptes passent à l'islam chaque année). Les enfants, devant suivre la religion du père, deviennent obligatoirement musulmans sans l'avoir souhaité. En fait, dans tous les pays arabes, et en Israël aussi d'ailleurs, on naît, se marie, hérite, divorce et meurt dans une incontournable infrastructure confessionnelle. L'état-civil officiel ne fait qu'enregistrer les indications qui sont fournies par les autorités religieuses.. Difficile à admettre dans nos sociétés de droit, cette jurisprudence sacralisée est imposée sans discontinuité depuis plus d'un millénaire ; en 2011, le fait de vouloir la faire évoluer risque de vous faire condamner pour crime d'apostasie. Le conservatisme est tel que, même si des gouvernements démocratiques étaient élus dans les conditions les plus satisfaisantes, à moins d'imposer une exégèse moderne des textes sacralisés, ils ne réussiraient pas à imposer le concept universel des droits de l'homme et de la femme.

B) La protection des chrétiens grâce aux « Capitulations »

Cette chape de plomb qui pesait sur les communautés chrétiennes de l'Empire ottoman fut en partie allégée par les bonnes relations franco-ottomanes.

François 1er, dans sa lutte contre Charles Quint, résolut de s'allier à l'ennemi de la chrétienté, le Sultan ottoman ; de part et d'autre, les avantages n'étaient pas négligeables et ces Capitulations (du latin « Capitulationes » ou chapitre de traité bilatéral) ratifiées en 1535 et constamment renouvelées par tous les régimes politiques français en 1581, 1597, 1604, 1608, 1673, 1740, 1878, accordèrent à la France un pouvoir de protection des Chrétiens occidentaux, puis par extension, celle des Chrétiens orientaux sur tout le territoire ottoman.

Cette concession créa donc pour la France une situation privilégiée dans les domaines politique et économique. Un des plus impérieux devoirs rappelés à chaque ambassadeur nommé à Istanbul, dans les instructions de son départ, était précisément la sauvegarde des minorités chrétiennes dans l'empire ottoman et, lorsqu'il le fallait, il devait reprendre les négociations pour le renouvellement constant de ces Capitulations.. C'est qu'en sus des facilités commerciales, le traité concédait à la France « la protection de la religion catholique dans les Etats du Grand Seigneur ». La mise en place d'une ambassade dans la capitale et de consulats dans les principales villes permit aux représentants de la France de connaître les communautés chrétiennes locales. Le Gouvernement français put faire venir dans les consulats régionaux des chapelains qui s'occuperont, discrètement, des chrétiens ottomans, En 1740, Louis XV obtint le privilège de la protection des chrétiens ottomans qui travaillaient avec des sociétés françaises ; en 1814, Napoléon se vit accorder le statut de nation la plus favorisée au bénéfice de la France ; en 1901, le renouvellement de ces Capitulations, confirmé par l'accord de Constantinople ( 1913), stipulait encore que « les congrégations religieuses, françaises ou non, se voyaient confirmer un certain nombre d'immunités locales et douanières ».

Les Capucins vont s'installer à Alep en 1623, chargés de l'apostolat auprès des Orientaux, puis de 1638 à 1708, à Bagdad, en 1636 à Mossoul où leur hospice se maintiendra ouvert jusqu'en 1724, à Damas en 1637. En 1721, à Bagdad, les Carmes ouvrent une école et un hospice destinés aux 1 200 chrétiens qui y résident. En 1867, ils gèreront une école de filles et une école de garçons encadrées par des religieuses et deux pères français. Les Dominicains italiens se rendront à Mossoul en 1749 et y resteront jusqu'en 1856. Vont leur succéder des Dominicains français, bénéficiant de la création d'un consulat français. Ils y fondent une imprimerie, un séminaire syro-chaldéen (1878), qui deviendra un centre de diffusion de la langue française. En 1880, les Sœurs de la Présentation de Tours assureront l'intendance de cet Etablissement, ainsi que la direction d'une école de filles, d'un orphelinat et d'un dispensaire. Les Franciscains, présents à Jérusalem depuis le XIIIe siècle, s'installent à Alep en 1571.En 1625, les Jésuites s'installent à Alep et, en 1628, ouvrent une école. En 1812, ils s'occuperont du séminaire melkite de Aïn Traz, fonderont des écoles à Beyrouth, Zahlé et aussi à Damas. L'école de Ghazir (Liban), fondée en 1846, devient séminaire en 1863, qui se transformera, en 1881 à Beyrouth, en Université Saint-Joseph, qui joue encore un rôle considérable aujourd'hui dans ce pays. Les Lazaristes remplaceront les Jésuites au collège libanais d'Antoura..

Cette « latinisation », poursuivie bien sûr en arabe, va dynamiser les chrétiens orientaux ; les missionnaires européens formeront une élite intellectuelle dont les héritiers seront partie prenante dans la Renaissance arabe (« Nahda ») du XIXe siècle. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, environ 500 jeunes chrétiens du Proche-Orient furent envoyés à Rome. Cette occidentalisation des cadres orientaux s'accompagna d'une promotion féminine exceptionnelle. Avant l'arrivée des missionnaires, les femmes ne sortaient pas de chez elles. Elles sont alors prises en charge dans des confréries qui leur feront lire des livres de spiritualité, leur enseigneront la couture, des travaux manuels et un sens de la responsabilité tout à fait nouveau. D'autre part, les missionnaires étaient souvent médecins ; les soins dispensés dans le cadre de la communauté rendront les chrétiens plus résistants aux épidémies ; la démographie va changer et les chrétiens auront plus d'enfants qui vivront après les maladies de la petite enfance que les musulmans.

C) Les chrétiens actifs aux XIXe et XXe siècles

Le terme de « Nahda » symbolise l'esprit de réforme dans les domaines culturel, voire religieux, politique des sociétés du Proche-Orient. Les sujets arabophones du Sultan aspirent à une plus grande autonomie. L'influence de la philosophie des Lumières et des acquis de la Révolution française va s'exercer à Istanbul auprès des sultans qui entreprirent de réformer les structures de l'Etat. Mohamed II (1808-39) modernise la fonction publique ; Abdelmajid Ier promulgue le Hatti Charif du 3 novembre 1839 et le Hatti Homayoun du 18 février 1856, lois organiques qui établissent l'égalité des communautés non-musulmanes et musulmanes, et des élections parlementaires. En 1865, les « Nouveaux Ottomans » adoptent les principes de « liberté, égalité, fraternité » dans un contexte coranique. La fulgurante apparition en Egypte de Bonaparte ouvrira auprès de Mohammed Ali et de ses successeurs le désir de collaborer avec la France ; ils accueillent des coopérants français et envoient les cadres se former en France dès 1826 De leur côté, les Libanais revendiquent l'autonomie avec le soutien de la France et ils l'obtiennent en 1862.. En même temps, ils vont jouer un rôle important dans les revendications nationalistes et linguistiques prônant l'utilisation de l'arabe. En juin 1913, un comité de 8 membres, dont 6 Libanais, anime le premier Congrès Arabe à Paris consacré à l'indépendance.

La première guerre mondiale entraînera la chute de l'Empire ottoman. Sous le régime des mandats jusqu'en 1946, les communautés chrétiennes bénéficient de leurs infrastructures scolaires, caritatives, hospitalières et voient leur niveau de vie amélioré ; leurs notables participent à l'administration locale, connaissant les langues des mandataires. La création d'Israël entraîne des coups d'Etat militaires. Mais des partis laïques opposés au nassérisme comme le Baath ou le Parti populaire syrien s'ouvriront aux minoritaires. A partir des années 1970, l'échec des pays arabes dans leur lutte contre Israël, va renforcer les partis religieux, Frères Musulmans et groupes salafistes opposés à une cogestion avec des non-musulmans. Les dirigeants de l'Egypte et de l'Irak se rapprocheront des islamistes, tandis que ceux de Syrie ou de Palestine conserveront leurs cadres chrétiens.

En Egypte, la Constitution proclame l'égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction de langue, race ou religion.. Depuis 1952, les chrétiens sont éliminés de la fonction publique alors qu'en 1910, ils détenaient 45 % des postes. Depuis 1975, des églises sont brûlées dans toute l'Egypte, les paysans coptes se voient chassés de leurs terres. Des massacres ont eu lieu en 2011 dans la capitale, commis par l'armée qui voulait mettre fin à une protestation pacifique.


L'Arabie Saoudite compte un million de chrétiens, arabes ou asiatiques. Il leur est interdit de construire une église ou de se rassembler pour le culte. Plusieurs « prêtres ouvriers » philippins ont été expulsés du pays. Par contre, les Etats du Golfe assurent la liberté de culte aux chrétiens arabes comme le royaume de Bahreïn,. Le Sultanat d'Oman, les Emirats Arabes Unis, qui ont offert, comme le Koweït et le Qatar, des terrains pour construire les églises.

En Irak, des postes de direction dans la fonction publique échurent aux chrétiens lors de la prise de pouvoir par les Baathistes et sous. le régime de Saddam Hussein. La chute de ce régime a entraîné des attentats nombreux contre les églises. Les Chrétiens ne représentent plus que 3% de la population. Clandestins au Liban, en Jordanie, ou en Turquie, ils cherchent à gagner l'Europe, les Etats-Unis ou l'Australie. Beaucoup ont gagné le Kurdistan autonome où des députés et des ministres chrétiens participent au gouvernement.

En Jordanie, le régime royal s'appuie sur les tribus bédouines dont certaines sont chrétiennes. Néanmoins, la montée en puissance des Frères Musulmans, la fragilité géopolitique de la Jordanie, liée par traité avec Israël, risquent de peser dramatiquement sur le maintien de ces privilèges.

Au Liban, la guerre atrocement inutile de 17 ans avait réduit le Liban au rôle d'Etat associé à la Syrie. Les grands leaders chrétiens ont disparu, et, comme l'avait rappelé le Patriarche maronite devant les évêques de France en septembre 2011, les chrétiens doivent, pour subsister, maintenir un équilibre entre leurs compatriotes chiites prosyriens et sunnites prosaoudiens.

En Palestine, 2% de chrétiens sur 3,2 millions d'habitants tentent de survivre. Des villes, comme Bethléem, ont perdu leur majorité chrétienne. La volonté israélienne de « désarabiser » Jérusalem fait paraître l'exil comme seule solution. Sans eux le berceau du Christianisme serit réduit à l'accueil de quelques pèlerins étrangers et de dizaines de milliers de touristes indifférents ?

La Syrie, bouleversée par l'insurrection et la répression, risque de sombrer dans une guerre civile où les minorités, confessionnelles ou ethniques, seront décimées. 3 patriarches résident toujours à Damas, melkite, syriaque et grec-orthodoxe et le pays est couvert de vestiges chrétiens. La situation tend à ressembler à celle de l'Irak.

En Iran, 1990, la fermeture des les librairies chrétiennes, la campagne d'intimidation des chiites convertis au Christianisme, l'interdiction d'imprimer tout livre chrétien en persan, les assassinats de pasteurs anglicans, font craindre le pire à l'ensemble des chrétiens du pays.

La Turquie n'est pas devenue laïque avec Atatürk. Il s'agissait d'une politique de « turquisation », c'est-à-dire « d'islamisation ». Les chrétiens doivent suivre les cours d'instruction religieuse musulmane et n'ont le droit, ni d'ouvrir des écoles ou des dispensaires, ni de nouveaux lieux de culte. La capitale, Ankara, n'a aucune église (elles ont toutes été brûlées en 1923). En 1900, un habitant sur quatre était chrétien. En 1981, 90 000 chrétiens sur 50 millions d'habitants. Aujourd'hui, quelques centaines auxquelles il faut ajouter les réfugiés irakiens en attente de visa.

X X X

Il était nécessaire de rappeler le rôle qu'ont assumé les Chrétiens dans l'évolution ancienne et récente de leur région. Les espoirs qu'ont fait naître les mouvements du Printemps arabe s'estompent en Egypte et ailleurs pour tous les citoyens. La société musulmane soumise aux contraintes du statut personnel, devra faire un immense effort pour le transformer en code sécularisé établissant l'égalité de tous devant la Loi.

Christian Lochon


Eléments de bibliographie

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COURBAGE Youssef, FARGUES Philippe, Chrétiens et Juifs dans l'islam arabo-turc, Paris Payot 1997
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HEYBERGER Bernard, Les Chrétiens au Proche-Orient au temps de la Réforme politique,
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LAURENT Annie, Les Chrétiens d'Orient vont-ils disparaître ?,Paris Salvator 2008
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TALAL Prince Hassan Ben, Islam et christianisme, Paris, Brepols 1997
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VOLNEY, Voyage en Egypte et en Syrie (1787), Paris, Mouton 1959

mercredi 15 février 2012

قلق مسيحي متزايد في سوريا


قلق مسيحي متزايد في سوريا
 
تفجيرا حلب وتفاقم الأحداث في حمص تُضاعف قلق السلطات الكنسية، ازدياد اللاجئين المسيحيين على الحدود في ظلّ رقابة عسكرية مشدّدة

مع تزايد اعمال العنف في سوريا، وبالتزامن مع معطيات عن انقسام طائفي يتهدد البلاد، تعود الى الواجهة مسألة اوضاع الاقليات، وخصوصاً المسيحية منها. واذا كان النداء الذي وجهه البابا بينيديكتوس السادس عشر الأحد الماضي يكتسب اهمية ولا سيما في دعوته الحكومة السورية الى الاعتراف بطموحات شعبها المشروعة وبدء حوار وطني لإنهاء العنف والتجاوب مع مخاوف المجتمع الدولي في شأن القتل، فان توقيت الاعلان ومضمونه لا يبدوان منفصلين عن سلسلة معطيات باتت في متناول السلطات الكنسية في الفترة الأخيرة، وفقاً لمصادر ديبلوماسية معنية.

ووقت شكل مقتل الاب باسيليوس نصار في حماه احد "أجراس الانذار" المتزايدة التي سرعت وتيرة العمل على هذا الملف، فان الحادث تزامن مع معلومات أمست في متناول المعنيين وخصوصاً بعد تفاقم الأحداث في حمص وتفجيري حلب. خلاصتها ان المجموعة المسيحية باتت تخضع لقمع مزدوج، واحدهما وحشي ينفذه النظام وأجهزة مخابراته، والآخر عنيف يرتبط بالاسلام التكفيري والراديكالي المسلح.

وثمة روايات متعددة المصدر عن محاولات تضييق تعرضت لها بعض الطوائف والكنائس ولا سيما خلال احيائها احتفالات الميلاد. لعل ابرزها ما نقله الاعلام الكاثوليكي والفاتيكاني عن مطران الموارنة في دمشق سمير نصار عن ان حضور الاحتفالات في عدد من الكنائس لم يتجاوز عشرات الاشخاص، فشهادات لرئيسات اديرة عن موانع حالت دون رفع بعض الشعائر المسيحية في مناطق وفي مناسبات معينة. وضاعف من هذا الواقع كلام للسفير البابوي في سوريا ماريو زيناري عن تردّي أوضاع الأديرة التي قطعت خطوط الاتصال معها في حمص، فيما تتكرّر المعطيات عن مجموعات مسلحة باتت خارجة عن اي رقابة وتسعى الى فرض سيطرتها. وهذه كلها مؤشرات تعكس وفقاً لمصادر معنية، جانباً من خلفيات النداءات الكنسية ولا سيما عبر الدعوة الى حل سلمي وسريع للازمة السورية.

ويبدو انه لم تغب عن التقارير المتعددة الجهة، مؤشرات واضحة الى الواقع الاقتصادي والمعيشي المتردّي والنقص في المواد الاولية كالبنزين والغاز والكهرباء، الى آثار التضخم التي تفعل فعلها، وسط ارتفاع منسوب القلق حيال واقع الكنائس في هذا الجزء من العالم. وينقل مسؤولون كنسيون في سوريا كلاماً متزايداً عن تفكير شباب سوريين كثر بالرحيل في اتجاه لبنان حيث "نبض الكنيسة"، علماً ان هذا الأمر بات دقيقاً بسبب الرقابة العسكرية، على قولهم. وتشير الصحيفة الكاثوليكية العريقة "افينير" الى ارتفاع عدد اللاجئين المسيحيين على حدود لبنان وخصوصاً في المناطق التي تشهد اشتباكات، بالتزامن مع مجموعة تساؤلات للمطران نصار. لبّها ان الأزمة في سوريا وصلت الى نقطة اللاعودة، في ظلّ التناحر المتواصل بين الاطراف. ويعلّق "كيف يمكن ان نحافظ على دورنا بين اسلامين متناقضين من دون ان نكون ضحية؟".

في أي حال، لا تفصل المصادر المعنية بين هذه الوقائع واعلان زيارة محتملة للبابا بينيديكتوس السادس عشر الى بيروت والتي يرجح ان تلقى ترجمتها في ايلول المقبل. ورغم تشديدها على ان تأكيد زيارات كهذه لا يتم الا قبل بضعة أسابيع من تاريخ حصولها، تتقاطع المعطيات عن تصدر برنامج جولته التي تأتي بعد 15 عاماً على الرحلة التي قام بها البابا الراحل يوحنا بولس الثاني الى بيروت، اعلانه ارشاداً رسولياً يختتم به اعمال سينودس الشرق الاوسط.

ويبدو ان ثمة سعياً الى ان تشكل الزيارة الاولى للبابا الحالي الى المنطقة في ظلّ التحولات المرافقة لـ"الربيع العربي"، مناسبة يبلور عبرها الكرسي الرسولي مواقف واضحة من التطورات الجارية. فحواها، تجديد تمسكه المتجذّر ومن بيروت، بالوجود المسيحي في هذا الجزء من العالم.

المصدر: النهار - 2/15/2012


 

mardi 14 février 2012

Last call from Syria (Arabic version)

هذه هي النشرة الإخبارية لمؤسّسة الواحة الدولية

www.oasiscenter.eu

المديرة : ماريا لورا كونته

سوريا: آخر دعوة

تشير الأخبار الواردة من سوريا، رغم اجتزائها، إلى أنّنا الآن بصدد عنف بلا هوادة يتسبّب بسقوط قتلى وجرحى كثيرين من طرفي الحرب الأهليّة المحتدمة. فالشبّان يُعلمون عن طريق سكايب شبكات التواصل العالميّة بتحرّكات القوّات النظاميّة وقوّات المعارضة على السواء. وبدورها تنجرّ شبكات التواصل العالميّة والتلفزة الحكوميّة إلى حرب إعلاميّة. وفيما يبدو أنّ الأمم المتّحدة تبحث عن حلٍّ يجنّب تدهور الصراع بشكلٍ يعرّض للخطر توازن الشرق الأوسط بأكمله، تطرح الواحــة هذه المقابلة مع الأب باولو دالّوليو، مؤسِّس دير مار موسى، المقيم في سوريا منذ ثلاثين عامًا، والذي يسمح لنا، معرِّضًا نفسه شخصيًّا للخطر، بإدراك تعقيدات الواقع الذي لا يمكن اختزاله بالمواجهة بين ديمقراطيّين ومعادين للديمقراطيّة. وفي مقابل مراوحة مجلس الأمن ما زال لاقتراح طريق المفاوضات الذي يعرضه الأب دالّوليو دلالته وقد يجنّب، كما تكهّن أحدهم، ألا يبقى من سوريا على المدى القريب سوى الخراب والدمار.

مقابلة مع الأب باولو دالّوليو لماريا لاورا كونتي ومارتينو دييتس

من دير القدّيس موسى الحبشي، الذي يقع 100 كلم إلى الشمال من دمشق، نظرة شاملة على الوضع في سوريا.

تتسرّب أنباء مجتزأة ومشوّشة من داخل الحدود السوريّة. كيف تصف الوضع الحاليّ في البلاد التي تعيش فيها منذ ثلاثين عامًا؟ وإلى أين وصل الصراع؟

أستهلُّ كلامي بالقول إننّي أتحمّل، عبر موافقتي على إجراء المقابلة، بعض المسؤوليّة حيال التزامي بعدم القيام بعمل
سياسيّ لتجنّب إبعادي عن البلاد. يعود تخلّيَّ عن الصمت إلى خطورة الوضع الذي يفرض القيام بكلّ ما هو ممكن من أجل إحلال السلام في البلاد، وبشكل عادل. لذا فإنّ كلّ حساب حول الاستغلال الشخصيّ سيكون في غير محلّه. من جهة أخرى، لقد اختارت الدولة في الأسابيع الأخيرة أن تترك مجالاً أكبر لحريّة الإعلام، وبالتالي أعتبر هذه المداخلة كردّ إيجابيّ على انفتاح الحكومة. آمل أن تُفهم هذه البادرة في قصدها الوطنيّ والتضامنيّ وتُقدَّر على هذا النحو في إطار نموّ البلاد، من خلال قدر أكبر من حريّة الرأي.

Syrie: ultime appel du père Paolo Dall'Oglio


Syrie: ultime appel du père Paolo Dall'Oglio
Mardi 14 février 2012

http://chretiensmediterranee.com.over-blog.com/article-syrie-ultime-appel-du-pere-paolo-dall-oglio-99267942.html

Interview du père Paolo Dall'Oglio, par Maria Laura Conte e Martino Diez
Du monastère Saint Moïse l'Abyssin, situé à 100 km au nord de Damas, le père Paolo Dall'Oglio nous offre sa vision d'ensemble sur la situation en Syrie.
Les informations qui sortent des frontières de la Syrie nous parviennent par bribes et sont confuses. Comment pouvez-vous décrire la situation actuelle du pays où vous vivez depuis trente ans ? Où en sont les affrontements ?
Je précise tout d'abord qu'en acceptant d'accorder une interview, j'assume une certaine responsabilité à l'égard de mon engagement qui est de ne pas agir politiquement, afin d'éviter mon expulsion. Le fait que je renonce à ce silence s'explique par la gravité de la situation, qui nous oblige à faire notre possible pour pacifier le pays, dans la justice. Tout calcul en faveur d'intérêts personnels serait hors de propos. D'ailleurs, au cours des dernières semaines, l'État a décidé de laisser un espace plus grand à la liberté d'information. Je considère donc mon intervention comme une réponse positive à l'ouverture du gouvernement. J'espère que ce geste sera interprété selon son intention patriotique et solidaire et apprécié comme tel dans le cadre du développement du pays, grâce à une plus grande liberté d'opinion.
La situation reste tendue et la violence est toujours forte. Le territoire apparaît parcellé entre les zones où domine le mouvement d'opposition, à la fois pacifique et plus ou moins violent, et celles où l'État continue d'exercer un contrôle absolu et est même clairement soutenu par les populations. On trouve deux grands îlots, Damas et Alep, qui restent entièrement aux mains du gouvernement central, mais leur surface se réduit de jour en jour et l'insécurité les frappe eux aussi en profondeur.
La région montagneuse située entre la mer et le fleuve Oronte, qui va da la Beqaa libanaise jusqu'à Antioche, est presque entièrement sous le contrôle du gouvernement. En effet, cette région est peuplée principalement de minorités (qui sont nombreuses par rapport à l'ensemble du pays) musulmanes : alaouites et ismaélites, et chrétiennes : byzantines, aussi bien orthodoxes que catholiques, et maronites. Les sunnites, majoritaires dans le pays, sont minoritaires dans cette région. Ceux-ci ont figuré parmi les premiers à se soulever et espéraient probablement une insurrection générale rapide. Dans cette région, la répression a obtenu un succès important. Par conséquent, l'éventualité d'une division du pays, envisagée par beaucoup, est vraiment concrète dans cette zone. Cela redessinerait la carte du pays, avec, sur la côte, une Syrie dans l'orbite de l'Iran, comme le sud du Liban de Hezbollah, qui s'opposerait à une Syrie sunnite, dans l'intérieur des terres, rattachée au centre de l'Irak côté est et à la Beyrouth de Hariri côté ouest.
Cette vision désastreuse ne correspond pas encore à la réalité complexe du pays. La répartition des forces est équilibrée. La plupart des services de l'État fonctionnent, bien que difficilement. Une grande partie de la population demeure incapable de prendre position et conserve, de fait, une position neutre. D'autre part, si l'on exclut l'appartenance religieuse, l'adhésion populaire au pouvoir en place est encore importante, bien qu'ébranlée, entre autres à cause du fort attachement des Syriens à l'unité nationale et au refus de nombre d'entre eux de se laisser réduire à leur seule référence identitaire confessionnelle. Malgré cela, certaines zones sont désormais aux mains de l'« armée libre », même si je ne me risquerais pas à dire qu'elles le sont de façon stable.
D'une manière générale, le climat politique est confus et la sécurité laisse à désirer. On assiste à des vols, à des actes de banditisme et de sabotage, à des attentats, à des enlèvements, à des règlements de comptes, à des vengeances et à des meurtres. La violence ne cesse de s'amplifier. Même les délinquants purs et simples profitent de cette situation. Nous participons à des enterrements, trop fréquents, de personnes tuées lors d'affrontements violents ou d'attentats.
Beaucoup veulent continuer à espérer que la réforme constitutionnelle promise sera bientôt une réalité, que la présidence de Bachar al-Assad surmontera la crise et obtiendra d'organiser des élections plébiscitaires pour entamer un nouveau mandat.
À propos d'éventuelles solutions, en été 2011, vous appeliez de vos vœux la naissance d'une forme de démocratie consensuelle, capable de prendre en compte le pluralisme des identités présentes dans le pays. Les choses semblent pourtant avoir pris une autre direction depuis et la situation s'est gangrénée. Jugez-vous cette proposition encore applicable ?
Paradoxalement, j'y crois encore plus aujourd'hui car, dans un camp comme dans l'autre, on a le sentiment de se trouver dans une impasse, y compris sur le plan de l'équilibre des forces. Au cours de ces derniers mois, par une volonté « réciproque » dans un certain sens, on a fait dégénérer la situation vers une militarisation nette du conflit. Pourtant, il apparaît aujourd'hui, de plus en plus clairement, qu'aucune des deux parties n'a les moyens d'anéantir l'autre, et ce pour de nombreuses raisons d'ordre local, national et international.
Vous parlez de conflit. Employez-vous ce mot dans un sens concret ou métaphorique ?
Dans un sens très concret. C'est aujourd'hui que l'on a appris qu'un cessez-le-feu avait été signé entre l'armée syrienne régulière et les forces hostiles au gouvernement, dans la ville de Zabadani, près de la frontière libanaise. C'est un scénario de guerre civile.
Cette situation ne vous fait-elle pas dangereusement penser à l'Irak ? Hormis le fait que le mouvement n'a pas commencé par une invasion militaire étrangère, n'y a-t-il pas de nombreux points communs ?
Il y a certainement des points communs, mais tout autant de différences. Le phénomène des enlèvements, par exemple, est extrêmement préoccupant. Si cela continue ainsi, tout sera fini pour les gens ordinaires. En ce qui concerne le plus gros de la population chrétienne, le sentiment est double : d'une part, les gens ont l'impression d'être pris en tenaille dans un conflit qui, en définitive, est un conflit entre musulmans et, d'autre part, nombreux sont ceux qui se sentent totalement solidaires de la Syrie des Assad. Celle-ci avait garanti un niveau de laïcité de l'État que la minorité chrétienne percevait comme une occasion d'obtenir des promotions, ceci dans la mesure où la majorité sunnite le voyait comme le pouvoir d'une alliance de minorités. Sur le terrain, un grand nombre de chrétiens se rangent du côté du gouvernement. Beaucoup occupent des postes de fonctionnaires ou d'employés au service de l'État, tandis que d'autres prennent part au conflit en tant que membres de l'armée, de la police et des services de sécurité. Beaucoup de jeunes se sont portés volontaires au sein des troupes exerçant la répression du « terrorisme ». On relève également la présence de chrétiens au sein des mouvements d'opposition et, tout naturellement, ils choisissent les partis possédant la plus faible empreinte religieuse. Toutefois, comme en Irak, le sentiment qui domine est qu'une guerre civile généralisée serait extrêmement néfaste précisément pour les chrétiens, qui émigreraient probablement en masse.
Remarque-t-on des positions diverses chez les chrétiens ?
Les différentes autorités ecclésiastiques se rangent, pour la plupart, très explicitement du côté du gouvernement. Cette position tend cependant à céder le pas à une plus grande neutralité. Comme nous l'avons dit, on peut comprendre les motifs de ceux qui redoutent de voir naître une république islamique sunnite. D'autres, en revanche, insistent davantage sur la possibilité que la révolution laisse une plus grande place à la démocratie. Toutefois, il est totalement déplacé de faire une simple distinction entre démocrates et antidémocrates, ou bien entre les partisans du régime et ses opposants. La réalité est bien plus complexe. Beaucoup de jeunes, qu'ils soient chrétiens ou musulmans, s'investissent totalement pour contribuer à faire naître une démocratie digne de ce nom en Syrie. Certains jugent que cet objectif a plus de chances d'être atteint si le régime actuel accepte d'évoluer. D'autres, qui s'engagent tout autant en faveur de la démocratie, aspirent, en revanche, à un changement immédiat, qui renversera le pouvoir en place. J'ai perçu, de façon très claire, que les positions étaient très diverses, lorsqu'il a été question de m'expulser. 6600 jeunes se sont inscrits sur la page Facebook : « Non à l'expulsion du père Paolo ! » L'opposition adhérant aux Comités de coordination a organisé un « dimanche du père Paolo », au cours duquel un mouvement de solidarité en ma faveur s'est exprimé lors de différentes manifestations dans tout le pays… y compris de la part de groupes de femmes musulmanes voilées ! Si l'on exclut la récupération politique de la chose, il est révélateur que, parmi les jeunes qui ont pris ma défense, tous étant engagés en faveur de la démocratie, on ait trouvé à la fois des partisans du gouvernement et des partisans de la révolution, et ils étaient aussi bien musulmans que chrétiens.
À propos de votre avis d'expulsion, qu'en est-il de votre situation ?
Il s'agit d'une vieille histoire où entrent en jeu des questions internes à l'Église locale, avec des retombées politiques, mais aussi des questions directement liées à nos vingt années de travail culturel pour l'émergence de la société civile, pour le dialogue interreligieux et l'évolution du processus démocratique, qui ont caractérisé notre action sur le terrain. Déjà, en février 2010, le parc naturel du monastère a été fermé et toutes les activités ont été suspendues, y compris les rencontres de dialogue interreligieux. En mars, comme on l'a su à l'échelle internationale, indépendamment du mouvement d'opposition en Syrie, mon permis de séjour a été bloqué. Dans la pratique, si j'avais quitté la Syrie, je n'aurais pas pu revenir. Puis, en novembre, est arrivé l'avis d'expulsion, qui n'a cependant pas été appliqué et est actuellement gelé, entre autres grâce à une vaste mobilisation en ma défense, surtout de la part de jeunes, et qui a pris de nombreuses formes. Mis à part mon cas personnel, cette histoire montre la qualité de la société syrienne, qui a agi pour défendre un symbole d'harmonie interreligieuse et de réconciliation civile.
Je me sens le devoir de proposer une intervention non-violente pour la pacification, une intervention arabe et internationale, avec la participation de volontaires locaux. En effet, je ne vois pas pourquoi Gandhi ne pourrait pas être une source d'inspiration pour résoudre le conflit syrien actuel. Je demande la formation d'un corps de 50000 « accompagnateurs » non-violents et sans armes, venus du monde entier. Je dis bien « accompagnateurs » et non observateurs car, en Syrie, beaucoup perçoivent ces derniers comme les avant-postes des invasions armées et comme des censeurs motivés par des sentiments hostiles. En Syrie, même le mot « international » a une connotation de complot et déclenche donc des réactions négatives. Il faudrait que la Syrie elle-même invite, sur proposition de l'ONU, des accompagnateurs représentant la Croix Rouge et le Croissant Rouge, des scouts, des membres de Sant'Egidio et de la Non Violent Peace Force, bref, des représentants de la société civile à l'échelle planétaire, afin d'aider la Syrie à cheminer vers la démocratie. Il n'y a pas besoin de forces armées internationales, perçues comme des forces d'occupation putschistes, motivées par des intérêts économiques et stratégiques. La violence criminelle peut et doit être combattue par la police d'État, avec l'aide de la population locale et grâce au contrôle exercé par la presse libre et les « accompagnateurs ».
Malheureusement, la partie la plus importante de la société civile, qui serait en mesure de négocier le cheminement vers la démocratie, semble de plus en plus absorbée par la polarisation et la militarisation du conflit actuel.
Ce n'est pas la première fois que je fais des propositions de ce genre. En 2001, j'avais suggéré de créer un canal de sortie d'Afghanistan pour les combattants arabes, des gens qui, pendant des décennies, avaient été engagés, y compris par les États-Unis, pour aller libérer Kaboul et que l'on découvrait soudain hostiles et terroristes. Et bien, aujourd'hui, en 2012, on parle de négocier avec les talibans, après 10 années d'une guerre féroce qui a fait tant de morts et engendré des souffrances sans fin ! En 2003, à propos de l'Irak, lors d'un jeûne public, nous avions déclaré que nous ne pouvions pas nous taire parce que le régime de Saddam Hussein était intolérable, mais nous ne pouvions pas non plus faire le choix de la guerre. Et on sait bien ce qui s'est passé par la suite.
Vous privilégiez donc la voie de la négociation. Et pourtant, dans un document que vous avez diffusé pour Pâques en 2011, on peut lire que « les dommages causés à la société syrienne sont d'ores et déjà irréversibles ». N'est-il donc pas vraiment trop tard pour négocier aujourd'hui ?
Le passage que vous citez se réfère à la situation de la Syrie au printemps dernier, lorsque l'on évoquait encore la possibilité d'un processus de réforme de longue haleine, qui aurait été engagé par le président Bachar al-Assad. Or, à cause des violences, affirmions-nous, il était devenu difficile à mettre en œuvre, et c'est encore plus vrai aujourd'hui, en raison de la radicalisation des affrontements. Le conflit entre les différentes parties s'est désormais cristallisé. La démocratisation du pays passe aujourd'hui par des négociations entre les protagonistes du conflit armé. Par conséquent, il réclame une médiation efficace, à plus forte raison si l'on tient compte du fait que les difficultés propres à la Syrie sont indissociables des tensions dans la région. La responsabilité et la mission de la présidence restent grandes, parce que celle-ci est appelée à créer les conditions d'un transfert progressif des pouvoirs du vieux système à parti unique vers le système entièrement démocratique que la nation choisira.
Ce ne serait pourtant pas la première fois que la Syrie ferait l'expérience du pluralisme. Cela s'est déjà produit dans les années cinquante et cela a été une période très instable, qui n'a pris fin qu'avec l'avènement au pouvoir du parti Ba'ath.
Je ne crois pas que l'on puisse établir un parallèle avec cette période. À l'époque, la Syrie ne savait pas très bien dans quel camp se placer et penchait tantôt pour les démocraties occidentales, tantôt pour l'URSS, jusqu'au moment où elle a opté pour un régime à parti unique. En outre, à cette époque-là, culturellement les Frères Musulmans n'avaient pas encore élaboré de perspective démocratique mais, aujourd'hui, c'est différent.
Vous observiez, au début, qu'aucune des deux parties n'a aujourd'hui les moyens de l'emporter sur l'autre. Donc, il ne resterait plus qu'à attendre que l'une des deux épuise ses forces ?
Les deux parties n'épuiseront pas leurs forces, parce que la Syrie est aujourd'hui le théâtre d'un vaste conflit régional. On voit s'y exprimer les tensions entre les États-Unis et la Russie, entre la Turquie et l'Iran, entre sunnites et chiites, entre une conception laïque de l'État et une vision religieuse de la société. On assiste également, à l'échelle du pays, à l'émergence de spécificités géographiques qui n'avaient pas trouvé le moyen de s'exprimer jusque-là… Tout cela montre que les possibilités d'alimenter le conflit sont presque infinies. Mais la nouveauté est ailleurs. Elle réside dans le désir d'émancipation éprouvé par les jeunes, ce qui est un fait entièrement nouveau et constitue un facteur de déséquilibre dans les conflits traditionnels.
Que faites-vous dans votre monastère ?
Au cours des mois écoulés, qui ont été difficiles, nous n'avons pas cessé de nous demander quel était notre devoir. De par notre condition de moines, nous sommes comme la corde d'un arc tendue entre la perspective eschatologique qui nous conseillerait de prier davantage et de moins parler, en contribuant à l'épanouissement spirituel des personnes, et l'incarnation dans l'histoire, qui demande le courage d'indiquer des perspectives de « libération » dans un contexte concret, tout en admettant que nos positions sont relatives. Nous avons élaboré des documents et nous les avons diffusés en ligne en différentes langues ; nous avons observé huit jours de jeûne pour œuvrer à la réconciliation, et ils ont eu un impact non négligeable dans les milieux de jeunes les plus avancés ; nous continuons à recevoir des personnes qui désirent confronter leurs idées et trouver dans le monastère un lieu de dialogue et de maturation spirituelle, en rapport avec cette époque tragique. Nous nous laçons aussi dans la production d'un fromage de bonne qualité, afin de moins dépendre de la charité internationale… Mais, surtout, nous vivons jour après jour l'angoisse de ce pays, en essayant de la transformer en solidarité et en espérance.
Je souhaite souligner un signe positif : il y a quelques jours, comme je l'ai mentionné au début de cette interview, le gouvernement a commencé à autoriser un accès plus large et pluraliste aux journalistes étrangers. Il s'agit d'un fait crucial, qui change aussi notre situation. La liberté de la presse représente une condition préalable à la réconciliation par la négociation. Si la décision de l'État se confirme, elle pourrait éviter un prolongement dramatique de la guerre. La liberté d'information permet de réduire les assassinats.
Beaucoup de personnes, en Occident, considèrent al-Jazeera comme une source bien informée sur les événements en Syrie. Et vous, comment la jugez-vous ?
C'est une chaîne de télévision de parti. Son action a contribué au déclenchement des mouvements révolutionnaires de l'année passée, il faut bien le reconnaître. Elle a été un élément extraordinaire de rupture du monopole que les gouvernements totalitaires détenaient sur l'information et un facteur de changement. Pourtant, en ce qui concerne la Syrie, elle a choisi l'option militaire ; elle milite contre le régime de façon partisane et l'objectivité des informations s'en ressent. La guerre civile à laquelle nous assistons est télévisuelle avant même de se dérouler sur le champ de bataille. Sous nos yeux se livre un combat entre chaînes de télévision, qui oppose des chaînes comme al-Jazeera aux médias contrôlés par le pouvoir, tout aussi habiles dans la défense de leur cause. Je suis convaincu que le fait de garantir l'entière liberté de la presse favoriserait une meilleure écoute des bons arguments et contribuerait, par conséquent, à la pacification.
Vous faites référence à ce désir, très répandu, de démocratie et de participation de la société civile, mais où le percevez-vous ? Comment s'exprime-t-il ?
Justement pas dans les médias, où les théories du complot les plus diverses circulent. On parle d'une grande entente entre les États-Unis, Israël, al-Qaïda, les salafites, les Frères Musulmans et la Ligue arabe, dans le but d'abattre le dernier État arabe qui n'a pas encore capitulé face au projet sioniste et n'a pas renoncé à combattre l'impérialisme... Il est évident qu'à ce niveau-là, il est difficile de discuter. Pourtant, je constate l'émergence de la société civile dans la vie de tous les jours : je la vois dans l'amour de la patrie chez tous ceux qui sont prêts à payer de leur personne. Je remarque une extraordinaire maturité civile et morale chez les jeunes qui s'engagent en faveur du changement.
Le problème le plus grave, c'est que même les milieux cultivés et socialement avancés de la société, y compris certain milieux ecclésiaux, se laissent aller à suivre une logique extrémiste et radicale qui s'exprime à travers des phrases telles que : « Tout sauf livrer l'État aux Frères Musulmans ! » Même certains cèdent à une logique génocidaire : s'il faut tuer des millions de personnes pour sauver le pays, qu'on le fasse. La radicalisation du langage engendre une spirale de violence dont il est impossible de sortir. Je ne me fais aucune illusion mais je ne désespère pas. Les violents d'aujourd'hui et leurs enfants sont appelés à devenir les citoyens de demain. De toute évidence, c'est un devoir pour tous, dans le monde entier mais plus encore autour de la Méditerranée et en Italie, d'agir immédiatement afin d'éviter le pire.
Quelle a été l'importance du rôle des nouveaux médias ?
Je dirais qu'elle a été fondamentale. Sans les nouveaux médias, la logique de la répression aurait pu opérer sans difficulté. Il n'y aurait pas eu de printemps arabe ou, du moins, il aurait pris des formes très différentes, « plus classiques » : les insurgés se seraient concentrés dans une seule région avant que le mouvement ne s'étende progressivement, comme cela s'est produit par le passé au Vietnam, au Nicaragua, au Kurdistan irakien etc. Sans le contrôle international que permettent les nouveaux médias, il y aurait eu des massacres plus graves encore. La répression capillaire devient relativement impuissante en raison de la pression internationale, fondée sur l'usage des nouveaux médias, sur la maturation civile, en particulier chez les jeunes, celle-ci étant favorisée par les réseaux sociaux, mais aussi par le nouveau militantisme religieux qui s'organise en réseau.
Quel est le nombre d'armes en circulation en Syrie, actuellement ?
Il faudrait d'abord savoir combien il y en avait au départ. Chacun a tendance à se constituer un arsenal domestique, en prévision de temps plus durs. Cela dit, la frontière libanaise est une passoire, l'Irak l'est tout autant (durant la guerre contre les alliés occidentaux, des combattants islamistes sunnites franchissaient souvent la frontière entre la Syrie et l'Irak…), la contrebande avec la Turquie est florissante et il est difficile de patrouiller dans les déserts. Ceux qui veulent soutenir les groupes armés de l'extérieur sont nombreux et déjà efficaces.
Pardonnez-nous d'insister, mais ne pensez-vous pas qu'il soit malheureusement plus facile d'armer les adversaires plutôt que de faire naître un espace de dialogue ?
Sincèrement, si la guerre contre l'Iran éclate, ici les choses peuvent évoluer extrêmement rapidement, mais elles peuvent aussi prendre un tour vraiment tragique. Je pense qu'il faut entamer des négociations sérieuses avec l'Iran, qui permettent au pays d'accéder au statut de puissance nucléaire, sous certaines conditions, afin de créer un équilibre des forces de dissuasion dans la logique de la guerre froide, mais de façon beaucoup plus concertée et limitée. L'Inde, le Pakistan et Israël sont déjà des puissances nucléaires. En tout cas, seul un désarmement nucléaire général et planétaire, garanti par une vraie autorité mondiale, rendrait les ambitions iraniennes injustifiées. Engageons donc le dialogue avec l'Iran et battons-nous pour faire de la Syrie un lieu de rencontre et d'accord entre sunnites et chi'ites. Ces affrontements intercommunautaires sans merci gagnent toute la région : le Bahreïn, le Yémen, l'Arabie Saoudite, le Liban etc. Essayons donc d'exprimer un langage alternatif à « plus ça va mal, mieux c'est ».
Qu'est-ce qui a déclenché ces révolutions ? Pourquoi précisément en 2011 ?
Dans les trois pays nord-africains que sont l'Égypte, la Lybie et la Tunisie, le passage du pouvoir d'une génération à l'autre, de père en fils, avait quelque chose d'insupportable qui semble avoir scellé le destin de ces dictatures. Les peuples ne supportaient plus l'idée d'être traités comme une propriété privée et un objet d'héritage. L'opposition était déjà très forte. Puis, au présent insupportable est venue s'ajouter la crise économique, et je dirais même un véritable mouvement de jeunes très mûr, au développement duquel l'Europe a contribué, et depuis longtemps déjà, grâce à des institutions comme la Fondation euro-méditerranéenne Anna Lindh et les différentes formes d'aide internationale au développement. On est ainsi arrivé au point de rupture, au bout de longues années durant lesquelles les Égyptiens ont scandé dans les rues le slogan de la pré-révolution : « kifâya ! » (ça suffit !).

Père Paolo, quel rôle l'Italie peut-elle jouer ?
Berlusconi parti, Rome peut de nouveau aspirer à jouer un rôle significatif. Il faut donc qu'elle agisse pour proposer immédiatement une table de négociations entre les belligérants sur le terrain, mais aussi entre les belligérants qui résident à l'extérieur de la Syrie. J'espère que le ministre Andrea Riccardi, qui aime ce pays, pourra faire des propositions efficaces. En même temps, l'Église italienne peut avoir elle aussi son mot à dire pour résoudre les conflits régionaux de façon non-violente ; elle peut favoriser la création d'un espace de négociation et promouvoir la médiation à l'échelle internationale. Je pense que l'Église italienne encouragera aussi la création de corps volontaires non-violents et interreligieux d'« accompagnateurs » de la paix.
Les négociations pourront-elles se poursuivre à l'infini ?
Il faut commencer tout de suite car le temps nous est compté.



Syrie : appel à la solidarité des chrétiens d'occident

Syrie : appel à la solidarité des chrétiens d'occident

Inquiétude du métropolite orthodoxe d'Alep

ROME, lundi 13 février 2012 (ZENIT.org) – Un pays tourmenté pour lequel se dessinent quatre scénarios différents, tous très douloureux : c'est ainsi que le métropolite orthodoxe d'Alep décrit l'état de la Syrie où massacres, attentats et manifestations hostiles au régime du président Bachar Al-Assad , ne cessent d'être rapportés. Il en appelle à la solidarité des chrétiens.

Dans des déclarations accordées à ZENIT, Gregorios Yohanna Ibrahim, sort de la réserve maintenue jusqu'ici par les églises syriennes , pour décrire la situation sur place, et mettre en garde sur ses conséquences, notamment pour les chrétiens.

S'adressant aux chrétiens d'occident et du monde entier, le métropolite d'Alep a déclaré : « Ce dont nous avons vraiment besoin c'est de votre soutien moral et de vos prières pour la stabilité et la paix en Syrie ».

Selon l'évêque, le premier scénario possible, « très dangereux », est l'impossibilité de « prévoir ce qui peut arriver dans les prochains jours ou prochaines semaines ».

La seconde hypothèse : une « intervention étrangère », qui impliquerait un « contrôle indirect » de la Syrie par des forces militaires ou diplomatiques occidentales.

Troisième scénario possible: « une guerre civile » dont la durée préoccupe sérieusement toutes les parties impliquées, avec cette grande inconnue qu'est l'entrée d'armes dans le pays.

« On se demande si la Syrie ne risque pas de faire la fin du Liban après 1975 », a commenté l'évêque orthodoxe.

Concernant le quatrième scénario, Mgr Ibrahim craint le pire : l'arrivée inévitable de changements qui, aux vues de ceux déjà apportés dans le pays par le printemps arabe, ne seront pas porteurs de démocratie.

L'inconnue est sur le « quand » et « comment », a-t-il déclaré, soulignant que « les modèles libyen, égyptien et yéménite n'ont fait le bonheur de personne dans le monde arabe ».

Dans toute cette situation, Mgr Ibrahim voit néanmoins un fait positif : « Il n'y a pas d'exode massif » des chrétiens.

Malgré des informations que lui a fournies l'archevêque orthodoxe de Homs, faisant état du départ de la ville de la moitié des familles chrétiennes, aucun autres villages et localités du pays ne semblent en avoir pris le chemin.

Il a confirmé que les ambassades des pays arabes et européens, ainsi que des Etats-Unis sont toutes fermées, mettant les syriens dans l'impossibilité d'obtenir des visas et d'expatrier.

« Ceci est bon signe et peut arrêter l'émigration avant même qu'elle ne commence », a conclu l'évêque orthodoxe.

Traduction de l'italien par Isabelle Cousturié

vendredi 10 février 2012

En Syrie, le monastère de Saydnaya échappe de justesse au pire

En Syrie, le monastère de Saydnaya échappe de justesse au pire

Un obus transperce le mur du monastère de Notre-Dame de Saydnaya en Syrie pour s'abattre dans l'une des chambres. Il n'a pas explosé « par la grâce de Dieu », assure la mère supérieure. Non loin de là, des combats font rage entre forces gouvernementales et dissidents près de Damas.

« Les moniales prenaient leur déjeuner dimanche à midi en compagnie de dizaines d'orphelins lorsqu'un obus dont on ignore l'origine a percé la chambre supérieure et s'est scindé en deux avant de tomber sans exploser », raconte sœur Vérone à un groupe de journalistes lors d'un déplacement organisé hier par les autorités. Des débris de verre et des morceaux du mur transpercé par l'obus jonchaient le sol et les lits de la salle touchée, une chambre pour les visiteurs du monastère en été. « La Vierge Marie a attrapé l'obus de ses propres mains et l'a empêché d'exploser », poursuit sœur Vérone. C'est un message divin, « Dieu veille sur les sites sacrés », assure-t-elle.

À l'extérieur, des bruits d'explosions et de tirs résonnent. Les moniales affirment qu'ils proviennent des localités voisines de Rankous et Talfita, théâtre de vastes opérations lancées par l'armée depuis trois jours. « J'ai aperçu une lumière en provenance de la colline située en face du monastère, puis un bruit d'explosion a retenti », raconte une jeune étudiante en droit, qui réside dans le monastère. « Je ne m'imaginais pas que cela puisse être un obus, et lorsque j'ai entendu l'explosion, je ne me suis rendue compte qu'il s'était abattu tout près de nous que lorsque je suis sortie de la chambre », précise-t-elle. Derrière la colline se trouve la localité de Rankous, qui compte 25 000 habitants, et où l'armée est entrée lundi après un siège de six jours, selon des militants.

Le monastère de Notre-Dame de Saydnaya, bâti en 547 après J.-C., est un important monastère orthodoxe antiochien féminin situé sur une colline dominant le village de Saydnaya, à 35 km de la capitale syrienne. Il comprend une école pour les orphelines, financée par des dons privés, selon sa brochure. Ce monastère est le plus important site de pèlerinage chrétien de la région après l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, et se situe près des villages de Jabaadine et Maaloula, où l'on parle encore l'araméen.
source: l'orient le jour 1-2-2012

عظة البطريرك الراعي في عيد القديس مارون

عظة البطريرك الراعي في عيد القديس مارون

" أتت الساعة ليتمجّد فيها ابن الإنسان، الحقّ أقول لكم: إنّ حبة الحنطة، إن لم تقع في الأرض وتمت، تبقى واحدة، وإذا ماتت، أتت بثمر كثير"

بيروت، الخميس 9 فبراير 2012 (ZENIT.org). – ننشر في ما يلي عظة البطريرك مار بشارة بطرس الراعي بمناسبة عيد القديس مارون، وذلك في كاتدرائية مار جرجس في بيروت.
* * *
1. يسعدنا أن نحتفل معاً بعيد أبينا القديس مارون، بدعوة كريمة من سيادة أخينا المطران بولس مطر، رئيس أساقفة بيروت، في ختام زيارتنا الراعويةxx للأبرشية التي دامت أربعة أيام. ومن دواعي سرورنا، أن تكونوا يا فخامة رئيس الجمهورية العماد ميشال سليمان على رأس المصلّين، بمشاركة دولة رئيس مجلس النواب الاستاذ نبيه بري، ودولة رئيس مجلس الوزراء السيد نجيب ميقاتي، وسائر أركان الدولة. إنّا نلتمس لكم من الله، بشفاعة القديس مارون، النِعم الإلهية لتتمكّنوا من قيادة البلاد إلى شاطئ الامان.
   2. من موت يسوع المسيح، فادي الإنسان، على جبل الجلجلة وقيامته، وُلدت البشرية الجديدة المتمثّلة بالكنيسة. فتمجّدَ ابنُ الله في السماء وعلى الارض بإيمان الشعوب وخلاصهم. وكان لا بدّ من أن يسبق عظمةَ المجد بالقيامة إذلالُ الموت على الصليب. فكان المسيحُ "حبةَ الحنطة التي وقعت في الأرض وماتت، فأتت بثمر كثير" (يو12: 24). وبهذا فتح نهجاً للحياة المسيحية بل لحياة كلّ إنسان، تبعه القديسُ مارون، "فوقع"في أرض قورش من نواحي انطاكيه "حيث سُمِّي لأول مرة المؤمنون بالمسيح مسيحيين" (أعمال11: 26) و"مات" عن العالم بالتقشف والصلاة،"فوُلدت" الكنيسة المارونية وانتشرت في كلّ بقاع الأرض. وهكذا تحقّقت كلمةُ الربّ في الإنجيل: "يشبه ملكوت السماء، أي سرّ الكنيسة – الشركة، حبةُ خردل، أخذها رجل وزرعها في حقله، وهي أصغر كلّ الزروع، ولما كبرت، كانت أكبرها، وتصير شجرة حتى إنّ طيور السماء تأتي وتعشعش في أغصانها" (متى 13: 31-32).
   3. إننا نأمل أن يكون نهجُ حبّة الحنطة نهجَ كل واحد منّا، ونهج مؤسسات الدولة وإدارتها، لكي ينموَ لبنان ويكبر سياسياً وإقتصادياً وإجتماعياً وثقافياً. ولا مجال لذلك إلّا بالجمع بين موجبات العمل السياسي والإداري والمبادئ الاخلاقية، وبممارسة هذا العمل بروح الخدمة والتجرّد وإخلاء الذات في سبيل الخير العام والشفافية مقرونة بالمناقبية والكفاءة والفعالية، كما وبالتفاني الصادق في سبيل الخير العام، والإلتزام بتعزيز حقوق المواطن على المستوى الإقتصادي والإجتماعي والمعيشي (شرعة العمل السياسي، صفحة 20-21). هذا ما يدعونا إليه الربُّ يسوع، شارحاً مفهوم حبة الحنطة بقوله: "من يحبب نفسه يضحّي بها، ومن يتخلّى عن نفسه في هذا العالم، يحفظها لحياة الأبد...فمن يخدمني يكرمه الآب" (يو12: 25-26). إنَّ كل الشهداء الذين سقطوا في سبيل الوطن ، منذ الإستقلال حتى اليوم، كانوا حبات حنطة ماتت، وبفضلهم ثبت لبنان ونما وكبر.
  4. "أتت الساعة ليتمجّد فيها ابن الانسان". هو مجد المسيح الذي تحقق بولادة الكنيسة وخلاص جميع الشعوب. ويتحقق مجد لبنان بترقّيه ووحدة شعبه ورسالة عيشه الواحد وحوار الحياة بين مختلف الثقافات والأديان على أرضه. وكان مجد القديس مارون بولادة كنيسته المارونية، وبارتفاع القديسين والقديسات من أبنائها الى مجد السماء، وبأمانة أبناء هذه الكنيسة وبناتها لنهجه الإنجيلي المميّز بالإيمان الصافي بالمسيح، والصلاة ومناجاة الله، وبالتقشّف والتجرّد والتفاني في خدمة جميع الناس، وبالغيرة المتّقدة على نشر إنجيل الله الخلاصي.
   5. عاش القديس مارون في أواخر القرن الرابع وأوائل الخامس، وكان كاهناً وناسكاً، كما سمّاه صديقه القديس يوحنا فم الذهب ابن انطاكيه وبطريرك القسطنطينية، في رسالة المودّة والصلاة التي أرسلها إليه من منفاه في القوقاز بأرمينيا. ومات سنة 410. وكانت قد تكوكبت حوله نخبة من النسّاك الذين نهجوا نهجه، ثم ازدادت بعد موته ونمت في الدير الحامل اسمه على ضفاف نهر العاصي، الذي بُنيَ في المنتصف الثاني من القرن الخامس، من بعد أن تجلّت جماعة "بيت مارون" الى جانب تيودوريطس اسقف قورش في دعم مجمع خلقيدونية  المنعقد سنة 451، وتبنّي عقيدته التي اعلنت إيمان الكنيسة بالمسيح الكامل في طبيعتيه الإلهية والإنسانية. وقد اعطت في سبيل هذه العقيدة ثلاثماية وخمسين شهيداً، فكانوا "حبات حنطة" أثمرت الثمر الكثير في حياة الكنيسة المارونية. إنَّ بعضاً من تلاميذ القديس مارون أمّوا في القرن الخامس جبل لبنان من ناحيتَي أفقا – العاقوره وجبّة بشري، حاملين إنجيل المسيح وروحانية القديس مارون. وفي أواخر القرن السابع أصبحت الجماعة المارونية كنيسة بطريركيّة بانتخاب أوّل بطريرك لها سنة 686، هو القديس يوحنا مارون الذي استوطن كفرحي في بلاد البترون في الدير الحامل اسمه.
   6. تجذّرت الكنيسة المارونية في لبنان وتربتِه الخصبة، ومنه توسَّعت في بلدان الشرق الاوسط، وانتشرت في سائر اقطار العالم، كشجرة باسقة الأغصان. لقد عُرفت "بالأُمّة المارونية"، واحتلّت فيها البطريركيّة، حسب تعبير البطريرك المكرَّم اسطفان الدويهي، "مركز الصدارة والدينامية، ودور الموجِّه والوسيط، والحكم والرقيب". وظلّت البطريركيّة عبر المراحل التاريخية ملتزمة بالأمانتين: عقيدة الإيمان والكيان اللبناني. وبفضل ما لها من روابط مع الكرسي الرسولي والغرب وتجذّر في الشرق، شكّل الموارنة، كما غيرهم من الطوائف اللبنانية، قيمة مضافة متميّزة بالإنفتاح على الشرق والغرب، صانت الكيان اللبناني ونشرت الحريات وقيم الحداثة (راجع روجيه ديب، لبنان المستقرّ، صفحة 57-59).
   7. إننا بمناسبة عيد القديس مارون ندعو الموارنة للمحافظة على هذه القيمة وتعزيزها، مستمدينها من هوية كنيستهم التي هي مصدر رسالتهم. هذا ما كشفه المجمع البطريركي الماروني المنعقد ما بين سنة 2000 و 2005، محدِّداً هذه الهوية والرسالة بأربع ميزات[1]:
   1) الكنيسة المارونية بطريركية ذات طابع نسكي رهباني مستمدّ من روحانية القديس مارون الكاهن الناسك، وديره الذي هو مهد المارونية. ما يعني أنها جماعة ديرية كبيرة معروفة برعية البطريرك التي تتمحور حول الكرسي البطريركي، وشخص البطريرك المدعو "الأب الرأس"، الحافظ لوحدتها في إطار مجمعية أسقفية. إنّ طابعها البطريركي يجعلها جزءاً لا يتجزّأ من الكنيسة الكاثوليكية التي يرعاها أسقف روما، خليفة القديس بطرس. إنّها كنيسة الشركة مع الكرسي الرسولي الروماني، وهي ذات موهبة خاصة قوامها الصلاة والتوبة وبساطة العيش والتعاضد الأخوي بروح المحبة وحالة السهر بقوة الرجاء الذي لا يخيّب، وانتظار تجلّيات المسيح في حياتها ومجيئه الثاني ديّاناً، فالإنطلاقة الجديدة من المسيح.
   2) والكنيسة المارونية إنطاكيّة سريانيّة ذات تراث ليتورجي خاص. بهذه الصفة هي مؤتمنة على جوهر المسيحية التي أُعطيَت اسم مسيحي في انطاكية (أعمال11: 26) وبالتالي على وحدة الإيمان والشركة في إطار التعددية والإنفتاح على الشعوب. وبهذه الصفة أيضاً تنتمي إلى عائلة الكنائس ذات التراث السرياني المميّز بالطابع المريمي، والدعوة الملحّة إلى التوبة، ورجاء لقاء المسيح في نهية الزمن.
   3) والكنيسة المارونيّة خلقيدونيّة تحمل طابعاً مسيحانياً بروحانية التجسّد في البيئة اللبنانيّة والمشرقيّة وفي بلدان الإنتشار. ما يقتضي المحافظة على الأرض وسعي أبنائها الدؤوب مع مواطنيهم وشركائهم في المصير، من مسيحيين ومسلمين، إلى العمل معاً في شتى المجالات الثقافية والإجتماعية والإقتصادية والسياسية، من اجل ترقّي الإنسان، كلّ إنسان، ليستعيد كرامته وصورة الله فيه. وعلى مستوى الإنتشار، يعمل أبناؤها على شدّ روابطها مع الكنيسة الأمّ للحفاظ على وحدتها، ولتعزيز تنوّع حضورها في العالم.
   4) والكنيسة المارونية في شركة تامّة مع الكرسي الرسولي الروماني، ما أتاح لها تأدية رسالتها في بيئتها بحيوية وفعالية، من خلال انفتاحها على الغرب والإفادة من قدراته العلمية والفكرية. فكان أن أدّى الموارنة دوراً رياديّاً في نقل التراث الشرقي إلى الغرب والتراث الغربي إلى الشرق، ما جعل لبنان، بحكم موقعه الجغرافي ودور أبنائه، جسراً ثقافياً بين الشرق والغرب.
   إنّ هذه الميزات الأربع توجب على الموارنة الإلتزام بالعمل المسكوني من أجل وحدة الكنائس بتنوّع تقاليدها الروحيّة والثقافيّة والإجتماعيّة والوطنيّة، وبالحوار مع الديانات، ولاسيّما الدين الإسلامي، حوار الحياة الإجتماعيّة والوطنيّة وحوار الثقافة والقضايا المصيريّة.
   8. إنَّ الارشاد الرسولي "رجاء جديد للبنان" يُذكّرنا بأن النهوض بلبنان مهمة مشتركة، وبأنَّ الجماعات المتنوّعة، من مسيحيين ومسلمين على اختلاف طوائفهم، التي تؤلِّف نسيجه الاجتماعي والوطني هي ثروة وفرادة (الفقرة 1). فلا بدّ من حفظ التعاون بالمساواة والتوازن فيما بينها، وفقاً لنص الدستور وروحه. فينبغي علينا أن نكوِّن رؤية واقعية للنهوض على أساس الوعي التاريخي للكيان اللبناني، وإدراك كل طائفة هويتها الخاصة بها والقيمة المتخصصة التي تقدّمها من اجل تحقيق هذا النهوض. إن هذه القيمة الخاصة هي التي تتكوّن من علاقة كل جماعة بالكيان اللبناني وميثاقه ورسالته، وفقاً لمراحل ومحطات من تاريخها تميَّزت به، ويتوارثها أبناؤها من جيل الى جيل. إنه من الضرورة بمكان أن تلتفت كل طائفة إلى وجدانها الوطني التاريخي في ضوء قيمتها وإرثها. عندئذٍ نستطيع إبرام عقد اجتماعي جديد، يجدّد الميثاق الوطني، ميثاق العيش معاً بالاحترام المتبادل والمساواة والتعاون، ميثاق تحييد لبنان عن المحاور الاقليمية والدولية، وميثاق تبنّي لبنان قضايا السلام والعدالة والديمقراطية في الاسرتَين العربية والدولية.
9. نرفع صلاتنا، إلى الله بشفاعة القديس مارون، لكي يُنير سبيلنا إلى ما فيه مجده وعزّة لبنان وخير شعبه. وإنّا نهتف مع الكنيسة المارونية إلى أبيها ومؤسسها:
باسمك دُعينا يا أبانــــــــا     وعليك وطّدنا رجانـــــا
كن في الضيقات ملجانا     واختم بالخير مسعانا
آمين