La Croix- Pierre Cochez, le 16/11/2016 à 8h44
Mis à jour le 16/11/2016 à 10h36
Mis à jour le 16/11/2016 à 10h36
Une ligne de démarcation sépare Alep. À l’Est, les bombardements ont repris et les habitants sont invités à « partir ou mourir ». À l’Ouest, on essaie de vivre tout en pensant au départ.Mardi 15 novembre, à Londres, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a annoncé que l’armée de l’air syrienne avait bombardé, pour la première fois depuis le 18 octobre, des zones résidentielles dans la partie est d’Alep, tenue par les rebelles.
À Moscou, le ministre Sergueï Choïgou, en compagnie du président Vladimir Poutine et de l’état-major, a de son côté déclaré : « Pour la première fois de l’histoire de la flotte russe, le porte-avions Amiral Kouznetsov a pris part à des opérations armées. » Des chasseurs bombardiers ont décollé du porte-avions russe basé en Méditerranée pour mener des frappes sur des positions de groupes djihadistes en Syrie.
Un message prévenant de choisir « le départ ou la mort »
À Alep-Ouest, sous contrôle de l’armée de Damas, on voit des fumées blanches s’élever au-dessus de la partie est. « Nous sentons que nous allons vers un affrontement qui sera terrible », confie un religieux à La Croix. En même temps, il constate que « ces dernières semaines, des quartiers d’Alep-Ouest ont été repris aux rebelles. Jusqu’à présent, la crainte d’une invasion était moins présente et les tirs de mortier depuis Alep-Est se faisaient moins nombreux. »
« Nous n’aurions jamais pensé qu’un jour Alep connaîtrait le sort de Berlin, coupée en deux pendant des décennies » remarque le religieux. De l’autre côté de la ligne de front, des habitants d’Alep-Est vivent dans la peur depuis le message envoyé lundi sur leurs téléphones portables, leur enjoignant de choisir entre « le départ ou la mort », et prévenant du lancement de l’assaut. Mais, malgré les bombes, les manques de nourriture, d’eau et de soins, personne ne semble sortir d’Alep-Est.
La population d’Alep-Est est prise au piège
Pour David Swanson, d’Ocha, le bureau de coordination des Affaires humanitaire de l’ONU, « toutes les issues de sortie sont fermées depuis le 7 juillet. Il n’y a pas de liberté de mouvement pour les habitants. Nous avons préparé un plan d’assistance à la population. Mais il requiert des assurances de la part de tous les belligérants. Nous ne les avons pas. »
Au CICR, Ingy Sedky ne dit pas autre chose : « Nous n’avons pas la sécurité pour pouvoir agir. Au sol, l’intensité de la violence augmente de jour en jour. » Pour le religieux d’Alep-Ouest, « les rebelles armés prennent en otage la population qui voudrait quitter l’autre partie de la ville. Tout est prêt de notre côté pour les accueillir. »
Depuis Alep-Est, la proposition de Damas de « partir ou mourir » est vue comme une stratégie pour vider la ville de ses habitants. Les civils partis, resteraient alors dans cette partie de la cité autrefois industrieuse plusieurs milliers de rebelles syriens, privés de leurs « boucliers humains » pour se défendre devant l’avancée du régime de Damas et des Russes.
« Il faut en général un an et demi d’efforts pour arriver à partir. »
Côté Ouest, « les habitants vivent assez mal que l’on ne parle que de la partie Est. Ils estiment que leur situation est tout aussi grave. Tout le monde est dans une situation de pauvreté », résume Isabelle Silva, du Secours catholique-Caritas France.
L’organisation soutient 500 habitants d’Alep-Ouest pour leurs soins médicaux et prend en charge les études de 200 étudiants. À l’Ouest, la route principale qui relie la ville au monde est ouverte, l’eau est acheminée et l’électricité vient de générateurs pour lequel il faut payer. « Le ravitaillement se fait presque normalement, même si le coût de la vie a augmenté », estimait mardi le religieux.
Malgré tout, beaucoup veulent partir de leur « ville vraiment blessée ».Alors, ils s’emploient sur Internet à remplir, durant des mois, des dossiers de demande d’asile. « Il faut en général un an et demi d’efforts pour arriver à partir. Rien que ce matin, je viens de dire au revoir à trois familles de paroissiens. L’une part en Allemagne, l’autre à Dubaï, la troisième au Canada. C’est ça la réalité chrétienne à Alep. »
http://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/A-Alep-coupee-en-deux-la-violence-augmente-de-jour-en-jour-2016-11-16-1200803461
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