Objet: لبنان ودّع البطريرك هزيم وسليمان منحه...le Liban fait ses adieux au Patriarche Ignace Hazim
Certains prennent leurs distances par rapport au soutien du Parti de Dieu au régime syrien.
L'affaire Okab Saqr vient de secouer l'échiquier politique libanais. Député du Bloc du futur, de l'ancien premier ministre Saad Hariri, Saqr a reconnu mercredi 5 décembre avoir participé à des livraisons d'armes en faveur des rebelles syriens. Mis en cause par le quotidien progouvernemental Al-Akhbar à travers une série d'enregistrements de conversations téléphoniques, lui, le chiite, s'est défendu et a surtout tenu à disculper son chef de file sunnite.
L'arrivée d'Okab Saqr dans le paysage politique libanais lors des législatives de juin 2009 avait déjà fait beaucoup de bruit. Car les chiites pro-14 Mars (la coalition alors au pouvoir composée de sunnites proches Hariri, des druzes de Walid Joumblatt et de plusieurs partis chrétiens) se comptent alors sur les doigts de la main. Et Saqr se retrouve en première ligne lors de la bataille électorale.
« La diversité politique et la démocratie sont aussi importantes chez les chiites que dans n'importe quelle communauté, explique-t-il alors. Les gens ont le droit de pouvoir voter pour les deux grands partis de cette communauté, Amal et le Hezbollah, mais ils ont aussi le droit de ne pas être d'accord avec eux. » Les analystes politiques le voient alors prendre la place de l'inamovible chef du mouvement Amal au perchoir du Parlement, Nabih Berri. Ce qui n'arrivera pas.
Les chiites libanais ne soutiennent pas le Hezbollah
Depuis la fin de la guerre civile en 1990, la communauté chiite se partage politiquement entre Amal et Hezbollah, le second ayant supplanté le premier en termes d'influence et d'armement. Allié du régime de Bachar Al Assad et soutenu par l'Iran, le parti de Hassan Nasrallah a fait main basse sur l'opinion publique chiite. Pourtant, tous les chiites libanais ne soutiennent pas le Hezbollah.
Autre figure chiite du paysage politique libanais, Ibrahim Chamseddine a été ministre d'État au développement administratif entre 2008 et 2009, dans un gouvernement dirigé par Fouad Siniora, ex-bras droit de Rafic Hariri, assassiné en 2005. Fils de l'ancien chef du Conseil supérieur chiite, défait lors des législatives de 2005 par un candidat du Hezbollah, il est considéré comme un modéré, proche du 14 Mars.
D'autres chiites indépendants se sont également unis au sein du Rassemblement civil libanais. En octobre dernier, plusieurs d'entre eux – Yasser Ibrahim, Karim Mroué, Rached Hamadé… –, ont dénoncé les campagnes médiatiques visant à les discréditer et orchestrées par le même quotidien, Al-Akhbar, qui vient de révéler l'affaire Okab Saqr. Deux mois plus tôt, des intellectuels chiites avaient également signé un texte commun, publié par le quotidien d'opposition An-Nahar, soutenant l'aspiration du peuple syrien « à la liberté et à la justice ».
Une troisième voie, loin du Hezbollah et de Amal
Dans la banlieue de Beyrouth, dans le quartier à majorité chiite de Chiyah, des citoyens ne cachent plus leur défiance vis-à-vis du Hezbollah. « J'ai toujours soutenu le Parti de Dieu dans sa résistance contre Israël, explique Wadih Darwiche, un médecin généraliste. Mais son soutien au régime de Damas est insupportable. J'ai pris mes distances. Certes le Hezbollah est très puissant, comme le prouve sa capacité à mobiliser les foules. Mais il serait intéressant de creuser dans une autre direction, plus laïque. »
Une référence à la laïcité motivée par le parcours de son propre père, combattant communiste du sud du Liban à la fin des années 1970. « Il ne faut pas oublier que le Hezbollah est un parti relativement jeune, explique-t-il. Avant, les chiites libanais étaient très impliqués dans d'autres formations nationalistes. Aujourd'hui, même si le Hezbollah a pris soin d'écarter la concurrence, celle-ci ne manque que d'un vrai tribun pour se faire entendre. »
De nombreux chiites libanais commencent à chercher une troisième voie, loin du Hezbollah et de Amal. Une option soutenue aussi par des figures religieuses chiites de premier plan, comme cheikh Hani Fahs : « Il existe chez les chiites des velléités de créer un nouveau mouvement, moins sectaire, plus modéré. Plus en phase avec l'idée d'arabisme. »