L'identité chrétienne plus menacée en Occident qu'en Orient
ROME, 17 mai 2014 (Zenit.org) - L'identité chrétienne est plus menacée en Occident qu'en Orient, estime le patriarchr Grec Melkite Catholique d'Antioche et d etout l'Orient, d'Alexandrie et de Jérusalem, Gregorios III.
Il est en effet intervenu sur ce thème dans le cadre de la deuxxième convention des Melkite d'Europe, qui se tient à Paris (15-18 mai).
Les travaux de la deuxième convention des Melkites d'Europe se sont poursuivis par une journée d'étude à l'Institut Catholique de Paris autour du thème de « L'Identité melkite, entre deux mondes », que le Gregorios III a développé dans sa conférence de clôture.
Gregorios III a commencé par un long développement sur les défis qui se lèvent devant cette identité melkite qu'il définit selon le résumé qu'en avait donné en son temps Mgr Neophytos Edelby (1920-1995) : « Nous sommes une Eglise, nous sommes des chrétiens ; Arabes, mais non musulmans ; Orientaux, mais non orthodoxes ; Catholiques, mais non latins. C'est notre identité spécifique. » ; avant de conclure :
« Nous sommes très jaloux de notre orientalité et de notre catholicité, de notre autonomie intérieure et de notre ecclésiologie, qui a des caractéristiques orientales (nous pourrions dire orthodoxes) et catholiques. On se rappelle les discussions, à la veille de Vatican II, aujourd'hui dépassées: catholicisme ou latinisme? (…)
« Nous sommes ici, en Occident, plus interpellés par notre identité que dans nos pays d'origine au Proche-Orient. Cette identité est, à mon avis, plus menacée en Occident qu'en Orient. (…)
« C'est vraiment une identité, non seulement entre deux mondes, mais aussi entre plusieurs mondes. C'est ce qu'exige le tissu de nos Eglises, de nos institutions, de notre vie quotidienne. C'est à travers tout cela que nous devons mettre à l'épreuve notre identité, qui est notre pain quotidien et notre habit. C'est ainsi que nous chantons: "Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ".
« Mes frères les prêtres, dans ces pays d'émigration de nos fidèles, ont une mission très difficile à cet égard. Ils sont, en effet, les vrais gardiens de notre identité melkite. « En effet, il est plus facile de préserver notre identité melkite dans nos pays d'origine que dans notre nouvelle patrie.
« Je dois exprimer ma profonde reconnaissance à nos prêtres présents en Europe, pour tout le travail qu'ils accomplissent. Ils ont toujours été des pionniers.
« De même, je dois remercier nos fidèles dans les pays d'émigration pour leur fidélité à leur identité. Merci ! Bon courage ! Surtout, je prie pour vous, afin que vous puissiez faire partager cette identité par vos enfants, par la nouvelle génération, par les jeunes qui n'ont pas eu de contacts avec l'Église-Mère dans les pays d'origine.
Comment s'y prendre? Notre Convention est l'expression de notre volonté de travailler à mettre sur pied une certaine stratégie, avec un plan et quelques jalons pour atteindre ce but. »
Les principaux jalons énoncés par Gregorios III sont :
Que les prêtres soient des prêtres missionnaires qui ne cantonnent pas à leur paroisse
Que dans chaque paroisse soient désignés des laïcs missionnaires qui vont vers les familles qui ne connaissent pas ou ne fréquentent pas la paroisse grecque-melkite catholique la plus proche
Unifier les livres liturgiques selon les traductions validées par la commission liturgique patriarcale
Dresser les listes d'adresse des fidèles et les envoyer au patriarcat pour que chacun puisse recevoir les lettres patriarcales directement
Prévoir des fiches d'inscription
Organiser des conférences régulières sur l'héritage des Eglises orientales et l'Eglise melkite en particulier
Dresser et garder disponible – si possible en ligne sur les sites internet des paroisses – une bibliographie d'ouvrages permettant à chacun de découvrir et d'approfondir l'histoire et l'identité melkite
Créer au sein de chaque paroisse une confrérie. Si possible sous le même vocable…
La journée d'études à l'Institut catholique a rassemblé une assemblée nombreuse et attentive qui a pu écouter les témoignages d'un panel de conférenciers venus d'horizon divers avec chacun une expérience et un regard différent :
« Le berger, l'usufruitier et le vendeur de souvenirs. Réflexions sur l'appartenance, l'héritage et l'affiliation ». Ramzi Geadea. Professeur universitaire de philosophie morale et directeur du C.I.C.E.R.F
« Témoignage d'un père de famille oriental en France : chrétien entre deux rives ». Farid Aractingi, président de Renault Consulting, président de l'IFACI et paroissien.
« L'Eglise melkite : origine et rôle oecuménique. Expérience d'un évêque dans la diaspora ». S.E. Mgr Issam Darwish, archevêque de Zahlé et de Fourzol, (Liban).
« Parcours d'un diocèse oriental en Europe : Défis, difficultés et visions ». S.E. Mgr Maroun Nasser Gemayel, évêque de l'éparchie Notre-Dame du Liban de Paris des Maronites. Visiteur apostolique des Maronites pour l'Europe septentrionale et occidentale.
« Les Melkites d'Egypte, d'un siècle à l'autre : enracinement et rayonnement ». Robert Sole. Journaliste et écrivain.
« Peut-on reconnaître une identité melkite à travers les interventions de Sa Béatitude Maximos IV au concile Vatican II ? » Maître François Sureau, écrivain et membre du conseil paroissial.
« L'identité melkite : une identité de tension ». Archimandrite Charbel Maalouf b.c., exarque patriarchal, cure de Saint-Julien-le-Pauvre (Paris)
Le texte intégral de l'intervention de S.B. Gregorios III est disponible sur le site internet du patriarcat http://pgc-lb.org/
La réconciliation scellée à Brih
Une cérémonie pour marquer la réconciliation et le retour des chrétiens à Brih, dans le Chouf, a eu lieu aujourd'hui samedi sous le patronage du chef de l'État Michel Sleiman, une occasion de rappeler la nécessité d'une réconciliation politique au Liban et celle de l'élection d'un nouveau président dans les délais constitutionnels.
De nombreux responsables politiques, dont le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt, ont assisté à la cérémonie en présence du patriarche maronite Béchara Raï.
La ministre des Déplacés, Alice Chaptini, avait pris le 9 mai une décision visant à évacuer les maisons occupées dans le village de Brih, l'une des dernières localités de la Montagne qui n'était pas englobée dans le processus de retour des déplacés chrétiens du Chouf, à la suite de la "guerre de la Montagne" qui avait opposé les chrétiens aux druzes au début des années 1980.
La Caisse centrale pour les déplacés avait aussi été chargée de payer les indemnités qui reviennent aux occupants, afin que les biens-fonds soient restitués à leurs propriétaires chrétiens. Le village compte quelque 25 à 30 familles chrétiennes.
"Les Libanais ont toujours été les victimes de la guerre des autres. Nos expériences passées nous ont appris à nous tenir à distance des conflits régionaux. Je réitère mon attachement à la Déclaration de Baabda pour protéger le Liban des conflits régionaux et internationaux", a déclaré M. Sleiman dans son discours pour l'occasion.
"Conformément au pacte national, j'appelle au retour au Liban et à la fin de toute ingérence dans les guerres d'autrui. J'appelle aussi à l'application des décisions du dialogue national durant lequel nous avons souligné la nécessité de poursuivre l'application de l'accord de Taëf en respectant la parité au Parlement", a-t-il ajouté.
Le chef de l'État, dont le mandat expire le 25 mai, a souligné que "seul l'État, notamment l'armée libanaise, a le monopole des armes et peut défendre la patrie".
Prenant la parole, le député Walid Joumblatt a salué le rôle national du président Sleiman.
"Nous refermons la dernière blessure de la guerre des autres sur nos terres, nous tournons une page noire de notre histoire et ouvrons celle de l'avenir, avec vous nous ouvrons une nouvelle page de la coexistence", a indiqué le leader druze.
"En ce jour, vous clôturez un mandat plein de succès, malgré tous les défis et les problèmes. Vous avez fait face aux défis pour empêcher la vacance au Liban et que le pays ne glisse vers l'anarchie", a-t-il dit, soulignant que "le centrisme permet de faire face aux divisions radicales entre les camps politiques".
M. Joumblatt a par ailleurs souligné la nécessité et l'importance de la présence chrétienne dans la région.
Le patriarche maronite a de son coté salué le retour "d'une grande importance" à Brih. "La réconciliation est la meilleure des réalisations pour clore un mandat présidentiel, nous saluons aussi les efforts de M. Joumblatt dans ce but", a affirmé Mgr Raï.
"Nous attendons que le Parlement élise un président avant le 25 mai, conformément à la Constitution. Nous appelons aussi tous les Libanais à renouveler leur volonté de coexistence. Nous voulons un président qui poursuive la route de M. Sleiman, qui sache unir les protagonistes, protéger les institutions de l'État. Un président capable de guider les réconciliations entre les politiques, et de réconcilier les responsables avec la politique", a-t-il martelé.
À cette occasion, la première pierre de deux églises a été posée.
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