OLJ- 17/5/2014-Lettre ouverte au patriarche Raï
Votre Éminence,
Fort du rôle de rassembleur que le patriarcat maronite a toujours assumé, spécialement dans les étapes délicates qui ont accompagné dans cette région du monde l'histoire des maronites en particulier et des chrétiens en général, et de sa profonde conviction, après la création de la République libanaise en 1943, de la nécessité de toujours respecter les différentes échéances constitutionnelles et de veiller à ce qu'elles se tiennent aux dates prévues, spécialement s'agissant de l'élection présidentielle, le patriarcat maronite a toujours appelé les députés chrétiens sans distinction à se présenter aux dates de convocation à l'Assemblée nationale pour choisir, selon leurs consciences, la personnalité la plus apte à remplir cette fonction de premier plan sur l'échiquier national, et ce en votant de façon effective et en respectant naturellement les choix démocratiques qui sont les leurs. Mais il a toujours été entendu que le blocage de cette élection par certains, par absentéisme ou par un refus prémédité de voter, va à l'encontre des orientations patriarcales fondamentales, et aucune interprétation pour justifier un telle attitude ne peut être tolérée car elle outrepasse les choix constitutionnels, met en danger la perduration de l'élection d'un président maronite et remet en question la solidarité interchrétienne dans son entreprise, bien que les différentes initiatives précédentes aient malheureusement échoué, et malgré la multiplicité des obstacles qui s'érigent face à lui systématiquement, chaque fois qu'il encourage le respect de la « libanisation » des choix constitutionnels.
Partant des considérations susmentionnées, je me permets de suggérer respectueusement et en toute humilité à Votre Éminence que le patriarcat maronite invite les députés chrétiens à se réunir dans les meilleurs délais possibles à Bkerké pour participer à une conférence de quarante-huit heures, à huis clos, afin de débattre exclusivement de l'échéance présidentielle. Le programme consisterait à :
1. choisir une liste exhaustive de candidats à l'élection en question (autant parmi ceux qui se déclarent candidats que parmi ceux qui pourraient être considérés comme présidentiables). Un premier tour choisirait quatre personnalités parmi celles-ci pour participer à un second tour ;
2. tenir ensuite un second tour de scrutin pour choisir deux candidats, les participants à cette conférence se prononçant ensuite, par voie de vote, sur l'une des deux alternatives suivantes :
– le maintien en lice des deux personnes élues au second tour, en leur demandant de se porter candidates officiellement à l'Assemblée nationale à la date prévue pour ladite élection ;
– le maintien uniquement de la personne qui aura obtenu le plus de voix au second tour en lui demandant de se porter candidate à la date prévue pour ladite élection.
J'espère que cette suggestion, bien que très circonscrite, aidera à dénouer les causes (du moins chrétiennes) de ce blocage institutionnel, « libanisera » véritablement l'échéance en question et perpétuera enfin le rôle historique du patriarcat maronite en tant que « conscience morale » et protecteur des valeurs démocratiques et nationales de l'entité du pays du Cèdre.
Respectueusement et filialement vôtre.
Envoyé de mon Ipad