Archevêque syrien-catholique de Mossoul, réfugié depuis plusieurs années à Qaraqosh et désormais au Kurdistan irakien, Mgr Petros Moshe est de passage en France.
Il demande à la communauté internationale de tout faire pour aider les réfugiés « et pas seulement les gouvernements ».
« Notre situation n'est ni bonne ni stable. » De passage à Paris, après avoir passé une dizaine de jours à Londres, Mgr Petros Moshe, archevêque syrien-catholique de Mossoul (Irak), a témoigné, jeudi 6 novembre, lors d'une conférence organisée par l'association Fraternité en Irak, de la dure vie de ses diocésains, réfugiés pour la plupart au Kurdistan irakien.
Il est également l'invité, vendredi 7 novembre, d'un « dîner de charité » organisé par le diocèse de Nantes, auquel 400 personnes se sont inscrites, et célébrera une messe le lendemain à 18 heures à la basilique Saint-Nicolas à Nantes.
Familles relogées
Sur le plan matériel, la situation a commencé à s'améliorer, depuis l'arrivée dans la nuit du 6 au 7 août de 120 000 réfugiés de Mossoul et des villages chrétiens de la plaine de Ninive. « Avec l'aide des bienfaiteurs », la plupart ont pu être relogés dans des bâtiments en construction clos, des tentes équipées pour l'hiver ou des préfabriqués. D'autres ont loué des maisons, mais qu'il faut aider à payer leur loyer.
Il a fallu aussi procurer aux familles « des couvertures, des vêtements, un chauffage et nous protéger de l'hiver qui est très dur au Kurdistan », a témoigné Mgr Moshe. Un sac de 70 kg d'aliments de base est fourni chaque mois aux familles. Des dispensaires ont également été ouverts, avec l'aide de médecins eux-mêmes réfugiés.
Sans salaire, sans argent
Désormais, c'est la construction d'écoles et l'emploi qui font figure de nouveaux défis. Certains réfugiés, fonctionnaires de l'État irakien, perçoivent à nouveau un salaire « mais pas tous », constate l'archevêque, et sont donc « sans salaire et sans argent dans la poche ».
L'aide de 1 million de dinars irakien (686 €) promise par le gouvernement de Bagdad n'est pas parvenue à tous. « Nous devons trouver des offres de travail pour que nos jeunes s'attachent à leur terre et ne pensent plus à l'émigration », résume Mgr Moshe, qui voit chaque jour des fidèles quitter le pays « pour l'inconnu ».
Lui-même souhaiterait lancer la construction d'un village chrétien au Kurdistan, qui permettrait à la fois de fournir du travail et des logements aux réfugiés. Mais le projet nécessite de trouver « des fonds ».
Otages des djihadistes
La vie a donc repris – 150 mariages ont été célébrés ces trois derniers mois – mais une vie difficile, marquée par les privations, le désœuvrement et l'angoisse de savoir dans quel état se trouvent villages et maisons. « Malgré mes efforts, je n'ai pas pu sauver plusieurs jeunes femmes et jeunes filles prises en otage par les djihadistes, ni la petite fille enlevée à sa mère lors de leur fuite », déplore l'archevêque de Mossoul.
Les réfugiés attendent donc impatiemment la libération de la plaine de Ninive. À ses yeux, l'opération pourrait, selon lui, prendre « trois jours ou un an : tout dépend de la manière dont les États-Unis organiseront la bataille de Mossoul ».
Inlassablement, il adresse la même demande à ceux qui l'écoutent : « Faites pression par différents moyens sur les gouvernements pour les forcer à éloigner la bataille » de la plaine de Ninive, et pour que les réfugiés puissent regagner leurs maisons, « une fois que les djihadistes de Daech en auront été chassés ».
Envoyé de mon Ipad