Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

lundi 27 avril 2015

Discours à l'UNESCO du Patriarche Cardinal Béchara Boutros Raï - Documents - La Vie

Discours à l'UNESCO du Patriarche Cardinal Béchara Boutros Raï - Documents - La Vie

Discours à l'UNESCO du Patriarche Cardinal Béchara Boutros Raï

Conférence à l'UNESCO du Patriarche Card. Béchara Boutros RAI Paris, le 25 avril 2015

Introduction

1. Je voudrais tout d'abord saluer et remercier Mme Irina Bokova, Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture et le Conseil Exécutif, ainsi que Dr Khalil Karam, Ambassadeur, Délégué permanent du Liban auprès de l'UNESCO, de m'avoir invité à donner cette conférence à l'occasion du 70ème anniversaire de cette Organisation, autour du thème : "La présence chrétienne au Moyen - Orient et son rôle dans la promotion de la culture de la paix". Je développerai ce thème en trois points :

1) Le parcours historique de la présence chrétienne bimillénaire au Moyen - Orient.
2) Ses espaces de promotion de la culture de la paix.
3) Les moyens pour sauvegarder la présence chrétienne.

I. Parcours historique de la présence bimillénaire des chrétiens au Moyen - Orient

2. C'est dans la région du Proche - Orient que Dieu a envoyé son Fils, il y a deux mille ans, afin d'accomplir le plan de salut de tout le genre humain, et où, pour la première fois, les disciples du Christ reçurent le nom de "Chrétiens" (cf. Ac 11, 19-26). Aussi, le christianisme devint rapidement un élément essentiel de la culture de la région grâce à ses grandes écoles d'Alexandrie et d'Antioche. L'essence de la culture chrétienne était et reste toujours la promotion de la paix, basée sur quatre piliers : la vérité, la justice, l'amour et la liberté (Pacem in Terris, 88).

3. La paix constantinienne avec l'Edit de Milan (315), qui a clôturé trois siècles de persécution chrétienne, a fait apparaître une Eglise complètement acculturée, se faisant araméenne avec les araméens, copte avec les coptes, grecque ou latine avec les ethnies dominantes de l'Empire romain. Elle apparaît organisée en patriarcats : Rome, Alexandrie, Constantinople, Antioche et Jérusalem. Chaque Eglise patriarcale avait son organisation en diocèses, se gouvernait par ses propres lois et tenait la communion avec les autres Eglises et celle de Rome.

4. En franchissant les frontières de Jérusalem et du peuple juif, l'Eglise a fait son premier champ d'expansion en milieu païen de la région syrienne de l'Empire Romain, où elle s'est mise au contact des cultures grecque et araméenne - syriaque. À Antioche, capitale de la province romaine d'Orient et foyer vivant d'hellénisme, s'est constituée la première communauté significative de chrétiens d'origine païenne autour de l'année 37. Alexandrie aussi était devenue, à la fin du Ier siècle le haut lieu de l'hellénisme chrétien. Ces deux villes culturelles, jusqu'au VIème siècle, rivalisaient avec Rome et Byzance. Au IIIème siècle le christianisme a gagné l'essentiel de l'Egypte, de la Palestine, de la Syrie, de la côte phénicienne (aujourd'hui littoral libanais) et de l'Asie Mineure ; il s'est étendu loin vers l'Est, au cœur de la Mésopotamie.

5. Les chrétiens du Moyen - Orient ne sont pas donc des individus épars, ni des groupes de minorités ethniques ou religieuses. Ils sont plutôt les membres de l'Eglise Universelle, appartenant à des Eglises qui ont chacune son rite propre, c'est-à-dire son patrimoine liturgique, théologique, spirituel et disciplinaire, représentant sa propre manière de vivre la foi selon sa culture, histoire et situation géo - politique.

6. Le Code de Droit Canonique des Eglises Orientales (c. 28 § 2) reconnaît cinq principaux rites orientaux issus de la Tradition des Eglises patriarcales d'Alexandrie, d'Antioche, de Constantinople, d'Arménie et de Perse. Ils sont les rites : grec, syriaque, chaldéen, alexandrin ou copte, et arménien. Eux - mêmes se subdivisent en d'autres composantes. Il s'agit pratiquement des chrétiens catholiques et orthodoxes : Coptes, Grecs, Syriaques, Maronites (tous catholiques), Chaldéens, Arméniens, en plus des Latins et des membres des communautés ecclésiales issues de la Réforme . Il s'agit donc d'une grande richesse culturelle.

7. Toutes ces Eglises et leurs riches patrimoines ont constitué, avant la parution de l'Islam au VIIème siècle et la création des Etats actuels du Moyen - Orient, la base culturelle de toute cette région. Même la Péninsule d'Arabie avait déjà accueilli elle aussi évêchés et monastères, et certaines tribus arabes se sont converties au christianisme. Donc la rencontre entre Christianisme et Islam s'est effectuée au cœur de l'Arabie dès les premières années de l'hégire. Au nord de la Péninsule, d'autres Arabes chrétiens se sont installés sur les confins désertiques séparant les deux empires perse et byzantin. La tradition veut que Mahomet, Prophète des Musulmans, ait été en contact avec les milieux chrétiens à la Mecque et Yathrib, ainsi qu'au cours de ses voyages dans le désert syrien. A la Foire d'Oqaz, il aurait écouté les sermons de l'évêque de Najran.

8. Les chrétiens du Moyen - Orient commencèrent donc leur cheminement avec les musulmans depuis 1400 ans, sous les différents Empires et époques : Omeyade (661-750), Abbasside (750-1258), Mamelouks (1250 - 1516) et Ottomane ou Turque (1516 -1918). Ils ont su préserver leur présence malgré toutes les difficultés de la vie en commun avec les musulmans, durant ces époques plutôt obscurs et très durs. Cependant ils transmettaient, dans leurs milieux et dans les espaces consentis, leur culture chrétienne de paix, de coexistence pacifique, de respect de l'autre différent, de l'ouverture aux autres cultures.

II - La présence chrétienne et ses espaces de promotion de la culture de la paix.

9. Les chrétiens ont pu reprendre avec plus de force leur rôle de promoteurs de la culture de la paix, grâce aux contacts avec l'Europe. Les premiers contacts furent durant la période des Croisades (1089-1291) où des liens se sont établis entre l'Eglise Maronite, la seule Eglise unie à Rome, après le grand schisme d'Orient (1054), et la France en la personne du Roi Saint Louis qui a ratifié ces liens par un document daté du 21 mai 1250. Ensuite par la fondation du Collège Maronite de Rome en 1584, lequel a réussi à construire un pont culturel entre l'Orient et l'Occident, et lier les deux rives nord et sud de la Méditerranée, grâce à ses érudits.

10. Les deux siècles XVI et XVII furent la période de fondation des écoles dans la Montagne Libanaise et l'arrivée au Liban et en Orient des Ordres religieux latins venus de France : Franciscains, Jésuites, Dominicains, Lazaristes et autres qui ont contribué beaucoup par leurs missions et écoles, au Liban puis en Orient, à la formation de la jeunesse à la culture de la paix dans toutes ses dimensions : spirituelle, sociale, économique et politique. À ces missions latines s'ajoutent dans la 2de moitié du XIXème siècle les missions russes orthodoxes et celles anglo-saxonnes protestantes, toujours partant de Beyrouth vers d'autres régions du Proche - Orient. Toutes ces missions de caractère culturel ont contribué à la renaissance culturelle du monde arabe et véhiculé les valeurs de la modernité. Les débuts du XVIIème siècle ont connu la fondation des Ordres religieux orientaux, organisés en vie commune, qui ont donné un grand essor à la vie et mission des chrétiens d'Orient, surtout par leurs écoles.

11. Il faut que je rappelle aussi la promotion culturelle lancée par le fameux Synode Libanais Maronite tenu en 1736 au Couvent Notre Dame de Louaizé qui a ordonné l'enseignement obligatoire et gratuit pour tous les garçons et les filles du Mont - Liban. Depuis lors fut une floraison d'écoles qui allaient toujours en progression jusqu'à nos jours non seulement au Liban mais aussi dans tous les pays du Proche - Orient, jusqu'au Golfe Arabe. Ces écoles étaient ouvertes à tous les jeunes, garçons et filles, sans aucune distinction de religion, de confession ou de race. Que des générations ont reçu et reçoivent encore la formation culturelle, humaine, spirituelle, morale, scientifique et nationale dans les écoles chrétiennes !

12. Une promotion importante de la culture de la paix est assurée par les Universités Chrétiennes et les Facultés d'Enseignement Supérieur : Catholiques, Orthodoxes et Protestantes du Liban, dont certaines furent instituées en la 2de moitié du XIXème siècle. Elles contribuent énormément à la promotion du dialogue interculturel et interreligieux. Là aussi étudiants, professeurs et parents de toute religion et confession se rencontrent, échangent réciproquement leurs valeurs et consolident la vie en commun et l'ouverture à l'autre différent.

13. Rappelons aussi le rôle des institutions sociales de l'Eglise : des diocèses et des ordres religieux, partout dans les pays du M.O., comme hôpitaux, orphelinats, centres pour handicapés et pour cas spéciaux, dispensaires, maisons de vieillards. Dans toutes ces institutions c'est la paix qui est vécue et traduite en actes et services. C'est l'Evangile de la paix qui est annoncé et témoigné et constitue une phare d'espérance pour ce Proche - Orient martyrisé par les guerres intestines.

14. Une autre contribution pour la culture de la paix est offerte par les familles à mariages mixtes, entre catholiques et non catholiques, entre chrétiens et musulmans, ainsi que par le vivre ensemble des citoyens de toute religion qui se retrouvent dans le travail, sur le marché et dans les institutions publiques.

15. Encore dans ces pays du M.O à système politique religieux, à l'exception du Liban, les chrétiens laïcs : ingénieurs, médecins, avocats, hommes d'affaires, financiers, économistes, entrepreneurs et autres, jouissent de la grande confiance des gouvernants et des citoyens, pour leurs capacités créatives et le respect des autorités locales. Ce sont des vrais promoteurs de la culture de la paix sur le plan du développement. D'ailleurs, les différents pays d'Occident reconnaissent sur ce plan les grandes possibilités des chrétiens orientaux accueillis chez eux.

16. Faisant marche en arrière dans l'histoire, nous constatons que, durant les différentes époques de l'Empire Arabe (661-1516) et sous l'Empire Ottoman ou Turc (1516 - 1916), le déclin de la civilisation arabo - musulmane allait de pair avec l'étouffement de la société chrétienne. Mais celle-ci a pu reprendre sa présence avec une plus grande efficacité. C'est pourquoi, parler d'un M.O. sans chrétiens est une chose impossible. L'on peut parler plutôt d'affaiblissement de la présence chrétienne à cause de l'exode des chrétiens. Cet exode des chrétiens de leurs pays d'origine à cause des guerres, des conflits, des crises socio-économiques et parfois des persécutions, fait perdre au Proche-Orient d'irremplaçables artisans de paix et de développement. Il fera perdre aussi aux musulmans la modération laquelle, grâce à la convivialité islamo-chrétienne, constitue jusqu'à maintenant la grande majorité chez les musulmans du Proche-Orient. Autrement l'Islam tomberait entre les mains des intégristes et fondamentalistes. Il fera perdre en plus à leurs Etats la qualité d'être, dans le siècle de globalisation, des Etats pluriculturels et pluriconfessionnels, où les chrétiens jouent le rôle de conciliateurs dans les conflits, de promoteurs d'ouverture et garants des rencontres.

III. Les moyens pour sauvegarder la présence chrétienne

17. Pour toutes les raisons susmentionnées, l'Europe et la Communauté Internationale sont appelées à veiller pour que les chrétiens restent dans leurs pays, avec les garanties nécessaires, eux qui existent en Orient depuis 2000 ans et sont des citoyens originaires et authentiques. Je propose ici les moyens aptes à créer une atmosphère de paix et de stabilité, pour pouvoir préserver la présence chrétienne au Moyen - Orient afin d' y promouvoir la culture de la paix. Ces moyens exigent des bonnes volontés.

a) Résoudre d'abord le conflit israélo - palestinien et israélo - arabe qui est à l'origine de tous les conflits et guerres qui enflamment le Moyen - Orient. Il y a déjà des Résolutions du Conseil de Sécurité à exécuter, et des Résolutions à prendre.

b) Mettre fin aux guerres en cours entre les pays sunnites et les pays shiites, en Syrie, Irak et Yémen, à travers les négociations politiques et le dialogue entre les parties en conflit. Par conséquent cesser de soutenir les belligérants en armes et en argent, et de les protéger politiquement, ainsi que les organisations terroristes. Quant à celles - ci il faut identifier les causes qui les ont provoquées et les remédier avec moins de dégât, afin d'endiguer le terrorisme et sauver la paix dans le monde. Il faut absolument aider les pays de la région à se dégager des conflits sanglants qui les consomment, peuples et civilisations.

c) Reconstruire le vivre ensemble européen et musulman sur les deux rives de la méditerranée, par un réengagement des européens sur la côte sud de la méditerranée, en remplacement de l'assistanat et de la force militaire. La méditerranée devrait devenir le pont culturel entre ces deux mondes, au lieu d'être la frontière de leur conflit. "L'union de la méditerranée", à l'initiative de la France, est le projet le plus vital pour que les chrétiens d'Orient restent sur leurs terres avec toute leur efficacité et que les européens reviennent et contribuent de nouveau au progrès et développement de l'Orient, comme ils l'ont fait dans le passé. Les chrétiens orientaux sont bien positionnés pour réaliser cette "union".

d) Déployer les forces nécessaires pour que l'Islam, aujourd'hui en éruption violente, ne se sente coincé, défié ou peu respecté et n'entre en confrontation avec l'Europe et l'Occident. Les chrétiens d'Orient et particulièrement ceux du Liban sont des collaborateurs essentiels pour cette mission si importante pour le monde.

e) Reconnaître que les chrétiens d'Orient, surtout les chrétiens du Liban, sont stratégiques pour une solution politique à long terme, une solution interculturelle intrinsèque, au lieu d'une solution militaire imposée, comme c'est le cas aujourd'hui en Palestine, Syrie, Irak et Yémen.

f) Sauvegarder le Liban et le rôle efficace des chrétiens pour garantir la marche vers la démocratie, les valeurs de la modernité et le développement dans la région. Car seul le Liban sépare entre Religion et Etat, où chrétiens et musulmans sont en pleine égalité de droits et obligations. Seulement au Liban, les chrétiens ont une présence politique respectable dans leur propre pays et dans le monde arabe. Le Liban, grâce à sa culture de convivialité, reste le seul espoir du vivre ensemble entre chrétiens, musulmans et autres. Son président chrétien Maronite de par le Pacte National est le garant de cette convivialité. Malheureusement l'élection d'un nouveau Président a été liée forcement aux issus des conflits en cours en Syrie et dans la région. Voilà qu'aujourd'hui même s'accomplissent onze mois de vacance présidentielle, due au boccage des séances parlementaires. Nous comptons sur la médiation des pays amis du Liban, et ceux qui ont une influence politique sur l'Iran et l'Arabie Saoudite, pour débloquer cette impasse parlementaire.

Conclusion

16. La paix est le don du Christ, "Prince de la paix" (Is 9 : 6). Lui-même est notre paix (Eph. 1 : 14). Elle se construit tous les jours. Elle est le fruit de la justice (Is 32 : 16) et porte un nouveau nom celui du développement (Paul VI, Populorum Progressio, n.76). Engageons - nous ensemble pour rendre à la terre du Moyen - Orient, d'où l'Evangile de la paix a été annoncé au monde, sa vocation originelle d'être le lieu de la rencontre et de la paix.

Je Vous remercie !



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Les chrétiens maronites inaugurent leur siège à Meudon - Le Parisien

Les chrétiens maronites inaugurent leur siège à Meudon - Le Parisien

Les chrétiens maronites inaugurent leur siège à Meudon

Jila Varoquier | Publié le Dimanche 26 Avril 2015, 19h52 | Mis à jour : 19h52


Meudon, dimanche. Le patriarche de l'Eglise Maronite Bechara Boutros Raï (à droite au deuxième rang) est venu inaugurer le nouveau siège national. (L.P./J.VA.)

La pluie a semé une joyeuse pagaille, ce dimanche après-midi, pour l'inauguration à Meudon du nouveau siège national de l'Église maronite, l'une des quatre Églises d'Orient, majoritaire au Liban.

Venu du Liban pour l'occasion, le patriarche maronite Bechara Boutros Raï a d'abord anticipé la cérémonie pour éviter les averses. Avant finalement de la célébrer à nouveau plus tard dans l'après-midi en raison de l'arrivée de nouveaux invités. Le tout, dans épais flou artistique : « Il ne faut pas nous en vouloir, nous sommes encore des novices », s'excuse l'un d'eux. Car cette double inauguration involontaire était à la hauteur de l'événement pour l'Église maronite. La création de cette nouvelle « éparchie » - ou circonscription – marque une petite révolution pour la communauté de 85000 membres.

« Nous avons enfin une autorité indépendante, explique un membre de la communauté. Jusqu'à présent notre prêtre en référait à l'Évêque de Paris, car nous sommes catholiques. Désormais, nous pouvons nous référer au notre. C'est une reconnaissance de notre spécificité ». « Il fallait attendre que l'Eglise se stabilise pour créer cette autorité, précise Eddy de la communauté. Or, après les grands mouvements migratoires des années 1970, nous assistons à l'arrivée de beaucoup de jeunes étudiants». Mais il le précise : «Au Liban, ça va. Les chrétiens ne sont pas persécutés comme dans d'autres pays du Moyen-orient ».

Car c'était aussi l'objectif de la tournée parisienne du patriarche de l'Église. Il y a quelques jours, à l'Unesco, il a lancé « un appel angoissé à tous les guetteurs d'aurore d'Orient et d'Occident » pour qu'ils aident les chrétiens d'Orient.

« Toutes les églises des chrétiens catholiques et orthodoxes – coptes, syriaques, maronites, chaldéens, grecs ou arméniens, ont constitué la base culturelle de toute cette région, lance-t-il. Cet exode des chrétiens fait perdre au Proche-Orient d'irremplaçables artisans de la paix et de développement ». Il en appelle à résoudre notamment le conflit israélo-palestinien ainsi que les guerres en Irak, Syrie et Yémen, pour apaiser les tensions.

Qui sont les maronites ?

La communauté maronite est l'une des quatre Eglises d'Orient. Elle emprunte son nom à «Maron», un moine qui a vécu au 5è siècle après Jésus Christ et dont les Maronites sont les disciples. Lors des conquêtes musulmanes et de la chute de Byzance, ils se réfugient au Liban. Ils y sont aujourd'hui encore la plus importante communauté chrétienne orientale. Catholiques, ils reconnaissent la papauté de Rome et le Pape François. Les maronites constituent une diaspora de trois millions de personnes dans le monde. Ils seraient près de 85 000 en France, arrivés principalement au 20e siècle. Elevés au rang «d'éparchie» - diocèse pour les Eglises d'Orient - depuis 2012, ils cherchaient depuis lors un lieu pour implanter leur siège.

Le Parisien



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dimanche 26 avril 2015

« Avant, l’Irak était une vraie mosaïque aux couleurs multiples »

« Avant, l'Irak était une vraie mosaïque aux couleurs multiples »

25/42015

« Avant, l'Irak était une vraie mosaïque aux couleurs multiples »

Des yézidis, relâchés par des membres de l'Etat islamique, à Kirkouk, le 8 avril.

Né à Mossoul en 1949, Mgr Yousif-Thomas Mirkis est entré dans l'ordre dominicain en 1975. Il a obtenu son doctorat en théologie à l'université de Strasbourg et un DEA en anthropologie à l'université de Nanterre. Entre 2003 et 2013, il a vécu les violences faites aux chrétiens à Bagdad. En 2013, il est devenu archevêque du diocèse chaldéen de Kirkouk, une ville multiethnique en Irak, et de Souleimaniyé, au Kurdistan irakien. La prise de Mossoul, le 10 juin 2014, puis l'invasion de la plaine de Ninive, dans le nord de l'Irak, le 7 août 2014, ont poussé 120 000 à 150 000 chrétiens sur le chemin de l'exode. Parmi eux, 750 familles se sont réfugiées à Kirkouk. Le Monde a rencontré Mgr Mirkis à Paris.

Quelle est la situation dans votre diocèse ?

Quand l'Etat islamique (EI) a envahi Mossoul et la vallée de Ninive, des gens ont été déplacés à Kirkouk et Souleimaniyé. Kirkouk, qui est une ville d'environ un million d'habitants, a accueilli 400 000 réfugiés de tout le pays dont des chrétiens. Mon diocèse, qui regroupe 8 000 personnes, a vu sa population doubler. Depuis août 2014, nous devons leur trouver de la nourriture, un toit, soigner les malades, trouver des écoles pour les enfants, accueillir les étudiants qui doivent compléter leurs études.

On essaie de vider les bas de laine, de faire ce que l'on peut avec le peu que nous avons. On reçoit très peu d'aide du gouvernement. L'aide vient des organisations comme la Croix-Rouge, le Croissant rouge, Caritas ou des représentants de l'ayatollah Ali Al-Sistani, le guide spirituel chiite. Chaque communauté essaie d'aider. On écrit à nos amis dans le monde pour qu'ils nous aident. Beaucoup ont répondu à l'appel. Beaucoup de bénévoles viennent. Dans notre dispensaire, 15 médecins viennent à tour de rôle. Parmi eux, 10 sont musulmans.

Y a-t-il des tensions confessionnelles à Kirkouk ?

A l'intérieur de Kirkouk, il n'y a pas de tensions confessionnelles. L'idéologie véhiculée par l'EI est rejetée par 95 % des Irakiens, qu'ils soient sunnites, chiites, turkmènes ou kurdes.

Lire aussi l'éditorial du "Monde" : En Irak, un crime contre l'histoire de l'humanité

L'EI représente-t-il encore une menace pour la ville ?

L'EI se trouve à 15 kilomètres de Kirkouk, à Hawija notamment. Il y a trois mois, il a fait une tentative de percée à Kirkouk et une attaque a été perpétrée contre le commissariat central. Les combattants kurdes irakiens, les peshmergas, sont toujours attaqués sur le front mais, depuis la bataille pour reprendre Tikrit, en mars, la ville subit moins la menace de l'EI.

Avez-vous le sentiment que les chrétiens sont une cible prioritaire après les menaces proférées par l'EI contre la communauté, parallèlement à l'exécution de chrétiens d'Erythrée et d'Ethiopie en Libye ?

Les autres minorités sont aussi des cibles : les yézidis, les chabak, les kakais… Avant, l'Irak était une vraie mosaïque aux couleurs multiples. Nos problèmes en tant que chrétiens sont moindres que pour les yézidis, par exemple, dont 1 200 femmes ont été kidnappées et faites esclaves et 700 hommes tués. Il n'y a eu en Irak que quelques chrétiens tués. Le fanatisme exclusif n'accepte pas les différences.

Lire aussi la synthèse : Le cri d'alarme du pape en faveur des chrétiens persécutés

Leur nouveau message est hollywoodien. Ils utilisent YouTube de façon sophistiquée pour l'Occident, pour terroriser les gens. C'est un peu la même méthode chez tous les terroristes qu'ils soient musulmans ou non. L'EI est composé de gens entre 20 et 25 ans, dont 5 000 Européens qui ont passé leur vie dans les banlieues ici ou ailleurs et sont imprégnés de films qui sont à la limite entre le réel et l'irréel.

Que doit faire la communauté internationale ?

Ça se résume à une chose : ne nous oubliez pas. Mais on ne peut pas s'en sortir en tant que minorité. Il faut aussi englober la majorité, qu'elle soit sunnite, chiite ou kurde. Il faut nous aider de l'extérieur : que les médias, les politiciens dénoncent les mauvaises actions car si l'alerte est donnée depuis l'extérieur, elle aura plus d'impact que si elle vient de l'intérieur.

Que faire pour les femmes vendues par Daech [acronyme arabe de l'EI] ? Même le gouvernement central ne peut rien faire. Mais, si une juridiction internationale considère que c'est un génocide, c'est déjà beaucoup. Il faut inscrire ces gens sur des listes pour que l'on puisse les poursuivre même dans vingt ans, comme on l'a fait pour les Khmers rouges. Il faut poser les jalons pour demain. Que ces gens-là ne puissent fuir nulle part. Il faut essayer de trouver qui alimente l'EI, quels sont les pays qui ont intérêt à ce que l'EI vive.

Le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius a promu aux Nations unies une résolution pour protéger les minorités persécutées. Comment peut-on protéger les minorités en Irak ?

Il ne faut pas que les minorités soient considérées comme des citoyens de seconde zone. L'idéologie islamique les met devant un mur en leur offrant la conversion, le statut de dhimmi ou l'exil. Je souhaite que la religion n'apparaisse plus sur la carte d'identité irakienne. Cela ferait sentir aux minorités qu'elles sont des citoyens à part entière. Si des mesures radicales ne sont pas prises et que l'on continue à parler des chrétiens comme d'une minorité, on risque de tomber dans un véritable cauchemar. Le mot minorité est un non-sens. On est citoyen ou on ne l'est pas.

Lire aussi : A l'ONU, l'appel de la France pour protéger les minorités au Moyen-Orient

Etes-vous favorable à l'accueil des chrétiens irakiens qui vivent en exil depuis l'été 2014 à l'étranger et en France notamment ?

Quand la France dit qu'elle accueille des réfugiés, elle accueille 1 000 chrétiens sur les 400 000 chrétiens d'Irak. Que fait-on des 399 000 autres ? Ce n'est pas une solution. C'est de la discrimination entre chrétiens et avec les autres minorités. Cette espèce de générosité ressemble davantage à de la publicité pour la France, terre d'accueil.

Il faut nous aider à trouver une solution sur place. Comme le fait l'organisation Fraternité en Irak quand elle vient nous voir pour les fêtes de Pâques avec des médicaments et des dons récoltés chez les gens. De l'argent, des prières et des gens, c'est ce que l'on attend de la France. Au lieu de devoir faire face à un nouveau Lampedusa et de déployer des efforts pour nous accueillir chez vous, où il nous faudra de toute manière plusieurs générations pour nous intégrer, aidez-nous à rester vivre dans notre beau pays.



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Chrétiens d'Orient -actualtės du 26/4/2015



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Expéditeur: Google Alerts <googlealerts-noreply@google.com>
Date: 26 avril 2015 12:02:45 UTC+3
Chrétiens d'Orient ACTUALITÉS
L'Express
Valls : « Les chrétiens d'Orient sont en train d'être éradiqués »
Le Premier ministre français Manuel Valls a estimé hier que les chrétiens d'Orient étaient « en train d'être éradiqués » et a appelé à « mettre un terme ...
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La Vie
Moyen-Orient
5. reconnaître que les chrétiens d'Orient, surtout les chrétiens du Liban, pourraient jouer « un rôle conciliateur » dans les conflits de la région « pour ...
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Nouvelles d'Arménie
A Erevan, Hollande appelle Ankara à reconnaître le génocide arménien
"C'est pourquoi il était important d'être ici, à Erevan, pour appeler à la défense de toutes les minorités et notamment des chrétiens d'Orient", a-t-il ...

L'appel angoissé du patriarche maronite le cardinal Raï - Religions - La Vie

L'appel angoissé du patriarche maronite le cardinal Raï - Religions - La Vie

L'appel angoissé du patriarche maronite le cardinal Raï

« Je viens porter ici la voix de ceux à qui on a ravi la voix; je viens attester ici de la détresse de millions de refugiés, de déplacés, d'enfants, de vieillards, de femmes et d'hommes qui ont perdu les leurs, à qui on a volé leur pays, leurs biens et détruit leur avenir; je viens témoigner ici devant vous de l'immense et indicible douleur de ceux qu'on a persécutés pour leur foi, de ceux dont on a insulté l'identité au nom de Dieu cause invoquée par d'impitoyables meurtriers; je viens crier ici la cause de ceux qui attendent la fin de la nuit et qui espèrent leur salut s'une communauté intenternationale qui tarde malheureusement à arrêter l'œuvre de mort d'assassins sans foi et sans frontières », a lancé à la tribune de l'Unesco le cardinal Raï, Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient pour les Maronites le 25 avril, devant un parterre de diplomates et de religieux. Un discours particulièrement fort où il a décrit la « situation dramatique » du Moyen Orient. La voix vibrant d'émotion, il a lancé un appel à la communauté internationale « pour arrêter les guerres, imposer le retour des déplacés dans leur région et la récupération de tous leurs biens et leurs droits ».

> Document : Le discours à l'UNESCO du Patriarche Cardinal Béchara Boutros Raï en intégralité


Dans cette allocution d'une demi-heure, le patriarche maronite a rappelé le rôle crucial de la présence chrétienne bi-millénaire au Moyen Orient, expliquant que les différentes Eglises avaient « constitué avant l'apparition de l'Islam au VIIè siècle et la création des Etats actuels du Moyen-Orient la base culturelle de toute cette région moyen-orientale. »

Ainsi, a-t-il affirmé, « l'exode actuel des chrétiens des pays d'Orient à cause des guerres, des conflits, des crises socio-économiques et des persécutions fait perdre au Proche Orient d'irremplaçables artisans de paix et de développement ». Sans compter, a-t-il ajouté, que  « cet exode affaiblira aussi le rôle des musulmans modérés qui constituent jusqu'à présent la grande majorité des musulmans du Proche-Orient » et qu'il « fera perdre en plus aux Etats arabes la qualité d'Etats pluri culturels et pluri confessionnels dans un monde globalisé où les chrétiens jouent le rôle de conciliateurs dans le conflit, de promoteurs d'ouverture et de garants de rencontre. »  

Pour sauvegarder la présence chrétienne au Moyen Orient, il a avancé 5 pistes :

1. résoudre d'abord le conflit israélo palestinien et israélo arabe « qui est à l'origine de toutes les guerres qui embrasent le Moyen-Orient », 

2. mettre fin aux guerres en cours en Syrie, en Irak et au Yemen « à travers les négociations politiques et le dialogue entre les parties en conflit; par conséquent, cesser de soutenir politiquement, financièrement et en armes les belligérants et les organisations terroristes; quant à celles-ci, il faut identifier les causes qui les ont provoquées et y remédier pour endiguer le terrorisme et sauver la paix dans le monde »,

3. reconstruire le vivre ensemble entre toutes les religions et dans tous les pays « par un réengagement universel en remplacement de l'assistanat et de la force militaire »,

4. déployer les efforts nécessaires pour que l'Islam aujourd'hui en éruption violente ne se sente marginalisé et n'entre en confrontation avec d'autres civilisations, 

5. reconnaître que les chrétiens d'Orient, surtout les chrétiens du Liban, pourraient jouer « un rôle conciliateur » dans les conflits de la région « pour une solution politique à long terme, une solution interculturelle intrinsèque au lieu d'une solution militaire imposée »,

6. protéger la formule libanaise « qui a fait ses preuves ainsi que le rôle de la communauté chrétienne afin de garantir l'évolution de la démocratie, les valeurs de la liberté et du développement dans la région car seul le Liban sépare religion et Etat où chrétiens et musulmans sont en pleine égalité de droit et d'obligation »,

« Parler d'un Moyen-Orient sans chrétiens est une chose impossible », a-t-il lancé sous les applaudissements avant de conclure sur un cri : « Du cœur de la nuit qui nous recouvre au plus sombre des ténèbres qui nous enveloppent, je lance un appel angoissé à tous les guetteurs d'aurore d'Orient comme d'Occident, d'Europe, du monde arabe et du monde entier, de la Chrétienté comme de l'Islam, pour qu'ils nous aident à faire lever l'espérance et conforter encore plus des populations abandonnées, désemparées, persécutées dans cette âpre volonté qui est la leur de ne pas se résigner au malheur.»



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samedi 25 avril 2015

Valls: «Les chrétiens d’Orient sont en train d’être éradiqués» - Libération

Valls: «Les chrétiens d'Orient sont en train d'être éradiqués» - Libération

Valls: «Les chrétiens d'Orient sont en train d'être éradiqués»

Manuel Valls salue les participants aux commémorations du 100e anniversaire du génocide arménien, le 24 avril 2015 à Paris

Manuel Valls a dénoncé vendredi le sort des chrétiens d'Orient, qui sont «en train d'être éradiqués», et a appelé à «mettre un terme à l'entreprise d'extermination conduite par Daech», notamment en Irak et en Syrie.

«La France est toujours du côté des victimes» et «les victimes aujourd'hui, ce sont aussi les chrétiens d'Orient. Là encore, nous devons nommer les choses, établir la vérité: les chrétiens d'Orient – c'est le cas aussi d'autres minorités – sont en train d'être éradiqués dans cette région à travers ce terrorisme effrayant», a déclaré le Premier ministre lors d'une cérémonie à Paris de commémoration du centenaire du génocide arménien.

«Leur sort a été évoqué au Conseil de sécurité de l'ONU pour la première fois il y a quelques semaines, à l'initiative de la France. Nous devons mettre un terme à l'entreprise d'extermination conduite par Daech» ou groupe Etat islamique (EI), a-t-il insisté.

Devant la statue du Père Komitas (1869-1935), prêtre orthodoxe et chantre arménien, le chef du gouvernement a rappelé, en présence notamment du maire PS de Paris, Anne Hidalgo, qu'il y a tout juste un siècle, «les Arméniens ont été décimés, victimes d'un crime de masse». «Et la première responsabilité, la première exigence morale, c'est de regarder ce crime en face et de l'appeler par son nom: ce crime, c'était un génocide», a-t-il dit.

«Ne pas oublier les génocides, c'est aussi tout faire pour les éviter, pendant qu'il est encore temps», a assuré Manuel Valls en appelant à «être particulièrement vigilant au sort des Arméniens de Syrie». «Une nouvelle fois, des Arméniens sont persécutés parce qu'ils sont Arméniens. Fermer les yeux serait coupable», a-t-il souligné.

«Ici, à Paris, nous entendons ainsi accélérer le mouvement en faveur de la reconnaissance du génocide en demandant la pénalisation de sa négation», a lancé Anne Hidalgo.

La première magistrate de Paris a décidé que la Tour Eiffel serait éteinte à 21h30 et durant toute la nuit, «un geste historique inédit» en faveur des victimes du génocide arménien.

Près de 10.000 personnes ont participé à ces cérémonies, selon les organisateurs et la Ville de Paris.



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1915-1918 : Jamal pacha, « le boucher », seul responsable de la grande famine au Liban ? - May MAKAREM - L'Orient-Le Jour

1915-1918 : Jamal pacha, « le boucher », seul responsable de la grande famine au Liban ? - May MAKAREM - L'Orient-Le Jour

25/4/2015-1915-1918 : Jamal pacha, « le boucher », seul responsable de la grande famine au Liban ?

Trois manifestations au campus des sciences humaines de l'Université Saint-Joseph ont marqué le centenaire de la grande famine au Liban : l'exposition de photos inédites de la collection Ibrahim Naoum Kanaan sur la grande famine de 1915 au Liban ; la signature de l'ouvrage Le peuple libanais dans la tourmente de la grande guerre 1914-1918, par Christian Taoutel et Pierre Wittouck s. j. ; et la table ronde dirigée par Carla Eddé, regroupant l'historien et avocat à la cour Youssef Mouawad ainsi que Christian Taoutel, professeur d'histoire à l'USJ, et Émile Issa el-Khoury, président de Lebanus et petit-fils d'Ibrahim Naoum Kanaan.

L'exposition, qui se déroulera jusqu'au 3 mai au campus des sciences humaines, révèle les scènes tragiques de la famine qui a sévi au Liban. Des flashs violents de mères squelettiques portant leur enfant mort ; des enfants décharnés au regard désemparé ou en sanglots devant l'agonie de leur mère, de leur père ou de leur fratrie ; des hommes affamés, désespérés, traînant les cadavres de leurs proches, ou encore un pendu à l'entrée de sa maison après avoir perdu sous ses yeux tous les membres de sa famille. Avec un courage peu ordinaire, Kanaan a capté les souffrances indicibles. Ses clichés inédits sont le témoignage unique de la grande famine et d'une population morte de faim.

Né à Beyrouth, Ibrahim Naoum Kanaan (1887-1984) est originaire du village de Abey dans le caza de Aley. En 1916, il occupait le poste de directeur principal des assistances gouvernementales au Mont-Liban. Émile Issa el-Khoury raconte qu'à la tombée de la nuit, son grand-père « Ibrahim s'emparait de sacs de farine qu'il portait lui-même sur le dos pour aller les distribuer clandestinement, mettant ainsi sa vie et sa fonction professionnelle en danger. Animé par un idéal de liberté, il forma même avec un certain nombre de collègues un mouvement secret indépendantiste qui lutta pour la fin de l'occupation ottomane. Manipulant très tôt la caméra, il l'utilisa comme arme redoutable pour retransmettre à la postérité les atrocités vécues par son peuple et dont il fut le témoin oculaire ».

« Commémorer cette étape de l'histoire est un devoir moral et une cause humaine pour que les nouvelles générations soient mieux attentives à cet événement qui pèse encore sur notre mémoire collective et individuelle », a dit à cette occasion le père Salim Daccache, recteur de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il a tenu à souligner que « la répétition de cette grande famine se fait autour de nous, dans un pays proche, comme si les régimes politiques d'hier transmettent leur hargne contre les civils abandonnés à leur sort (...) ».

Collection privée Ibrahim Naoum Kanaan – Reproduction spécialement autorisée à L'Orient-Le Jour par Mme Nayla Kanaan Issa el-Khoury propriétaire de ces photos.

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Profiteurs, accapareurs et usuriers...
Comment expliquer que le pays commémore la date du 6 mai, en souvenir des martyrs nationalistes exécutés, en 1916, par Jamal pacha et oublie ce pan de l'histoire ? s'est demandé pour sa part l'historien Youssef Mouawad. Sans mâcher ses mots, il fait observer que la famine est perçue comme « une affaire chrétienne ». « Le souvenir des chrétiens et musulmans morts sur le gibet montre l'unité du Liban, alors que cette abominable catastrophe ne concernait qu'une composante sociale. Elle était davantage une histoire sécessionniste puisque les régions les plus touchées, comme le Mont-Liban, étaient à 80 % chrétiennes, dit-il. Mais cela n'absout pas l'État libanais qui est dépositaire et garant de la mémoire nationale. »

Une étude récente publiée par la chercheuse allemande Linda Schilcher révèle que sur les 500 000 morts de faim et de malnutrition en Syrie géographique, on décompte 200 000 victimes chrétiennes dans les régions septentrionales du Mont-Liban et 15 000 druzes. « Un chiffre énorme pour une portion de territoire aussi réduite et dont la population était évaluée entre 414 000 et 496 000 habitants », souligne Youssef Mouawad, ajoutant que la population des villes a souffert de la faim mais « elle n'est pas morte de faim ». Cette situation tragique a été provoquée par un nombre de facteurs : les réquisitions systématiques des récoltes et denrées alimentaires par les troupes ottomanes ; le blocus imposé par Jamal pacha à une région dont le relief montagneux ne pouvait assurer que quatre mois de subsistance par an ; le blocus maritime des flottes alliées en Méditerranée ; le ravage des sauterelles en 1915 ; la sécheresse en 1916 et le rôle de certains Libanais, « profiteurs, accapareurs et usuriers, qui n'ont pas hésité à tirer profit de la situation pour s'enrichir, contribuant ainsi à l'aggravation de la famine ». Sans oublier les épidémies comme le typhus, le choléra ou la typhoïde entre 1914 et 1916.

L'historien et avocat a, d'autre part, rejeté l'utilisation du terme « génocide » ainsi que la déclaration du ministre turc de la Guerre Enver pacha qui a dit en 1916 : « Le gouvernement ne pourra regagner sa liberté et son honneur que lorsque l'Empire ottoman aura été nettoyé des Arméniens et des Libanais. Nous avons détruit les premiers par le glaive, nous détruirons les seconds par la faim. » « Pour moi, ce n'est pas le cas. Pour qu'il y ait un génocide, il faut une intention d'éradiquer une population. Or l'intention, dans ce cas précis, n'a pas pu être établie. Ces propos sont apocryphes. Les Ottomans étaient ravis que les chrétiens disparaissent, mais ils n'ont pas procédé à leur élimination de manière systématique », note-t-il.

Prenant à son tour la parole, Christian Taoutel a mis l'accent sur l'importance des archives des pères jésuites qui « dévoilent et brisent un douteux silence et étonnant oubli de cette période si dramatique de l'histoire du Liban ». Il livre quelques passages des fameux « diaires » (le journal) des pères jésuites. En septembre 1916, de Ghazir, P. Angélil écrit : « Rien ne perce plus profondément le cœur d'un missionnaire impuissant à secourir la misère et condamné à voir tant de calamités. La mort lui est plus souhaitable. » Dans son diaire du 28 juin 1915, le père Mattern consigne : « Dégâts immenses des sauterelles au Liban. Famine. Il n'y a plus de blé à Beyrouth. Taanaïl et Ksara, ravagés par les sauterelles... » Dans une lettre de mai 1915, le P. Ronzevalle écrit que l'attitude de Jamal pacha (dit al-saffah) serait devenue tout à fait hostile aux chrétiens et aux francophiles. Il ajoute : « On ne peut plus y tenir, on y meurt littéralement de faim. À Achkout, en deux mois, on a vu mourir de faim 97 habitants sur 450 qu'ils sont. Beaucoup d'autres villages ont perdu le quart, le tiers et même la moitié de leurs habitants. » Le 31 décembre 1916, sur la dernière page de son diaire, le P. Angélil souligne : « On veut nous faire périr doucement, sans bruit, ni sang. » Pour conclure, Christian Taoutel a rendu hommage au P. Alex Bassili et au P. Sélim Abou « sans lesquels ces archives seraient restées muettes ».

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Karékine II à « L’Orient-Le Jour » : L’intention génocidaire a commencé au XIXe siècle - Propos recueillis par Fady NOUN - L'Orient-Le Jour

Karékine II à « L'Orient-Le Jour » : L'intention génocidaire a commencé au XIXe siècle - Propos recueillis par Fady NOUN - L'Orient-Le Jour

25/4/2015

Karékine II à « L'Orient-Le Jour » : L'intention génocidaire a commencé au XIXe siècle 

L'Orient-Le Jour : Votre Sainteté, l'Arménie commémore le centenaire du génocide, mais il est communément admis que l'intention génocidaire remonte à plus loin. Est-ce bien exact ?
Karékine II : Effectivement. En tant qu'événement historique le génocide des Arméniens va des années 1890 (les massacres hamidiens) jusqu'à 1923. Ce processus a atteint son paroxysme en 1915, dans le cadre de la politique officielle de l'Empire ottoman et du gouvernement Jeune-Turc. À la lumière de l'analyse historique, la commémoration du centenaire comprend donc la date concrète du 24 avril 1915, ainsi que l'intention génocidaire qui a commencé à se manifester à la fin du XIXe siècle et qui, sous la forme de la politique de négationnisme, se poursuit jusqu'à nos jours.

Sur le plan pastoral, en tant que peuple, quelle place faites-vous au pardon à l'égard de ceux qui ont perpétré ce génocide ?
Le pardon est un commandement de Dieu, mais il concerne d'avantage celui qui le demande. Le pardon n'est donc pas en soi-même un but; il doit plutôt servir à la création de valeurs spirituelles. Enfin, d'après la morale chrétienne, la rancune n'est-elle pas aux sources de toute la tragédie humaine ? Il s'ensuit donc que la rancune sans pardon se transforme, au fur et à mesure, en autopunition.

Depuis l'instauration de la République d'Arménie, vous n'êtes plus un peuple errant. Qu'est-ce que ça change dans votre vision du monde ? Dans votre identité ecclésiale ?
Au cours des siècles, en l'absence d'un État indépendant, l'Église était la seule institution nationale arménienne qui pouvait assumer la mission de guide du peuple arménien. C'est avec cette même conscience de l'identité nationale que l'Église apostolique arménienne apporte son concours à la République d'Arménie dans toutes les initiatives nationales.

Mais l'Église arménienne se veut une Église–nation. Comment qualifier les rapports entre l'État et l'Église en Arménie ? On dit que le président arménien ne prend aucune décision importante sans vous consulter d'abord.
En ce qui concerne la dernière partie de votre question, c'est de la pure médisance. Cela dit, nos relations avec le président de la République sont toujours chaleureuses et constructives, et portent sur le développement de la vie de notre peuple en général. Comme nous l'avons déjà mentionné, l'Église arménienne a été la seule institution nationale qui, malgré les vicissitudes et les défis de l'histoire nationale, a continué d'exercer sans cesse sa mission dans la vie du peuple arménien, tout en caressant le rêve de l'instauration d'un État libre et indépendant. Maintenant que l'Arménie libre et indépendante est devenue réalité, il existe une collaboration fructueuse entre l'Église et l'État.
Pour la régulation de cette collaboration, l'Église et l'État ont signé deux accords de coopération dans l'armée et les écoles publiques. Ainsi, une aumônerie existe désormais dans l'armée de la République d'Arménie, et l'histoire de l'Église arménienne est enseignée dans toutes les écoles publiques d'Arménie.
En outre, grâce à un référendum organisé le 25 novembre 2005, l'Église arménienne a été officiellement reconnue comme Église nationale et sa mission exceptionnelle dans la vie spirituelle, culturelle et nationale a été officiellement enregistrée. Cette réforme constitutionnelle très appréciée a permis l'adoption d'une loi spéciale qui régularise les relations de l'Église et de l'État, reflétant l'activité de l'Église dans les différentes sphères publiques.

Quelle est la contribution du catholicosat à la mobilisation marquant le centenaire du génocide ?
Par la sanctification des victimes du génocide arménien ce 23 avril, nous reconnaissons leur martyre et les associons aux autres saints et martyrs de l'Église arménienne. C'est l'un des signes les plus importants de la mobilisation nationale. Sur un plan général, l'Église arménienne est favorable à l'établissement de la vérité. N'oublions pas les milliers d'églises et de monastères vandalisés dont l'état reste toujours déplorable, de clergés martyrisés, un énorme héritage culturel et spirituel violemment pillé et détruit. L'Église arménienne s'est donné pour tâche de partager le destin de son peuple. La victoire de la vérité et de la justice bénéficieront aussi bien aux Arméniens qu'à toute l'humanité.

(Lire aussi : "Nous sommes partis exactement comme nos ancêtres... sans rien")

Quelles relations entretenez-vous avec le catholicosat d'Antélias ? Avec l'Église catholique ? Avec le patriarcat arménien-catholique ?
Aujourd'hui, l'on peut se réjouir du fait que les intentions qui pouvaient jeter de l'ombre sur les relations entre le catholicosat de tous les Arméniens et le catholicosat de la Grande Maison de Cilicie ne sont plus actuelles. Les événements de 1952-56 qui ont eu pour conséquence de ralentir, voire geler nos relations, étaient surtout dus à la situation géopolitique de l'époque. Ce fait a naturellement influencé la vie nationale dans la diaspora arménienne et a fini par ébranler l'esprit d'union et de solidarité nationale.
Nous rendons grâce à Dieu qu'avec l'indépendance de la République d'Arménie nos relations sont entrées dans une nouvelle phase. Nous avons créé, avec notre cher frère spirituel Aram Ier, les comités conjoints pour la sanctification des victimes du génocide, et pour les questions liturgiques et canoniques. Le résultat du travail de ces trois comités conjoints est aujourd'hui visible, et nous sommes pleins d'espoir de pouvoir ensemble relever tous les défis auxquels nous avons à faire face de par notre héritage commun.
En ce qui concerne les relations entre l'Église arménienne et l'Église catholique, elles sont plus chaleureuses et fraternelles que par le passé, et se manifestent par des visites mutuelles et différents projets et événements éducatifs et humanitaires. L'initiative de SS le pape François de célébrer la messe dans la basilique papale Saint-Pierre au Vatican, en commémoration du centenaire du génocide arménien, a été hautement appréciée. C'est notre conviction que la déclaration du pape François qualifiant le Mec'etern (grand désastre) de « premier génocide » du XXe siècle, contribuera grandement au processus de reconnaissance et de condamnation des génocides dans le monde.
Dans nos relations bilatérales, les droits de l'homme occupent une place importante, ainsi que la situation actuelle au Proche-Orient. Enfin, nos relations se développent aussi sur le plan théologique, parallèlement au dialogue théologique entre l'Église catholique et les Églises orthodoxes orientales.
Nos relations avec l'Église catholique arménienne, quant à elles, peuvent êtres qualifiées de fraternelles. L'Église apostolique arménienne salue toujours toutes les initiatives de l'Église catholique arménienne qui contribuent au développement spirituel et à la mobilisation nationale de notre peuple et de notre pays.

Existe-t-il un dialogue avec la Turquie et l'Azerbaïdjan, notamment sur la province du Karabakh ?
La question concernant la République indépendante d'Artsakh (Nagorny-Karabakh) devrait plutôt être adressée aux politiciens. Nous pouvons seulement constater qu'il n'y a et ne pourra y avoir aucun dialogue entre la Turquie et la République d'Arménie.
Avec l'Azerbaïdjan, le dialogue se poursuit depuis deux décennies. Toutefois, la situation actuelle sur la frontière arméno-azérie est triste et regrettable. La présence de tireurs d'élites, d'opérations militaires spéciales de diversion, de bombardements de villages et de déclarations favorables à une solution militaire du gouvernement azéri créent une tension. En conséquence, des soldats et des militaires innocents tombent. Mais il n'y a pas d'alternative à la paix. L'Église apostolique arménienne reste toujours ferme sur le droit des Arméniens du Karabakh à une vie libre. Mais en même temps, nous continuons à participer aux différents programmes et projets favorables à une solution diplomatique et non militaire du conflit. Les chefs spirituels de l'Église apostolique arménienne se sont exprimés à plusieurs reprises en faveur de la demande légitime des Arméniens du Karabakh lors de rencontres multilatérales des chefs spirituels du Caucase du Sud, soulignant l'importance absolue d'une solution non militaire du conflit.

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Les Arméniens du Liban fortement mobilisés pour la commémoration du génocide - L'Orient-Le Jour

Les Arméniens du Liban fortement mobilisés pour la commémoration du génocide - L'Orient-Le Jour

24/4/2015

Les Arméniens du Liban fortement mobilisés pour la commémoration du génocide

A midi tapante, des milliers de personnes réunies au catholicossat d'Antélias, drapeaux libanais et arménien en main, ont débuté leur marche pour la commémoration du génocide arménien.  

C'est une fanfare qui leur a ouvert la voie sur l'autoroute d'Antélias jusqu'à Bourj Hammoud. Derrière, se tenaient des politiciens, des scouts, des Arméniens de tous les âges, venus de Tripoli, d'Achrafieh, de Bourj Hammoud avec leurs familles et même des nouveaux-nés.

Pour cette marche marquant le centenaire du génocide, un important dispositif sécuritaire a été mis en place et l'autoroute en direction de Beyrouth a été fermée. Une fois n'est pas coutume, le pont de Dora était noir de monde plutôt que de voitures. Des petits commerces et des balcons des immeubles qui donnent sur l'autoroute, les gens sont sortis pour applaudir. 

Chaké, la cinquantaine, est venue accompagnée de son mari Marc. "Nous sommes heureux parce que nous avons un million et demi de saints au paradis", déclare-t-elle, affirmant marcher ces "quelques centaines de mètres heureuse" et en la mémoire "de tous les Arméniens qui ont fui et marché dans le désert durant des jours". Jeudi soir, l'Église arménienne a canonisé les 1,5 million de morts, tués de manière systématique entre 1915 et 1917. Il s'agit de la plus importante canonisation en nombre jamais décidée par une Église chrétienne.

Photo Anne-Marie el-Hage

Un groupe de dames, les drapeaux libanais et arménien en main, déclarent : "nous sommes d'abord Libanais mais aussi arméniennes d'origine. Notre pays est le Liban et nous sommes heureux de pouvoir nous y exprimer librement".

Nombreux parmi les présents portent des pancartes invitant les autorités turques à reconnaitre le génocide. On peut y lire : "Nous n'oublierons jamais" et "La vérité va triompher".  La Turquie a toujours refusé d'admettre le génocide ou toute élimination planifiée, évoquant la mort d'environ 500 000 Arméniens (contre 1,5 million selon l'Arménie) -qui s'étaient rangés pendant la Première guerre mondiale du côté de son ennemie la Russie- lors de combats ou à cause de la famine.

Photo Anne-Marie el-Hage

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Envoyé de mon Ipad 

vendredi 24 avril 2015

À la recherche d’une citoyenneté inclusive, par-delà les génocides - Fady NOUN - L'Orient-Le Jour

À la recherche d'une citoyenneté inclusive, par-delà les génocides - Fady NOUN - L'Orient-Le Jour

À la recherche d'une citoyenneté inclusive, par-delà les génocides

Le mot « compatriote » n'existe malheureusement pas en arabe. Et ceux qui, comme la Jamaa islamiya (branche libanaise des Frères musulmans), ont protesté contre la décision du ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, Élias Bou Saab, de fermer les écoles, aujourd'hui, pour commémorer le centenaire du génocide des Arméniens, en 1915, doivent encore lui en trouver l'équivalent. Un effort auquel la Fondation Adyan consacre à partir de ce soir un colloque, dans le souci de voir émerger une citoyenneté qui inclut et valorise les différences culturelles et religieuses, loin de toute « intégration » qui les nivellerait, comme l'on fait les régimes autoritaires arabes tout au long de ce « siècle pour rien » (dixit Ghassan Tuéni) que fut le XXe siècle, inauguré par un génocide.

Dans le communiqué de protestation publié à cette occasion, la Jamaa islamiya a apprécié la décision de la Turquie « d'étudier scientifiquement et objectivement les incidents objets du litige ». Des « incidents » que le peuple arménien a vécus dans sa chair, et que plus d'une vingtaine d'États et de Parlements, l'Église catholique et même, hier depuis Erevan, le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, n'hésitent plus à appeler par leur nom : un génocide.
Selon la définition du droit international, rappelle l'un de nos lecteurs, « le génocide ne signifie pas nécessairement la destruction immédiate d'une nation ou d'un groupe national (...) Il vise aussi un plan coordonné d'actions différentes ayant pour but la destruction des bases essentielles de la vie d'un groupe national ».
La Jamaa islamiya n'a pas été le seul parti à protester contre la décision de M. Bou Saab et à décider que ses écoles resteront ouvertes aujourd'hui. Des groupes sunnites à Tripoli et ailleurs l'on imité. Ils restent minoritaires.
En revanche, Walid Joumblatt n'a pas hésité à participer à une cérémonie organisée au Collège Haïgazian pour l'occasion et à déposer un bouquet de roses rouges sur une stèle commémorative. Une gigantesque cérémonie s'est également tenue à l'intérieur du stade Michel Murr.

De leur côté, les ministres Michel Pharaon et Rony Araïgi ont pris la parole au cours d'une soirée du souvenir organisée au siège du patriarcat des arméniens-catholiques, à Achrafieh. « Persister à nier le génocide n'augure rien de bon, au regard des crimes qui se commettent dans la région, a dit M. Pharaon à cette occasion. (...) Une reconnaissance ouvrirait la voie à l'établissement de liens solides qui ne seraient pas bâtis sur les seuls intérêts communs. »
De son côté, le député Nadim Gemayel a rendu un vibrant hommage au peuple arménien qui est parvenu « à s'engager dans la vie sociale et politique des pays qui l'ont accueilli et d'en faire de véritable patries, sans pour autant renoncer à ses racines ni oublier la terre ancestrale. Nous pouvons partager l'amertume ressentie à la catastrophe parce que nous-mêmes y avons goûté, de 1914 à aujourd'hui », a ajouté M. Gemayel, qui a demandé le rétablissement de la fête nationale des Martyrs, le 6 mai, qui commémore la pendaison sur les ordres de Jamal pacha, de patriotes libanais.

Le Parti syrien national social, emboîtant le pas au régime syrien, a également condamné le génocide des Arméniens. Une condamnation qui s'inscrit dans le cadre de l'idéologie de l'alliance des minorités, qui refait surface à l'occasion, selon des observateurs. Ces derniers ne manquent pas de déplorer que la frénésie des massacres semble s'être emparée de plus d'un régime arabe, et de dénoncer « la récupération » de la reconnaissance du génocide et son instrumentalisation.

Sur le plan officiel, fidèle à la « distanciation » qu'il s'est imposée vis-à-vis des axes régionaux, le gouvernement a dépêché en Arménie les ministres Gebran Bassil et Élias Bou Saab, ainsi que le député Arthur Nazarian, pour participer aux cérémonies commémorant le génocide, tandis qu'il déléguait en Turquie les ministres Achraf Rifi et Samir Mokbel pour assister au centenaire de la bataille de Gallipoli, qu'Ankara a « inventé » pour faire diversion.
La commémoration du génocide arménien sera marquée aujourd'hui par une marche entre le catholicossat d'Antelias et le stade de Bourj Hammoud organisée par les partis arméniens.

Cette actualité a relégué momentanément au second plan, sans les occulter, les dilemmes constitutionnels qui marquent la vie politique, et notamment celui d'un Parlement qui ne parvient pas à se réunir, tant qu'un chef de l'État n'est pas élu, et d'un Conseil des ministres que Michel Aoun menace de boycotter si ses caprices ne sont pas passés.



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ASIE/TURQUIE - Début de la grève de la faim pour demander la reconnaissance du Génocide arménien



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Début du message transféré :

Expéditeur: Fides News Fr <fidesnews-fr@fides.org>
Date: 24 avril 2015 13:50:11 UTC+3

ASIE/TURQUIE - Début de la grève de la faim pour demander la reconnaissance du Génocide arménien

Istanbul (Agence Fides) – Les chrétiens syriens, assyriens et chaldéens de Midyat, dans la province turque de Mardin, ont entamé une grève de la faim dans le but de donner une importance publique au centenaire des massacres qui décimèrent également en 1915, en Anatolie, les communautés chrétiennes syriennes, assyriennes et chaldéennes, outre les communautés arméniennes. De cette manière, les communautés chrétiennes orientales syriaques demandent à ce que soient également reconnues, outre le Génocide arménien, les atrocités du Génocide assyrien, connu au travers de l'expression en langue syriaque Seyfo (« épée »), qui provoquèrent, selon de sérieuses recherches historiques, plusieurs centaines de milliers de morts. La grève de la faim se poursuivra jusqu'à la fin du mois d'avril et durera 100 heures, pour rappeler les 100 ans passés depuis ces événements tragiques.
Entre temps, ainsi que l'indiquent des sources turques consultées par l'Agence Fides, le Vicaire patriarcal arménien, Aram Ateshian, du Patriarcat arménien de Constantinople, a fait part de sa satisfaction suite au message de condoléances adressé récemment par le bureau du Premier Ministre turc, Ahmet Davutoglu, aux descendants des arméniens morts « durant la déportation de 1915 ». Selon le Vicaire patriarcal – chargé de remplir les fonctions du Patriarche Mesrob II, affecté par un mal inguérissable – le message envoyé par le Premier Ministre est comme « un rameau d'olivier » offert par les gouvernants turcs aux arméniens. Le gouvernement turc avait déjà confirmé la présence de ses représentants à la Messe de suffrage pour les victimes du Grand Mal prévue ce jour à Istanbul en l'église du Patriarcat arménien. (GV) (Agence Fides 24/04/2015)

Moyen-Orient : sauver ne serait-ce qu'une seule personne de la persécution Plaidoyer du Saint-Siège à l'ONU



Envoyé de mon Ipad 

Début du message transféré :

Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 23 avril 2015 21:18:52 UTC+3
Moyen-Orient : sauver ne serait-ce qu'une seule personne de la persécution
Plaidoyer du Saint-Siège à l'ONU

Mgr Bernardito Auza

ROME, 23 avril 2015 (Zenit.org) - « Toute action pour sauver ne serait-ce qu'une seule personne de la persécution et de toute forme d'atrocité n'est pas seulement opportune mais urgente » : c'est l'appel du Saint-Siège pour le Moyen-Orient.

Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies, est intervenu lors du débat ouvert du Conseil de sécurité sur le « Moyen-Orient, y compris la question palestinienne », le 21 avril 2015.

« Regarder dans un silence complice les horreurs de nos frères humains persécutés, exilés, tués, brûlés et décapités, uniquement parce qu'ils professent une foi différente ou parce qu'ils appartiennent à un groupe minoritaire, ne peut jamais être une option », a-t-il déclaré.

Il a appelé notamment à la reprise des négociations entre Israël et la Palestine, à la stabilisation politique du Liban. Pour la Syrie, il a demandé d'agir contre « l'immense désastre humanitaire qu'un siège ou une bataille à Alep provoquera à coup sûr ».

A.K.

Discours de Mgr Auza devant le Conseil de Sécurité

Ma délégation désire exprimer sa profonde gratitude pour la décision de la présidence jordanienne ce mois-ci, de tenir un débat ouvert sur le « Moyen-Orient, y compris la question palestinienne ».

Le Saint-Siège est profondément préoccupé par l'absence totale de progrès des négociations entre la Palestine et Israël. Il est difficile de ne pas partager la frustration exprimée par celui qui était alors le coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Robert Serry, lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité du 27 mars dernier.

Comme il a été reconnu à cette occasion, Israël a des préoccupations réelles et légitimes pour sa sécurité ; toutefois, cette sécurité ne sera pas assurée en s'isolant de ses voisins, mais en faisant partie de ceux-ci à travers une paix négociée avec les Palestiniens à travers l'application de la « Solution de deux États », qui a le soutien du Saint-Siège et de la communauté internationale en général. Le Saint-Siège joint sa voix une fois encore à celle de tous les peuples de paix pour appeler à des négociations sérieuses et concrètes qui renforceront le processus de paix.

Le Saint-Siège ne cesse pas d'encourager les dirigeants du Liban à résoudre l'impasse qui empêche l'élection du président depuis mai 2014, en laissant de côté les intérêts politiques étroits pour le plus grand bien d'un Liban unifié.

Ce vide institutionnel rend la nation plus vulnérable et fragile face à la situation générale au Moyen-Orient. La communauté internationale doit soutenir le Liban par tous les moyens pour qu'il retrouve une normalité et une stabilité institutionnelles. Elle doit aussi aider à s'occuper du très grand nombre de réfugiés sur son territoire, provoquant une situation qui risque de voir des infiltrations extrémistes parmi les malheureux réfugiés.

Le conflit en Syrie, comme l'a défini Valerie Amos dans son exposé au Conseil de sécurité le 26 mars dernier, a atteint des « niveaux de sauvagerie inouïs ». La destruction aveugle des infrastructures de base, comme les installations d'eau et d'électricité, les hôpitaux et les écoles, aggrave le sort des civils chaque jour davantage. La chute d'Idlib, à seulement 37 miles au sud-ouest d'Alep, a semé la panique parmi la population de plus d'un million de personnes à Alep. Les groupes minoritaires ethniques et religieux sont particulièrement angoissés. Le Saint-Siège demande à la communauté internationale d'empêcher l'immense désastre humanitaire qu'un siège ou une bataille à Alep provoquera à coup sûr. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher une nouvelle violation flagrante du droit humanitaire international et des droits humains fondamentaux.

Le Saint-Siège réitère, dans les termes les plus forts, sa condamnation de toutes les attaques et des abus basés sur des motifs ethniques, religieux, raciaux ou autres. Il souhaite rappeler une fois encore que la disparition du Moyen-Orient des groupes minoritaires ethniques et religieux ne serait pas seulement une tragédie religieuse, mais la perte d'un riche patrimoine qui a tant apporté aux sociétés auxquelles ils appartiennent. Le fait que ces groupes soient menacés d'extinction est cause d'angoisse et de douleur insondables.

Le mois dernier à Genève, devant le Conseil des droits humains des Nations Unies, soixante-cinq pays ont signé une Déclaration de soutien des droits humains des chrétiens et des autres communautés, en particulier au Moyen-Orient. Cette déclaration attire l'attention sur le fait que l'instabilité et le conflit au Moyen-Orient menacent sérieusement l'existence même de nombreuses communautés religieuses, en particulier les chrétiens. Il demande à tous les États de se réunir pour remédier à cette situation alarmante.

Lorsque nous évoquons ceux qui ont déjà perdu la vie, ou ceux qui ont déjà été chassés de leur maison et même de leur pays, toute action arriverait déjà trop tard. Mais à partir de maintenant, toute action pour sauver ne serait-ce qu'une seule personne de la persécution et de toute forme d'atrocité n'est pas seulement opportune mais urgente.

Le pape François demande à la communauté internationale de « ne pas rester muette et inerte devant un crime aussi inacceptable » et de « ne pas fermer les yeux sur tout cela ». Regarder dans un silence complice les horreurs de nos frères humains persécutés, exilés, tués, brûlés et décapités, uniquement parce qu'ils professent une foi différente ou parce qu'ils appartiennent à un groupe minoritaire, ne peut jamais être une option.

Traduction de Zenit, Constance Roques