Exclusif: l'appel d'Eric Ciotti et Bruno Retailleau en faveur d'une coalition élargie contre Daech
FIGAROVOX/TRIBUNE - Ce 15 août, jour de la fête de l'Assomption, ont résonné à midi les cloches de France dans une cinquantaine de diocèses, en soutien aux Chrétiens d'Orient. Bruno Retailleau et Eric Ciotti appellent à la mobilisation pour éviter que ces populations ne disparaissent, notamment en incluant au sein de la coalition déjà existante la Russie et l'Iran.
Bruno Retailleau est sénateur de la Vendée, et président du groupe Les Républicains au Sénat.
Eric Ciotti est député et président du conseil départemental (LR) des Alpes maritimes et Secrétaire général adjoint des Républicains.
Aujourd'hui, dans tous le pays, les cloches des églises de France sonnent pour les Chrétiens d'Orient. Partout, dans nos villes et nos villages, des milliers de Français tournent leurs regards vers celles et ceux qui, tant de fois dans l'histoire, ont tourné leur espoir vers la France.
Car cet appel à la solidarité des fidèles Français est aussi un appel à la fidélité pour la France. Un appel qui doit résonner dans le cœur de chaque Français, qu'il soit pratiquant ou non, croyant ou non. C'est la fidélité au passé tout d'abord, à ces liens multiséculaires qui depuis Saint Louis unissent notre pays aux Chrétiens d'Orient, et dont le Général de Gaulle dira, sept siècles plus tard, qu' «ils sont aujourd'hui aussi présents que jamais à l'esprit et au cœur de nos compatriotes». Mais c'est la fidélité à l'avenir également, à celui de cet Orient fracturé que les barbares de l'Etat islamique veulent transformer en un gigantesque camp de la mort pour les «nazaréens» de toutes les nations arabes: aujourd'hui, ceux d'Irak et de Syrie, mais demain, peut-être, ceux du Liban, des territoires palestiniens ou même d'Egypte. Car nous devons regarder les choses en face: si nous ne parvenons pas dans les mois et les années qui viennent à stopper la contagion du virus islamiste, à enrayer l'expansion de ce troisième totalitarisme, c'est la présence même des Chrétiens en Orient qui sera remise en cause.
Il faut donc déclarer l'état d'urgence pour les Chrétiens d'Orient. Le Gouvernement semble l'avoir enfin compris avec l'organisation de cette conférence internationale le 8 septembre prochain à Paris, et nous nous en félicitons. Une conférence que nous demandions notamment avec François Fillon depuis plus d'un an, depuis les premiers massacres de masse organisés par l'Etat islamique en Irak et le début de l'exode massif des populations chrétiennes, dans des conditions souvent indescriptibles qui malheureusement perdurent encore aujourd'hui. Cette conférence doit donc apporter de nouvelles réponses humanitaires, et même judiciaires comme le souhaite le Ministre des Affaires Etrangères. Mais pas seulement. Il faut également une nouvelle réponse militaire.
Car l'incapacité de l'actuelle coalition à éradiquer les forces de l'Etat islamique, l'implantation et la détermination des combattants de Daech, démontrent clairement la nécessité d'une nouvelle stratégie et même d'une nouvelle coalition intégrant des puissances disposant de nombreuses clés pour déverrouiller la situation en Irak et en Syrie, en particulier la Russie et l'Iran. Cette coalition élargie pourrait également faire intervenir des troupes au sol, issues des pays de la région pour ne pas répéter le fiasco américain de 2003 et ne pas alimenter le discours des djihadistes sur le choc des religions ou des civilisations. Car le Moyen Orient n'est pas réductible à l'islam, pas plus qu'il ne doit devenir l'otage des islamistes. Les communautés chrétiennes, bien que minoritaires, sont présentes depuis plus de 2000 ans en Orient. Elles ont des droits historiques sur ces terres d'Irak et de Syrie qu'elles sont contraintes de fuir aujourd'hui. Défendre ces droits, c'est le devoir de la France. Le nôtre, celui que nous devons porter pour que là-bas aussi, dans cet Orient que nous aimons autant qu'il nous inquiète, les cloches continuent de sonner.
Joseph T Khoreich