ASIE/SYRIE - Réaction de l'Archevêque d'Hassaké Nisibi à propos de déclarations de hauts responsables du Patriarcat de Moscou
Hassakè (Agence Fides) – « J'ai entendu dire que de hauts responsables du Patriarcat de Moscou ont béni les opérations militaires russes contre les milices djihadistes opérant en Syrie comme une « guerre sainte ». Je tiens à dire clairement qu'il s'agit d'une manière insensée de définir ce qui se passe actuellement en Syrie et que, pour nous, ces paroles peuvent avoir des conséquences dévastatrices ». C'est ainsi que s'exprime, dans le cadre d'une conversation avec l'Agence Fides, S.Exc. Mgr Jacques Behnan Hindo, Archevêque d'Hassaké-Nisibi, à propos des formules utilisées par des ecclésiastiques « qui ne vivent pas au Proche-Orient et souvent appliquent des clefs de lecture politiques ou idéologiques aux souffrances des chrétiens de la région ».
Selon l'Archevêque syro-catholique, fournir des justifications religieuses aux interventions militaires contre les djihadistes est incorrect et trompeur pour plus d'un motif : « Ce sont justement les djihadistes qui parlent de guerre sainte – fait remarquer Mgr Hindo. Si nous aussi utilisons ces mêmes mots, quelle est la différence entre nous et eux ? Par de semblables expressions, on finit par confirmer leur idéologie sanguinaire. Si vraiment est en cours une guerre sainte, ils pourront mieux justifier toutes les infamies y compris contre des chrétiens du cru, en les persécutant comme des cinquièmes colonnes de l'ennemi qui les attaque ». En revanche, selon l'Archevêque syro-catholique, « il faut réaffirmer que la guerre est toujours un péché et que par suite il ne peut exister de guerre sainte. Il convient de conserver toujours clairement à l'esprit que les djihadistes ne sont pas seulement contre les chrétiens mais qu'ils sont contre tous, à commencer par les musulmans qui ne se soumettent pas à leur idéologie et à leur domination ».
Le recours à la catégorie de la guerre sainte risque de fournir des confirmations aux stéréotypes djihadistes qui qualifient les occidentaux de croisés, au travers d'une identification qui est elle aussi trompeuse selon l'Archevêque syro-catholique. « Ce sont les orientalistes occidentaux qui ont inventé le mot Croisade. Jusqu'à deux siècles en arrière, dans les livres d'histoire arabes, les interventions occidentales du Moyen Age au Proche-Orient étaient qualifiées de Guerres des Francs ». (GV) (Agence Fides 13/10/2015)
Messe à Hadeth en mémoire des pères Cherfane et Abi Khalil
Pour le 25e anniversaire de la disparition des pères Albert Cherfane et Sleiman Abi Khalil, à la suite de l'offensive syrienne du 13 octobre 1990, le supérieur général de l'Ordre des moines antonins, le père David Raaydi, a cocélébré une messe au couvent Saint-Antoine de Hadeth, avec le supérieur du couvent, Georges Sadaka, et les pères Raymond Hachem et Boutros Azar.
Ont assisté à l'office divin l'archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, représentant le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, le député Hikmat Dib, l'ancien ministre Fadi Karam et M. Majid Ayli, représentant respectivement les chefs du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, des Forces libanaises, Samir Geagea, et des Kataëb, Samy Gemayel, ainsi que les députés Naji Gharios et Alain Aoun, les proches des deux pères disparus et plusieurs autres personnalités.
Dans son homélie, le père Raaydi s'est dit consterné parce que le sacrifice de ceux qui ont été tués, portés disparus ou emprisonnés dans les « geôles des tyrans », en allusion à la Syrie, semble avoir été, selon lui, vain, « étant donné l'absence d'une évolution humaine qui permette de réunifier les Libanais ». « La division s'installe dans les cœurs et les considérations confessionnelles ne font qu'augmenter », a-t-il souligné en reprochant à « une partie des responsables » d'avoir « transformé le pays en réserves fermées ou en chasses gardées économiques et financières consolidant leur pouvoir ».