" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)
Depuis trois semaines, un grand débat agite l'opinion publique en Orient. Il n'est question que de cette « guerre sainte » que le patriarcat de Moscou serait supposé vouloir mener contre le monde musulman, arabo-sunnite notamment, en appuyant et bénissant l'expédition militaire de Vladimir Poutine en Syrie ; officiellement contre le terrorisme de l'énigmatique État islamique (Daech), mais en réalité en appui au régime en place du clan Assad, vu les intérêts stratégiques de la Russie.
Des prises de position de l'Église moscovite sont là pour étayer une telle interprétation. Le 20 octobre courant, s'est tenue à Athènes une réunion internationale sur le thème de la présence chrétienne en Orient. Le patriarche orthodoxe d'Antioche, Jean X Yazigi, y prit la parole pour demander non la protection particulière des chrétiens, mais plutôt celle de la population de toute la Syrie par l'instauration de la paix. Le chargé des relations extérieures du patriarcat de Moscou, Mgr Hilarion Alfeyev, métropolite de Volokolamsk, insista par contre lourdement sur la seule situation des chrétiens en se faisant l'écho des propos tenus, en février dernier, par le patriarche Cyrille 1er de Moscou devant un synode d'évêques. Il s'était inquiété du « génocide des chrétiens, qui se déploie actuellement sous nos yeux, dans les contrées à partir desquelles l'Évangile s'est répandu sur toute la terre ».
Mgr Alfeyev insista également sur le fait que les chrétiens sont la cible première du terrorisme religieux (islamiste) parce qu'ils sont « les plus faibles ». Il évoqua des exécutions collectives en Libye, en Syrie, ainsi qu'un exode en masse, depuis 2003, des chrétiens d'Irak et du Proche-Orient. L'impression qu'on tire de tels propos est que toute la tragédie actuelle de Syrie et du Levant se résume à un conflit, de nature religieuse, souhaitant « déraciner pour toujours le christianisme de son propre berceau », selon Mgr Alfeyev. Cette thèse recoupe les propos récemment tenus par le porte-parole du patriarcat de Moscou, qualifiant de « sainte » l'intervention militaire de son pays en Syrie ; ce qui a jeté le trouble et mis dans l'embarras les autorités et les fidèles de l'église orthodoxe au Liban. Des intellectuels libanais orthodoxes ont pris l'initiative d'une pétition, refusant toute confusion entre le sacré et les intérêts politiques ou stratégiques. Le métropolite de Beyrouth, Élias Audi, a fait une mise au point nette lors de son homélie de dimanche dernier, condamnant une telle confusion dans l'absolu, d'où qu'elle vienne et affirmant clairement que son Église ne sacralise pas la violence et ne sanctifie aucune guerre.
Une telle position de principe est conforme à la vision chrétienne traditionnelle du monde mais se trouve en porte-à-faux avec la longue histoire des sociétés chrétiennes et de leurs Églises. Si l'Église d'Antioche n'a jamais béni les guerres au nom de Dieu, il n'en est pas de même de certaines autres Églises d'Occident et d'Orient. Faire la guerre pour Dieu est-il une activité qui transmettrait à son auteur une part du sacré, le lavant de ses péchés et/ou l'assimilant automatiquement à la catégorie des élus en cas de décès ? En islam, la chose serait possible dans certaines conditions très précises, selon les différents jurisconsultes.
Dans la conception chrétienne du martyre, l'homme demeure passif et c'est Dieu qui vient vers lui et le sanctifie. En islam, c'est l'homme qui va vers Dieu et acquiert, par son martyre, le statut d'une des quatre catégories des bienheureux du paradis. C'est pourquoi son geste pourrait faire de lui un acteur politique. Mais quelle signification donner à l'image de membres du clergé chrétien, revêtus de tous leurs ornements sacerdotaux et liturgiques et bénissant, sur le tarmac d'une base militaire, des engins de mort et de destruction ? Doit-on conclure que la substance sacrale, don de l'Esprit Saint, se laisse ainsi déposer sur les missiles et les bombes. Les victimes des bombardements iront-elles au paradis en vertu de leur innocence ou parce que l'engin de mort sacralisé les aurait sanctifiées en les tuant ? Une telle cérémonie solennelle de bénédiction est-elle liturgiquement équivalente au même rituel se déroulant dans l'enceinte sacrée d'une église par exemple ?
L'usage de la violence est sans doute moralement licite, pour se défendre, défendre les siens, défendre sa patrie. C'est un mal parfois inévitable. C'est pourquoi toutes les armées du monde disposent de conseillers spirituels ou moraux, chargés d'écouter les combattants et de leur apporter un peu de ce réconfort psychologique qui permet à l'homme de supporter l'insupportable. Mais la violence guerrière, faite au nom de Dieu, ne sanctifie en rien son auteur. Elle ne sacralise aucune réalité politique ou profane autour d'elle. Telle est la ligne de démarcation morale qu'il est urgent de rappeler au milieu de toutes ces violences identitaires qu'on justifie par le sacré qu'on prétend détenir tout seul mais qui, en réalité, échappera toujours à quiconque voudrait s'en saisir.
Ils s'entraînent dans les Pyrénées-Orientales pour aller combattre Daesh
Le groupe Assyrian French Legion envoie d'anciens militaires français en Irak pour lutter contre les troupes islamistes et protéger les chrétiens d'Orient. Certains stages d'entrainement se déroulent dans les Pyrénées-Orientales. Rencontre avec l'un des formateurs qui vit près de Perpignan.
Il préfère qu'on l'appelle Paul. Ce n'est pas son vrai prénom mais l'anonymat "c'est une question de sécurité" explique-t-il. Paul, militaire pendant une douzaine d'années, a rejoint les rangs de l'Assyrian French Legion il y a un peu plus d'un an.
L'organisation se présente comme une branche de Dwekh Nawsha, une milice internationale chrétienne dont le but est de protéger en priorité les chrétiens d'Orient.
"Nous on veut combattre Daesh. On veut combattre le mal où il est. Pour ça, on recrute d'anciens soldats parce que ce sont des gens qui ont déjà une formation de base."
Le dépôt de candidature se fait sur internet. Ensuite la sélection est stricte, assure Paul.
Si vous êtes xénophobe, si on a un soupçon de racisme, si vous voulez partir pour jouer les Rambo, vous ne serez pas pris. On n'est pas anti-musulmans."
Plusieurs sites d'entraînement ont été créés, avec notamment des stages dans les Pyrénées-Orientales. "On s'entraîne surtout au combat corps-à-corps" précise Paul.
Quelques hommes de l'Assyrian French Legion sont déjà en Irak : "Sur place, on peut se battre aux côtés des Kurdes" assure Paul, pour qui tout est légal.
On n'est pas des mercenaires. Les hommes qui partent ne sont pas payés. Ils partent avec leur propre argent. C'est généralement un budget de 4500 euros."
L'Assyrian French Legion, qui revendique 300 anciens militaires dans ses rangs compte envoyer de nouveaux hommes sur le terrain en début d'année prochaine.
Interview d'un des formateurs de l'Assyrian French Legion
Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth rejette l'idée de guerre sainte
Contredisant les prises de position de l'Église orthodoxe russe légitimant l'engagement militaire de Moscou en Syrie, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth Elias Audi a déclaré dimanche 18 octobre que l'Église ne bénit pas les guerres et ne les sacralise pas.
« Elle ne sanctifie pas les combats et refuse le concept de 'guerre sainte'» , a-t-il déclaré dans son homélie dominicale dans la cathédrale Saint-Georges à Beyrouth.
Pétition « contre les guerres religieuses »
« Notre Église ne bénit pas celui qui tue l'autre, car celui qui tue l'autre, c'est comme s'il voulait tuer Dieu (...) Ceux qui vous rejettent parce que vous suivez les commandements de Dieu sont eux-mêmes rejetés par Dieu », a-t-il lancé. Le quotidien libanais francophone L'Orient-Le Jour rappelle que cette prise de position intervient au lendemain du lancement, par 62 personnalités grecques-orthodoxes, d'une pétition « contre les guerres religieuses ».
Cette campagne a été lancée vendredi 16 octobre depuis Beyrouth à l'initiative de deux professeurs d'Université, l'ancien ministre Tarek Mitri et le chirurgien, philosophe et professeur à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth Antoine Courban. Ils refusent notamment que « des guerres ou des actions terroristes puissent être justifiées au nom de la religion » et rejettent l'argument que « la protection des chrétiens puisse servir d'alibi au service d'objectifs idéologiques ou politiques, comme certains ont tenté de le faire récemment en appui à l'intervention militaire de la Russie en Syrie ».
L'idée de « guerre juste » : une « hérésie »
« Cette position doit pouvoir servir de plate-forme de réconciliation pour l'opinion publique. Elle est de nature à protéger la paix et le vivre-ensemble, pour que le Liban ne soit pas pris dans le tourbillon de la folie identitaire qui nous entoure », a déclaré Antoine Courban à L'Orient-Le Jour. Selon lui, la position du métropolite est dans la lignée de l'orthodoxie en général, qui n'a jamais adopté la notion de « guerre juste », propre à l'Église russe depuis le temps du tsar Boris Godounov, et introduite par la pensée de saint Augustin.
Fin septembre, le P. Vsevolod Tchapline, porte-parole de l'Église orthodoxe russe estimait que l'engagement militaire russe en Syrie s'inscrivait dans le cadre d'une « guerre sainte » contre le terrorisme. Il relevait que l'intervention russe était conforme au droit international, « à la mentalité de notre peuple et au rôle particulier que notre pays a toujours joué au Moyen-Orient ».
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Les chrétiens d'Orient soutiennent l'intervention russe en Syrie et condamnent les politiques des nations occidentales.
Le 8 octobre dernier, l'archevêque grec-melkite d'Alep, Mgr Jean-Clément Jeanbart, exprimait, dans une interview pour la Télévision suisse, son soutien à l'intervention militaire russe en Syrie, parlant d'un regain de confiance chez les chrétiens syriens. Mgr Jeanbart qualifie le refus de la France de négocier avec Bachar el-Assad d'attitude « extrémiste ». « Vladimir Poutine aide la cause chrétienne », estime l'archevêque.
Dans une interview pour l'agence de presse catholique allemande KNA, le patriarche d'Antioche, primat de l'Église catholique syriaque, Ignace Joseph III Younan, qui a dû s'enfuir au Liban, a déclaré que la dictature [d'Assad] est pour les chrétiens mille fois meilleure que le terrorisme islamiste, et c'est pourquoi il se réjouit lui aussi de l'intervention russe en Syrie et qualifie la politique de Moscou de meilleure, plus cohérente et plus logique que les politiques contradictoires des nations occidentales.
Mgr Jacques Behnan Hindo, archevêque syriaque catholique d'Hassaké-Nisibis, a vanté sur Asia News l'efficacité de l'intervention militaire russe, affirmant que les miliciens de l'EI commencent à fuir dans la précipitation. En revanche, le prélat est très critique de l'action des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne qui n'attaquent pas les islamistes affiliés à Al-Qaïda. Il rappelle aussi la politique ambiguë des Américains lorsqu'ils avaient laissé les miliciens de l'EI traverser une étendue désertique, que leurs avions survolaient, pour aller attaquer les villages chrétiens de la vallée de la Khabour (200 chrétiens enlevés par les musulmans de l'EI) : « Dans la nuit du 23 février, lors de l'attaque de Daesh, les avions américains ont survolé la zone très longtemps mais sans intervenir. Puis, pendant trois jours, nous n'avons plus vu aucun avion, ce qui a laissé le champ libre aux miliciens [islamistes]. Cela nous laisse penser que, d'une certaine manière, [les miliciens islamistes] ont été aidés par les Américains et leur attitude ambiguë » (traduction de l'Observatoire de la Christianophobie, d'après Asia News). Voir également ici sur le site de l'agence Fides à propos de ce que l'archevêque pense de l'attitude américaine lors de l'attaque de février dans la vallée de la Khabour.
D'après Mgr Jacques Behnan Hindo, qui s'est également exprimé sur Fides, contrairement aux Russes les Occidentaux n'attaquent pas les islamistes du Front al-Nosra dont les exactions n'ont pourtant rien à envier à celles de l'État islamique. Sur l'accusation qui est faite aux Russes d'attaquer surtout les rebelles « modérés » de l'Armée syrienne libre » au lieu de l'État islamique, l'évêque syrien répond qu'il ne s'agit absolument pas de « rebelles modérés » mais de combattants du Front al-Nosra, et donc d'islamistes d'Al-Qaïda.
Un autre évêque, Georges Abou Khazen, administrateur du Vicariat latin d'Alep, nommé à ce poste par le pape François, a affirmé dans une interview avec l'agence KNA que le renversement de Bachar el-Assad serait la pire des variantes pour les chrétiens qui seraient alors probablement totalement anéantis. Il a également condamné fermement la politique des Américains, des Britanniques et des Français, les accusant d'avoir déstabilisé le pays en fournissant des armes aux djihadistes.
Mère Agnès-Mariam de la Croix, interrogée par Alain Escada, s'exprime aussi positivement sur la politique de la Russie en Syrie dans cette interview.
Colosimo : «Pour le Pape, l'ennemi prioritaire est le djihadisme et non la Russie»
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Ukraine, Bachar el-Assad, Chrétiens d'Orient: Jean-François Colosimo a accordé un entretien fleuve à FigaroVox dans lequel il analyse les enjeux géopolitiques de la visite de Vladimir Poutine au Vatican.
Jean-François Colosimo est écrivain et essayiste. Président du Centre national du livre de 2010 à 2013, il dirige désormais les éditions du Cerf. Son dernier livre, Les Hommes en trop, la malédiction des chrétiens d'Orient, est paru en septembre 2014 aux éditions Fayard.
Le pape François rencontre Vladimir Poutine ce mercredi après-midi au Vatican. Pourquoi organiser maintenant un tel face à face?
L'entrevue historique entre Mikhaïl Gorbatchev et le pape Jean Paul II avait ouvert la voie. Cette rencontre entre le pape François et Vladimir Poutine, la deuxième après un premier entretien en novembre 2013, est devenue quasiment impérative face à l'actualité qui secoue l'Europe et le Proche-Orient.
Diverses raisons expliquent, en effet, l'urgence de cette audience.
La première porte sur la résolution du conflit ukrainien. Au VIIIe siècle, l'Europe connaît en son cœur une division majeure. La confrontation entre missionnaires byzantins et missionnaires francs va déboucher sur la rupture entre Constantinople et Rome, les Grecs et les Latins, laquelle annonce la séparation entre orthodoxes et catholiques. Elle donne lieu à la ligne de fracture qui court de Riga, dans les pays Baltes, à Split, en ex-Yougoslavie, et qui traverse l'Ukraine en son milieu. Il est évident que l'opposition entre les Ukrainiens de l'Ouest et de l'Est, sans être une guerre de religion, implique cette longue mémoire. Ce pays-frontière est ainsi partagé entre les mentalités contradictoires nées de l'Occident et de l'Orient chrétiens et de leurs disputes autour de l'héritage impérial, d'où les fortes tensions entre Bruxelles et Moscou. Les catholiques ukrainiens de rite oriental, originellement issus de l'Église orthodoxe mais unis depuis plusieurs siècles à l'Église catholique, forment une minorité concentrée à l'ouest dans la région de Lviv, très active et à l'inclination nationaliste. Par son pouvoir à la tempérer, le Saint-Siège dispose d'un véritable levier pour apaiser la crise.
Cette audience, deuxième raison, est également motivée par la situation dramatique des chrétiens d'Orient. Comme le soulignent ses déclarations à Sarajevo sur le présent climat de «troisième guerre mondiale», le pape défend sans doute la notion d' «ennemi prioritaire». Or celui-ci est le djihadisme, et non pas la Russie.
De ces deux raisons, découle la troisième. Pour Vladimir Poutine, cet entretien représente l'occasion de sortir de l'isolement diplomatique qui est le sien, particulièrement au regard de l'Union européenne. Le pape ne manquera pas, dans le secret de ce tête-à-tête, d'aborder les épineuses questions des risques pour la paix de la diplomatie offensive du Kremlin et de la menace sur les libertés fondamentales en Russie. Mais le successeur de Pierre entend aussi, et d'abord, que cette audience s'inscrive dans l'accélération de la démarche œcuménique qui marque son pontificat.
Une source vaticane aurait effectivement confié à La Croix que «Le Saint-Siège comprend qu'une solution au conflit en Syrie passe inévitablement par la Russie»…
C'est la position informée, judicieuse et raisonnée à adopter face à la situation du Levant. Il est regrettable que ce réalisme de la diplomatie vaticane fasse défaut à l'Elysée et, plus largement, à l'Union Européenne.
Il ne peut en effet y avoir de résolution durable au conflit qui enflamme désormais le Proche-Orient sans le concours de la Russie et de l'Iran. Ces deux puissances régionales ont une longue histoire, une diplomatie séculaire, et des réseaux dans la région parce qu'elles y possèdent des intérêts stratégiques, voire vitaux.
Depuis que la Russie est entrée dans l'espace des relations internationales au XVIIIe siècle, elle a voulu garantir son accès aux mers chaudes et a agi, en Orient, à travers les communautés orthodoxes. Cette politique d'influence a été continuée par l'URSS via les régimes socialistes arabes. Moscou, qui dispose de bases militaires en Syrie, représente non seulement un soutien actif au régime de Bachar el-Assad, mais est, de surcroît, un interlocuteur de premier plan avec Téhéran. Or, les États-Unis eux-mêmes viennent de se rendre compte du caractère indispensable de la participation de l'Iran pour régler, sur le terrain, l'avancée de Da'ech que ne peuvent endiguer les seuls bombardements.
Vladimir Poutine et Bachar el-Assad, qui est actuellement très affaibli, seraient-ils devenus les meilleurs alliés des chrétiens d'Orient?
Il ne faut pas s'illusionner: Bachar, comme son père, est indiscutablement un tyran. Mais les chrétiens d'Orient vivent sous la tyrannie depuis treize siècles. Ils ont ainsi appris à résister aux «dictatures classiques», si l'on peut dire. D'autant plus que, sous la domination alaouite de la famille el-Assad, leur liberté de culte était garantie. Lui- même minoritaire, le régime alaouite orchestrait volontiers une politique de mise en valeur des autres minorités. Les chrétiens de Syrie souffraient donc des mêmes privations de liberté que leurs compatriotes musulmans mais ils s'agissaient pour eux d'une tyrannie «ordinaire» qui permettait leur maintien territorial et leur persistance historique. Face à celle-ci, l'avènement de Da'ech leur semble un bien plus grand mal car il s'agira alors d'une tyrannie «totalitaire».
C'est pourquoi les hiérarchies chrétiennes orientales, qu'elles soient catholiques ou orthodoxes, et qui étaient toutes de tradition francophone et francophile, ont cessé de se rendre à Paris car elles considèrent que l'interventionnisme gribouille de la France revient à armer, même si c'est involontaire, leurs égorgeurs. Et que cet aveuglement têtu conduit, dans tous les cas, à favoriser les conditions de leur disparition. Elles se sont donc tournées vers la Russie. Il y a là une perte d'influence grave pour notre pays.
Ces hiérarchies chrétiennes ne sont toutefois pas dupes. Elles savent que la Russie, à travers les déclarations d'amitié de Poutine, poursuit ses propres intérêts. Elles n'entendent pas sacraliser l'homme du Kremlin en sauveur du christianisme. Loin s'en faut. Mais comme les chrétiens d'Orient sont les seuls, dans la région, à ne pas bénéficier d'un protecteur international et que la Russie se propose d'exercer ce rôle -qui a été le sien pendant des siècles en concurrence avec la France-, Poutine marque un point. Et cela, parce notre pays a adopté une politique de la chaise vide. Parce qu'il a renoncé à ses devoirs historiques.
Le pape peut-il soutenir des régimes autoritaires comme celui de Bachar pour faire face à la menace de Da'ech?
François fait face à l'urgence de la tragédie qui est en train de se dérouler sous nos yeux, qui se calcule en centaines de milliers de victimes et en millions de réfugiés ou de déplacés, de toutes confessions, dans l'indifférence de la communauté internationale -laquelle s'apparente de plus en plus à une forme de complicité passive. Il s'agit très certainement pour lui de parer à l'imminence d'une catastrophe irrémédiable qui entachera le sens même de l'humanité.
Pour le reste, le combat du Saint-Siège pour la liberté de conscience et les libertés démocratiques sur les cinq continents ne fait pas de doute. Le penser serait lui faire un procès indigne. On a pu observer depuis un demi-siècle que la diplomatie vaticane, en avançant patiemment, parfois secrètement, réussissait à renverser des situations que l'on croyait inamovibles. C'est ainsi que, face aux États encore communistes en Asie ou en Amérique latine, ou nouvellement fondamentalistes en Afrique ou au Moyen-Orient, l'action de Rome demeure invariablement positive, dénouant le circonstanciel tout en restant intransigeante sur l'essentiel. De surcroît, il y a chaque jour dans le monde des chrétiens qui luttent et meurent pour la dignité de tous.
La position du Saint -Siège envers le régime de Bachar el-Assad tiendrait-elle donc de la politique du moindre mal?
Je ne pense pas qu'il y ait une volonté particulière de sauvegarder Bachar el-Assad ou une quelconque indulgence pour ses crimes. Il y va seulement de l'impératif de stopper au plus vite la barbarie croissante et de la lucidité à admettre que dans l'actuel chaos du Proche-Orient, que l'Amérique et l'Europe ont négligemment favorisé, il n'y aura pas de solution magique. Qu'on le veuille ou non, le régime alaouite, à défaut de mieux, est devenu un point de ralliement pour de très nombreuses communautés qui refusent l'arrivée au pouvoir de l'islamisme. La politique du Saint-Siège découle d'une connaissance réelle de l'histoire et du présent. Un savoir qui manque cruellement à l'humanitarisme inconséquent qui tient lieu désormais de politique étrangère à la France et aux pays de l'Union européenne.
Certains parlent déjà d'un voyage du pape à Moscou, un axe Vatican/Moscou est-il crédible?
Le seul axe dont on peut véritablement parler aujourd'hui, renouvelé et fort, est celui qui existe grâce au dialogue œcuménique, toujours plus soutenu, entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe. Il passe aussi par Constantinople et le patriarche Bartholomée.
Le pape Jean Paul II, qui fut un voyageur planétaire, n'avait pas pu se rendre en Russie. Une visite du Pape François à Moscou, mais plus probablement une rencontre avec le patriarche Cyrille Ier dans un lieu symbolique, à équidistance des deux sièges pontificaux, représenterait un témoignage encourageant pour tous les fidèles catholiques et orthodoxes sincèrement engagés dans la recherche concrète de l'unité.
Le pape a-t-il une véritable influence diplomatique, ou se contente-t-il du ministère de la parole?
On retrouve là la fameuse question de Staline: «Le Pape, combien de divisions?» L'URSS n'est plus là. Le Vatican l'est toujours. La diplomatie du Saint-Siège, qui a pour chef le pape, pour expérience une bonne quinzaine de siècles d'existence, pour réseau de relations internationale le premier au monde avec ses innombrables nonciatures, et pour statut le rang d'observateur à l'ONU représente une véritable force d'information et d'influence.
Elle a surtout pour elle le ministère prophétique de l'évêque de Rome en tant que serviteur de l'Évangile. Plus que jamais, la mondialisation qui allie l'unification mortifère du marché en son centre et l'explosion meurtrière des identités à sa périphérie éprouve le besoin vital d'une parole de vie. En se rendant au Parlement de Strasbourg pour réveiller l'Europe, à Lampedusa pour secourir les migrants, à Istanbul pour réclamer une intervention militaire dans les limites de la guerre juste, c'est ce que fait inlassablement François.
ASIE/SYRIE - Libération de cinquante chrétiens de Qaryatayn otages des djihadistes
Damas (Agence Fides) – Au moins cinquante des chrétiens de la zone de Qaryatayn pris en otage en août dernier par les djihadistes du prétendu « Etat islamique » ont retrouvé leur pleine liberté au cours de la journée du 11 octobre et ont pu retourner dans les villages de Zaydal et Fairuzeh, zone contrôlée par l'armée syrienne. Leur libération, confirmée par les moyens de communication liés à la communauté assyrienne, a eu lieu quelques heures après celle du Père Jacques Mourad, prêtre syrien Prieur du Monastère Saint Elie qui avait raconté, lundi dernier, s'être éloigné en moto de Qaryatayn avec l'aide d'un ami musulman et être encore engagé avec des amis bédouins et musulmans, dans les négociations visant à obtenir la libération des quelques 200 chrétiens et musulmans de Qaryatayn encore otages des djihadistes du prétendu « Etat islamique ». Le sort d'un autre groupe de plus de 200 chrétiens assyriens et syriens de la vallée du Khabur capturé par les djihadistes durant l'offensive conduite dans cette zone par les miliciens du prétendu « Etat islamique » en février dernier demeure, quant à lui, encore inconnu. La semaine passée (voir Fides 08/10/2015), les sites Internet djihadistes avaient diffusé la vidéo retraçant la mise à mort de trois chrétiens de la vallée du Khabur de la part de trois bourreaux djihadistes menaçant les autres otages du même sort si la rançon fixée pour leur libération ne devait pas être versée. (GV) (Agence Fides 16/10/2015)
L'État islamique a menacé d'exécuter 180 chrétiens assyriens pris en otage si plusieurs millions de dollars de rançon ne sont pas versés. Pour prouver leur détermination, le groupe djihadiste a publié une vidéo montrant l'exécution de trois de ces otages en combinaison orange identifiés comme étant le De Abdulmasih Aniya, Ashur Abraham et Bassan Micheal des villes de Tal Jazirah et Tal Shamiram.
La vie de 180 assyriens tient au fil d'une rançon de 14 millions de dollars exigés par l'Etat islamique
Selon Oussama Edward, directeur du Réseau assyrien des droits de l'homme, les négociations menées par le chef de l' Église d'Orient en Syrie ont dû être suspendues en raison des exigences irréalistes du groupe terroriste. L'État islamique a en effet exigé 100 000 dollars par otage, soit un total de 23 millions d'euros, avant d'abaisser cette rançon à 14 millions d'euros, un montant encore largement trop élevé.
La vie de 180 chrétiens assyriens contre une rançon de plusieurs millions de dollars, tels sont les exigences du groupe terroriste. Joignant le geste à la parole, et pour prouver leur détermination, les militants de l'État islamique sont allés plus loin en éditant une vidéo où ils abattaient trois des otages. Sur la vidéo, on aperçoit des hommes vêtus en combinaison orange, qui après s'être identifiés en déclarant : « je suis un Nazaréen », à savoir un chrétien sont abattus, et un militant exige alors de l'argent en échange des otages restants.
Les otages font parti d'un groupe de 200 chrétiens assyriens enlevés à la fin du mois de février dans 35 villages le long de la rivière Khabur dans le nord de la Syrie. Si le chiffre exact reste inconnu à nos jours, on sait néanmoins que 41 otages ont été libérés, dont 22 seniors au mois d'août. Ces chrétiens appartiennent à l'Église assyrienne de l'Orient, une branche du christianisme qui a des racines datant du 1er siècle après Jésus-Christ.
Ils parlent araméen, la langue de Jésus, et ont des origines dans l'ancienne Mésopotamie, un territoire qui aujourd'hui s'étend du Nord de l'Irak au nord-est de la Syrie et au sud-est de la Turquie.
Un groupe de défense pour la protection des minorités religieuses, l'ADFA, a condamné ce meurtre et appelé à une intervention internationale :
« Nous condamnons avec sévérité ce dernier acte de barbarie. Le nettoyage ethno-religieux systématique des Assyriens, des Syriaques et des Chaldéens continue. Ils sont impuissants. Ce sont des enfants et des femmes, des pères et des frères de quelqu'un. Nous plaidons pour une intervention immédiate de la communauté internationale. Nous avons été chassés de nos terres ancestrales. Nous avons été tués et crucifiés. La communauté internationale doit agir maintenant pour sauver la vie des autres otages. »
Le Synode se penche sur la situation dramatique des chrétiens d'Orient
Célébration du Vendredi Saint dans une église grecque orthodoxe de Damas - AFP
(RV) En salle du Synode, l'actualité douloureuse dans plusieurs régions du monde a été évoquée par plusieurs participants.
Un évêque d'Orient a raconté, avec un accent dramatique, la souffrance des familles chrétiennes victimes du terrorisme surtout en Irak et en Syrie. «Des centaines de familles subissent des exactions d'un groupe que l'on appelle Daech, soutenu militairement par des pays qui prétendent défendre la liberté et la démocratie.» Cet évêque a évoqué avec douleur « les conséquences dramatiques de l'intervention injustifiée des États-Unis en Irak. Aujourd'hui Mossoul s'est vidée de ses chrétiens », a-t-il rappelé.
Cet évêque a solennellement demandé au Saint-Siège, aux conférences épiscopales d'Europe et des États-Unis de « faire pression sur les gouvernements qui soutiennent les groupes terroristes ». Ces propos ont été salués par des applaudissements nourris.
Quelques heures plus tard, un autre évêque oriental a lancé un appel en faveur de la Syrie, ravagée par une guerre qui dure depuis cinq ans. « Par milliers, les chrétiens de Syrie ont quitté leur maison et leurs villages. L'exode quotidien ébranle les familles chrétiennes et dégrade le moral des fidèles. Le souci principal des pasteurs de la région est d'aider les familles chrétiennes à rester. Oui, mais comment ? » Cet évêque a demandé au Pape François de « convoquer une session spéciale pour la Syrie, ne serait-ce qu'une demie-heure ».
L'an dernier, le 26 octobre 2014, à l'issue du Synode extraordinaire sur la Famille, le Pape François avait réuni un consistoire consacré spécifiquement à la situation des chrétiens d'Orient, en présence des patriarches orientaux et de nombreux cardinaux.
ASIE/EMIRATS ARABES UNIS - Déclarations du Ministre de la Culture aux chrétiens à Abu Dhabi
Abu Dhabi (Agence Fides) - Le cheikh Nayan bin Mubarak al Nayan, Ministre de la Culture, de la jeunesse et du développement social des Emirats Arabes unis, est intervenu à la cérémonie organisée à l'occasion de la fin de la restauration de l'église anglicane Saint André à Abou Dhabi. Dans son discours, prononcé à l'intérieur de l'église, le Ministre a exalté la politique des EAU, la présentant comme inspirée à la tolérance et au respect des religions. « La leadership des EAU – a déclaré le Ministre – croit fermement à la tolérance et au respect des différentes identités religieuses » comme base de la coexistence pacifique, afin de donner vie à une société dans laquelle « toutes les personnes bénéficient de chances égales pour réaliser leur propre potentiel en tant qu'êtres humains ». Le Ministre a réaffirmé que la présence simultanée aux EAU de différentes communautés de foi vivant en harmonie, célébrant leurs propres liturgies et pratiques religieuses dans les mosquées, les églises et autres lieux de culte, doit être considérée non comme une menace pour la stabilité sociale mais au contraire comme une chance d'enrichissement culturel réciproque. « Nous vous avons accueilli dans notre pays et nous avons beaucoup appris de vous » a-t-il affirmé dans son intervention. Aux EAU vivent environ 900.000 catholiques. Cette communauté est constituée de travailleurs immigrés provenant en grande partie d'autres pays asiatiques, à commencer par les Philippines et l'Inde. Le 12 juin dernier, S.Em. le Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'Etat de Sa Sainteté, avait présidé les rites de consécration et de dédicace de la nouvelle église Saint Paul, construite à Mussaffah sur un terrain mis à disposition par la municipalité d'Abu Dhabi (voir Fides 12/06/2015). (GV) (Agenc e Fides 15/10/2015)