17/6/2013- « Marie au secours d'un Liban ballotté par la tempête régionale et l'antagonisme 8-14 Mars » | Politique Liban | L'Orient-Le Jour
Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a présidé hier une messe solennelle au cours de laquelle il a consacré le Liban et le Moyen-Orient au « Cœur Immaculé » de la Vierge Marie. La messe a été célébrée dans la basilique Notre-Dame du Liban, en présence du chef de l'État et de son épouse, ainsi que du Premier ministre désigné, Tammam Salam, et du nonce apostolique, Gabriele Caccia. L'acte de consécration a fait l'objet d'un moment indépendant, à l'issue de l'office. Il a été lu par le patriarche, les évêques et tous les présents dans la grande nef. Tout autour de la basilique, une foule fervente de fidèles s'est rassemblée, pour s'unir à cette consécration de laquelle tous les Libanais espèrent un salut dont ils ont humainement désespéré.
Le patriarche a associé les musulmans du Liban à cet acte de consécration, en rappelant que le Liban est le seul pays au monde à avoir transformé la fête de l'Annonciation, le 25 mars, en « fête nationale » islamo-chrétienne chômée. Il a saisi l'occasion pour fustiger l'antagonisme entre le 8 et le 14 Mars, « qui défigure le Liban » et paralyse ses institutions, et exprimer son allégeance au chef de l'État, « symbole de l'unité des institutions et garant de la Constitution », face à un couple politique infernal accusé de tous les maux et dont le Liban ne parvient pas à se dégager.
Ainsi exprimé, l'acte d'allégeance au chef de l'État ressemblait plus à l'allégeance civile que chaque Libanais doit aux institutions de son pays qu'à une allégeance politique à proprement parler.
Par ailleurs, l'acte de consécration prononcé par le patriarche, à la fin de l'office religieux, et repris en chœur par l'assemblée était aussi bien un acte d'espérance dans l'intervention directe de Dieu dans l'histoire du Liban qu'un appel à une conversion intérieure devant conduire à une réconciliation entre adversaires politiques.
Liban, terre sainte« En consacrant le Liban au Cœur Immaculé de Marie, nous nous engageons tous à le protéger comme terre sainte, par une réconciliation nationale qui commence par une réconciliation au sein de la classe politique, en particulier entre les deux camps antagonistes du 8 et du 14 Mars », a notamment dit le patriarche.
« Cet antagonisme prolongé a défiguré le visage du Liban, le pacte de coexistence, le caractère pluraliste du Liban, la démocratie, le Liban comme valeur de civilisation, celui des libertés publiques et des droits de l'homme, ainsi que le Liban du dialogue de vie », a ajouté le patriarche.
Et d'enchaîner : « Cet antagonisme prolongé a empêché les élections de se tenir à la date qui leur était prévue ; il empêche aujourd'hui un gouvernement efficace d'être formé, un gouvernement susceptible de relever le défi économique et celui de la crise sociale étouffante, le défi de l'insécurité et celui de l'accueil de 1,2 million de réfugiés ; cet antagonisme prolongé désintègre l'une après l'autre les institutions constitutionnelles et judiciaires ; alors même que les forces qui y sont impliquées se sont embourbées dans la guerre douloureuse qui ravage la Syrie, mettant en péril, de la sorte, le devenir du Liban et de son peuple. »
Le patriarche a donc apporté « un plein appui à tout effort salvateur du président de la République en vue de préserver l'unité, la souveraineté et l'indépendance du Liban, par un contrat social renouvelé basé sur le pacte national de 1943 ». Et d'ajouter, en s'adressant au président Sleiman, qu'il priait « pour l'armée et les autres forces armées dont vous êtes le commandant suprême, sachant que ce sont elles seules, à l'exclusion de toute autre force, qui préserveront l'entité libanaise dans ses trois composantes ». Une allusion, croit-on savoir, à la formule « armée-peuple-résistance », figurant dans la déclaration ministérielle.
« Seule Marie est capable de sauver ce Liban ballotté par les vagues », a encore dit le patriarche, en récitant lentement, avec la foule des fidèles, l'émouvant acte de consécration.
La lecture d'un message du pape François et un échange de cadeaux ont suivi. Le chef de l'État et son épouse ont offert à la statue de la Vierge, en guise de parure, un grand chapelet en lapis-lazuli turquoise.
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