C'est le titre d'un éditorial particulièrement bien senti de Marc Fromager, directeur de l'Aide à l'Église en Détresse (AED-France), qui a été lu en ligne hier sur le site de cette association. À considérer ce qui se passe dans cette malheureuse Syrie, la question que pose l'AED – et que nous nous posons aussi – est vraiment cruciale : « Est-ce la disparition des chrétiens que l'on cherche ? »…
Depuis deux ans, la Syrie est exposée à la vindicte internationale et nous sommes priés d'assister silencieusement à l'anéantissement d'un des plus anciens pays au monde. Le dossier étant complexe et l'unanimité imposée, il est vrai que les voix discordantes étaient forcément mal vues. Or aujourd'hui, avec la décision américaine d'armer les rebelles et le suivisme européen et notamment français en la matière, le temps est venu de mettre fin à cette mascarade. Au nom de la population syrienne, toutes confessions confondues, cette opération de destruction doit s'arrêter. Oui, ça suffit !
Certes, le dossier est complexe, le régime est autoritaire, mais depuis quand cela autorise-t-il la communauté internationale à décider de la destruction d'un pays ? La Syrie est-elle la seule dictature de la région ? Ne devrait-on pas également s'en prendre à l'Arabie Saoudite et au Qatar pour ne citer que ceux-là ? Et en quoi la pulvérisation du pays peut-elle le rendre plus épanoui ?
Il y a deux ans, la Syrie avait un taux de croissance économique de plus de 8 % et c'était, hormis le Liban, le pays le moins contraignant du Moyen-Orient pour les chrétiens. Aujourd'hui, avec plus de 90 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés à l'intérieur et à l'extérieur du pays, l'évidente amélioration du sort de la population syrienne saute aux yeux, un peu comme l'ineffable service que nous avons rendu à la population irakienne depuis 10 ans…
Beaucoup de pays ont un intérêt dans la dislocation de la Syrie, à commencer par les Américains – pour des raisons énergétiques (contrôle de la production et/ou du transit du pétrole et du gaz et aussi manœuvre hostile contre les Russes) – ou les Qataris (lutte anti-chiite et compétition pour la primauté sunnite), mais la France ?
La politique étrangère française sur le dossier syrien est difficilement compréhensible. Quels intérêts y poursuivons-nous ? Ou est-ce simplement pour faire plaisir à nos parrains américain et qatari ? Là encore, il faut croire que la France a définitivement abandonné toute idée de souveraineté. Pourtant, la France, de par ses liens historiques avec la Syrie et les chrétiens d'Orient, avait une double responsabilité et donc des devoirs particuliers sur ce dossier.
Comment imaginer qu'on puisse armer les rebelles alors que tout le monde connaît la porosité de la rébellion syrienne avec les milieux islamistes liés à Al Qaïda ? Qui pourra expliquer l'absurdité qu'il y a à armer en Syrie ceux que la France combat au Mali ? Et après la Syrie, comment ne pas déjà entrevoir la dislocation du Liban ? Là aussi, est-ce la disparition des chrétiens que l'on cherche?
Quid de la population syrienne ? Cela semble le dernier souci de nos stratèges. Aujourd'hui, du point de vue de l'ensemble de la population syrienne et à fortiori des chrétiens syriens, ce chaos instauré, alimenté et financé en grande partie depuis l'étranger relève purement et simplement du crime. Il est temps que cela s'arrête et qu'une solution politique soit trouvée au plus vite, pour épargner la population civile plongée au fond de l'enfer. Oui, vraiment, cela suffit !
Source : AED-France
Envoyé de mon iPad jtk
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