7/4/2014-Raï : Parler de vide présidentiel, c'est faire affront à la dignité des Libanais
Le chef de l'Église maronite exhorte à nouveau les députés à « ne pas jouer avec l'échéance présidentielle ».
Le chef de l'Église maronite, le patriarche Béchara Raï, a exhorté hier le président de la Chambre Nabih Berry « à convoquer l'Assemblée en collège électoral aussitôt que les séances consacrées au vote des projets et propositions de loi seront achevées, pour que se dégage, par des scrutins successifs et les consultations qui les accompagneront, la personne du futur chef de l'État ».
Quinze jours de la période constitutionnelle consacrée à l'élection d'un nouveau chef de l'État sont déjà passés, a noté au passage du patriarche Raï, qui a demandé aux députés « de ne pas jouer avec cette échéance qui est à la base des institutions de l'État libanais ».
« Parler de vide, insinuer que certains y travaillent à des fins inavouées, c'est faire affront à la dignité de la patrie et du peuple. C'est un aveu d'impuissance de la part des députés et des responsables. Assurer le quorum et élire un président est un engagement à la fois national et éthique », a dit le patriarche Raï.
Pour lui, le Liban a besoin d'un président qui soit « fort », « qui se distingue par sa moralité et l'exemplarité de sa conduite personnelle et professionnelle », d'un président « qui soit capable de consolider l'État et les institutions (...) de défendre la Constitution, le pacte national et les constantes ». Ce doit être aussi « un président capable de lutter contre la corruption, les détournements de fonds publics et le pillage du Trésor », a renchéri le chef de l'Église maronite. « Enfin un président qui soit fort de l'appui de sa propre communauté, exactement comme le décrit le Mémoire national publié par Bkerké. »
Pas d'effet rétroactif
Par ailleurs, le patriarche a répété dans son homélie que l'Église maronite déconseille l'octroi de tout effet rétroactif aux augmentations que la grille des traitements et salaires pourrait consentir aux enseignants dans le secteur privé. Tout en plaidant pour l'octroi de leurs « justes droits » aux catégories sociales concernées, le patriarche a demandé que le financement de la nouvelle échelle « ne grève par le Trésor ni les Libanais par un surcroît d'impôts, en pleine crise sociale ». Pour le patriarche, l'effet rétroactif mettra en difficulté certaines écoles et entraînera la fermeture d'autres, ce qui signifie des pertes d'emplois pour le corps enseignant.
Les écoles catholiques au Liban scolarisent presque le tiers des élèves enregistrés dans les écoles privées, soit quelque 190 000 élèves, précise-t-on.
Par ailleurs, le patriarche a réclamé que la loi 210 sur les communautés religieuses soit amendée pour éliminer l'inégalité fiscale qui règne en ce moment entre les communautés.
Critique sociale
Sur le plan social, le patriarche s'en est pris hier aux trois courants du relativisme, du consumérisme et de l'utilitarisme dont, a-t-il dit, « le monde est aujourd'hui la proie ». « Le relativisme, a-t-il précisé, met la vérité de côté et conduit l'être humain à n'accepter que les vérités qui lui conviennent (...) empêchant la liberté d'être au service de la vérité ; le consumérisme, lui, rend l'homme esclave du marché et de l'argent ; quant à l'utilitarisme, il assourdit l'homme à tout ce qui ne lui est pas immédiatement utile, et notamment à l'appel des nécessiteux. »
Envoyé de mon Ipad