Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

samedi 23 janvier 2016

Jean-François Colosimo : «L'alliance de la Turquie avec Daech est objective»

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Jean-François Colosimo a accordé un entretien-fleuve à FigaroVox au sujet du rôle géopolitique de la Turquie au proche-orient. Il déplore le double-jeu d'Erdoğan et la passivité de l'Europe.


Jean-François Colosimo est écrivain et essayiste. Président du Centre national du livre de 2010 à 2013, il dirige désormais les éditions du Cerf. Son dernier livre, Les Hommes en trop, la malédiction des chrétiens d'Orient, est paru en septembre 2014 aux éditions Fayard. Il a également publié chez FayardDieu est américain en 2006 et L'Apocalypse russe en 2008. 


On a appris les bombardements d'un village chrétien de Sharanish au nord de l'Irak, dans le cadre des opérations anti-PKK. Juste après les attentats d'Istanbul, la Turquie avait lancé une campagne de frappes aériennes contre Da'ech en Irak et en Syrie. Quel est son ennemi prioritaire, Da'ech ou les minorités?

Jean-François Colosimo: Une vague de bombes qui revêt valeur d'avertissement pour l'État islamique et de gage pour les États-Unis ne saurait épuiser la question du double jeu d'Ankara dans la nouvelle crise d'Orient. Le fait de se vouloir à la fois le champion de l'Otan et le passeur de Da'ech n'engage pas d'autre ennemi prioritaire que soi-même. La Turquie est en lutte contre la Turquie. Elle combat les spectres des massacres sur lesquels elle s'est édifiée. Que les minorités, chrétiennes ou autres, souffrent au passage, c'est leur sort. Car toute l'histoire moderne du pays se conjugue dans ce mouvement de balancier perpétuel entre adversité du dehors et adversité du dedans. Et au regard duquel les changements de régime ne comptent guère. 

Comment s'est opéré le basculement d'une Turquie laïque vers l'intensification de l'emprise de l'islam sur toute la société? Quel est le sort des minorités ethniques et religieuses?

Afin de comprendre la Turquie d'aujourd'hui, il faut, comme il est d'habitude en Orient, s'établir sur le temps long. Plusieurs illusions de perspective menacent en effet une claire vision: qu'il y aurait une permanence en quelque sorte éternelle de la Turquie, qu'il y aurait lieu d'opposer la Turquie laïciste de Mustafa Kemal et la Turquie islamiste de Recep Erdoğan, que l'avenir de la Turquie serait nécessairement assuré. 

La Turquie contemporaine est incompréhensible sans l'Empire ottoman, lequel est lui-même incompréhensible sans l'Empire byzantin qui l'a précédé: comment passe-t-on, à l'âge moderne, d'une mosaïque multi-ethnique et pluri-religieuse à des ensembles nationaux et étatiques cohérents? Or, la décomposition de l'Empire ottoman, entamé dans les années 1820 avec l'indépendance de la Grèce, n'en finit pas de finir. Depuis la chute du communisme, de Sarajevo à Bagdad, les récents incendies des Balkans et les présents incendies du Levant attestent de sa reprise, de sa poursuite et de son caractère, pour l'heure, inachevé. 

Ce processus historique, déjà long de deux siècles, explique à la fois la naissance et l'agonie de la Turquie moderne. Deux événements relevant de la logique de la Terreur encadrent son surgissement: le premier génocide de l'histoire, commis en 1915 par le mouvement progressiste des Jeunes-Turcs, soit 1 600 000 Arméniens d'Asie mineure anéantis ; la première purification ethnique de l'histoire, entérinée par la Société des Nations en 1923, consécutive à la guerre de révolution nationale menée par Mustafa Kemal et se soldant par l'échange des populations d'Asie mineure, soit 1 500 000 Grecs expulsés du terreau traditionnel de l'hellénisme depuis deux mille cinq cents ans. Une dépopulation qui a été aussi bien, il faut le noter, une déchristianisation.

La déconstruction impériale que se proposait d'acter le Traité de Sèvres en 1920, en prévoyant entre autres une Grande Arménie et un Grand Kurdistan, laisse la place à la construction de la Grande Turquie, acquise par les armes, qu'endosse le Traité de Versailles en 1923. La Turquie naît ainsi d'un réflexe survivaliste. Elle doit perpétuer sa matrice, continuer à chasser ses ennemis pour exister, sans quoi elle risque de retomber dans la fiction et l'inexistence. L'ennemi extérieur a été battu. Reste à vaincre l'ennemi intérieur. Ou, plutôt, les ennemis, tant ils sont nombreux et tant la fabrique nationaliste ne fonctionne qu'en produisant, à côté du citoyen-modèle, son double démonisé. 

Qui ont été les victimes de cette politique? 

Dès l'instauration de la République par Kemal, la modernisation et l'occidentalisation se traduisent par l'exclusion. C'est vrai des minorités religieuses non-musulmanes, ce qu'il reste de Grecs, Arméniens, Syriaques, Antiochiens, Juifs, Domnehs (ou Judéo-musulmans), Yézidis, etc. C'est vrai des minorités musulmanes hétérodoxes, Soufis, Alévis, Bektâchîs, etc. C'est vrai des minorités ethniques, Kurdes, Lazes, Zazas, etc. Toute différence est assimilée à une dissidence potentielle. Toute dissidence est assimilée à un acte d'antipatriotisme. Tout antipatriotisme doit être supprimé à la racine. Tout signe distinct de culte, de culture ou de conviction doit être dissous dans une identité unique, un peuple idéal et un citoyen uniforme.

Cette guerre intérieure, que conduit l'État contre ces peuples réels au nom d'un peuple imaginaire, parcourt le petit siècle d'existence de la Turquie moderne. De 1925 à 1938, elle est dirigée contre les Kurdes à coups de bombes, de gaz et de raids militaires. En 1942, elle prend un tour légal avec la discrimination fiscale des communautés «étrangères», dont les Juifs, et la déportation dans des camps de dix mille réfractaires. De 1945 à 1974, elle s'appuie sur les pogroms populaires, à l'impunité garantie, pour liquider les derniers grands quartiers grecs d'Istanbul et leurs dizaines de milliers d'habitants tandis qu'à partir de 1989, les institutions religieuses arméniennes se trouvent plus que jamais otages d'un chantage à la surenchère négationniste. Avec les putschs de 1960, 1971, 1980, la guerre devient celle de l'armée contre la démocratie. Hors des périodes de juntes, elle est le produit du derin devlet, de «l'État profond», alliance des services secrets, des groupes fascisants et des mafias criminelles qui orchestre répressions sanglantes des manifestations, éliminations physiques des opposants et attentats terroristes frappant les mouvements contestataires: ce qui aboutit par exemple, entre les années 1980 - 2010, à décapiter l'intelligentsia de l'activisme alévi. Mais la guerre classique peut aussi reprendre à tout moment: dite «totale», puis «légale» contre le PKK d'Abdullah Öcalan avec la mise sous état de siège du Sud-Est, le pays kurde, elle présente un bilan de 42 000 morts et 100 000 déplacés à l'intérieur des frontières en vingt ans, de 1984 à 2002. 

La prise de pouvoir d'Erdoğan et de l'AKP va permette un retour de l'islam au sein de l'identité turque. Elle acte en fait une convergence sociologique qui a force d'évidence démographique, accrue par la volonté de revanche des milieux traditionnels marginalisés par le kémalisme, des classes laborieuses délaissées par les partis sécularisés, de la paysannerie menacée par la modernisation mais aussi, dans un premier temps, des minorités tentées de rompre la chape de plomb étatique. La réalité va cependant vite reprendre ses droits: le fondamentalisme sunnite devient la religion constitutive de la «turquité» comme, hier, l'intégrisme laïciste. La couleur de l'idéologie change, mais ni la fabrique, ni la méthode, ni le modèle. Les minorités, abusées, trahies, redeviennent les cibles d'une construction artificielle et imposée. Mais entretemps, à l'intérieur, la société est divisée puisqu'elle compte une avant-garde artistique et intellectuelle constituée. Et à l'extérieur, la stabilité intermittente issue du Traité de Lausanne cède devant les réalités oubliées du Traité de Sèvres. 

Quelles sont les ambitions géopolitiques de la Turquie dans la région proche-orientale et caucasienne?

Parallèlement à son entreprise d'islamisation de la société, Erdoğan a voulu établir la Turquie comme puissance internationale conduisant une politique autonome d'influence. La Turquie laïciste et militaire de la Guerre froide, intégrée au bloc occidental, n'est plus qu'un fantôme, servant de leurre à une ambition néo-ottomane. La Turquie veut à nouveau dominer le monde musulman proche-oriental. Or les pays arabes du Levant ont précisément fondé leur indépendance sur le rejet du joug des Turcs-ottomans, considérés comme des intrus politiques et des usurpateurs religieux et les anciennes républiques musulmanes d'URSS restent dans l'orbe de Moscou. C'est la limite de l'exercice. 

Erdoğan a néanmoins voulu jouer sur tous les tableaux: comme protecteur des entités ex-soviétiques turcophones en Asie centrale et sunnites au Caucase ; comme médiateur de la Palestine et de la Syrie au Machrek ; comme allié des populations islamisées d'Albanie, du Kosovo et de Bosnie en Europe ; et même comme défenseur des Ouïghours musulmans en Chine. Le signe le plus probant de sa rupture avec l'Occident étant de s'être posé en adversaire d'Israël, jusque-là l'allié d'Ankara, à l'occasion de ses sorties verbales à Davos ou des expéditions navales présentées comme humanitaires à destination de Gaza.

Le fil rouge? Que la Turquie, sortie de l'effondrement de l'Empire ottoman, déportée à l'Ouest par une laïcisation jugée contre-nature, redevienne la première puissance du monde musulman et sunnite.

Comment comprendre l'emprise d'Erdogan et de l'AKP, un parti islamo-conservateur, sur un pays qui semblait avoir réalisé une entreprise d'européanisation et de laïcisation depuis un siècle?

La pointe fine de la société civile, souvent remarquable, issue des anciens milieux cosmopolites d'Istanbul-Constantinople ou d'Izmir-Smyrne, tournée vers l'Europe non pas comme modèle de technicité mais de culture, reste malheureusement inefficace dans l'ordre politique. De surcroît, maladie fréquente dans les pays musulmans de Méditerranée orientale, l'opposition démocratique est éclatée, les forces progressistes étant divisées, notamment à cause de la question des minorités. Enfin, Erdoğan a su mener une guerre souterraine visant à soumettre les pouvoirs qui pouvaient lui résister: militaire, parlementaire, judiciaire, médiatique, et même religieux. L'erreur et la honte de l'Europe sont d'avoir laissé se développer son emprise tyrannique. 

Il faut rappeler l'affaire Ergenekon, du nom d'un réseau supposément composé de militants nationalistes sous la coupe d'officiers militaires et démantelé par le gouvernement islamiste. Entre 2008 et 2010, à la faveur d'une instruction et d'un procès fleuve, trois cents personnes ont été arrêtées, 194 inculpées, et les condamnations aussi nombreuses ont permis de mettre au pas l'armée et de discréditer l'idéologie républicaine. Il faut rappeler les dizaines et dizaines de journalistes virés sur ordre d'en-haut, emprisonnés pour offenses à la patrie, à l'islam, au chef de l'État. Il faut rappeler les poursuites judiciaires contre l'écrivain Orhan Pamuk qui avait osé évoquer le génocide des Arméniens, contre le pianiste Fazil Say qui avait osé se déclarer athée. Mais aussi la restauration du voile dans l'espace public sous prétexte de liberté de conscience, l'hypertaxation du raki et plus généralement de l'alcool sous prétexte de lutte contre l'alcoolisme, la multiplication des mosquées sous prétexte de la moralisation de la jeunesse, etc. 

Dans le même temps, le mouvement protestataire né à Istanbul après qu'Erdogan a annoncé sa volonté de détruire le Parc Gezi de Taksim, ce bastion alévi, a récemment enflammé la Turquie. La résistance qui existe est ainsi populaire et parcourue par les survivances minoritaires.

Nous sommes face à un engrenage et une dérive autoritaire qui ne dit pas son nom. Au point que, alors qu'Erdoğan fustige «les nationalismes ethniques et religieux qui menacent la Turquie» (sic), bat le rappel de la pièce de théâtre qu'il avait écrite dans les années 1970 et dans laquelle il dénonçait le complot franc-maçon, juif et communiste, qu'il avance que les musulmans ont découvert l'Amérique avant Christophe Colomb ou que l'hitlérisme a été un facteur de modernisation, qu'il se fait construire un palais de mille pièces à Ankara, c'est son mentor spirituel, l'islamiste Fethullah Gülen, qui dénonce la mainmise et la corruption de l'AKP! 

Or, signe des temps, les dernières élections ont vu pour la première fois des Turcs non- kurdes voter pour des candidats kurdes, en l'occurrence ceux du parti HDP mené par Selahattin Dermitaş. Cela montre que la société entend barrer la route à la révision constitutionnelle grâce à laquelle Erdoğan veut s'attribuer les pleins pouvoirs. C'est dans ce contexte qu'est survenue l'instrumentalisation des attentats attribués à Da'ech. 

Quelle position la Turquie a-t-elle adopté à l'endroit de Da'ech?

Le sommet de la politique d'islamisation d'Erdoğan est le soutien implicite de la Turquie à Da'ech, par hostilité au régime d'Assad, aux courants progressistes arabes, et par une alliance objective sur le sunnisme fondamentaliste. La Turquie s'élève enfin contre l'essor de l'identité kurde en Turquie et, de ce point de vue, son alliance avec Da'ech est objective. 

C'est l'État turc qui a déverrouillé l'État islamique en lui offrant un hinterland propice au transport des combattants, à l'approvisionnement en armes, au transfert de devises, au commerce du pétrole. C'est la société turque qui souffre de ce rapprochement insensé. C'est l'Europe qui s'entête à demeurer aveugle à cette connivence mortifère.

Pour quelle raison cette ambiguïté turque n'est-elle pas dénoncée par les pays qui luttent contre l'État islamique?

Parce que l'Europe impotente, sans diplomatie et sans armée a cédé au chantage d'Erdoğan sur l'endiguement supposé des réfugiés. Argent, reconnaissance, soutien, silence: Merkel et Hollande ont tout accordé à Erdoğan. Surtout, l'Union se plie au diktat de la politique ambivalente d'Obama qui privilégie l'axe sunnite, saoudien-qatari-turc, avec pour souci premier de ne pas sombrer l'Arabie saoudite dans le chaos. 

Comment une Turquie entrée dans une phase d'islamisation à marche forcée peut-elle encore espérer intégrer une Union européenne laïque? Pour quelle raison l'UE, depuis 1986, continue-t-elle à fournir des fonds structurels à un État dont il est hautement improbable qu'il entre en son sein?

La Turquie, en raison de son héritage byzantin, partagé entre l'Ouest et l'Est, a depuis toujours manifesté une volonté d'association avec l'Occident. Sa tentative d'entrer dans l'UE était liée au fait qu'une Turquie laïciste et moderne voulait être un exemple d'européanisation. Or aujourd'hui s'est opéré un renversement d'alliance vers l'Orient, et de l'occidentalisation à l'islamisation.

L'entrée de la Turquie dans l'UE semblait cependant peu probable et le paraît encore moins aujourd'hui pour plusieurs raisons: géographiquement, l'Europe s'arrête au Bosphore. Historiquement, l'Europe s'est affirmée à Lépante et à Vienne en arrêtant les Ottomans. Politiquement, la Turquie deviendrait le pays à la fois le plus peuplé et le moins avancé, le plus religieux et le moins démocratique de l'Union. Militairement, elle en porterait les frontières sur des zones de guerre. Mais, surtout, culturellement, philosophiquement, l'État turc, non pas les intellectuels turcs, refuse cette épreuve typiquement européenne du retour critique sur soi et sur l'acceptation d'une mémoire partagée quant au passé, à commencer par le génocide des Arméniens. Mais l'arrimage de la Turquie à l'Europe, sous la forme de partenariat privilégié, doit demeurer un objectif. Il ne passe pas par une amélioration des cadres politiques ou économiques, mais par une libération des mentalités. Ce que veut empêcher Erdoğan. 

L'affrontement russo-turc est-il en passe de se durcir?

Erdoğan a osé défier Poutine sans en avoir les moyens et pour complaire aux États-Unis. L'opposition là encore est ancienne, ancrée, pluriséculaire et constitue un invariant de la géopolitique des civilisations. Un des vieux rêves tsaristes était de conquérir l'Empire ottoman afin de restaurer Byzance dont la Russie est issue. En 1915, l'annexion de Constantinople-Istanbul et sa transformation en Tsargrad, nouvelle capitale d'un Empire chrétien d'Orient couvrant des mers froides aux mers chaudes était à l'ordre du jour. Ce conflit renaît aujourd'hui: on aura ainsi vu récemment les Turcs réclamer la Crimée, redevenue russe, comme «terre de leurs ancêtres». Ou le parlement turc débattre du retour de Sainte-Sophie, la plus grande basilique du monde jusqu'à la construction de Saint-Pierre de Rome, transformée en musée sous Atatürk, au statut de mosquée qui avait été le sien sous l'Empire ottoman, tandis que les députés de la Douma votaient une motion en faveur de sa réouverture au culte orthodoxe. 

Moscou est déjà l'alliée d'Assad: il ne lui resterait qu'à appuyer les Kurdes, en profitant par exemple de leurs puissants relais communs en Israël, pour menacer profondément Ankara et embarrasser durablement Washington. Erdoğan a compris trop tardivement que, eu égard à la détermination de Poutine, il avait allumé un incendie. 

Comment expliquer l'incohérence de la politique étrangère de la France au Proche-Orient? Le pouvoir a-t-il une compréhension des ressorts profonds qui animent les pays de cette région? 

Ces considérations historico-religieuses échappent totalement au gouvernement français et à l'Union européenne. La France fait preuve d'un manque de compréhension flagrant des ressorts profonds de ce qui se passe au Proche-Orient. Cette incompréhension n'est jamais qu'un signe de plus de l'erreur politique et morale qu'a été le choix d'abandonner le Liban qu'avait été celui de François Mitterrand. François Hollande, encore moins avisé, professe pour des raisons gribouilles de dépendance économique, une politique d'inféodation envers les pays théoriciens et fournisseurs de l'islamisme arabe qu'il était prêt à intituler pompeusement «la politique sunnite de la France» si quelques vieux pontes du Quai d'Orsay doués de mémoire ne l'en avaient pas dissuadé. 

La France de François Hollande a substitué à sa traditionnelle politique d'équilibre en Orient une politique hostile à l'Iran et à la Syrie, ignorante des Chiites et indifférente aux chrétiens. Ce n'est pas qu'une faute de Realpolitik, c'est une faute de l'intelligence et du cœur. Ou si l'on préfère, du devoir et de l'honneur. 

Quant à la Turquie proprement dite, au sein de cette «politique sunnite» que dirige Washington, c'est Berlin, liée de manière décisive à Ankara par la finance, l'industrie, l'immigration, qui décide pour Paris.

Mais cet aveuglement de la gauche au pouvoir est-il si surprenant? Ce furent les socialistes d'alors, leurs ancêtres en quelque sorte, qui entre 1920 et 1923 encouragèrent les Grecs à reconquérir les rivages du Bosphore et de l'Égée avant de les trahir au profit de Mustafa Kemal, arguant qu'il fallait l'armer car son progressisme avait l'avantage sur le terrain et représentait l'avenir absolu. Et quitte à faire retomber une nouvelle fois Byzance dans l'oubli! Quel aveuglement sur la force du théologique en politique… Rien de bien neuf sur le fond, donc. Mais les massacres qui se préparent en Orient creuseront de nouveaux charniers qui, pour l'histoire, changeront cette ignorance passive en cynisme délibéré.

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/01/22/31002-20160122ARTFIG00389-jean-francois-colosimo-l-alliance-de-la-turquie-avec-daech-est-objective.php?m_i=JbaJaXZVl0uKBGTxZ_ZvRbJR4jx0bIoN6d%2BSlfJKmi77rjktlHG4OIig9E00hQ0tNSyE23HhfqXTE2iELGKNo3qkFQ9KzMWfgJ91ofd9&a2=20160123183443&a3=763-3926535-885259#xtor=EPR-300-%5Bactualites%5D-20160123


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vendredi 22 janvier 2016

Raï aujourd’hui au Vatican - L'Orient-Le Jour

Raï aujourd'hui au Vatican - L'Orient-Le Jour

21/1/2016-Raï aujourd'hui au Vatican

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, prendra aujourd'hui l'avion pour le Vatican où il effectuera un séjour de quelques jours au cours duquel il sera notamment reçu en audience par le pape François. Mgr Raï doit également aborder le dossier libanais et celui des chrétiens d'Orient avec des officiels du Saint-Siège directement concernés par les deux.
Il devra visiter la paroisse de Foligno où le crâne de saint Maron est conservé, afin de coprésider, dimanche, les cérémonies prévues pour la fête du saint patron du village, saint Feliciano. Pour l'occasion, trois reliquaires de saint Maron ont été conçus en bois de cèdre sous la forme de répliques de la statue qui orne l'enceinte de la basilique Saint-Pierre au Liban. L'une d'elles sera installée à Bkerké.
Le patriarche doit en outre consacrer un autel secondaire de la cathédrale de Foligno, spécialement aménagé pour accueillir les reliques de saint Maron et qui portera son nom. Elles seront transférées de la chapelle où toutes les reliques des saints sont entreposées.
Cet événement est patronné par la Fondation Antoine Choueiri, qui sera représentée à Foligno par Rose Choueiri.



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mercredi 20 janvier 2016

Actualtés : Syrie et Iraq


ASIE/SYRIE - Rencontre avec les diplomates présents à Damas à l'initiative du Patriarche syro orthodoxe


Damas (Agence Fides) – Le Patriarche syro orthodoxe d'Antioche, Ignace Ephrem II, a organisé une réception à l'occasion du début de la nouvelle année, à laquelle ont été invités tous les diplomates accrédités auprès de la République arabe de Syrie. La réception a eu lieu hier au siège patriarcal, sis dans le quartier de Bab Tuma, à l'intérieur de la vieille ville de Damas. A l'événement ont participé entre autres également le Nonce apostolique à Damas, S.Exc. Mgr Mario Zenari, ainsi que les Ambassadeurs d'Argentine, d'Arménie, de Biélorussie, d'Egypte, d'Inde, d'Indonésie, de Russie, d'Ukraine, de Cuba, d'Iran, du Pakistan, d'Irak, du Brésil et du Venezuela. Dans son discours au diplomates, le Patriarche Ignace Ephrem II a réaffirmé que le terrorisme et la guerre en cours en Syrie sont alimentés depuis l'extérieur et a renouvelé l'appel au soutien international au peuple syrien.

Ces jours derniers, le même Patriarche s'était rendu à Qamishli, dans le gouvernorat d'Hassakè, au nord-est du pays, pour jouer un rôle de médiateur entre les milices kurdes et les groupes d'autodéfense Sotoro, formés en majorité par des chrétiens syriens et assyriens qui, le 11 janvier, s'étaient affrontés pour le contrôle d'un barrage (voir Fides 12/01/2016). A cette occasion, l'attaque des kurdes contre le poste de contrôle des miliciens de Sotoro avait provoqué une fusillade d'une heure, au cours de laquelle un milicien assyrien, David Gabriel, avait trouvé la mort, alors que différents miliciens kurdes avaient été blessés. (GV) (Agence Fides 20/01/2016)


-ASIE/IRAQ - Dégâts dans une église de Mossoul suite à des raids de la coalition

Mossoul (Agence Fides) – Dans la nuit du 18 au 19 janvier, les bombardements aériens de la coalition internationale sur Mossoul – prise en juin 2014 par les djihadistes du prétendu « Etat islamique » - ont frappé l'église syro orthodoxe de la Très Sainte Vierge Marie située dans la zone du marché. Des sources locales ont indiqué au site d'information ankawa.com que l'église était occupée par des éléments du prétendu « Etat islamique » et qu'elle a été dévastée par le bombardement subi. (GV) (Agence Fides 20/01/2016)



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L'écriture de l'Histoire en syriaque, entre hellénisme et islam, avec Muriel Debié. - Idées - France Culture

L'écriture de l'Histoire en syriaque, entre hellénisme et islam, avec Muriel Debié. - Idées - France Culture

L'écriture de l'Histoire en syriaque, entre hellénisme et islam, avec Muriel Debié.

De son monumental livre : "L'écriture de l'histoire en syriaque", sous-titré "Transmissions interculturelles et constructions identitaires entre hellénisme et islam", qui paraît aux éditions Peeters (Leuven),  Muriel Debié nous dit qu'il est sans doute d'abord "une sorte de manuel destiné à donner les clés pour une utilisation facilitée des sources historiques syriaques : qui a écrit quoi? Où? Pourquoi? En utilisant quelles sources? De quoi parlent ces histoires? Comment ont-elles été transmises, depuis les manuscrits jusqu'aux éditions et traductions récentes? Où peut-on lire ces textes dans l'original et en traduction? Quels sont les enjeux et les sujets qui ont été discutés?"

Ainsi, il va s'agir ici de faire "l'histoire de l'histoire telle qu'elle a été écrite en syriaque par des auteurs qui connaissaient souvent le grec et l'arabe et ont écrit parfois aussi en ces langues", dit-elle encore.

Muriel Debié dit surtout qu'il est capital pour les histoires modernes de "réintégrer la dimension théologique dans la manière d'appréhender le monde de l'Antiquité tardive comme cela a déjà largement été fait pour le Moyen Age." Car la théologie n'était pas alors affaire seulement des théologiens : "partout, on s'échauffait à parler de la Trinité et de christologie , comme aujourd'hui de politique au café du coin ou dans les manifestations de rue." Muriel Debié rappelle à ce sujet la très célèbre dénonciation - par Grégoire de Nysse  - de l'arrogance de la populace de Constantinople se mêlant des controverses anciennes : "Si tu demandes de la monnaie, il te fait de la philosophie sur "engendré" et "inengendré"; si tu t'enquiers du prix du pain, "le Père est plus grand", répond-il "et le Fils inférieur"; si tu dis "le bain est-il prêt?", il définit que le Fils existe à partir de ce qui n'est pas."

La dispute, surtout, arrive en 451 avec le Concile de Chalcédoine qui établit que la nature du Christ est double : divine et humaine...

Quant à être historien, à l'époque, ce n'est pas un métier : "il n'y a pas de mot spécifique en syriaque pour désigner un historien, il n'y a que des écrivains d'histoires et de chroniques" dit Muriel Debié. Mieux, une partie du corpus des textes historiques syriaques ne mérite pas le nom de texte : "ce sont des documents qui peuvent servir à écrire l'histoire mais ne sont en eux-mêmes que du matériel historiographique", dit-elle.

Ainsi, la pratique de l'histoire est celle du patcwork, "et non celle d'une création rhétorique".

C'est le genre "ouvert" des chroniques; Muriel Debié parlerait presque de copier / coller, comme on dit aujourd'hui...

En fait, on ne sait pas comment les auteurs syriaques travaillaient concrètement, "et notamment s'ils étaient aidés par des secrétaires ou des copistes qui allaient chercher pour eux les passages qu'ils avaient répérés et qui les excerptaient."

Il faut citer la Chronique d'Eusèbe transmise en syriaque, même s'il n'en existe pas de traduction indépendante, "seulement des traces indirectes dans l'historiographie postérieure."

C'est à cette Chronique d'Eusèbe que les chroniqueurs syriaques ont emprunté ce que Eusèbe lui-même avait excerpté et combiné du matériel d'époque hellénistique qui lui était parvenu par diverses voies...

C'est dire - en effet - si la notion d'auteur telle que nous l'entendons se trouve mise en péril par ce mode de composition et d'écriture "tant il est difficile de distinguer entre strates de composition par un même auteur et strates de sources antérieures plus ou moins heureusement harmonisées ou simplement ajoutées dans des continuations ouvertes."

... Muriel Debié en conclura  que "ni la chronologie ni les récits ne peuvent être pris au pied de la lettre sans approche critique quand la théologie l'emporte sur l'histoire, quand l'interprétation d'un événement est plus importante que sa datation exacte (...)."

En syriaque comme en latin ou en arbe (cela semble moins vrai en grec, dit-elle), l'histoire est une activité secondaire, mais qui a occupé les plus grands esprits....

"Elle n'a jamais été une affaire d'Etat mais une activité de l'Eglise pratiquée par ses serviteurs les plus haut placés."



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Un nouvel exarchat apostolique maronite en Colombie - La Croix

Un nouvel exarchat apostolique maronite en Colombie - La Croix

Un nouvel exarchat apostolique maronite en Colombie

Le pape François a érigé, mercredi 20 janvier, un exarchat apostolique (église particulière rattachée au Saint-Siège) pour les fidèles maronites qui résident en Colombie, dont le siège sera à Bogotá.

Le pape a nommé le même jour l'exarque apostolique de la nouvelle juridiction, le P. Fadi Bou Chebel, religieux mariamite maronite, qui était aumônier de la pastorale universitaire du Liban.

Le P. Fadi Bou Chebel est né le 19 octobre 1969 à Deir el Qamar, dans la montagne du Chouf libanais. Il est entré en 1989 dans l'ordre mariamite maronite ou ordre maronite de la Bienheureuse Vierge Marie où il a fait profession solennelle le 19 janvier 1994. Il a été ordonné prêtre le 23 décembre 1995 et est titulaire d'une licence en théologie pastorale.

Le nouvel exarque apostolique pour les fidèles maronites de Colombie a été vicaire en Uruguay (1996-1998), puis assistant spirituel auprès des séminaristes au Couvent Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus de Shaylé (Liban) (1998-1999). De 1999 à 2003, il a été économe de ce couvent et assistant du responsable des religieux étudiants, ainsi que directeur général du collège mariamite Notre-Dame de Louaizé (Zouk Mosbeh, Liban) (2002-2003).

Le P. Fadi Bou Chebel a été nommé ensuite responsable des jeunes étudiants à Rome (Italie) de 2003 à 2005. Il fut ensuite aumônier général de l'université privée Notre-Dame de Louaizé, et, depuis 2007, directeur de la pastorale universitaire du Liban.

Outre sa langue maternelle, le P. Fadi Bou Chebel parle l'espagnol et le français.



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Urbi&Orbi du 20 janvier 2016 - Lettre d'information religieuse de La Croix


Expéditeur: "La Croix" <lacroix@service.client.bayardweb.com>
Date: 20 janvier 2016 18:47:49 UTC+2

Depuis l'avènement de l'organisation terroriste en Irak et en Syrie, la liste des édifices culturels et religieux détruits ne cesse de s'allonger.

Le patriarche de Babylone des Chaldéens a plaidé, lundi 18 janvier, pour la création d'une liste politique unique.Il a par ailleurs condamné le bombardement par la Turquie d'un village chrétien ...

Plusieurs dizaines de chrétiens enlevés en février dernier dans la région d'Hassaké (nord-est) restent aux mains des djihadistes.

mardi 19 janvier 2016

La coordination Terre sainte achève sa visite de soutien aux chrétiens - La Croix

La coordination Terre sainte achève sa visite de soutien aux chrétiens - La Croix

La coordination Terre sainte achève sa visite de soutien aux chrétiens

La coordination des conférences épiscopales pour le soutien de l'Église en Terre Sainte a terminé, jeudi 14 janvier, sa visite annuelle dans la région. La délégation, mandatée par le Saint-Siège, se rend tous les ans en Terre sainte depuis 1998 pour manifester sa solidarité avec les communautés chrétiennes locales. Elle réunissait cette année quatorze évêques catholiques du monde entier, dont Mgr Michel Dubost, évêque d'Évry – Corbeil-Essonnes.

Les membres de la délégation se sont d'abord rendus auprès des chrétiens de Gaza. Ils ont pu constater que de nombreux Palestiniens vivaient encore sans logement, traumatisés par la guerre de 2014 avec Israël. « Le blocus imposé rend leur vie sans espoir ; les gens vivent effectivement dans une prison », ont écrit les évêques dans leur communiqué final. Mais ils ont aussi souligné la « capacité de tant de chrétiens et de musulmans de se soutenir réciproquement », y voyant un « signe d'espérance ».

« Violation du droit international »

Ils se sont ensuite déplacés à Beit Jala, un faubourg de Bethléem où doit être construit un nouveau tronçon du mur de séparation. S'il est érigé, il divisera les terres d'une soixantaine de familles chrétiennes. L'État d'Israël justifie ce projet en invoquant la nécessité de se protéger d'éventuelles attaques palestiniennes. Depuis que la justice israélienne a autorisé le lancement du projet en juillet dernier, des recours ont été déposés par les familles palestiniennes locales. Mais l'armée israélienne a d'ores et déjà confisqué les terrains et arraché des oliviers qui s'y trouvaient.

La coordination Terre Sainte a regretté dans son communiqué une « violation du droit international » par Israël. Elle a du reste été empêchée par l'armée israélienne de se rendre sur les lieux de construction du mur. L'année précédente, plusieurs membres de la délégation s'étaient déjà vus interdire temporairement l'accès à Gaza, sur injonction des militaires israéliens.

« Vous n'êtes pas oubliés »

Les évêques ont terminé leur séjour en Jordanie, auprès des réfugiés chrétiens ou encore de communautés religieuses. Dans ce pays où un quart de la population se compose de réfugiés, ils ont observé que les chrétiens craignaient « l'extrémisme croissant dans la région ». La délégation leur a tenu le même discours qu'aux communautés précédemment rencontrées et qui peut être résumé par une expression revenue plusieurs fois dans le communiqué : « Vous n'êtes pas oubliés ».

Pierre Wolf-mandroux



Jtk