Arabes du Christ


" الهجرة المسيحية تحمل رسالة غير مباشرة للعالم بأن الإسلام لا يتقبل الآخر ولا يتعايش مع الآخر...مما ينعكس سلباً على الوجود الإسلامي في العالم، ولذلك فإن من مصلحة المسلمين، من أجل صورة الإسلام في العالم ان .... يحافظوا على الوجود المسيحي في العالم العربي وأن يحموه بجفون عيونهم، ...لأن ذلك هو حق من حقوقهم كمواطنين وكسابقين للمسلمين في هذه المنطقة." د. محمد السماك
L'emigration chretienne porte au monde un message indirecte :l'Islam ne tolere pas autrui et ne coexiste pas avec lui...ce qui se reflete negativement sur l'existence islamique dans le monde.Pour l'interet et l'image de l'Islam dans le monde, les musulmans doivent soigneusement proteger l'existence des chretiens dans le monde musulman.C'est leur droit ..(Dr.Md. Sammak)

samedi 13 août 2016

Le Vatican réaffirme son attachement au modèle libanais de coexistence - L'Orient-Le Jour

Le Vatican réaffirme son attachement au modèle libanais de coexistence - L'Orient-Le Jour

Le Vatican réaffirme son attachement au modèle libanais de coexistence

Saint-Siège

Le secrétaire aux Affaires étrangères du Vatican, Mgr Paul Richard Gallagher, a réaffirmé l'attachement du pape François au Liban et au modèle de coexistence qu'il représente, durant son entretien avec le président du Conseil supérieur maronite, Wadih el-Khazen, qu'il a reçu au Saint-Siège.
Selon un communiqué du Conseil supérieur maronite, M. Khazen a également été reçu par l'assesseur aux affaires générales de la secrétairerie d'État, Mgr Paolo Borgia. L'actualité libanaise et régionale, notamment la situation des chrétiens d'Orient, a été au centre des deux entretiens.
Mgr Gallagher a estimé pour sa part qu' « il n'y a pas à craindre pour le Liban qui figure en permanence à l'ordre du jour des entretiens du pape avec des responsables internationaux ou régionaux », soulignant le souci du Saint-Père de voir le pays du Cèdre tenu à l'écart des tiraillements communautaires, dans la mesure où il représente, pour lui, « un modèle de coexistence qui peut être un rempart inébranlable face à l'extrémisme aveugle et provoqué, quelles que soient ses appellations ».
Toujours selon le communiqué, le responsable du Vatican s'est félicité des efforts du patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, et du président de la Chambre, Nabih Berry, pour obtenir l'organisation de la présidentielle.

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JTK

Les 500 ans de l’émirat du Mont-Liban (1516-2016) - L'Orient-Le Jour

Les 500 ans de l'émirat du Mont-Liban (1516-2016) - L'Orient-Le Jour

Les 500 ans de l'émirat du Mont-Liban (1516-2016)

En marge de la visite le 6 août 2016 du patriarche maronite au Chouf, à l'occasion du 15e anniversaire de la réconciliation de la Montagne libanaise (4 août 2001), il serait important de souligner que cette année coïncide avec les 500 ans de l'émirat du Mont-Liban.
En effet, après la conquête ottomane sur les Mamelouks en 1516, le sultan ottoman Sélim 1er (le hardi ou le terrible, neuvième sultan ottoman et le premier à porter le titre de calife, père de Soliman le magnifique) octroya la prééminence sur la montagne libanaise à un émir de la famille Maan, Fakhreddine 1er (fierté de la religion, 1516-1544) auquel succéda son fils Korkomaz (sans crainte en turc, 1544-1585) père de Fakhreddine II le Grand (1590-1635), considéré lui-même grâce à sa bravoure et ses accomplissements, comme le père incontestable de la nation libanaise. Ces trois émirs druzes furent tous les trois assassinés ou exécutés, par l'Empire ottoman.
Certes l'émirat n'était pas à proprement parler une principauté fixe et autonome au sein de l'empire, mais les émirs étaient une sorte de gouverneurs, chargés entre autres de faire régner l'ordre et de recueillir les impôts, et avaient le droit d'avoir leur propre armée, leur drapeau et leurs bâtiments officiels notamment des fortifications et dont la charge se transmettait héréditairement au sein de la même dynastie après consentement du sultan ottoman.
C'est cette transmission au sein d'une même famille (deux dynasties : les Maan druzes – 1516-1697 : six émirs et les Chehab sunnites – dont certains convertis dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle au maronitisme – 1697-1842 : huit émirs) ainsi que les fonctions régaliennes dévolues aux émirs, qui vont faire naître l'entité libanaise et assurer une continuité historique et en grande partie géographique (les frontières étaient changeantes et extensibles, et ont pu s'étendre du temps de Fakhreddine II jusqu'à Palmyre, même si l'émirat était partagé administrativement entre les pachaliks de Damas, Tripoli et plus tard sous les Chehab, Saïda).
Un véritable système militaire, politique, économique, social et surtout culturel s'est mis en place, à partir de 1516 avec l'émirat et l'alliance dans la Montagne libanaise, entre les deux communautés minoritaires, druze et maronite. Les chiites avaient été persécutés et largement déplacés vers le Sud et la Békaa par les Mamelouks (1250-1516) qui avaient vaincu les Croisés et précédé les Ottomans. Les orthodoxes et les sunnites s'étaient eux, fondus dans l'Empire byzantin, puis avec la chute de Constantinople (1453), dans l'Empire ottoman.
C'est ce système qui donnera lieu, à la fin de l'émirat (1842), aux deux entités politiques et administratives, au sein de l'Empire ottoman, le double caïmacamat, druze et maronite (1842-1860) et la moutassariffiya (1860-1918) et sera à la base de la proclamation sous mandat français, du Grand Liban pluricommunautaire dans ses frontières actuelles (1er septembre 1920) et de la République libanaise indépendante (1943).
Qu'on le veuille ou pas, cette entité libanaise s'est effectuée à travers cinq siècles d'histoire et s'est construite, grâce à cette disposition géographique particulière, entre la côte longue et étroite sur le versant est de la Méditerranée (220 km), la chaîne de montagnes verdoyante, continue et escarpée du Mont-Liban (160 km), la plaine fertile de la Békaa (120 km) et la chaîne de montagnes aride, continue et peu habitée de l'Anti-Liban (150 km), qui nous sépare de la Syrie. Un pays presque parallèle, à la fois ouvert, divers et naturellement enclavé.
L'histoire du Liban contemporain ne peut faire l'économie de ces cinq siècles d'histoire moderne en Orient, qui ont créé cette spécificité libanaise, au sein de l'Empire ottoman naguère et aujourd'hui, au sein du monde arabe. L'âme libanaise profonde s'est nourrie de cette histoire et s'est enracinée dans cette géographie. Si elles ne sont pas intériorisées par les Libanais, toutes communautés confondues, elles ne peuvent pas engendrer une cohésion et renforcer un sentiment d'appartenance nationale.
Certes la visite du patriarche maronite à la montagne druze-maronite est essentielle dans le processus de la réconciliation et de la résistance à la tutelle syrienne, surtout après les massacres fratricides de 1983, qui avaient ravivé le souvenir tragique, de ceux de 1860, mais à long terme il s'agit de proposer à tous les Libanais une histoire nationale qui s'étend sur une échelle plus longue.
Affirmer aujourd'hui l'originalité et l'existence historique de cette entité libanaise est une manière d'établir définitivement notre identité nationale, transcommunautaire et pluriculturelle. Ces cinq siècles dont l'émirat du Mont-Liban (1516-1842) et le Grand Liban (depuis 1920) en sont la traduction, l'incarnation et la continuité.
Dès le départ, le premier émir Fakhreddine 1er (1516-1544) étend sa domination territoriale jusqu'à Tripoli au Nord et Jaffa au Sud. Il fait construire des édifices publics et des fortifications, et dispose d'une administration et d'une armée. Ce qui laisse supposer une stabilité et une prospérité lors de son règne. C'est lui qui restaure la première mosquée construite en 1493 dans la montagne libanaise (pour ses mercenaires sokmans). D'ailleurs cette mosquée porte toujours aujourd'hui son nom, sur la place de Deir el-Qamar (couvent de la Lune). Cette ville fut la capitale de l'émirat depuis Fakhreddine II (dont le palais est sur la même place), jusqu'à la construction de Beiteddine en 1818 par Béchir II, sur un promontoire face à Deir el-Qamar.
Fakhreddine II Maan le Grand (1590-1635) et Béchir II Chéhab le Grand (1789-1840) régneront à deux siècles d'intervalle, chacun presqu'un demi-siècle, et seront à plus d'un titre, les deux grands émirs (sur les quatorze), dans l'histoire de la montagne libanaise.
Le patriarche maronite s'est d'ailleurs référé dans son discours directement au premier et indirectement au second à travers sa famille, par égard à son hôte Walid Joumblatt dont l'ancêtre cheikh druze Béchir Joumblatt avait été le plus proche allié puis le rival féroce de l'émir maronite Béchir II Chéhab. L'emprisonnement et l'exécution du premier après sa défaite, sur l'instigation du second fut la première coupure historique violente et sanglante entre les deux communautés. La visite du patriarche, outre le souvenir de la réconciliation, avait également pour occasion la restauration de l'église Notre-Dame el-Durr construite par Béchir Joumblatt en 1820 en hommage à ses alliés maronites, les cheikhs el-Khazen, gardiens historiques de Bkerké. Durant l'émirat, le système communautaire libanais était doublé par un système de féodalité transcommunautaire.
On pourrait également signaler la coïncidence de la visite du patriarche, avec le 444e anniversaire de la naissance de Fakhreddine II (né à Baakline, le 6 août 1572 et exécuté avec trois de ses fils, à Istanbul le 13 avril 1635). Les dates symboliques de naissance et de mort en fournissant des repères aident à construire le discours identitaire.
Le processus historique et culturel de ces cinq siècles devrait être étudié dans son ensemble pour parvenir jusqu'à nous. En dehors de l'histoire et d'une mémoire commune, nous ne pouvons pas projeter un avenir ensemble. Certes cette aventure commencée il y a cinq siècles a beaucoup évolué et s'est beaucoup enrichie notamment durant le dernier centenaire (depuis 1920, date à laquelle Walid Joumblatt s'est également référé et dont il ne faudrait pas rater la commémoration le 1er septembre 2020, dans quatre ans).
Au-delà des communautés, des clans, des féodalités et des familles, l'histoire du Liban a construit une entité et une expérience libanaises d'autonomie, de souveraineté, de libertés individuelles et de groupes, de pluralisme culturel partagé, dont tous les Libanais devraient aujourd'hui se sentir dépositaires et solidaires. Il est grand temps de tirer les leçons de ces cinq siècles et d'en assumer collectivement cet héritage global.
Le Liban moderne commence avec l'émirat en 1516 et se poursuit avec le Grand Liban en 1920. Ce petit pays est très précieux pour lui-même, pour son environnement et pour notre monde globalisé aujourd'hui. C'est une histoire miraculeuse et improbable qui a coûté d'énormes sacrifices humains et qui constitue une exception et un espoir.
En se replaçant dans la continuité de l'histoire et en l'absence affligeante et criminelle, depuis plus de deux ans, d'un président de la République (ce à quoi le patriarche maronite et son hôte druze se sont référés), nos dirigeants et surtout les maronites, qui en assument une double responsabilité, compte tenu du privilège, hélas de plus en plus immérité, qui leur a été accordé, devraient considérer qu'ils sont les gardiens de cette histoire et de ces institutions qu'il a fallu patiemment construire et que leur égoïsme et leur narcissisme ne font qu'accélérer leur déclin et celui de leur pays.



JTK

vendredi 12 août 2016

Peut-on parler de génocide contre les chrétiens d’Orient ? - La Croix

Peut-on parler de génocide contre les chrétiens d'Orient ? - La Croix

Peut-on parler de génocide contre les chrétiens d'Orient ?

Les États-Unis estiment que les massacres perpétrés par l'État islamique contre les chrétiens d'Orient relèvent du génocide. Qu'en est-il  ?

Entretien avec Mgr Pascal Gollnisch, Directeur de l'Œuvre d'Orient et vicaire général de l'Ordinariat des catholiques des Églises orientales en France, pour qui « l'État islamique est un groupe terroriste génocidaire ».

Mgr Pascal Gollnisch, Directeur de l'Œuvre d'Orient et vicaire général de l'Ordinariat des catholiques des Églises orientales en France.
ZOOM

Mgr Pascal Gollnisch, Directeur de l'Œuvre d'Orient et vicaire général de l'Ordinariat des catholiques des Églises orientales en France. / Corinne SIMON/CIRIC/

« Le génocide correspond à une définition juridique généralement acceptée dans les termes de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, de 1948. Il ne se fonde pas sur un nombre particulier de morts mais est constitué, d'abord, par une intention : celle de vouloir faire disparaître un groupe, non seulement en raison de critères de races mais également en raison de critères religieux. Et ce, par différents moyens : l'assassinat, le meurtre, mais aussi des conditions de vie inacceptables ou encore l'empêchement d'avoir des enfants.

Si on applique cette définition à ce que fait l'État islamique – qui est une forme de totalitarisme terroriste porteur de l'idéologie de vouloir détruire tout ce qui n'est pas lui – auprès des minorités du Moyen-Orient, il est très clair qu'existe cette intention de faire disparaître des groupes. Les Yézidis, qu'il considère comme des idolâtres puisque étant une religion non issue du Livre, voire comme des adorateurs du diable, sont ainsi exécutés de manière systématique ; les chrétiens, tués, chassés de leur territoire ou mis en demeure de se convertir à l'islam.

Par conséquent, j'estime que l'on peut parler de génocide tant vis-à-vis des chrétiens que vis-à-vis des Yézidis et je pense que la justice internationale devrait être saisie des agissements de Daech.

> À lire  : Le patriarche latin de Jérusalem refuse de parler de « génocide de chrétiens »

Mais ce génocide est perpétré par l'État islamique et non par l'ensemble du Moyen-Orient. Il ne faut ainsi pas imaginer que la situation sur ce territoire soit une situation frontale entre deux groupes : les musulmans d'un côté, les chrétiens de l'autre. Il existe différentes mouvances musulmanes comme il existe différentes mouvances chrétiennes. Et c'est en ce sens que je comprends la prudence, en juin dernier, du pape François à utiliser le terme de « génocide » pour désigner la situation des chrétiens d'Orient.

Le fait que Washington se soit exprimé sur cette question est une bonne chose. Parce que cela montre la vraie nature de l'État islamique qui n'est ni un État, ni islamique, mais un groupe terroriste génocidaire et que certains États en prennent conscience.

Même si elle ne gomme pas la part importante de la responsabilité des États-Unis dans la situation actuelle de l'Irak, cette déclaration peut aider à ce que la justice internationale soit saisie. »

> À lire  : Une pétition demande à John Kerry de reconnaître le « génocide » des chrétiens d'Orient

Recueilli par Isabelle Demangeat



JTK

jeudi 11 août 2016

Vers une rencontre Raï-Abdel Amir Kabalan - L'Orient-Le Jour

Vers une rencontre Raï-Abdel Amir Kabalan - L'Orient-Le Jour

Vers une rencontre Raï-Abdel Amir Kabalan

Une rencontre est en préparation entre le patriarche maronite Béchara Raï et le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, pour le règlement du contentieux foncier opposant l'évêché maronite de Jounieh à des habitants de la communauté chiite de Lassa (Jbeil), au sujet de la propriété de certains biens-fonds.
L'annonce de cette prochaine rencontre reste officieuse et a été rapportée par l'agence locale al-Markaziya sur foi de propos tenus par le porte-parole de Bkerké, Walid Ghayad.
La rencontre entre les deux hommes, si elle se confirme, fera suite à un entretien téléphonique qu'ils ont eu au sujet du contentieux foncier, précise-t-on.
Cet ancien dossier, qui dormait ces derniers temps, a surgi à nouveau à la suite d'un incident au cours duquel un uléma chiite, cheikh Mohammad Itaoui, et un certain nombre d'habitants chiites de Lassa ont empêché un arpenteur, Fady Akiki, de prendre les mesures d'un bien-fonds appartenant à l'évêché maronite de Jounieh, arbitrairement revendiqué par des habitants du lieu.
Ce dossier a été soulevé de nouveau hier matin, à Dimane, au cours d'une réunion du conseil épiscopal permanent restreint présidé par le patriarche Raï. La réunion s'est tenue en présence du prêtre en charge de la paroisse de Lassa, le P. Chamoun Aoun, et de l'avocat du patriarcat dans cette affaire, André Bassil.

Déséquilibre démographique
Selon une source réclamant l'anonymat, citée par l'agence al-Markaziya, le litige foncier à Lassa est étroitement lié au déséquilibre démographique qui frappe les deux présences chrétienne et chiite au Liban et qui, selon cette source, « affecte directement le vivre-ensemble » entre les deux communautés.
La source attribue ce déséquilibre aussi bien à la guerre civile, qui a poussé beaucoup de chrétiens à émigrer, qu'au décret de naturalisation de 1995, considéré comme « un crime » en ce qu'il a accentué le déséquilibre démographique entre chrétiens et musulmans.
Parmi les centaines de milliers de naturalisés en vertu de ce décret, seuls 25 % sont chrétiens, note-t-on.
Pour la source précitée, « l'affaire Lassa n'est pas circonstancielle ou transitoire, mais fondamentale ; elle touche au fait que certains considèrent les régions de Jbeil et du Kesrouan comme leur appartenant et en revendiquent la propriété comme un droit ».
Les différends affectant les biens-fonds de Lassa remontent à plus de 70 ans, précise la source susmentionnée, qui rappelle que « le sang a coulé » en certaines circonstances pour défendre ce que les uns et les autres considéraient comme leur droit.
Au sein même de l'Église maronite, le règlement du différend foncier de Lassa ne fait pas l'unanimité. L'un des deux camps privilégie l'esprit de compromis dans cette affaire, tandis que l'autre souhaite le respect strict du droit, se basant sur des cadastres entamés en 1936 et achevés en 1973.

À Baalbeck
Par ailleurs, après avoir reçu une délégation de Hasroun, venu solliciter sa présence pour la fête de saint Jude, patron du village, le 23 septembre, le patriarche s'est rendu hier au siège de l'archevêché grec-catholique de Baalbeck, en visite d'appui et de solidarité, dans le prolongement de l'attentat terroriste contre le village grec-catholique de Qaa. Le patriarche a été accueilli à Baalbeck par le député Émile Rahmé, l'archevêque grec-catholique de la ville, Élias Rahal, et le président de l'association « al-Nawraj », Fouad Abou Nader, ainsi que par plusieurs présidents de municipalité.
Explicitant le sens de sa présence sur place et de l'accueil réservé au patriarche, M. Abou Nader a affirmé que son institution « a pris sur elle, avec d'autres, de veiller sur les régions frontalières, en particulier après les attentats de Qaa. De ce fait, elle se considère comme étant le rempart de la patrie, défendant tout le Liban ».
Pour sa part, le patriarche a affirmé : « Le Liban est le seul pays du Moyen-Orient qui reste debout, et cela tient du miracle et de la volonté de Dieu. Nous voulons tous, comme Libanais, préserver notre présence coûte que coûte. Nous, chrétiens, sommes là depuis 2 000 ans et tenons à y demeurer. En le disant, nous pensons à une présence chrétienne faite d'ouverture sur tous et toutes les religions (...). Nous tenons à la culture que musulmans et chrétiens de Syrie, d'Irak, de Palestine, de Jordanie et de tout le Machrek ont bâtie. Il n'est pas question que cette terre aille à Daech, à el-Qaëda ou à d'autres organisations terroristes (...). Voilà le sens de notre présence ici, aujourd'hui. »
Sur sa route pour Baalbeck, le patriarche s'était arrêté à Deir el-Ahmar pour se faire accompagner lors de sa visite par l'évêque du lieu, Mgr Hanna Rahmé.



JTK

mardi 9 août 2016

Le différend qui oppose l'évêché maronite de Jounieh et les habitants chiites de Lassa sur la délimitation des terrains

Kabalan prend contact avec Raï en vue d’un règlement du conflit

LASSA
Un arrangement à l'amiable pour compenser la non-application de la loi ?
Claude ASSAF | OLJ
09/08/2016




Le différend qui oppose l'évêché maronite de Jounieh et les habitants chiites de Lassa sur la délimitation des terrains dans ce village du jurd de Jbeil a semblé hier faire l'objet d'une volonté de règlement au niveau des chefs des deux communautés concernées, un contact ayant été effectué sur ce plan entre le vice-président du Conseil supérieur chiite, Abdel Amir Kabalan, et le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï.
Le conflit, qui trouve son origine dans l'opposition des chiites de Lassa au recensement des terres effectué en 1939 par l'État, a atteint un pic la semaine dernière lorsqu'un topographe chargé par le diocèse maronite de Jounieh d'effectuer les travaux de dénivellation d'un terrain lui appartenant en a été empêché par un cheikh proche du Hezbollah et par une cinquantaine d'habitants chiites du village.
Face à cette agitation, le cheikh Abdel Amir Kabalan a pris l'initiative hier de joindre au téléphone Mgr Béchara Raï, l'exhortant à « coopérer en vue de régler le dossier de Lassa et de donner à chacun son droit ». Le chef du Conseil supérieur chiite a indiqué que Mgr Raï lui a fait la promesse de suivre ce dossier dès son retour de l'étranger.

Cheikh Kabalan avait reçu dans la matinée une délégation des habitants de Lassa qui lui a demandé d'intervenir auprès « des parties concernées » afin que celles-ci acceptent de réviser les opérations de démarcation et d'empêcher tout empiétement tant sur les waqfs que sur les propriétés privées.
Comme pour calmer les remous, le cheikh Kabalan a mis l'accent, à cette occasion, sur « la nécessité du vivre-ensemble », affirmant que « les chrétiens sont des frères ». Tout en faisant valoir qu'il n'acceptera jamais que les droits de ces derniers soient « spoliés », il a souligné qu'il ne tolérera pas non plus qu'« un seul grain de sable » des terrains chiites soit « volé ».
Prenant la parole au nom de la délégation, le cheikh Mohammad Itaoui (qui avait empêché le topographe envoyé à Lassa d'effectuer son travail) a affirmé s'être plaint auprès du cheikh Kabalan des « mensonges entretenus dans le village au niveau des wakfs et des propriétés privées, ainsi que ceux qui sont colportés par les médias qui attisent les tensions confessionnelles ». Il a appelé dans ce cadre tous les responsables politiques et religieux à « tenir les médias à l'écart du dossier de Lassa », soulignant que « celui qui veut recouvrer son droit doit le faire à travers la loi seule ».
Abiramia chez Basbous
De son côté, Simon Abiramia, député de Jbeil (bloc du Changement et de la Réforme), s'est réuni avec le directeur général des Forces de sécurité intérieure, Ibrahim Basbous, pour discuter des « opérations de délimitations foncières dans la localité de Lassa et du rôle des Forces de sécurité intérieure à ce niveau ».
Joint par L'Orient-Le Jour, M. Abiramia a indiqué qu'il a évoqué avec le général Basbous la nécessité pour chacune des parties qui désire effectuer des travaux d'en notifier les autorités, afin que les forces sécuritaires accompagnent les personnes chargées d'accomplir ces opérations. « Cette règle, établie depuis deux ou trois ans par une commission mixte formée des différents représentants des FSI, de l'évêché maronite, du Hezbollah, des habitants de Lassa, ainsi que du président de la municipalité et des moukhtars de Lassa, et de moi-même, doit être scrupuleusement respectée pour empêcher que de nouveaux incidents surviennent à l'avenir », a martelé M. Abiramia.
Le député de Jbeil a en outre indiqué avoir rendu hommage devant M. Basbous au rôle qu'ont joué les FSI dans le règlement du litige qui a opposé vendredi les habitants de Lassa au topographe dépêché sur les lieux par le diocèse maronite. Selon M. Abiramia, ce différend était né de « l'appréhension du cheikh Mohammad Itaoui de voir les autorités religieuses maronites construire un bâtiment sur ce qu'il considère être un terrain appartenant aux familles Mokdad et Itaoui, dans lequel se trouve un cimetière des deux familles ».
Farès Souhaid
Commentant les derniers développements du dossier, le coordinateur des Forces du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid, a pour sa part estimé que les litiges sur des terrains doivent se régler non pas par le biais de compromis entre responsables de communautés, mais à travers un recours à la loi et la justice. « Tout litige relatif à la propriété doit normalement être soumis au tribunal foncier, qui pourra alors trancher à la lumière des documents et preuves qui lui sont présentés », a insisté M. Souhaid. « Pourquoi donc créer toute sorte de commissions ou faire intervenir des responsables religieux ou politiques alors que le problème peut être réglé par la loi ? » s'est-il encore interrogé, évoquant le cas de l'église Notre-Dame de Lassa. « En 2008, le cheikh Mohammad Itaoui a opéré une mainmise sur cet édifice, prétendant qu'il appartient en fait à la famille Hamadé (de confession chiite), et, à la suite d'un arrangement, en avait remis les clés au chef du courant patriotique libre, Michel Aoun », a-t-il déploré, indiquant que, « depuis, l'église est fermée... ».
M. Souhaid a en outre critiqué les demandes des habitants chiites de Lassa de procéder à la révision du cadastre établi en 1939, au motif, selon eux, que la communauté maronite jouissait alors d'un pouvoir dont elle a profité pour se faire attribuer des biens fonciers. « S'ils veulent ainsi saper les fondements des travaux de cadastre de Lassa établis à l'époque du mandat français, alors une brèche sera ouverte pour saper également les plans définissant le partage d'au moins 70 % du territoire libanais ! » s'est indigné M. Souhaid.
Enfin, concernant les déclarations des cheikhs Kabalan, Chrifé et Itaoui sur leur attachement au vivre-ensemble, M. Souhaid a relevé que ceux-ci « tiennent peut-être à la coexistence entre les communautés, mais certainement selon les conditions qu'ils veulent imposer ».
http://www.lorientlejour.com/article/1000826/kabalan-prend-contact-avec-rai-en-vue-dun-reglement-du-conflit.html

lundi 1 août 2016

La Perse, au commencement de la chrétienté orientale - Joseph YACOUB - L'Orient-Le Jour 1/8/216

La Perse, au commencement de la chrétienté orientale - Joseph YACOUB - L'Orient-Le Jour

La Perse, au commencement de la chrétienté orientale

Il s'agit d'une page largement méconnue de l'histoire de l'Iran. Dès le commencement, des Persans furent témoins de la Pentecôte. Les Actes des Apôtres (II, 9) mentionnent parmi les peuples présents à cet évènement les Élamites, les Parthes et les Mèdes.

Après la naissance de Jésus à Bethléem, des « mages d'Orient » sont venus lui rendre hommage. Or un de ces trois mages reposerait, dit-on, dans l'église nestorienne Mart Mariam à Ourmiah, située au cœur de la ville. Décrite par les spécialistes, cette église est considérée comme l'une des plus vieilles églises de la chrétienté. Une princesse chinoise nommée « Bafri » la visita et finança sa reconstruction en 642. C'est chose plausible, car à cette époque, l'Église d'Orient était prospère et présente en Chine. Selon des experts, le nom de cette princesse figurait sur le mur de l'église jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Marco Polo aurait visité cette église qui frappe par son architecture typique et son ancienneté. C'est un lieu fréquenté par les musulmans iraniens, y compris par des personnalités politiques. L'ancien président Khatami l'a visité en septembre 2001 et signé son livre d'or.

Une Église historique en Perse
Beaucoup de traditions, voire de légendes, entourent l'histoire du christianisme dans ce pays lors des tout premiers siècles.
Déjà l'écrivain syriaque Bardesane (154-222) atteste de cette histoire ancienne dans son ouvrage Le livre des lois des pays, dans lequel il cite parmi les peuples convertis au christianisme : les Guilanis (au nord de la mer Caspienne), les Bactriens (ou Balkh, pays entre le Kush Hindu et l'Oxus), et les Kouchans ou Késhanayé en syriaque.
Parmi les pères du concile de Nicée (325) figure Mar Yokhanna (Jean), évêque d'Ourmiah. Aphrahate, un des premiers Pères de l'Église (270-346), qui écrivait en araméen sous l'Empire sassanide, est surnommé le « sage persan ». Il défendait les valeurs humaines universelles et dénonçait la corruption au sein de sa propre Église. Avant les Arabes, les chrétiens de Perse traduisirent le célèbre ouvrage originellement rédigé en sanscrit Kalila et Dimna, du persan pehlevi en syriaque au VIe siècle. Le catholicos-patriarche Mar Aba 1er, élu en 544, sous le roi Khosro 1er Anocharvan (531-579) était persan de souche, converti du mazdéisme. Le célèbre moine Rabban Hormuzd (VIIe siècle), dont un monastère porte le nom en Irak, est persan d'origine.
À partir du début du IVe siècle, l'histoire atteste que les communautés chrétiennes y étaient bien organisées et les Églises fortement hiérarchisées. On est frappé par le nombre grandissant de fidèles et par la naissance de provinces ecclésiastiques et de plusieurs sièges épiscopaux vers le lac d'Ourmiah et la mer Caspienne.

(Lire aussi : Comment l'Église nestorienne a été la plus active au Kirghizistan dès 498...)

Des conciles sous tutelle en Perse sassanide
Il est important de rappeler que les premiers conciles de l'Église d'Orient nestorienne se tinrent à Séleucie et Ctésiphon, dans « le pays des Perses », en Mésopotamie sous domination sassanide (224-641), en dehors de l'Empire romain et byzantin. Tout-puissant, le roi Yezdegerd 1er (399-420) déclarait alors : « L'Orient et l'Occident forment une seule puissance, sous l'empire de ma royauté. » Il était qualifié par les conciles de l'Église d'Orient de « glorieux, puissant, pacifique, victorieux et illustre roi des rois », celui dont la royauté, « par la grâce de Dieu, fait régner la paix sur tout l'univers et dont la bienveillance procure l'exaltation des Églises et des troupeaux du Christ dans tout l'Orient ».
Après Addaï (Thaddée), Mari, Papa bar Aggaï et Simon bar Sabbae, les conciles de l'Église d'Orient purent se tenir à partir de 410 après que de hauts dignitaires eurent entrepris des démarches politiques auprès de la cour impériale en vue de la protection des chrétiens.
C'est alors que l'Église s'affranchit de l'Occident. Au synode de 410, Mar Isaac fut établi chef de tous les chrétiens d'Orient grâce à Yezdegerd Ier, « roi des rois, victorieux et illustre » et ce fut le début de l'indépendance de l'Église d'Orient. Mar Isaac, évêque de Séleucie et Ctésiphon, est « proclamé catholicos et archevêque de tout l'Orient, qui fut jugé par Dieu digne d'être placé à la tête de tout l'Orient ». Lors de ce concile, l'Église d'Orient comptait déjà six métropoles et une quarantaine d'évêchés.
Au concile tenu en 420, l'Azerbaïdjan est mentionné. En 424, l'Église proclame son autonomie et son indépendance sous le patriarche Mar Dadisho (424-456) vis-à-vis de l'Église occidentale et rejette toute intervention d'Antioche et de Byzance. Les évêques demandent au catholicos-patriarche Dadisho « de reprendre la direction de la bergerie du Christ, dans tous les pays de l'Orient » qui lui a été confiée comme « à Pierre, le chef des apôtres ». Dadisho est désormais considéré comme « le Pierre » et dorénavant « les Orientaux ne pourront se plaindre devant les patriarches occidentaux de leur patriarche ». À ce concile participaient des évêques de plusieurs provinces persanes : Rew-Ardashir, Ispahan, Rai, Segestan, Merw, Hérat... Au concile de 544 prenaient part plusieurs dignitaires religieux persans, parmi lesquels on distinguait le métropolite de Rew-Ardashir et de sa province, les évêques de Hormuzd-Ardashir, de Peroz-Shabour, de Sous et des prêtres de l'église de Beit Mihr-Bozed. À celui de Mar Joseph en 554, on constate la présence des évêques d'Ispahan, de Hamadan et d'Azerbaïdjan. De même au concile de 576 où l'Azerbaïdjan et Ispahan sont mentionnés.
En 497, loin de Rome et pour mieux se démarquer de Byzance et de l'Occident, cette Église adopte la doctrine nestorienne, fidèle en cela à la théologie de Théodore de Mopsueste, l'« interprète des divines Écritures » (concile de Mar Ishoyahb Ier en 585). Le catholicos Mar Babaï sera proclamé premier patriarche « nestorien », en présence de plusieurs métropolites et évêques de Perse.

(Lire aussi : La symbolique de l'enracinement, ou le retour du siège de l'Église assyrienne d'Orient en Irak)

Des médiateurs entre la Perse et Byzance
C'est dans ce contexte que l'Église nestorienne servit de médiateur entre les deux empires ennemis : la Perse et Byzance. Trois noms illustres marquent cette période, Mar (saint) Marouta, évêque de Mayferqat, qui « fut le médiateur de la paix et de la concorde entre l'Orient et l'Occident », « homme de grande culture et médecin distingué », le patriarche Ishoyahb Ier, qui fut envoyé par les Perses en ambassade à Constantinople en 587, et Ishoyahb II en 630. En conséquence, les chrétiens bénéficieront de la liberté de culte.
Qui plus est, les patriarches nestoriens comme Mar Dadisho (421-456) avaient rendu de bons services aux rois perses, dont l'impact s'est ressenti sur les chrétiens. Et c'est dans de telles conditions favorables que les premiers conciles de l'Église d'Orient purent se tenir dans le « pays des Perses », qualifié de « glorieux royaume ». D'ailleurs, le concile tenu en février 576, sous Mar Ezéchiel, prescrira que des prières pour Khosro Ier (531-579) soient toujours incluses dans la liturgie. Le concile de 544 surnomme le roi Khosro Ier « le nouveau Cyrus ». Il est qualifié de « doux, miséricordieux, bienfaisant, pacifique, philanthrope, bon et maître aimable » et le pays des Perses de « glorieux royaume ».
Un autre signe de tutelle, une assemblée épiscopale se tint en 612 à la cour même du roi Khosro II Parviz (590-628), qui se montrait tolérant envers les chrétiens.
Dès lors, on comprend mieux que « l'âge d'or » de l'Église d'Orient fut sous les Sassanides. Toutefois, cette histoire sera jalonnée de persécutions cruelles en particulier sous Shapour II de 339 à 379, surtout dans les provinces du nord-ouest du pays et dans les régions aux confins de l'Empire romain. Au VIe siècle, cette Église bénéficiait d'une grande vitalité et d'une expansion territoriale sans précédent. Fondatrice des premières écoles d'enseignement universitaire (Ve s.), jadis l'Église nestorienne de Perse fit preuve d'une puissance d'expansion assez extraordinaire sur l'ensemble du continent asiatique. Beaucoup de missionnaires partaient en effet du Khorasan persan vers l'Asie centrale et bien au-delà.

Des régions chrétiennes sur les rives occidentales du lac d'Ourmiah et la plaine de Salmas
Il existe aisément plus de 150 villages de langue syriaque, naguère chrétiens, de Mawana à Gavilan, de Khosrawa à Pataver, de Dazgir à Karajalu, de Tarmanie à Balulan près du lac d'Ourmiah (mot araméen qui veut dire ville d'eau) et dans la plaine de Salmas. La chrétienté d'Abadan, de Qazvin, de Tabriz, de la région de Maraghe, de Kermanchah, d'Ahwazet de Sanandaj s'est, quant à elle, considérablement réduite et a, par endroits, disparu. À Téhéran, il existe une communauté assyro-chaldéenne assez active.
Certaines églises sont construites sur l'emplacement d'édifices disparus, d'autres sont tombées en ruine. Ces villages, habités aujourd'hui en majorité par les Kurdes, restent pourtant la mémoire de cette chrétienté et une source de fierté. Aussi, les monographies sur ces villages se développent comme celle de Goetapa, rédigée par le prêtre Shmouel Betkolia. L'église Saint-Thomas à Balulan, beau village situé au pied de la montagne qui sépare de la Turquie, a une architecture qui rappelle celle des Sassanides.
Le village d'Ardishaï fut jusqu'en 1896 un siège épiscopal nestorien, ainsi que les villages de Gavilan, Nazlou et Barandouz, et la ville d'Ourmiah.
Hormis Khosrawa (un ancien évêché) et en partie Pataver, les autres villages chrétiens du district de Salmas se sont complètement vidés de leur population. Il n'en reste que les cimetières et des églises vétustes comme à Kohne Shehr, où le patriarche Mar Benyamin Shimoun fut assassiné en mars 1918. D'ailleurs, beaucoup de ces églises portent des noms de martyrs de la chrétienté. Certaines, tombées en ruine, ont été restaurées.
Sur son chemin vers les Indes, l'apôtre Thomas, fondateur de l'Église de Mésopotamie, aurait prêché, avec ses disciples, sur les bords du lac d'Ourmiah et aurait baptisé de nombreux fidèles. D'ailleurs, au village de Mar Noukha, situé non loin du lac d'Ourmiah, un édifice religieux a été construit sur les lieux où l'apôtre Thomas se serait reposé. Il existe également les Actes de Thomas en version syriaque qui racontent son périple.

L'Azerbaïdjan occidental
Un des berceaux de cette chrétienté persane est donc ce Nord-Ouest iranien, appelé l'Azerbaïdjan occidental, composé de la région d'Ourmiah (plus de 90 villages), de la plaine de Salmas (plus de 12 localités), des districts montagneux de Tergavar (18 villages) et de Margavar (6), des plaines de Barandouz et de Nazlou, Soldouz et Baradost Somai, qui furent des enjeux de luttes dans le passé. Une terre très riche et arrosée abondamment des eaux des rivières. Les deux villes d'Ourmiah et Salmas, situées à haute altitude et entourées de plaines riches et cultivées, sont truffées de centaines d'églises, parfois plus que millénaires, qui rappellent ce passé lointain. Elles ont des noms typiques araméens, qu'on retrouve d'ailleurs au-delà de la Perse, dans les villes et villages de Turquie et d'Irak, comme dans la région du Hakkari en Turquie (Mar Shalita, Mar Kyriakos, Mar Audisho, Mar Guiwarguis, Mar Zaya, etc.). Certaines églises, et non des moindres, sont classées par les autorités iraniennes comme monuments historiques et doivent donc être conservées à titre d'héritage national. Dans certains villages, on rencontre même des noms de rue à consonance chrétienne comme à Ada (Adeh). Des sanctuaires devenus des lieux de pèlerinage comme celui de Mar Sarguis et Mar Baccus, à 10 km d'Ourmiah, ou encore l'église Saints-Pierre-et-Paul du VIIe siècle en sont des exemples vivants.
La région regorge également de larges cimetières (voire de monuments funéraires), comme à Sopourghan et Dizatakya, réminiscence d'un passé où cette chrétienté était nombreuse et influente. Quelquefois, des dessins sont gravés sur les pierres tombales avec art, illustrant le métier du défunt. D'anciens manuscrits ont été retrouvés. Ainsi, la Bible du village de Kosi daterait de 1 500 ans et figure aujourd'hui au musée de Tabriz.
D'autre part, l'Iran a connu l'imprimerie et les premiers journaux publiés par les chrétiens à partir de 1838, ainsi que les premières traductions de l'anglais en araméen. Le pays connaîtra la première université médicale à Ourmiah, fondée en 1840 par les missionnaires presbytériens. De 1838 à 1914, ce fut un âge d'or de la renaissance littéraire en langue araméenne.

Des églises aujourd'hui encore actives
Les historiens arabes mentionnent cette chrétienté dans leurs écrits comme Yakout al-Hamaoui (XIIIè siècle). Il en est de même des Iraniens spécialisés dans ce passé chrétien, qui en parlent avec sympathie. Il doit être rappelé qu'en vertu de la Constitution iranienne, les chrétiens assyro-chaldéens ont un député qui les représente au Parlement, M. Yonathan Betkolia, qui en est à sa quatrième mandature. Les Arméniens ont, quant à eux, deux députés.
Et malgré l'exode et la baisse sensible de la population, les chrétiens d'Iran se portent relativement bien. Il faut dire qu'ils ont produit une littérature très riche aussi bien en araméen qu'en persan. Des noms connus rythment cette histoire : Nimrod Simono, Pira Sarmas, William Sarmas, Benyamin Arsanis, William Daniel...
Les Églises sont actives et certaines sont constituées en évêché, les plus importantes communautés étant les assyriens-nestoriens (un évêque à Téhéran), les chaldéens-catholiques (deux évêques à Téhéran et à Ourmiah), les Églises assyriennes évangéliques (issues de l'Église nestorienne), notamment à Téhéran et à Ourmiah, et des évêchés arméniens. Les églises travaillent beaucoup auprès des jeunes et des enfants et sont animées par une appartenance ethnique commune.
L'Église chaldéenne a des maisons pour personnes âgées (à Ourmiah et Téhéran) et des congrégations de sœurs. Ces Églises ont donné des personnalités brillantes dans les temps modernes comme Paul Bedjan, Thomas Audo et Zaya Dachtou. Ce dernier construisit la cathédrale chaldéenne-catholique Mart Mariam à Ourmiah, la maison épiscopale et une école (nationalisée en 1973). Ourmiah et Salmas furent autrefois des sièges patriarcaux. Depuis 2000, l'Église assyrienne-évangélique publie un bulletin trimestriel apprécié en langue araméenne, Alap Tav, à Téhéran.
Aujourd'hui, cette chrétienté est alimentée par une diaspora attachée au pays et à son héritage chrétien et qui contribue à la restauration des églises.
L'archéologie, l'épigraphie et la linguistique nous diront sans doute davantage sur la richesse de ce patrimoine.

*L'auteur a entrepris un voyage d'études en Iran sur les traces du christianisme de langue syriaque, du 28 juin au 10 juillet 2016.

**Joseph Yacoub est professeur honoraire de l'Université catholique de Lyon, ancien titulaire de la chaire Unesco « Mémoire, cultures et interculturalité », spécialiste des chrétiens d'Orient.



JTK

jeudi 28 juillet 2016

Les chrétiens d’Orient, cibles des djihadistes et otages des pouvoirs


LE MONDE |  • Mis à jour le  | Par 

C’est une coïncidence dont les assassins de Saint-Etienne-du-Rouvray n’avaient peut-être pas conscience : il y a bientôt trois ans, presque jour pour jour, le père jésuite italien Paolo Dall’Oglio était enlevé à Rakka, en Syrie, par des membres de l’organisation Etat islamique (EI). Le groupe djihadiste, qui s’appelait alors l’EIIL (Etat islamique en Irak et au Levant), était en pleine ascension et venait de prendre brutalement le contrôle de la ville au détriment des autres groupes rebelles syriens, en première ligne dans le combat contre le régime de Bachar Al-Assad.

L’enlèvement du Père Paolo avait suscité un tollé parmi l’opposition et la rébellion syrienne, tant cet ecclésiastique arabophone et atypique était considéré comme un compagnon de route de la révolution, au point d’avoir été l’invité du Front Al-Nosra, pourtant affilié à Al-Qaida. Malgré les manifestations, les communiqués, voire les menaces venant de toutes parts en Syrie, rien n’y fit : Paolo Dall’Oglio n’est jamais réapparu. Pour l’EI, il n’est qu’un vulgaire « croisé », peu importent ses convictions et ses engagements.

Se convertir ou partir dans l’heure

Quelques semaines plus tard, l’EI a poursuivi sa stratégie de séparation entre chrétiens et musulmans en désacralisant les églises de Rakka : les croix furent décrochées des clochers et remplacées par le drapeau noir djihadiste, frappé de la chahada, la profession de foi musulmane. Les chrétiens locaux, autorisés à rester et à vivre à Rakka, n’avaient plus le droit de pratiquer leur religion dans la sphère publique : une première dans l’histoire récente de la Syrie dont le régime de Bachar Al-Assad a rapidement compris le parti qu’il pouvait tirer auprès des opinions occidentales.
Un an plus tard, à Mossoul, en Irak, le scénario se répétait, plus radical. Les chrétiens, à qui il fut permis dans un premier temps de rester et de pratiquer leur religion dans l’intimité, se sont vu ordonner après quelques semaines de se convertir à l’islam ou de partir dans l’heure – pour le Kurdistan irakien. Depuis l’arrivée du christianisme, jamais la ville de Mossoul, l’ancienne Ninive, n’avait connu un tel sort malgré les innombrables batailles, sièges et changements de maîtres qu’elle a connus.
Si, dans le corpus idéologique du groupe djihadiste, les chrétiens sont des dhimmis (des « gens du Livre » méritant protection en échange d’un impôt et de l’acceptation d’un statut de second classe), contrairement aux yézidis, qui sont voués à l’extermination en raison de leur statut d’hérétiques, l’EI les a toujours traités en réalité comme une « cible molle » et facile, un substitut de l’Occident honni. L’attaque de la cathédrale Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours de Bagdad, le 31 octobre 2010, qui avait causé la mort de près d’une cinquantaine de fidèles, a en effet marqué le retour sur le devant de la scène des héritiers d’Al-Qaida en Irak, après une longue série de défaites.
En frappant les membres d’une communauté déjà exsangue et dépourvue de toute influence en Irak, les djihadistes ont recherché avant tout un effet politique : la mobilisation de l’Occident – en l’occurrence Nicolas Sarkozy et son ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner – en faveur de leur exfiltration vers l’Europe. Non seulement la démarche française assimile les chrétiens d’Irak à des étrangers aux yeux de la grande majorité des Irakiens, frappés eux aussi par des attentats sanglants qui n’ont jamais suscité une telle mobilisation diplomatique, mais elle a mis le gouvernement irakien en porte-à-faux : toute coopération avec les Occidentaux est interprétée comme une soumission par l’opinion publique irakienne ; tout refus susciterait incompréhension et condamnation en Occident, distendant les liens entre Bagdad et ses soutiens.

Djihad anti-coptes dans la vallée du Nil

Le fondamentalisme sunnite de l’EI n’est que le dernier avatar des malheurs des chrétiens d’Irak, qui ont conduit cette communauté à la quasi-disparition en un peu plus de trois décennies. Les guerres de Saddam Hussein, sa terrible dictature, qui n’épargnait pas les chrétiens malgré la présence au pouvoir de certains d’entre eux, comme Tarek Aziz, l’embargo onusien suivi de l’invasion américaine de 2003 et enfin l’arrivée au pouvoir de partis chiites sectaires ont poussé une grande partie de la communauté vers l’exil.
La logique de l’EI en Irak – frapper les chrétiens pour déstabiliser l’Etat – n’est pas neuve, elle a été expérimentée dès les années 1970 par les groupuscules islamistes en Egypte, berceau du djihadisme moderne et siège de la plus importante communauté chrétienne du monde arabe, les coptes, qui représentent 5 à 10 % de la population (4,5 à 9 millions d’habitants). Leur qualité d’orthodoxes et le caractère purement national de leur Eglise ont longtemps suscité un mélange d’ignorance et de dédain en Occident.
Pourtant, à chaque période de confrontation violente avec l’Etat, les coptes servent de cible aux islamistes, qui espèrent provoquer en retour une répression disproportionnée du pouvoir et rallier ainsi à leur cause la grande masse des musulmans, prompte à jalouser les coptes, réputés plus riches. Ce fut le cas à la fin du règne d’Anouar Al-Sadate, quand le pogrom de Zawiya Al-Hamra causa plusieurs dizaines de morts dans une banlieue populaire du Caire, en juin 1981, sous les yeux de la police ; dans les années 1990, lorsque les combattants revenant d’Afghanistan décrétèrent le djihad dans la vallée du Nil, attaquant bijoutiers et pharmaciens coptes ; et après le renversement en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi par l’armée, à l’occasion duquel une cinquantaine d’églises furent incendiées. Depuis, les djihadistes du Sinaï, affiliés à l’EI, assassinent régulièrement des prêtres et des fidèles.
Le sort des coptes d’Egypte est plus que jamais lié à celui du président-maréchal Sissi, vu comme leur sauveur et leur rempart. Il est pourtant le représentant d’une armée qui refuse de nommer des généraux chrétiens et n’a pas hésité à disperser une manifestation de coptes en envoyant des blindés rouler dans la foule, faisant 28 morts, en octobre 2011.

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